Les CIK
dimanche 16 décembre 2012
L’organisation du prolétariat en dehors des périodes de luttes ouvertes (groupes, noyaux, cercles. etc.)
Nous avons trouvé ce texte du vieux* Courant Communiste
International (CCI) qui, partant d’un point de vue anticapitaliste et cela va
de soi internationaliste, tente de répondre à la question de Que
faire en dehors des luttes ouvertes? Le texte mentionne les comités, cercles, groupes, noyaux,
etc. Nous pourrions aussi mettre
Assemblée populaire Autonome de Quartier ou ville.
L’expérience, les acquis et erreurs de prolétaires en
Europe ne peuvent qu’aider les prolétaires du monde entier. Pour l’histoire, il
y a eu des conseils ouvriers en Allemagne, en Autriche, en Hongrie et en
Russie. Au Canada, il y a eu une forme de conseil à Winnipeg en 1919 et une
amorce de conseil à Sept-Îles en 1972 lors de la lutte du Front Commun. Ces
conseils ouvriers représentaient un niveau de conscience politique beaucoup plus
élevé que les Assemblées populaires Autonomes actuelles il va s’en dire. Les
conseils ouvriers étant de futurs organes de la dictature du prolétariat. À
terme la mise sur pied de conseils au niveau mondial aboutira à un échec s’il
n’y a pas un parti international et internationaliste. Le
rôle de ce parti ne sera pas de prendre le pouvoir au nom de la classe ouvrière
mais de participer à l’unification et à l’extension de ses luttes ainsi qu’à
leurs contrôles par les ouvriers eux-mêmes, et à la diffusion du programme
communiste afin de conscientiser le prolétariat en classe pour soi. Seule la
classe ouvrière dans sa totalité, à travers ses propres organes autonomes, par
exemple les conseils ouvriers, peut instituer le socialisme. Cette tâche ne
peut être déléguée, même pas au Parti de classe le plus conscient. Position 10 de bases des Communistes Internationalistes
Klasbatalo.
*Nous écrivons vieux CCI parce que depuis le début des années 2000,
cette organisation a rejeté dans les faits le regroupement des forces
révolutionnaires internationalistes anticapitalistes en s’accoquinant avec des
groupes anarchistes.
Les CIK
Les CIK
***************************
L’organisation du prolétariat en dehors des périodes de
luttes ouvertes (groupes, noyaux, cercles. etc.)
Les caractères gras ci-dessous sont de Klasbatalo.
Ce texte a été proposé pour
le Congrès d'Internationalisme (janvier 1980).
Réédité dans la Revue Internationale
le 28 Juillet, 2006
"Que faire en dehors des
luttes ouvertes? Comment s'organiser lorsque la grève est terminée? Comment
préparer la lutte à venir?"
Voilà quelques unes des questions
auxquelles la maturation actuelle de la lutte de classe impose de répondre.
Face à cette question, face
aux problèmes que posent les comités, cercles, groupes, noyaux, etc.,
regroupant de petites minorités d'ouvriers, nous n'avons aucune recette à
fournir. Entre les leçons morales ("organisez vous comme ceci ou
cela", "dissolvez-vous", rejoignez-nous") et les flatteries
démagogiques, nous n'avons pas à choisir. Notre souci est bien plutôt celui-ci
: comprendre ces expressions minoritaires du prolétariat comme une partie d'un
tout. Les insérer dans le mouvement général de la lutte de classes, de cette
manière nous pourrons comprendre à quelles nécessités générales ces organes
répondent. De cette manière nous pourrons également, en ne restant ni dans le
flou politique ni emprisonnés dans des schémas rigides, cerner les aspects
positifs de ces démarches et souligner les dangers qui les guettent.
CARACTERISTIQUES DE LA LUTTE
OUVRIERE DANS LE CAPITALISME DECADENT
Notre première préoccupation
dans l'appréhension de ce problème doit être de rappeler le contexte historique
général dans lequel nous nous trouvons. Nous devons nous remettre en mémoire la
nature de cette période historique (l'ère des révolutions sociales) et les
caractéristiques de la lutte de classe en période décadence. Cette
analyse est fondamentale car elle nous permet de comprendre le type
d'organisation de classe qui peut exister dans une telle période.
Sans entrer dans les détails,
rappelons simplement que le prolétariat au 19ème siècle existe comme un une
force organisée de manière permanente. Le prolétariat s'unifie comme classe au
travers d'une lutte économique et politique pour des réformes.
Le caractère progressif du
système capitaliste permet au prolétariat de faire pression sur la bourgeoisie
pour obtenir des réformes et pour ce faire regrouper de larges masses
d'ouvriers au sein des syndicats et des partis.
Dans la période de sénilité du
capitalisme les caractères et les formes d'organisation de la lutte changent.
Une mobilisation quasi permanente du prolétariat sur des intérêts immédiats et
politiques n'est plus possible ni viable. Les organes unitaires
permanents de la classe ne peuvent plus désormais exister qu'au cours de
la lutte elle-même. La fonction de ces organes ne se limite
plus désormais à simplement "négocier" une amélioration des
conditions de vie du prolétariat (car cette amélioration n'est plus possible à
long terme et parce que la seule issue réaliste est celle de la révolution)
mais à se préparer, à mesure que les luttes de développent, à la
prise du pouvoir.
Ces organes unitaires de la
dictature du prolétariat ce sont les conseils ouvriers. Ces organes
possèdent un certain nombre de caractéristiques que nous devons mettre en
évidence si nous voulons bien cerner tout le processus qui mène à
l'auto-organisation du prolétariat.
