dimanche 11 décembre 2011

Sur une soi-disant résolution secrète adoptée par le CCI

Je me dissocie de ce texte. Pour moi ce qui est le plus important de critiquer c’est le fait qu’un groupe comme le CCI dit : » Dans ce cas, effectivement, il sera préférable que le BIPR disparaisse et notre but sera de tout faire pour pousser à sa disparition' comme vous le dites si bien. Il est clair, évidemment, que pour atteindre ce but nous emploierons exclusivement des armes appartenant à la classe ouvrière en nous interdisant, cela va de soi, le mensonge et la calomnie. » Voir la réponse du CCI à A. pour Klasbatalo surtout le point 5. La question que la résolution soit secrète ou pas est tout à fait secondaire et mets les deux, le débat entre disparition du BIPR et le secret ou non de la résolution, sur le même pied et ne sert qu’à mettre de la confusion et diminuer le rôle infâme du CCI vis-à-vis de la Gauche communiste. À voir aussi le commentaire que j'ai mis à la fin du texte.

Steve membre des CIK

Ce document se veut une réponse au brouhaha semé par la parution d’un texte de la Fraction de la Gauche Communiste Internationale dans son Bulletin Communiste International de Septembre 2011, et une réponse à la confusion générale qui en découle. Il se veut une prise de position matérialiste par-rapport aux trois groupes impliqués dans cette affaire, c’est-à-dire le CCI, Controverses, et la FGCI. Ce texte est un rappel à l’ordre et un rétablissement de la méthode historique du prolétariat par-rapport à la discussion entre groupes marxistes issus de la méthode matérialiste dialectique. Elle ne se veut en aucun cas une dénonciation de ces trois groupes, mais plutôt une mise en garde sur la façon d’articuler et de dénoncer les positions politiques d’une organisation révolutionnaire appartenant au seul héritage marxiste que représente la Gauche Communiste ; qui est également le seul courant révolutionnaire du prolétariat.

Ce texte a également été mis à jour. En premier lieu, nous l’avions écrit avant même que le CCI ne réponde à notre demande de clarifier ces alégations de la FGCI sur son forum de discussion. Nous l’avons donc modifié pour lui enlever son caractère anachronique et y avons inclus également une critique de la position actuelle du CCI par-rapport aux autres groupes qui constituent la Gauche Communiste historique.

Le contexte et les faits

En premier lieu Klasbatalo est un jeune groupe issu des acquis programmatiques de la Gauche Communiste, basé au Canada. Nous ne sommes affiliés à aucune des principales organisations du courant (CCI – PCI – TCI) mais revendiquons l’héritage général de la Gauche Communiste et partageons à la fois un accord politique avec la plateforme du Courant Communiste International (CCI) et à la fois avec celle de la Tendance Communiste Internationaliste (TCI). Aussi, en ce sens, nous ne connaissons pas personnellement les principaux militants de notre courant, et ne sommes pas forcément très au courant des diverses « tractations » survenant dans le milieu de la GC.

Récemment, la Fraction de la Gauche Communiste Internationale (FGCI) nous a fait part d’une « rumeur » concernant une résolution secrète qui aurait été adoptée par le CCI au cours de son 16ème Congrès et qui, grosso modo, en appelait à « mettre hors d’état de nuire » les autres organisations de la GC ; mais se concentrait principalement sur l’ancien Bureau International pour le Parti Révolutionnaire (devenu aujourd’hui la TCI). Nous avions alors demandé à la FGCI de nous tenir plus aux faits car, éventuellement, il s’agirait pour des groupes issus de notre courant, de dénoncer ensemble cette position politique tenue par une des plus importantes organisations de notre héritage programmatique.

Le 18 septembre 2011(note 1), sans autre avis à notre égard, la FGCI a publié dans son Bulletin Communiste International des extraits de cette soi-disant résolution secrète du CCI, en la dénonçant et en appelant ses militants à « s’élever contre elle ». Nous avons été si secoué à la lecture des extraits de cette résolution qu’un de nos membres a immédiatement mis le texte en entier de la FGCI sur notre blogspot et sur le CMAQ.

Voici les extraits publiés par la FGCI de cette soi-disant résolution :

« Tous les groupes du milieu politique prolétarien, sauf le CCI, sont traversés par la plus dangereuse crise depuis l’après-guerre … l’incapacité des groupes du milieu, à part le CCI, à être à la hauteur du défi de la nouvelle période historique » ; « Outre le BIPR, les autres groupes du milieu prolétarien ne sont plus capables de contribuer positivement au futur parti de classe, la priorité de notre intervention n’est plus de les aider à y contribuer… » ; « Il faut être conséquent : si on dit que les groupes du milieu politique prolétarien ont une attitude destructrice, il faut les discréditer politiquement » ; « Il faut que l’organisation soit la plus claire et homogène sur le but de notre politique vis-à-vis du BIPR : ce qui importe est de discréditer le BIPR … qu’il disparaisse sur le plan politique. Si cette politique aboutit à sa disparition physique, c’est tant mieux » ; « il faut utiliser les difficultés du forum du BIPR pour le discréditer » ; « …le CCI est la seule organisation existante capable de répondre aux besoins de l’avant-garde révolutionnaire » ; « seul le CCI aujourd’hui pose les fondations pour le futur parti que la classe devra faire surgir » ; « Puisque le CCI est aujourd’hui le seul groupe historique de la Gauche communiste capable de contribuer au futur parti mondial, le travail actuel de regroupement des forces révolutionnaires est d’abord et avant tout celui du renforcement politique, géographique et numérique du CCI » ; « …une organisation représentant la conscience historique, la méthode marxiste et l’approche organisationnelle qu’aujourd’hui seul le CCI peut offrir » ; « …si on dit que le milieu politique prolétarien a une attitude destructrice vers les nouveaux éléments, notre attitude doit être différente, il faut les mettre hors d’état de nuire… ».

Par ailleurs, après autres lectures de ces extraits en réunion, certaines questions ont commencé à germer pour Klasbatalo, des questions en ce qui a trait aux extraits de ce texte dans leur ensemble. En effet, cette soi-disant résolution – qui est tout simplement affligeante pour l’ensemble des groupes de la GC – avait-elle des fondements matériels sur lesquels elle pouvait s’appuyer ? Si oui, lesquels ? Les principales questions qui furent soulevées furent les suivantes :

- Pourquoi la FGCI n’a-t-elle publié que des extraits de cette résolution ?

- N’est-il pas dangereux de ne publier que des citations prises hors contexte de la sorte, dans le courant marxiste ?

- Est-ce que ça ne risque pas d’être désarmant pour le prolétaire de lire ceci sans les circonstances générales entourant la publication de ce texte ; sans avertissement ; sans au moins une mise en garde préliminaire, particulièrement si celui-ci est un nouvel arrivé aux positions de la GC en général?

- Y a-t-il donc des fondements matériels à toute cette affaire ?

Parce que, camarades, ces questions sont d’une importance capitale et ne peuvent être ainsi laissées en suspens ou au hasard. L’Histoire du mouvement ouvrier nous a démontré qu’une organisation révolutionnaire responsable devait agir très prudemment avec ce genre d’affaire ; et que même s’il ne s’agissait pas d’infiltration directe d’agents de la bourgeoisie pour nuire à son organisation, il s’agissait toujours au moins d’une pénétration de l’idéologie bourgeoisie, de ses méthodes et de son fonctionnement, à l’intérieur de son avant-garde révolutionnaire.

Or, durant ce temps, nous avons eu une rencontre informelle avec un membre du Groupe Internationaliste Ouvrier afin de recevoir des publications de la Tendance Communiste Internationaliste dont il est l’affilié nord-américain. Nous en avons profité pour aborder cette affaire de résolution secrète adoptée par le Courant Communiste International pour savoir si la TCI était plus aux faits par-rapport à ce document. Nous apprirent que la TCI était au courant depuis un moment et que c’était le groupe Controverses (nouvellement sorti du CCI) qui les avaient mis au courant de l’existence de cette résolution.

Bon, un troisième groupe impliqué. Maintenant, qui croire ?

C’est dans cet état de confusion que nous avons envoyé une lettre à la FGCI le 4 octobre passé qui faisait mention de cette soi-disant résolution pour tenter de clarifier toute l’affaire :

« D'ailleurs, nous avons beaucoup de questions par rapport à cette fameuse résolution du CCI. Vous voyez, n'étant pas en Europe, nous sommes un peu en retard sur les nouvelles... D'où avez-vous eu cette résolution du CCI? Avez-vous le texte complet de la résolution? Si oui, serait-il possible de nous l'envoyer? La résolution existe-t-elle seulement en français (ce qui impliquerait que de nombreux Membres du CCI n'en seraient même pas au courant!)?

De plus, nous avons une petite critique quant à la forme de votre intervention. Pourquoi vous n'avez pas publié la résolution au complet ou au moins des parties plus substantielles? Et il faut faire attention avec le CCI, il vous a déjà sali politiquement pour moins que ça, malheureusement! »

Aussi, la FGCI nous répond-elle le 6 octobre 2011 et nous dit ceci à-propos de cette soi-disant résolution :

« Malgré cela, il est une « confusion » que nous tenons à lever au plus vite. Il s'agit de la résolution du 16e congrès du CCI. Vous nous prêtez des intentions et un pouvoir que nous n'avons pas. Passons. Dans quelles conditions avons-nous reçu et ensuite décidé de publier cette incroyable Résolution ? Parlons franchement, vous nous pardonnerez : vous avez tendance à vous faire « des films », à délirer – le mot est trop fort – sur la réalité des choses et en particulier sur cette affaire.

Nous avons reçu ces extraits – et uniquement ces extraits – il y a un an maintenant par Controverses ; de manière indirecte puisque ce fut un ancien militant parisien du CCI qui nous l'a transmise avec leur accord. Nous avons alors demandé la résolution en entier et avons demandé si nous pouvions la dénoncer publiquement. Ce camarade nous a dit que Controverses préférait que nous attendions car il allait lui-même le faire dans son numéro 4. Celui-ci est sorti en novembre 2010... sans la résolution.

Nous avons alors renouvelé à plusieurs reprises notre demande directement à Controverses pour obtenir la Résolution en entier. Nous n'avons jamais reçu de réponse. Pour autant, et malgré notre impatience croissante, nous avons encore attendu une réponse, une explication, voire une réaction publique dans un Controverses n°5... qui n'est toujours pas sorti. Pourquoi une telle attitude ? Car - contrairement à ce que certaines de vos « confusions » ou incompréhensions sur notre attitude à leur égard, en passant nous n'utilisons plus le terme de parasite (Note(2) vous amènent parfois à croire – nous estimions qu'il importait de « donner une chance » - vous nous pardonnerez l'expression qui peut paraître condescendante – à ces camarades qui avaient voté cette résolution infâme de la dénoncer et de s'en libérer ; d'effacer cette tâche qui les salit. Ils auraient alors, soyez-en convaincus, reçu tout notre appui et nous n'aurions pas hésité à nous mettre à leur côté, y compris physique si nécessaire, en cas d'attaque du CCI. Visiblement, ces camarades ont fait le choix de se taire. Que, au delà de la peur de l'affrontement politique chez eux, nous y voyons aussi et surtout une complicité politique dans l'entreprise de liquidation du camp en cours actuellement ne devrait pas vous étonner...

Toujours est-il que nous avons attendu près d'un an. N'est-ce pas là un signe évident de notre prudence et de notre patience ? Et ce n'est qu'à partir de ce long délai, et face au silence scandaleux de tous ceux qui détiennent ce document, que nous avons décidé de publier ce que nous avions en notre possession. Fallait-il continuer à garder le silence ?

Voilà donc, nous l'espèrons, quelques éléments qui vous permettront d'y voir un peu plus clair. D'ailleurs, sur ce point, et dans la mesure où vous pourriez douter de notre honnêteté sur la question – cf. le PV de discussion(note3) -, nous avons gardé toutes les correspondances envoyées aux uns et aux autres, et en particulier à Controverses. »

La Gauche Communiste n’est pas un Vaudeville

Cette lettre de la FGCI nous laisse tout simplement stupéfait ! D’abord, l’inconséquence avec laquelle elle la rédige est quelque peu indigne d’une organisation révolutionnaire sérieuse. En premier lieu, elle nous dit qu’on lui prête un « pouvoir qu’elle n’a pas ». Quelle organisation révolutionnaire sérieuse peut affirmer qu’elle n’a pas de pouvoir politique ? Quoiqu’en pense la FGCI, dès qu’un groupe possède un organe de presse, ou un quelconque autre organe pour se faire entendre par notre classe, aussi infime soit cet organe, alors ce groupe possède déjà un pouvoir que le prolétaire pris isolément ne possède pas et devient ipso facto responsable de sa ligne politique, de sa conduite ; possède un rôle, donc, par-rapport à ce prolétaire.