Ainsi nous devons mettre en
évidence que les conseils sont une expression directe de la lutte ouvrière. Ils
surgissent de manière spontanée (mais non mécanique) de cette lutte. C'est
pourquoi ils sont intimement liés au développement et à la maturité de cette
lutte, ils puisent en elle leur substance et leur vitalité.
Ils ne constituent donc pas une simple "délégation" des pouvoirs, une
parodie de Parlement, mais bien l'expression organisée de l'ensemble du
prolétariat et de son pouvoir. Leur tâche n'est pas d'organiser une
représentativité proportionnelle des groupes sociaux ou des partis politiques
mais de permettre à la volonté du prolétariat de se réaliser pratiquement.
C'est à travers eux que se prennent toutes les décisions. C'est pour cette
raison que les ouvriers doivent constamment en garder le contrôle (révocabilité
des délégués) par le biais des Assemblées Générales.
Seuls les conseils ouvriers
sont capables de réaliser l'identification vivante entre la lutte immédiate et
le but final des luttes. Par cette liaison entre la lutte pour des intérêts
immédiats et la lutte pour le pouvoir politique, les conseils posent
la base objective et subjective de la révolution. Ils constituent le creuset
par excellence de la conscience de classe. La constitution du prolétariat en
conseils n'est pas une simple question de forme d'organisation mais bien le
produit d'un développement de la lutte elle-même et de la conscience de classe.
Le surgissement des conseils n'est pas le fruit de recettes
organisationnelles, de structures préfabriquées, d'organes intermédiaires.
L'extension et la
centralisation de plus en plus consciente des luttes, au delà des usines et des
frontières, ne peut 'être un fait artificiel et volontariste. Pour se
convaincre de cette idée, il suffit de se rappeler l'expérience des ANU ([1])
et cette tentative artificielle de relier et de centraliser les
"organisations d'usines" dans une période où la lutte refluait.
Les conseils ne peuvent
subsister que tant que subsiste une lutte permanente, ouverte, signifiant la
participation d'un nombre toujours plus important d'ouvriers dans le combat.
Leur surgissement est essentiellement fonction d'un développement de la lutte
elle-même et de la conscience de classe.
TENTER DE COMBLER UN VIDE
Mais nous ne nous trouvons pas
encore dans une période de lutte permanente, dans un contexte révolutionnaire
qui permettrait au prolétariat de s'organiser en conseils ouvriers. La
constitution du prolétariat en conseils est fonction de conditions objectives
(degré de la crise, cours historique) et subjectives (maturité de la lutte et
de la conscience). Elle est le résultat de tout un apprentissage, de toute une
maturation tant organisationnelle que politique.
Nous devons être conscients que cette maturation, cette
fermentation politique ne se déroule pas suivant une ligne bien dessinée et
bien droite. Elle s'exprime bien plutôt à travers un processus bouillonnant et
confus, à travers un mouvement heurté et saccadé. Elle exige en outre une
participation active de minorités révolutionnaires. Incapable d'agir
mécaniquement selon des principes abstraits, selon des plans préconçus, selon
un volontarisme détaché de la réalité, le prolétariat mûrit son unité et sa
conscience au cours d'un apprentissage douloureux. Incapable de regrouper
toutes ses forces à un jour "J", il concentre ses rangs au cours de
la bataille elle-même, son "armée", il la forme dans le conflit
lui-même. Mais au cours de la lutte, il forme dans ses rangs des éléments plus
combatifs, des avant-gardes plus décidées. Celles-ci ne se regroupent pas
forcément au sein d'une organisation de révolutionnaires (car celle-ci dans
certaines périodes est peu connue). L'apparition de ces minorités combatives au
sein du prolétariat, que ce soit avant, après ou pendant les luttes ouvertes,
n'est pas un phénomène incompréhensible ou nouveau. Elle exprime bien ce
caractère irrégulier de la lutte, ce développement inégal et hétérogène de la
conscience de classe. Ainsi depuis la fin des années 60 nous assistons à la
fois à un développement de la lutte dans le sens d'une plus grande
auto-organisation, à un renforcement des minorités révolutionnaires, à
l'apparition de comités, noyaux, cercles, etc. où tente de se regrouper une
avant-garde ouvrière. Le développement d'un pôle politique cohérent, la
tendance du prolétariat à s'organiser en dehors des syndicats, procèdent d'une
même maturation de la lutte.
L'apparition de ces comités
cercles etc, répond donc bien à une nécessité de la lutte elle-même. Si des
éléments combatifs sentent la nécessité de rester groupés après qu'ils aient
lutté ensemble, c'est à la fois dans le but de continuer à "agir
ensemble" (éventuellement préparer une nouvelle grève) et à la fois dans
le but de tirer des leçons de la lutte (à travers une discussion politique). Le
problème qui se pose à ces ouvriers est autant celui de leur regroupement en
vue d'une action future que celui de leur regroupement en vue d'éclaircir
les questions posées par la lutte passée et à venir. Cette attitude est
compréhensible dans la mesure où l'absence de luttes permanentes, la
"faillite" des syndicats et une très grande faiblesse des
organisations révolutionnaires créent un vide tant organisationnel que
politique. La classe ouvrière lorsqu’elle reprend le chemin de son combat
historique a horreur du vide. Elle cherche donc à répondre à un besoin posé par
ce vide organisationnel et politique. Ces comités, noyaux, ces minorités
d'ouvriers qui ne comprennent pas encore clairement leur fonction répondent à
ce besoin. Ils sont à la fois une expression de la faiblesse générale de la
lutte de classe actuelle et l'expression d'une maturation de l'organisation
et de la conscience de classe. Ils cristallisent tout un travail
souterrain qui s'opère au sein du prolétariat.