Maintenant, pour ajouter à la stupéfaction, les conditions dans lesquelles la FGCI a reçu cette « résolution» (en réalité « des extraits de cette ») n’ajoute qu’à la confusion qu’ils aimeraient tant chasser de la Gauche Communiste dans son ensemble. En effet, la FGCI a :

« reçu ces extraits – et uniquement ces extraits – il y a un an maintenant par Controverses ; de manière indirecte puisque ce fut un ancien militant parisien du CCI qui nous l'a transmise avec leur accord. »

Premièrement, il ne s’agit que d’extraits, sans contexte, que vous avez décidé de publier malgré le fait que Controverses ne vous avait pas envoyé la soi-disant « résolution » intégrale. Deuxièmement, vous l’avez reçu de manière indirecte par un ancien militant parisien du CCI. Ouf, camarades, on commence à s’éloigner drôlement de la méthode matérialiste à procéder ainsi. Vous n’êtes pas sans savoir que les organisations révolutionnaires subissent non seulement les manoeuvres directes de la bourgeoisie pour contrecarrer celles-ci ; mais qu’elles les subissent aussi de façon indirecte en évoluant et en tentant de se maintenir programatiquement intacte dans un environnement qui lui est en permanence hostile : la société capitaliste. Troisièmement, vous semblez être aux faits que les membres de Controverses auraient eux-mêmes voté cette résolution ; la FGCI ne pense donc pas qu’il aurait été important de le souligner dans votre dénonciation de la dite-résolution ?

Vous accusez Controverses de ne pas avoir pris sa responsabilité devant la classe en ne publiant pas la résolution qu’elle était supposée avoir dans son intégralité. Vous nous dites combien vous avez été patient à leur égard et que cette patience montre à quel point vous avez agit avec prudence. Camarades, nous sommes pleinement en désaccord avec vous. La patience n’est aucunement un signe de prudence. Elle n’est qu’une aptitude à se contenir face aux attentes. La prudence, elle, est un concept qui dicte une attitude, une façon de percevoir et de se comporter dans une situation donnée. Prudence et patience rime souvent ensemble mais ne sont pas synonyme. Qu’un individu ait décidé de traverser une autoroute à pieds, et qu’il attende un an pour le faire ; est-ce que son acte devient par le fait-même plus prudent lorsqu’il s’élance pour la traverser? Il a peut-être moins de chance de se frapper par une voiture parce qu’il a pu étudier plus de données avant de faire le saut ; n’empêche que le fait de traverser demeure, aujourd’hui et demain, toujours un acte imprudent.

Maintenant, la seule position matérialiste concernant cette résolution est effectivement si les camarades de Controverses ont réellement voté(Note4) cette résolution et sont directement concernés par celles-ci. Mais comment la FGCI en est-elle si sure si elle ne semble aucunement être en mesure d’avoir un quelconque contact avec ceux-ci comme nous le dit sa lettre :

«Nous avons alors renouvelé à plusieurs reprises notre demande directement à Controverses pour obtenir la Résolution en entier. Nous n'avons jamais reçu de réponse. »

Peut-être la FGCI sait-elle effectivement que les membres de Controverses ont directement voté cette résolution infâme ? Alors tant mieux, on tombe des nues. Cependant, si c’est le cas, le prolétariat aimerait peut-être le savoir également, parce que les citations prises sans ce contexte positif laissent la classe ouvrière sur sa faim, comme un mauvais film justement ! Aussi, si Controverses avait signé cette résolution et qu’elle souhaitait la dénoncer, alors qu’elle le fasse ou qu’elle se taise ! Envoyer celles-ci par extraits à tous et chacun n’est pas la méthode qu’une organisation révolutionnaire sérieuse devrait employer, car elle sème et entretien ainsi la confusion au sein de la Gauche Communiste, et suivant au sein du prolétariat, par un jeu de coulisse, d’intrigue, de secret. En faisant ainsi, Controverses manipule confusément, de façon plus ou moins directe, les autres groupes de la GC ce qui en fin de compte ne sert que les intérêts de la bourgeoisie.

Au moment où la FGCI a publié les extraits de cette résolution, si elle n’était pas absolument certaine que les camarades de Controverses l’avait voté, alors comment réellement savoir si celle-ci existait ou non ? À cet instant, il s’agissait toujours d’une résolution secrète : comment peut-on dénoncer une résolution secrète, si on n’a aucune preuve concrète de son existence matérielle ?

La Tendance Communiste Internationaliste était au courant de celle-ci. Est-ce qu’elle l’a dénoncé publiquement ? Non. Pourquoi l’aurait-elle fait puisqu’elle n’est sure de rien à-propos de cette résolution. N’est-ce pas en dénonçant un secret dont on n’est pas plus aux faits qu’on se met les pieds dans les plats et qu’on entretient la confusion, tel le jeu du téléphone arabe? Et même lorsqu’on dénonce un secret, la personne impliquée peut toujours nier le secret comme inexistant. Aussi, si Controverses n’a pas voté cette résolution ; qu’une tierce personne lui en donne une copie, et que, par la suite, Controverses l’envoi ainsi à tous et chacun… Alors Controverses commet une bourde monumental et se rend coupable de semer la confusion dans notre classe.

En effet, le terrain politique du prolétariat n’est pas un terrain composé d’intrigues, de manoeuvres politiques, ou de jeux de coulisse comme c’est le cas du terrain de la bourgeoisie. La Gauche Communiste n’est pas un joyeux vaudeville pour la bourgeoisie. Le groupe Controverses, en agissant comme il l’a fait, a exactement joué le rôle que la bourgeoisie aimerait qu’il joue, c’est-à-dire un jeu contraire aux intérêts du prolétariat qu’il est censé défendre. Et la FGCI, quant à elle, est tombée elle aussi dans le panneau en permettant que la contre-offensive idéologique bourgeoise s’infiltre d’avantage au sein de notre milieu, en semant le doute, la confusion, les qui-propos ; en divisant encore d’avantage par le bris d’une confiance de plus en plus fragile qui unit les groupes de notre courant. Les secrets n'appartiennent pas à la méthode matérialiste dialectique du Marxisme et ont toujours été historiquement l'affaire des classes au pouvoir et de la bourgeoisie! Aussi, lorsque la FGCI nous demande : « fallait-il continuer à garder le silence ? » ; aussi lourd soit le silence et l’envie de tout dénoncer publiquement cette soi-disant résolution ; la réponse est « oui », il aurait fallu – dans le contexte que vous avez-vous-mêmes produits – garder le silence… Au moins jusqu’à ce que la FGCI ait plus de fondements matériels pour dénoncer cette politique du CCI ; afin, évidemment, de ne laisser aucune porte de sortie à celui-ci en vue de justifier une politique complètement abérante à l’égard de la GC !

Critique de la position du CCI et Conclusion

Ce texte se voulait d’abord un rappel à l’ordre pour les groupes de notre courant. En effet, ce n’est ni la première fois, ni la dernière qu’une organisation révolutionnaire subit des manoeuvres de la bourgeoisie. Il faut être plus prudent que les agissements de coulisse de Controverses, et la dénonciation publique de la FGCI sur un manque de fondement matériel, lorsqu’on se veut réellement un groupe issu du Marxisme. Est-ce le CCI avait réellement adopté une résolution secrète lors de son 16ème Congrès ? Qu’à ce moment, le CCI se soit prononcé publiquement à cet effet ou non, le silence de sa part n’aurait pas forcément été une preuve matérielle de sa culpabilité devant le prolétariat. Devant son silence et l’incertitude de cette résolution secrète, la position que nous aurions dû adopter en tant qu’élément révolutionnaire est d’en combattre toutes les manifestations ; toutes les attitudes non-fraternelles qu’auraient pu adopter le CCI face aux autres groupes de la Gauche Communiste (par exemple, quelque interruption d’une réunion de groupes quelle qu’elle soit, ou quelque menace physique de nos camarades). Car les extraits publiés par la FGCI, qu’ils soient vrais ou pas, n’appartiennent pas à notre courant politique et sont donc, ipso facto, étranger à la méthode prolétarienne marxiste.

Lorsque le CCI répond finalement sur son forum, à la suite de notre demande d’éclaircissement par-rapport à cette « résolution », que certains extraits publiés par la FGCI seraient en effet des citation connues de tous ses membres d’une résolution du Congrès du CCI, alors que d’autres extraits ne seraient que des interventions orales de camarades et n’avaient jamais été adoptées en Congrès, le CCI ne nie donc pas les allégations de la FGCI, ce qui prouve hors de tout doute son sectarisme ; mais il réussi tout de même à garder sa « crédibilité » politique face à une dénonciation publique de la FGCI – laquelle tenait d’ailleurs plus à du donquichotisme – manquant tout simplement de fondements matériels.

Nous ne pouvons qu’être en désaccord complet avec cette position du CCI qui nous paraît non seulement des plus sectaires mais également à forte tendance stalinienne. En réalité, l’attitude du CCI, par-rapport aux autres groupes de la GC, ne représente que la très dangeureuse position du parasitisme politique poussé à son paroxysme, en pleine hypertrophie politique. Cette position devrait être étrangère au Marxisme puisqu’elle peut facilement s’avérer une atteinte à la dialectique avec cette tendance qu’elle a à museler dans le discrédit ses fractions ou les groupes près de ses positions politiques. Elle ne tend pas à favoriser la discussion, qui est essentielle, pour les éléments révolutionnaires. Nous ne comprenons pas comment le CCI arrive à percevoir l’ensemble du courant politique issu des fractions de Gauche. En effet, puisque nous partageons la même dimension historique, un coup porté contre une de nos organisations est un coup porté contre le prolétariat. La faillite sectaire ou opportuniste d’une de nos organisations-mère est plus qu’une perte pour l’ensemble de notre classe ; c’est pour le prolétaire une trahison et une atteinte à sa confiance en la solidité des principes marxistes ; bref, c’est tout le programme de la Gauche Communiste qui en souffre. Rappelons d’ailleurs au CCI que lorsque le PCI s’était trouvé en complète débandade dans les années quatre-vingts, celui-ci continuait d’intervenir et de critiquer les positions du PCI sur le plan programmatique, afin de le faire sortir de son marasme et de le ramener sur la droite ligne des positions prolétariennes marxistes.(Note5)C’était alors la façon fraternelle d’intervenir, débarassée de tout sectarisme politique, pour dénoncer les positions politiques de plus en plus nationalistes et dégénérées du PCI.

Maintenant, il faut accepter le fait qu’un groupe révolutionnaire prolétarien n’est pas infaillible et que des erreurs, des errements, ou des positions éronnées, sont inévitables dans le long processus qui doit mener à la Révolution. Aussi, le rôle des groupes révolutionnaires issus du même courant, s’ils se veulent fraternels et s’ils ont réellement les intérêts du prolétariat à coeur, doit être de remettre le groupe en difficulté sur la droite ligne contre ses incartades politiques ; doit être d’éliminer tout relent de confusion qu’un groupe aurait pu provoquer ; doit également être de combattre tout relent de sectarisme et d’opportunisme politique. Le groupe en question devrait être remis sur pieds par les camarades autour de lui pour qu’il puisse poursuivre la route des discussions, de la clarification programmatique ; pour qu’il puisse poursuivre la voie du regroupement en maintenant intact le programme prolétarien ! Qu’il soit dit qu’avec toute montée des luttes de notre classe viennent également une plus grande tentative d’infiltration par les agents politiques de la bourgeoisie et une plus grande contre-offensive idéologique bourgeoise provoquée involontairement par des prolétaires mal aguerris aux positions marxistes qui se joignent au camp prolétarien. C’est notre rôle, en tant que groupe révolutionnaire, de veiller les uns sur les autres et de s’aider politiquement à pallier à ce genre d’épreuves puisqu’à la fin, nous nous rencontrerons tous au sein du même Parti.

Klasbatalo

Note (1) Nous étions dans un contexte d’élargissement et d’approfondissement d’un travail comme FGCI-Klasbatalo. La publication unilatérale du texte de la FGCI, sans nous en faire part au préalable, histoire de travailler en commun justement, nous avait fortement surpris.

Note(2) Nous nous demandions si la FGCI était toujours en accord avec la conception du parasitisme politique telle que développée par le CCI au cours des années 90. Elle nous dit qu’elle n’emploie plus le terme, mais ne la cependant jamais dénoncé publiquement ; sachant que tous ses membres ont participé à son élaboration du temps où ils étaient membre de l’organisation, ne devraient-ils pas se prononcer contre celle-ci si elle est maintenant en désaccord avec l’emploi de ce concept? ? Notamment, si on prend en considération le fait que le contenu de la résolution secrète du CCI est l’expression de l’application des thèses sur le parasitisme politique poussée à son paroxysme, la FGCI a manqué ici une bonne opportunité de revenir sur ces positions complètements opportunistes et sectaires.

Note(3) Cette référence est un Procès Verbal d’une réunion de Klasbatalo le 25 septembre qui fut envoyé dans son intégralité à la FGCI, et qui posait plusieurs questions à tirer au clair concernant la FGCI.

Note(4) Nous avons envoyé un courriel aux camarades de Controverses concernant cette affaire et, à ce jour, nous attendons toujours plus de précision de leur part.