LE REFLUX DE 1973-77
C'est pour cette raison que
nous devons faire attention à ne pas enfermer ces organes dans des tiroirs
hermétiques, dans des classifications rigides. Nous ne pouvons pas prévoir
l'apparition et le développement de ceux-ci de manière tout à fait précise. De
plus nous devons être attentifs à ne pas séparer artificiellement différents
moments dans la vie de ces comités et ne pas poser a un faux dilemme dans le
style :"l'action ou la discussion."
Ceci dit cela ne doit pas nous
empêcher d'avoir une intervention par rapport à ces organes. Nous devons
également être capables d'apprécier l'évolution de ces organes en fonction de
la période, suivant que nous nous trouvons dans une période de reprise
des luttes ou de reflux. En effet, dans la mesure où ils sont un produit
immédiat et spontané des luttes, qu'ils surgissent plus sur la base de
problèmes conjoncturels (à la différence de l'organisation des révolutionnaires
qui surgit sur la base des nécessités historiques du prolétariat), ces
organes restent très fortement dépendants du milieu ambiant de la lutte de
classe. Ils restent plus fortement prisonniers des faiblesses générales du
mouvement et ont tendance à suivre les hauts et les bas de la lutte.
C'est ainsi que nous devons
opérer une distinction dans le développement de ces comités etc. au moment du
reflux de la lutte entre 1973 et 77, et dans la période actuelle de reprise
internationale des luttes.
Tout en soulignant les dangers
qui restent identiques pour ces deux périodes, nous devons être capables de
cerner les différences d'évolution.
C'est ainsi qu'avec la fin de
la première vague de luttes à la fin des années 60 nous avons pu assister à
l'apparition de toute une série de confusions au sein de la classe ouvrière.
Ces confusions nous pouvons les mesurer surtout en fonction de l'attitude des
quelques éléments combatifs de la classe qui tentent de rester groupés.
Nous voyons ainsi se
développer :
- L'illusion du syndicalisme
de combat et la méfiance de tout ce qui-est politique (OHK, AAH,
Komiteewerking ([2]).
Dans la plupart des cas, les comités issus des luttes se transforment carrément
en para-syndicats. C'est le cas des Commissions Ouvrières en Espagne et des
"Conseils d'Usines" en Italie. Plus souvent encore, ils disparaissent
carrément.
- Un très fort corporatisme
(ce qui constitue la base même du syndicalisme "de combat").
- Lorsque des tentatives sont
faites pour dépasser le cadre de l'usine, une confusion et un éclectisme
politique très grand.
- Une très grande confusion
politique ce qui rend ces organes très fragiles aux menées des gauchistes et
les font tomber aussi dans des illusions du style de celles entretenues par le
PIC (voir le "bluff" des groupes ouvriers. ([3])
C'est également au cours de
cette période que se développe l'idéologie de "l'autonomie ouvrière"
avec tout ce qu'elle comporte comme apologie de l'immédiatise, de l'usinisme et
de l'économisme.
Toutes ces faiblesses sont
essentiellement fonction des faiblesses de la première vague de luttes de la
fin des années 60. C'est ainsi que ces mouvements se caractérisent par une
disproportion entre la force et l'extension des grèves et une faiblesse dans le
contenu des revendications. Ce qui marque surtout cette disproportion c'est une
absence de perspectives politiques claires dans le mouvement. Le repli ouvrier
de 73-77 est le produit de cette faiblesse utilisée par la bourgeoisie pour
opérer un travail de démobilisation et d'encadrement idéologique des luttes.
Chacun des points faibles de la première vague de grèves est
"récupéré" par la bourgeoisie à son profit :
"Ainsi l'idée d'une
organisation permanente de la classe à la fois politique et économique s'est
transformée ensuite en celle des "nouveaux syndicats" pour finalement
en revenir aux syndicats classiques. La vision de l'A.G. comme une forme
indépendante du contenu a abouti - via les légendes sur la démocratie directe
et le pouvoir populaire- au rétablissement de la confiance dans la démocratie
bourgeoise classique. Les idées d'autogestion et de contrôle ouvrier de la
production, confusions explicables dans un premier temps, furent théorisées par
le mythe de "l'autogestion généralisée", les "Îlots du
communisme" ou la "nationalisation sous contrôle ouvrier".
Tout ceci a préparé les ouvriers à faire confiance au plan de restructuration
"qui évite les licenciements" ou aux pactes de solidarité nationale
pour "sortir de la crise".
(Rapport sur la lutte de
classe présenté au 3ème Congrès international du CCI)
LA REPRISE DES LUTTES DEPUIS
1977
Avec la reprise des luttes
depuis 1977, nous voyons se dessiner d'autres tendances. Le prolétariat a mûri
par la "défaite", il a tiré même très confusément les leçons de ce
reflux et même si les dangers restent toujours présents de "syndicalisme
de combat", de corporatisme, etc, ils s'inscrivent dans une évolution
générale différente.
C'est ainsi que depuis 77 nous
voyons se développer timidement :
Une volonté plus ou moins
marquée de développer une discussion politique de la part d'une
avant-garde combative des ouvriers (rappelons l'AG des coordinamenti à Turin,
le débat mené à Anvers avec des ouvriers de Rotterdam, d'Anvers, etc., la
conférence des dockers à Barcelone,...([4]).