Note(5) «Il ne serait pas trop tard pour le PCI de se ressaisir, à condition qu'il ait la force et la volonté de regarder la réalité en face, de réexaminer les leçons du passé, de revoir de façon critique ses propres origines. » RI no. 32, 1983.

mardi 22 novembre 2011

Appel aux révolutionnaires ou Appel à la gauche bourgeoise?


Ce texte est une réponse des communistes internationalistes Klasbatalo à l’article de Force critique étudiante : Appel aux féministes, libertaires, communistes
D’entrée de jeu nous voulons clarifier dans quelle direction votre Appel est lancé. Il y est dit entre autres : « Cet appel pose une question centrale: quel est le rôle des féministes, des libertaires et des communistes dans cette lutte? Si on en aperçoit quelques-un-es dans les assemblées générales étudiantes peu peuplées, on les entend très peu se prononcer sur les stratégies de luttes à adopter pour l’année à venir. Quels liens sont faits chez les groupes révolutionnaires entre la lutte étudiante et la nature de leur contribution à celle-ci? (…) Pourtant, c’est la confrontation des tendances radicales qui permet la construction d’un rapport de force de la base en mouvement par l’information et l’action. La lutte à la hausse des frais de scolarité ne pourra pas se passer de ce travail délibératif qui favorisera l’élargissement du mouvement et sa combativité. »Note(1) Qui sont les communistes que vous voulez interpeler avec votre Appel? Est-ce que ce sont les maoïstes et autres staliniens que l’idéologie bourgeoise a réussi à faire entrer dans la tête de chaque prolétaire, à force de martellement médiatique, que le communisme, c’est le stalinisme? Ou est-ce que ce ne serait pas plutôt les trotskystes qui, depuis longtemps, ne sont plus visibles à l’œil nu puisqu’ils ont tous intégré la social-démocratie (en l’occurrence, QS pour le Québec), c’est-à-dire la gauche bourgeoise? Il va sans dire que si votre Appel est lancé dans la direction des ces groupes qui passent leur temps à jouer avec les mots du marxisme pour intégrer les prolétaires au capital, alors vous vous tirez dans le pied puisque ces groupes sont contre-révolutionnaires.
Concernant les anarchistes, la plupart des groupes sont pratiquement la fraction extra-parlementaire de Québec Solidaire, le parti de la gauche capitaliste, c’est-à-dire qu’ils ont à peu près la même pratique militante, les mêmes revendications politiques immédiates, mais sont seulement « plus combatifs » et « moins électoralistes », alors que d’autres sont ouvertement réactionnaires (hippies, lifestylisme, autogestion, etc.). Peu importe, ils sont tous aussi contre-révolutionnaires les uns que les autres et sont aussi un dernier recours que le pouvoir bourgeois utilisera sans doute pour mater la révolution prolétarienne.Note(2)
Ces clarifications faites, si vous voulez replâtrer le capital en crise mondiale et lui donner un visage humain, votre Appel doit se diriger vers ces groupes de la gauche radicale bourgeoise. Si vous voulez participer au surgissement de la révolution prolétarienne, vous devez rompre avec cette gauche radicale bourgeoise, perspective qui ne semble pas se dessiner clairement dans vos quelques textes théoriques publiés sur votre blog.
De plus, de façon générale, la revendication du blocage de la hausse des frais de scolarité dans une perspective de gratuité scolaire avancée par les fractions plus « radicales » du mouvement étudiant participe à ce replâtrage du capital. Non, la gratuité scolaire n’est pas un pas dans la bonne direction (une société « progressiste » ou meilleure) comme l’ensemble de la gauche bourgeoise fait front pour nous y faire croire, mais c’est bien plutôt une belle voie de garage pour détourner le mécontentement légitime de beaucoup d’étudiants de la lutte révolutionnaire. Vous semblez vous-mêmes tomber dans ce genre de raisonnement quand vous affirmez : « la lutte pour l’éducation gratuite n’est qu’un moment de la lutte totale contre la société capitaliste ».Note(3) Peut-être considérez-vous que le Rapport Parent était un moment de la lutte totale contre le capitalisme? Or, rien n’est plus faux. L’éducation gratuite n’est pas en soi une revendication « anti-capitaliste », mais bien plutôt une revendication inter-classiste et corporatiste visant à permettre la mobilité sociale, c’est-à-dire l’élévation dans la hiérarchie sociale, pour tous, de façon universelle. Le capital tremble de frayeur!
Les établissements scolaires en général, qu’ils soient gratuits ou non, restent un lieu de reproduction du capital, entre autres avec la recherche, et un lieu de reproduction des classes sociales. De prime abord, on forme les futurs gestionnaires de la société capitaliste (administration, gestion, marketing, etc.). Ensuite, on forme aussi des experts de toutes sortes dans le but d’améliorer la technique, c’est-à-dire la productivité du travail et son exploitation (les sciences naturelles en général). Et finalement, on crée une vaste couche d’intellectuels (les sciences humaines en général), de gauche comme de droite, de Léo-Paul Lauzon à Denise Bombardier, dont la fonction est de donner une légitimité idéologique à l’ordre existant.
Les étudiants : une classe sociale?
Vous semblez être en accord avec un des postulats de base du marxisme, en l’occurrence l’idée que l’histoire sociale est l’histoire de la lutte de classe. La méthode marxiste nous fait comprendre que les deux classes fondamentales (pas les deux seules existantes évidemment) et antagoniques du mode de production capitaliste sont la bourgeoisie et le prolétariat. Mais alors, où se trouvent les étudiants dans la hiérarchisation sociale du capital? Les étudiants forment-ils une classe sociale ayant ses propres intérêts matériels et historiques? Pour répondre à ces questions, voilà ce qu’en pensait Amadeo Bordiga Note(4): « Les mouvements étudiants ne peuvent présenter une histoire ou une tradition historique. À l’époque des révolutions bourgeoises libérales, qu’elles soient républicaines ou seulement constitutionnelles, les agitations ou les organismes étudiants n’eurent pas d’actions ou d’objectifs autonomes (...) Selon Marx, le prolétariat est une classe non seulement parce que sans son travail il n’est pas possible de produire ces marchandises dont le total forme la gigantesque richesse de la société capitaliste, qu’il s’agisse de biens de consommation ou de biens d’équipement ; mais parce que le prolétariat en plus de produire tout, se reproduit aussi lui-même, c’est-à-dire réalise la production des producteurs. C’est dans ce sens que Marx a voulu introduire dans sa doctrine moderne le terme classique utilisé vingt siècles auparavant par les romains de l’antiquité pour désigner les membres de la plèbe laborieuse de leur époque : prolétaires. En poursuivant la comparaison entre le prolétariat fécond qui devrait aujourd’hui démissionner de l’histoire face aux étudiants qui s’agitent pour prendre sa place, il serait ici facile de faire de l’humour à la lecture des informations sur les étudiants des campus français ou des collèges américains pour qui la principale revendication révolutionnaire semble être la liberté sexuelle. (...) Aujourd’hui dans cette société humaine toujours plus dissolue, et surtout dans la conscience impuissante qu’elle a d’elle-même, on voit non seulement des théorisations qui font des étudiants une classe sociale, mais on entend même parler de lutte de générations, comme si la société était divisée en deux camps : les adultes et les jeunes... ». Note(5)
En effet, on ne peut considérer les étudiants en général comme une classe sociale. Le statut d’étudiant est un statut temporaire, une transition vers la vie adulte et professionnelle. C’est une situation floue où la reproduction des classes sociales bat son plein. Évidemment, les gens d’origine bourgeoise ont leurs entrées dans les écoles privées et prestigieuses. Les gens d’origine ouvrière, eux, se dirigent souvent vers les métiers professionnels ou techniques quand ils n’ont pas déjà lâché l’école dès le secondaire, devenant ainsi des travailleurs sans qualification et ultra-précaires. Certains réussissent à l‘école et sont capables de grimper dans la hiérarchie sociale, passant à la petite-bourgeoise, aux nouvelles classes moyennes ou tout simplement à la bourgeoisie. C’est là le point nodal de la revendication sur la gratuité scolaire. Ce sont ces gens-là, ceux qui aspirent à la mobilité sociale via l’éducation mais qui viennent souvent de milieux plutôt modestes (ouvrier, petite-bourgeoisie), qui ont des intérêts à la gratuité scolaire. C’est le même principe que quand le gouvernement, durant la révolution tranquille, a ouvert les Universités du Québec pour offrir une éducation accessible : la bourgeoisie québécoise avait un besoin pressant de gestionnaires et d’administrateurs pour gérer son capitalisme d’État moderne d’après-guerre. Cependant, aujourd’hui, c’est la situation inverse qui se produit : l’État coupe en éducation, ce que désapprouvent les étudiants qui veulent devenir des gestionnaires du capital, mais n’en ont pas nécessairement les moyens.
Nous ne sommes pas en train de dire, telles les différentes sortes de dinosaures staliniens, que l’étudiant est nécessairement, voire « naturellement » petit-bourgeois. Nous disons seulement que, politiquement, la revendication de la gratuité scolaire est une revendication purement d’arrivistes et de carriéristes, de droite comme de gauche, bref une revendication pour une sorte de « droit à la mobilité sociale ». Or ce qui importe, ce n’est pas qu’il soit possible ou plus facile de passer d’une classe à l’autre et ainsi s’élever vers la bourgeoisie, mais il s’agit d’en finir une fois pour toute avec cette société de classes!
L’idée, que d’ailleurs vous semblez partager, selon laquelle une université universellement accessible et financée publiquement serait une oasis d’autonomie intellectuelle contestant l’ordre établi est réactionnaire. Que l’université soit financée par l’État ou par le capital, elle en demeurera néanmoins une université capitaliste. L‘autonomie intellectuelle dans l’université bourgeoise est l’illusion de l’intellectuel universitaire et académique pseudo-radical.
La condition étudiante aujourd’hui
Un aspect est largement oublié par le mouvement étudiant et ses organismes officiels : les étudiants, peu importe leur classe sociale d’origine, ont subi ces dernières années un violent processus de prolétarisation qui est évidemment lié à une désagrégation de l’accessibilité aux études. Une grande partie de la population étudiante n’a plus d’autres choix que de se trouver un petit boulot de survie et ainsi travailler une quinzaine d’heures par semaine pendant ses études. Cela a son importance dans le fait que ces petits boulots occupés par les étudiants sont souvent des boulots de merde : précarité, salaires inférieurs à ceux des travailleurs permanents, horaires atypiques, etc. Évidemment, cette main d’œuvre est une aubaine pour les patrons.
Mais, le plus important, c’est que ces étudiants prolétarisés sont l’avenir d’une possible union étudiants-ouvriers, puisqu’eux-mêmes ouvriers à temps partiel. Ainsi, la fougue de la jeunesse viendrait prêter main forte au mouvement communiste renaissant. Celui-ci aura grandement besoin, lors de la révolution, de l’appui ou au moins de la neutralité de couches sociales non-prolétariennes mais non-exploiteuses comme les classes moyennes, les soldats et… les étudiants!
LA FECQ-FEUQ, l’ASSÉ, bref le syndicalisme étudiant en général
Notre héritage politique se trouve dans la Gauche Communiste, c’est-à-dire l’héritage des différentes fractions de gauche au niveau international dans l’Internationale Communiste luttant premièrement contre l’opportunisme et ensuite contre la contre-révolution stalinienne. Ces fractions ont su dégager les leçons historiques de la période de révolution mondiale de 17-23 et de la période de contre-révolution subséquente. Elles ont aussi fait un bilan théorique des positions politiques révolutionnaires du mouvement ouvrier. En effet, concernant la question du syndicalisme, elles en sont arrivées à le rejeter comme forme de lutte pouvant contribuer au surgissement de la révolution. Cet héritage, nous le faisons nôtre.
En effet, le syndicalisme comme forme de lutte a eu ses heures de gloire. Il fut réellement cette « école du socialisme » dont Marx parlait. Il faut préciser que c’était l’époque de l’essor du capitalisme, époque où le prolétariat n’avait la possibilité de lutter que pour des réformes démocratiques : reconnaissance du droit de vote, de coalition, de grèves, etc. et où la bourgeoisie ne s’était pas encore établie ni géographiquement partout ni de manière complète au niveau politique comme classe dirigeante. Les syndicats avaient leur place en tant que négociateurs de la force de travail visant des réformes et l’élargissement de l’organisation de la classe ouvrière.