La volonté d'élargir le champ
de la lutte, de dépasser le ghetto de l'usinisme, de donner un cadre politique
plus global à la lutte. Cette volonté s'exprime par l'apparition de
"coordinamenti" et plus spécifiquement dans le manifeste politique
d'un des coordinamenti du nord de l'Italie. Ce manifeste réclame une
unification de l'avant-garde combative des usines, la nécessité d'une lutte
politique indépendante des ouvriers et insiste sur la nécessité de dépasser le
cadre de l'usine pour lutter; [Nous dirions dépasser le cadre du quartier, ajout par
Klasbatalo]
Le souci d'établir une liaison
entre l'aspect immédiat de la lutte et le but final. Ce souci s'exprime
particulièrement dans des groupes de travailleur: en Italie (FIAT) et en
Espagne FEYCU, FORD). Les premiers sont intervenus par voie de tract pour
dénoncer les menaces de licenciements faits au nom de
"l'anti-terrorisme", les seconds pour dénoncer l'illusion du
parlementarisme;
-Le souci de mieux préparer et
organiser les luttes à venir (cf.. action des "porte-parole" de Rotterdam
appelant à la formation d'AG).
Bien entendu, répétons le, les
dangers de corporatisme, de syndicalisme de combat, d'enfermement de la lutte
sur un terrain strictement économique subsistent même au cours de cette
période.
Mais ce dont nous devons tenir
compte c'est l'influence importante de la période sur l'évolution de comités,
noyaux, etc. surgissant avant ou après les luttes ouvertes. Lorsque la période
est à la combativité et à la remontée des luttes, l'intervention de telles
minorités ouvrières prend un autre sens et notre attitude également. C'est
ainsi que dans une période de recul généralisé des luttes, nous insisterons
plus sur les dangers pour de tels organes de se transformer en para-syndicats, de
tomber dans les bras des gauchistes et des illusions du
terrorisme, etc. Dans une période de remontée, nous insisterons plus sur les
dangers du volontarisme et de l'activisme (cf. les illusions exprimées à cet
égard dans le manifeste du coordinamento de Sesto Seovanni), sur les illusions
que pourraient avoir ces ouvriers combatifs de former les embryons des comités
de grève futurs, etc. Dans une période de reprise des luttes, nous serons
également plus ouverts face à l'apparition de minorités combatives se
regroupant en vue d'appeler à la lutte et à la formation de comités de grève,
d' d'A.G., etc.
LES POSSIBILITES DE CES
ORGANES
Ce souci de replacer ces
comités, noyaux, etc. dans le bain de la lutte de classe, de les comprendre en
fonction de la période dans laquelle ils se meuvent, n'implique pas pourtant
que nous changions nos analyses du tout au tout, suivant ces différentes étapes
de la lutte de classe.
Quel que soit le moment où naissent ces comités ou noyaux,
nous savons qu'ils ne constituent qu'UNE ETAPE D'UN-PROCESSUS DYNAMIQUE
GENERAL, un moment dans la maturation de l'organisation et de la conscience de
classe. Ils ne peuvent avoir un rôle positif que s'ils se donnent un cadre
large et souple pour ne pas figer ce processus. C'est pourquoi ils doivent être
vigilants et ne pas tomber dans les pièges suivants :
-
s'imaginer constituer la structure qui prépare le surgissement des comités de
grève ou des conseils.
-
s'imaginer être investis d'une sorte de "potentialité" en vue de
développer la lutte future (ce ne sont pas des minorités qui créent
artificiellement une grève ou font surgir une A.G. ou un comité même si elles
ont une intervention active dans ce processus).
-
se doter d'une plate-forme ou de statuts ou de tout élément risquant de figer
leur évolution et les condamnant à la confusion politique.
-
se présenter comme des organes intermédiaires entre la classe et une
organisation politique, comme une organisation à la fois unitaire et politique.
C'est pourquoi, quelle que
soit la période dans laquelle nous nous trouvons, notre attitude envers ces
organes minoritaires, si elle reste, ouverte, vise cependant à influencer
l'évolution de la réflexion politique en leur sein. Nous devons essayer de
faire en sorte que ces comités, noyaux, ne se figent ni dans un sens (une
structure qui s'imagine préfigurer les conseils), ni dans l'autre (fixation
politique). Ce qui doit nous guider avant tout, ce ne sont pas les intérêts et
les préoccupations conjoncturelles de ces organes (car nous ne pouvons pas leur
suggérer une recette organisationnelle et une réponse toute faite), mais les
intérêts généraux de l'ensemble de la classe. Notre souci est de toujours
homogénéiser et développer la conscience de classe de telle sorte que le
développement de la lutte se fasse avec une participation toujours plus massive
des ouvriers à celle-ci et une prise en main de la lutte par les ouvriers
eux-mêmes et non par une minorité, quelle qu'elle soit. C'est pour cette raison
que nous insistons tant sur la dynamique du mouvement et que nous mettons les
éléments combatifs du prolétariat en garde contre les tentatives de
substitutionnisme ou contre tout ce qui risque de bloquer le développement
ultérieur de la lutte et de la conscience. En orientant
l'évolution de ces organes dans une direction (réflexion et discussions
politiques), plutôt que dans une autre, nous répondons à ce souci de favoriser
la dynamique du mouvement. Bien entendu, cela ne signifie pas
que nous condamnions toute forme d'Intervention" ou d'action"
ponctuelle de la part de ces organes. Il est évident que dès l'instant où un
groupe d'ouvriers combatifs comprend que sa tâche n'est
pas d'agir en vue de se constituer en para-syndicats mais plutôt en vue de
tirer des leçons politiques des luttes passées, cela n'implique pas le fait que
cette réflexion politique se fasse dans le vide éthéré, dans l'abstrait et sans
aucune conséquence pratique. La clarification politique menée par ces ouvriers
combatifs va également les pousser à agir ensemble à l'intérieur de leur usine
(et dans des cas plus positifs même au delà de l'usine). Ils vont sentir la
nécessité de donner une expression politique matérielle à leur réflexion
politique (tracts, journaux, etc.), ils vont sentir la nécessité de prendre
position par rapport à des faits concrets qui touchent la classe ouvrière. En
vue de diffuser cette prise de position et de la défendre, ils vont donc avoir
une intervention concrète. Dans certaines circonstances ils vont proposer des
moyens d'action concrets (formation d'A.G., de comités de grève,...) en vue de
riposter ou de lutter. Au cours de la lutte elle-même, ils ressentent la
nécessité de se concerter pour développer une certaine orientation de la lutte,
pour appuyer des revendications permettant d'élargir la lutte, pour insister
sur l'élargissement de celle-ci, etc.