Avec le début du 20e siècle, le capital a colonisé toute la planète. Il est seul maître à bord et les dernières reliques de la féodalité sont complètement détruites. C’est aussi l’époque où l’on entre dans le cycle sans fin : crise-guerre-reconstruction. En effet, il y eut deux guerres mondiales et une sévère crise économique mondiale. L’ère historiquement progressive du capital était terminée, la révolution prolétarienne devait entrer en scène.Note(6)
Avec ce changement d’époque, le syndicalisme perd son caractère de classe pour s’intégrer graduellement aux rouages du capital et surtout à l’État bourgeois. Il fut complètement éclipsé par la forme d’organisation révolutionnaire des conseils ouvriers. Cela, seule la Gauche Communiste l’a reconnu. En somme, la forme de lutte syndicale pour des réformes à l’intérieur du capitalisme avait perdu tout son sens quand il était rendu temps de détruire le capital. Les syndicalistes devenaient de plus en plus ces « lieutenants capitalistes au sein du mouvement ouvrier » comme le disait Lénine.
Après ces considérations, ne soyez pas surpris que nous rejetions autant la FECQ-FEUQ que l’ASSÉ. Ces deux organisations syndicales ont les mêmes fonctions : assurer de manière corporatiste à leurs membres des « réformes »Note(7) illusoires face au gouvernement et surtout éviter tout débordement révolutionnaire de ses membres. Il faut toujours rester crédible si l’on veut négocier directement avec le gouvernement!
Vous faites une délimitation artificielle entre, d’un côté la FECQ-FEUQ concertationniste, et de l’autre l’ASSÉ combative. Or, la concertation et la combativité ne sont que les deux revers d’une même médaille, le syndicalisme réactionnaire.
Il faut dès maintenant créer des comités autonomes avec des délégués révocables en tout temps face et contre les syndicats et associations étudiantes et donner à ces comités une orientation révolutionnaire contre l’université bourgeoise dans une perspective de renversement du capitalisme. Dans les syndicats étudiants, la seule perspective possible est la négociation avec le gouvernement.
Critique formaliste de structures réactionnaires à détruire
Vous êtes en mesure de faire des critiques de gauche des positions de l’ASSÉ, surtout de son tournant récent vers la gauche caviar. Mais, le radicalisme verbal, c’est-à-dire l’ASSÉ à ses débuts, et la gauche caviar ont toujours fait bon ménage. Voilà pourquoi, nous ne sommes pas surpris du tournant de l’ASSÉ. Au contraire, nous pensons qu’elle affirme maintenant franchement ce qu’elle a toujours été.
Néanmoins, il reste que ce « tournant » de l’ASSÉ vous dérange et vous y êtes opposés. Mais, au lieu de voir l’ASSÉ telle qu’elle est, c’est-à-dire un organisme de négociation gouvernementale à vocation pseudo-radicale, vous vous enfermez vous-mêmes dans une critique platement formaliste. Pour vous si l’ASSÉ a pris un « tournant libéral », c’est à cause d’un manque de démocratie et, c’est son corollaire, l’adoption en pratique du centralisme démocratique. Or, il semble en effet bizarre que l’ASSÉ ait un problème de démocratie interne alors que dans ses statuts, elle prône la démocratie directe. Les arbres vous empêchent de voir la forêt. On ne peut constater les faiblesses d’un mouvement ou d’une organisation sur des questions de forme. Il faut aller à la racine des choses, c’est-à-dire au contenu, aux positions politiques. Si telle avait été votre méthode, vous vous seriez rendu compte que l’ASSÉ n’est que fidèle à elle-même, qu’elle soit démocratique ou non.
En cela, vous faites une critique très superficielle des positions que défend l’ASSÉ. Ce faisant, disons-le franchement, vous vous placez comme tendance de gauche d’une organisation réactionnaire que l’on aura à détruire le temps venu. Si révolution il y a prochainement, vous pouvez être sûrs que la FECQ-FEUQ et l’ASSÉ feront front pour tenter d’éloigner leurs membres de la tourmente sociale et se feront fort probablement ami avec le gouvernement, ce qui est déjà fait pour certains, dans l‘optique de rétablir l’ordre moyennement une place dans les sphères d’influences du pouvoir.
Mai 68 : la perspective d’une union étudiants-ouvriers
La perspective d’un mouvement étudiant autonome luttant pour une société plus « progressiste », par exemple pour la gratuité scolaire, est un leurre puisque les étudiants ne sont pas une classe sociale porteuse d’un projet historique dépassant le capitalisme. Et de plus, le capitalisme pourrissant ne peut rationnellement accéder à de telles revendications. La seule solution est la révolution communiste et c’est vers cela qu’il faut orienter les étudiants de plus en plus précarisés et prolétarisés par ce capitalisme en crise.
Il faut rompre avec cette gauche bourgeoise (Coalition contre la tarification, ASSÉ, QS) qui ne propose en fait que la perpétuation du capitalisme tout en nous faisant croire que son capitalisme de gauche sera « à visage humain », donc plus « progressiste » et respectueux des « droits humains ». Le capitalisme n’a plus rien de bon à amener à l’humanité, il est plus que temps de le détruire!
Il faut dépasser l’esprit revendicatif et syndical et poser directement la question de l’avenir social au niveau politique. En d’autres mots, au lieu de tenter d’arracher des réformes illusoires au gouvernement, soit part concertation ou soit par combativité, il faut mener une lutte politique contre l’État dans le but de le détruire et détruire le capital. C’est justement cet esprit qui animait les minorités révolutionnaires autant étudiantes qu’ouvrières durant les événements de mai 68. On ne se demandait pas comment réformer l’université ou comment augmenter les salaires, mais plutôt comment abolir l’université bourgeoise et abolir le travail salarié.
(1) Blog de Force Critique étudiante, Appel aux féministes, libertaires, communistes
(2) Voir les leçons politiques de la Gauche Communiste sur la Guerre d’Espagne 1ère partie et 2ième partie
(3) Blog de Force Critique étudiante, Saute-moutons
(4) Figure de proue du courant de la Gauche Communiste internationale
(5) Notes élémentaires sur les étudiants et le marxisme de gauche authentique, revue Le Prolétaire n°488. Citation reprise à partir d’un texte de Jean-Louis Roche, Mai 68 : Insubordination ouvrière ou nouvelle époque de la lutte des classes
(6) Ce que fut d’ailleurs la révolution russe, qui fut en fait internationale.
(7) Dans le capitalisme en crise permanente, aucune réforme n’est plus possible. C’est dans cette optique qu’il faut comprendre que la « victoire » de 2005 n’était que le prélude à une contre-attaque encore plus grande de la part du gouvernement de 2007 à aujourd’hui