Mais, par rapport à cela, même
si nous restons attentifs à ne pas plaquer des schémas rigides, il est clair
que nous continuons à insister sur le fait que ce qui compte avant tout, c'est
la participation active de tous les ouvriers à la lutte, et qu'en aucun cas ces
éléments combatifs ne doivent se substituer à cette participation et mener
l'organisation et la coordination de la grève à la place de leurs camarades. De
plus, il est également clair que plus l'organisation des révolutionnaires
augmentera son influence au sein des luttes, plus ces éléments combatifs se
tourneront vers elle. Ceci, non pas parce que l'organisation aura mené une
politique de recrutement forcé envers ces éléments, mais tout simplement parce
que ces éléments prendront conscience qu'une intervention politique réellement
active et efficace ne peut se faire que dans le cadre d'une telle organisation
internationale.
L'INTERVENTION DES
REVOLUTIONNAIRES
Tout ce qui brille n'est pas
or. Mettre en évidence que la classe ouvrière fait surgir dans sa lutte des
minorités plus combatives ne signifie pas affirmer que l'impact de ces
minorités est décisif pour le déroulement ultérieur de la conscience de classe.
Nous ne devons pas faire une identification absolue entre expression d'une
maturation de la conscience et facteur actif dans le développement de celle-ci.
En réalité, l'influence que
peuvent avoir ces comités, cercles, etc. dans le déroulement ultérieur de la
lutte est très limitée. Elle est entièrement fonction de la combativité
générale du prolétariat et de la capacité de ces comités ou cercles à
poursuivre sans cesse un travail de clarification
politique. Or, à long terme, ce travail ne peut se poursuivre que dans le cadre
d'une organisation révolutionnaire.
Mais là encore aucun mécanisme
ne peut avoir cours. Ce n'est pas d'une manière artificielle que l'organisation
révolutionnaire gagnera ces éléments. Contrairement à des organisations comme
Battaglia Comunista ou le PIC, le CCI ne
cherche pas à combler d'une manière artificielle et volontariste un
"fossé" qui existerait entre le parti et la classe. Notre
compréhension de la classe ouvrière comme force historique et de notre rôle
nous empêche de vouloir figer ces comités dans des structures intermédiaires ou
de chercher à créer des "groupes d'usine", courroies de transmission
entre la classe et le parti.
Se pose alors la question de
savoir quelle est notre attitude par rapport à de tels comités, cercles etc. Tout
en leur reconnaissant une influente limitée, des faiblesses, nous restons
ouverts et attentifs au surgissement de tels organes. Nous leur proposons avant
tout une très grande ouverture dans la discussion et nous n'adoptons en aucun
cas une attitude de mépris, de condamnation sous prétexte de l'impureté"
politique de ces organes. Ceci est une chose. Une autre chose
serait de flatter ces organes ou même de concentrer notre énergie uniquement
sur eux. Nous n'avons pas à faire une psychose des "groupes ouvriers",
comme nous n'avons pas à les ignorer. Tout en reconnaissant le processus "
de maturation de la lutte et de la conscience de classe et ses tentatives à se
"hisser" vers le terrain politique, tout en ayant conscience que le
prolétariat dans ce processus fait surgir en son sein des minorités plus
combatives qui ne s'organisent pas nécessairement en organisation politique,
nous devons faire attention à ne pas identifier ce processus de maturation avec
celui qui caractérisait le développement de la lutte au siècle dernier. Cette
compréhension est très importante car elle nous permet d'apprécier en quoi ces
comités, cercles, etc. sont véritablement des expressions de la maturation de
la conscience de classe, mais des expressions avant tout temporaires et éphémères
et non pas des jalons fixes et structurés, des échelons organisationnels dans
le développement de la lutte de classe. Car la lutte de classe en période de
décadence se fait par explosions, par surgissements brusques qui surprennent
même les éléments les plus combatifs d'une lutte précédente et peuvent les
dépasser tout à fait en conscience et en maturité. Le prolétariat ne peut
s'organiser réellement au niveau unitaire qu'au sein de la lutte elle-même et
au fur et à mesure que la lutte devient permanente, il grossit et renforce ses
organisations unitaires.
C'est cette compréhension qui
nous permet de mieux cerner en quoi, même si dans certaines circonstances il
peut être très positif de mener une discussion suivie et systématique avec ces
cercles et de participer à leurs réunions, nous n'avons pas de politique
spécifique, de "tactique" spéciale à l'égard de ces comités ouvriers.