mercredi 9 novembre 2011

Pour en finir avec le réformisme étudiant !

La crise économique fait ses ravages aux quatre coins de la planète. La bourgeoisie mondiale tente évidemment d’instaurer des plans d’austérité afin de tenter de rétablir ses taux de profits et ainsi réactiver l’accumulation du capital. Ces plans crasseux sont voués à l’échec tellement le capitalisme est aujourd’hui en complète décrépitude. Mais la bourgeoisie reste toujours maîtresse absolue de la société, tant au niveau social que politique, et se débat violemment pour maintenir sa domination. Les plans d’austérité, souvent dernier souffle de la bourgeoisie, créent un processus intense de paupérisation chez de nombreuses couches sociales. Le prolétariat voit ses conditions de travail et de vie se dégrader et ses salaires stagnés, sinon diminués. La petite-bourgeoisie est flouée et les couches moyennes se voient nettement se prolétariser. C’est cet effet de paupérisation au niveau international qui est à la base des divers mouvements des indignés de la Tunisie à l’Espagne en passant par Montréal. Cependant, dans les divers mouvements des indignées, ce sont les couches moyennes et la petite-bourgeoisie qui mènent le bal politiquement, ce qui explique leurs revendications illusoires : la gauche caviar nous ressasse invariablement son « capitalisme à visage humain », comme si le problème n’était que la « finance amorale » et non pas le capitalisme comme tel.

Les étudiants sont aussi du lot des victimes des plans d’austérité capitaliste. En effet, avec la hausse des frais de scolarité, nos conditions de vie vont se dégrader. Nous aurons davantage la nécessité de nous trouver des jobs à temps partiel pour un salaire ridicule. Bref, les étudiants venant des milieux modestes seront, et c’est déjà largement le cas, de plus en plus des prolétaires à temps partiel! La lutte pour la gratuité scolaire est légitime aux premiers abords. Nous devons cependant dépasser cette seule revendication qui vise en réalité la mobilité sociale et diriger notre lutte contre la société de classe, le capitalisme. Nos syndicats, que ce soit l’ASSÉ ou la FECQ/FEUQ, veulent nous entraîner dans une lutte illusoire, soit pour la gratuité scolaire, soit pour un autre gel des frais de scolarité. Cette lutte est vaine, une voie de garage, puisqu’elle n’est pas une lutte dirigée contre le capital, mais une lutte pour une autre forme de capitalisme, un « capitalisme à visage humain » et une « éducation humaniste » réactionnaire. Que l’éducation soit gratuite et publique ou privée et chère, le capitalisme, lui, est toujours débout. On essaie de vous faire croire que la hausse entraînera une commercialisation de l‘université la rendant dépendant du capital. Mais, l’université est déjà bourgeoise et a déjà comme fonction la reproduction des classes sociales. En effet, l’université n’est en rien indépendante du capital, elle fut historiquement constituée et financée par l’État bourgeois pour le maintien de sa domination tant au niveau technique qu’intellectuel.

Il faut dès maintenant rompre avec les attitudes corporatistes et carriéristes du mouvement étudiant officiel. Notre prolétarisation nous oblige à faire de l’agitation autant à l’université que sur nos lieux de travail. Il faut se regrouper contre et en dehors des syndicats et toujours élargir les luttes dans nos écoles et lieux de travail. Une perspective d’union étudiants-ouvriers, perspective qui avait si bien réussi lors de Mai 68, est aujourd’hui tout à fait plausible et souhaitable en autant que nous laissons de côté leurs revendications syndicales et corporatistes (gratuité, gel) pour faire nôtre les revendications historiques du prolétariat qui commencent à peine à surgir : la destruction du capitalisme pour sauver l'humanité et édifier une nouvelle société sans classe, sans État et sans frontière, donc sans exploitation et sans guerre.

Au slogan gauche caviar « Pour une éducation gratuite, publique et accessible » opposons notre propre slogan révolutionnaire : « Contre l’aliénation de la transmission de connaissances par le capital, pour la révolution communiste internationale » !

Les communistes Internationalistes – Klasbatalo Le 9/11/2011

jeudi 29 septembre 2011

PRÉVENTION PATRONALE OU LUTTE CONTRE LES COMPRESSIONS D’EMPLOI QUÉBEC

Les compressions d’Emploi Québec ont entraîné une baisse du nombre d’étudiants et d’étudiantes en francisation lors de la rentrée de septembre à la Commission Scolaire de Montréal. Cela a eu pour effet de priver un grand nombre d’adultes d’avoir des cours de français. Cela a aussi causé des coupures de postes d’enseignants et d’enseignantes : 6 postes au centre Lartigue, 2 au centre Saint-Paul et 3 de 10 heures au centre Yves-Thériault.

Au lieu de lutter contre les compressions d’Emploi Québec, l’Alliance reproche à la CSDM de ne pas avoir prévu ces compressions au printemps en ces termes: « Cette situation n’a jamais été portée à la connaissance des représentants de l’Alliance à la Table EDA et nous déplorons ce manque de considération envers les enseignantes et ensei­gnants en francisation. Avec de meilleures prévisions, on aurait pu respecter la priorité d’emploi. » Cette réaction syndicale de l’Alliance des profs par sa vice-présidente Roxanne Messier nous en dit encore plus sur l’inutilité des syndicats.

Premièrement la Table EDA est un lieu de concertation patron-syndicat qui, officiellement, est censé garantir des gains aux profs. La réalité est toute autre. La CSDM a donc oublié la concertation en ne prévenant pas le syndicat. L’Alliance est fâchée de ne pas avoir été prévenue au printemps. Bien oui, prévenu à temps, le syndicat aurait pu prévenir toute forme de contestation des profs garantissant la tranquillité dans les relations de travail. Nous voyons encore une fois le rôle des syndicats : empêcher toute mobilisation et faire accepter des coupures.

Deuxièmement, le syndicat se fout complètement des adultes qui seront privés de cours de francisation, cela ne rentre pas dans son cadre corporatiste de s’occuper seulement de ses affaires c’est-à-dire du carcan conjoint des patrons et du syndicat qui encadre strictement les enseignants et les enseignantes : la convention collective. Pour calmer les profs ou montrer son implication sociale (sic), le syndicat fait signer régulièrement des pétitions inutiles pour montrer qu’il fait quelque chose.

Pour lutter contre ces compressions, les enseignantes et les enseignants doivent élargir leur lutte aux enseignants des autres secteurs et aux adultes privés de ces cours. Pour tous les enseignants et les enseignantes, qu’ils soient du secteur adulte ou non- le seul choix est d’organiser la lutte, à partir de la base, au-delà et contre toute logique syndicale, dans l'unité avec les travailleurs, permanents ou précaires. Seules des assemblées contrôlées entièrement par les travailleurs et les travailleuses peuvent décider pourquoi et comment lutter.

Il est possible de résister à l’offensive croissante des patrons contre nos conditions de vie et de travail en dehors de la logique et des structures syndicales. Ces luttes ne doivent pas être menées par des bureaucrates mais par des travailleurs et des travailleuses, élues et révocables en tout temps, membres de comité de grève ou de mobilisation, et devant rendre des comptes à leurs assemblées.

Les communistes internationalistes Klasbatalo