Nous reconnaissons la possibilité et une plus grande facilité de discuter avec
ces éléments combatifs (particulièrement quand la lutte n'est pas encore
ouverte) ; nous avons conscience que certains de ces éléments peuvent nous
rejoindre, mais nous ne focalisons pas toute notre attention à leur égard. Car
ce qui reste avant tout essentiel pour nous, c'est la dynamique générale de la
lutte à l'intérieur de la laquelle nous n'opérons aucune classification rigide,
aucune hiérarchisation. Nous nous adressons avant tout à la classe ouvrière
dans son ensemble. Contrairement aux autres groupes politiques qui essaient de
combler l'absence d'influence de minorités révolutionnaires par des procédés
artificiels en s'illusionnant sur ces "groupes
ouvriers ": le CCI reconnaît son peu d'impact dans la période
présente. Nous ne cherchons pas à développer, pour augmenter cette influence,
une confiance artificielle des ouvriers à notre égard. Nous ne sommes pas
ouvriéristes, comme nous ne sommes pas des mégalomanes. L'influence que nous
développerons progressivement au sein des luttes, viendra essentiellement de
notre PRATIQUE POLITIQUE en leur sein, et non d'un quelconque rôle de
"porteurs d'eau" ou d'une politique de flagorneries. De
plus, cette intervention politique, nous l'adressons aux ouvriers dans leur
ensemble, au prolétariat pris comme un tout et comme une classe. Nous
existons non pas pour nous satisfaire de la "confiance" que nous
accorderaient deux, trois ouvriers aux mains calleuses, mais pour homogénéiser
accélérer l'épanouissement de la conscience de classe. Et
soyons conscients que ce n'est qu'au cours du processus révolutionnaire lui-même
que le prolétariat nous accordera sa "confiance"
politique, dans la mesure où il reconnaîtra alors que le parti révolutionnaire
fait réellement PARTIE de son combat historique.
[1]
AAU, Allgemeine Arbeiter Union : Union Générale des Travailleurs. Les
'unions" ont été des tentatives de créer des formes d'organisation
permanentes regroupant l'ensemble des ouvriers en dehors des syndicats et
contre eux, en Allemagne, dans les années qui suivirent l'écrasement de
l'insurrection de Berlin en 1919. Elles exprimaient une nostalgie des conseils
ouvriers, mais ne parvinrent jamais à en remplir la fonction.
[2]
Groupes d'ouvriers en Belgique.
[3]
Le groupe français PIC (Pour une Intervention Communiste) vécut pendant
quelques mois convaincu et cherchant à convaincre tout le monde, qu'il
participait au développement d'un réseau de "groupes ouvriers", qui
constitueraient une puissante avant garde du mouvement révolutionnaire. Il
fondait et entretenait cette illusion sur la réalité squelettique de deux ou
trois groupes constitués pour l'essentiel d'éléments "ex-gauchistes".
Il ne reste plus grand chose de tout ce bluff.
[4]
Il s'agit de rencontres organisées regroupant des délégations de différents
groupes, collectifs, comités ouvriers...
mercredi 21 novembre 2012
C’est le capitalisme mondial qui est corrompu
Ces
temps-ci, le show de la commission Charbonneau a remplacé les spectacles et
batailles des équipes de hockey. Ce n’est pas la première fois qu’une
commission lève le voile putride sur la corruption. Rappelons la commission
d’enquête sur le crime organisé (CECO) en 1973-75, la commission Cliche sur la
construction en 74-75, le rapport Malouf en 1980 sur le coût des
olympiques de 1976, la commission Gomery sur les commandites en 2004-2005, etc.
Historiquement, dès ses débuts, la confédération canadienne est mêlée au
scandale des contrats de construction du chemin de fer du Pacifique. Des
« honorables » hommes politiques comme John A. MacDonald et George
Étienne Cartier et des capitalistes menés par Sir Hugh Allan y sont parties
prenantes. Bref les commissions passent et la corruption demeure. Tous les
partis politiques qui ont été ou qui sont au pouvoir ont eu leur lot de
scandales. Les différentes commissions passées ont montré la corruption
des libéraux avant même la commission Charbonneau. La corruption, n’est pas
l’apanage des maires Tremblay et Vaillancourt ou d’un haut fonctionnaire comme
Leclerc ou d’un parti au pouvoir, mais elle fait partie intégrante de la nature
même du système capitaliste.
Quoiqu’en disent les péquistes qui
jouent aux vierges offensées leur passage au pouvoir a laissé aussi des traces
de corruption. Lors de la première élection à laquelle participa le PQ, en
avril 70, il y eut dans le comté de Taillon un candidat officiel du parti appuyé
durant quelque temps par la mafia de la Rive-Sud. Le dr Serge Mongeau, candidat
péquiste indépendant, se désolidarisa des organisateurs péquistes qui voulaient
faire élire leur candidat officiel. Entre 1995 et 2000, « Le Parti
québécois a sciemment fermé les yeux sur le contournement de la Loi sur le
financement des partis politiques afin de bénéficier des largesses de l'ancien
patron de Groupaction, Jean Brault, récemment reconnu coupable de fraude. Comme
l'établit le rapport d'enquête du juge Jean Moisan rendu public hier, le PQ a
ainsi reçu 96 400 $ entre 1995 et 2000. » (Le Devoir 22 juin 2006). Au début de 2002, Gilles Baril,
ministre très important et dauphin de Bernard Landry, démissionne lors des
révélations de ses liens avec Oxygène 9 lors du scandale des lobbysites. Les
péquistes n’ont pas de leçon à donner aux autres partis en ce qui concerne la
corruption.
Les
révélations sur la corruption de hauts fonctionnaires et de politiciens
viennent confirmer que la corruption est inhérente au système capitaliste et à
son État. Elle existe tout autant en Russie, en Italie, en Chine, aux USA, dans les
pays africains et ailleurs. Tel un pétrolier en perdition, le capitalisme sème
sur son sillage guerres, famine, chômage, destruction de l’environnement et
corruption. Avec la crise actuelle de surproduction du capitalisme, ces
malheurs ne feront qu’empirer. Nos frères et sœurs ont fait grève récemment par
millions en Europe contre les mesures d’austérité. Les prolétaires européens
sont un exemple de résistance pour les prolétaires nord-américains même si les
syndicats européens et nord-américains tentent de nous diviser, lieu de travail
par lieu de travail, secteur par secteur, pays par pays par des grèvettes d’une
journée.
L’unification
des luttes au niveau international contre ces criminels est nécessaire pour une
société basée sur les besoins réels de l’humanité, le communisme. Un communisme
qui n’a rien en commun avec le capitalisme d’état de l’URSS, de la Chine, de
Cuba, de la Corée du Nord, etc.
Seule
notre classe, celle des prolétaires peut mettre fin à cette décadence pour
créer une société sans mafia, sans classe, sans argent, sans état et sans
frontière. Pour le moment il lui manque son parti politique un parti communiste
internationale et internationaliste à créer.
Les
communistes internationalistes-Klasbatalo militent pour construire ce parti,
rejoignez nos rangs.
mardi 28 août 2012
La perspective historique du « communisme » est la clé des luttes actuelles du prolétariat
La Fraction de la Gauche communiste
internationale a publié son bulletin #9 du 15/ 08/2012 Nous éditons l’article
ci-dessous avec lequel nous sommes totalement en accord.
Les Communistes Internationalistes
Klasbatalo
****************
La perspective du « communisme » est la clé des luttes actuelles du prolétariat
Contraints de mentionner la mobilisation
ouvrière autour de la lutte des mineurs espagnols - ils ne pouvaient l'ignorer
au risquede se déconsidérer complètement -, les médias bourgeois se sont empressés
de faire à nouveau le black-out sur ce chapitre après la manifestation des
mineurs à Madrid (11 juillet) mettant à profit la période d'été et les jeux
olympiques. La censure que les médias internationaux exercent sur les réactions
ouvrières à la crise est une illustration en creux de la menace que représente
pour l'ordre capitaliste la dynamique de luttes ouvrières internationale et qui
parcourt tout particulièrement l'Europe. Après la Grèce, c'est donc au tour de
la péninsule ibérique, en Espagne et au Portugal, où le prolétariat est obligé
d'essayer de réagir face aux conditions de vie qui lui sont maintenant
imposées. Et le silence exercé par la classe dominante n'enlève rien à la
réalité des multiples ripostes ouvrières de cet été.
Après la Grèce, la mobilisation ouvrière autour de la lutte des mineurs des
Asturies a tendu à focaliser l'attention du prolétariat international et a
représenté pour la classe ouvrière en Espagne un foyer dans lequel tous se
reconnaissait. La participation massive de la population ouvrière de Madrid à
la «Marche noire » des mineurs ainsi que l'accueil chaleureux qu'ils ont reçu
dans tout le pays témoignent du fait que tous les ouvriers espagnols tendaient
à s'identifier à ce combat et étaient conscients de la nécessité d'une riposte
unie de tous les secteurs et de toutes les régions pour faire face à l'État.
L'exercice d'une violence de classe pour se défendre face à la répression
bourgeoise, les tentatives de paralyser le fonctionnement de l'État et de
l'économie capitaliste par le barrage des transports et l'occupation des villes
des bassins miniers, ont montré à tous la voie à suivre et c'est en cela que
l'ensemble du prolétariat espagnol s'est reconnu dans ce combat. C'est surtout
dans cette mobilisation d'un secteur « traditionnel » et « historique » de la classe ouvrière, fort de décennies
de luttes que ce soit sous la République espagnole dans les années 1930 comme
sous la dictature de Franco par la suite, a définitivement montré les « limites
» du fameux mouvement des « indignés » et, en réalité, l'exemple-piège que
celui-ci représentait pour le combat du prolétariat. Les mineurs asturiens ont
rappelé à tous que le combat contre les attaques capitalistes dues à la crise
n'était pas un combat de « citoyen » pour une meilleure démocratie, mais bel et
bien le combat d'une classe exploitée contre une autre classe dominante et
exploiteuse qu'elle soit « démocratique » ou non.
Dans ce sens, la lutte des mineurs et la mobilisation qu'elle a entraîné
dans tout le pays, est un exemple à suivre, la voie à reprendre dans tous les
pays.
Néanmoins, il faut aussi relever que cette mobilisation - à ce jour, les
mineurs ont globalement cessé leur grève sans rien obtenir et les mesures
d'austérité continuent de s'abattre sur la classe ouvrière espagnole - n'a pas
débouché sur une élévation du combat de classe contre la bourgeoisie et son
État au point d'ébranler ce dernier et lui faire, ne serait-ce que
momentanément, retirer ses attaques économiques.
Pourquoi la colère ouvrière réelle, généralisée, la volonté de se battre,
le sentiment qu'il faut y aller tous ensemble, n'ont-ils pas réussi à modifier
de manière significative le rapport de forces entre les classes ? La
manifestation ouvrière à Madrid, malgré son succès et le renfort de la
population ouvrière de la capitale espagnole, a fini par représenter une
impasse et une sorte de fin - momentanée au moins. Pourquoi ? Est-ce simplement
dû au fait que les syndicats ont gardé le contrôle sur la mobilisation
ouvrière, sur l'organisation de la Marche sur Madrid, sur les mots d'ordre et
les revendications - souvent régionalistes et corporatistes -, au fait qu'ils
ont même en partie réussi à retourner contre les ouvriers l'usage de
l'auto-défense contre la répression en en faisant un mythe et une fin en soi,
limitant ainsi au maximum tout risque de réelle extension et généralisation du
mouvement ? Certainement, les syndicats et les forces politiques de gauche ont
joué leur rôle et tout fait pour enfermer lesouvriers dans leur spécificité de «
mineurs » et dans les « sauvons notre région » - et malheureusement aucun
groupe communiste n'a pu, ou n'a su(Note 1), intervenir, s'opposer aux côtés
des ouvriers aux impasses et sabotages syndicaux, et avancer des mots d'ordre
et des perspectives d'actions alternatives. Mais ceci ne suffit pas à expliquer
les limites des luttes ouvrières actuelles - car les limites de la mobilisation en Espagne sont sensiblement les mêmes
que celles que le prolétariat international rencontre un peu partout.
Pourquoi le rôle des agents de la bourgeoisie en milieu ouvrier, syndicats,
partis de gauche, gauchistes, et leur action ne suffisent pas pour expliquer
que la classe ouvrière n'arrive pas à ce jour à porter ses luttes au niveau
requis par la situation (gravité de la crise capitaliste et des attaques) ?
Alors que jamais dans l'histoire du capitalisme - nous pesons nos mots -, les
conditions objectives n'ont autant favorisé l'évolution du rapport de forces
entre les classes en faveur du prolétariat. Jamais dans l'histoire du
capitalisme, la bourgeoisie a dû attaquer le prolétariat avec une telle force -
nous n'en sommes qu'au début - et de manière aussi frontale, dans tous les pays
et dans tous les secteurs, au même moment, alors que l'ensemble de la classe
ouvrière – bien que subissant le matraquage mensonger incessant de l'idéologie
bourgeoise - n'en reste pas moins loin d'adhérer aux grands thèmes
nationalistes, démocratiques, anti-terroristes, anti-fascistes ou autres de
cette idéologie.
Ces attaques frontales et massives ne font que commencer et vont même
redoubler, non seulement parce que la crise économique est insoluble du point
de vue capitaliste mais aussi justement parce que la bourgeoisie n'a d'autre
choix que de pousser à ce que l'ensemble de la société se mobilise et s'engage
dans une nouvelle guerre impérialiste généralisée. Cette autre « perspective
historique », celle « offerte » par la bourgeoisie, implique avant même son
déclenchement de nouveaux et plus terribles sacrifices. Or, à ce jour, et
contrairement à 1914 et 1939, la classe ouvrière n'est pas non plus disposée à
accepter et à adhérer à cette marche à la guerre généralisé. Pourquoi, alors
que jamais les conditions historiques objectives (la faillite de plus en plus
évidentes du capitalisme, l'affaiblissement historique de la classe
dominante...) n'ont été aussi favorables, nous le répétons, pourquoi le
prolétariat est-il encore incapable de mettre à profit cette situation pour
tourner la situation en sa faveur ? Pourquoi alors que ses illusions sur le capitalisme et la démocratie bourgeoise sont
en train de s'effondrer sous les coups des attaques des États bourgeois ?
Qu'est-ce qui manque ? De quoi souffre-t-il ?
La faiblesse essentielle du prolétariat international - les luttes
ouvrières en Grèce et maintenant en Espagne le manifestent -réside pour
l'essentiel au niveau de sa conscience de classe, au niveau de l'étendue et de
la profondeur de celle-ci dans ses rangs.Au moment où il retrouve, dans ses
masses, la conscience qu'il est une seule et même classe, il continue à
souffrir de l'impacténorme et en profondeur des campagnes anti-communistes qui
ont surtout fait suite à l'effondrement du stalinisme et qui s'appuient sur
l'assimilation mensongère du véritable communisme à la dictature stalinienne et
à l'URSS. Depuis, avec ces campagnes sans cesse assénées, la bourgeoisie fait
tout pour nous faire croire que le « communisme est mort » et surtout qu'il n'y
aucune alternative au capitalisme.
Un fait est significatif et va au-delà de l'anecdote : les photos de la
manifestation massive à Madrid montre une floraison de drapeaux régionalistes
ou syndicaux mais pratiquement pas de drapeaux rouges - quelqu'en soit
l'utilisation par les gauchistes. Cela est une illustration particulière du
fait que la conscience, aussi diffuse et confuse puisse-t-elle être dans les
rangs ouvriers, qu'une autre société est possible et qu'il faut donc détruire
le capitalisme, est particulièrement réduite et en grande partie absente des
mobilisations ouvrières. Cela a obligatoirement un impact négatif sur le
développement (en extension, en unité et en profondeur) des combats ouvriers d'aujourd'hui. Sans cette perspective
historique plus ou moins claire et présente dans la classe, la lutte du
prolétariat ne peut se hisser à la hauteur que la situation exige d'elle. Sans
perspective historique, elle est gravement affaiblie jusqu'au niveau même de
ses luttes immédiates qui ont peu de chances de faire reculer la bourgeoisie,
surtout aujourd'hui que le système capitaliste est en faillite. Car la
nécessité de paralyser la bourgeoisie et son pouvoir d'État, c'est-à-dire de
l'affronter politiquement et de lui disputer son pouvoir, perd de son fondement
sans la conscience que le prolétariat est une classe destinée à renverser le capitalisme et à instaurer par l'exercice de
son propre pouvoir la disparition des classes et l'avénement du communisme.
C'est toute la difficulté des combats de classe d'aujourd'hui et leur
limite. Cette faiblesse s'exprime aussi clairement au niveau de son avant-garde
politique et s'illustre particulièrement sur l'absence d'influence qu'exercent
les minorités communistes existantes.
Certes, par définition, les groupes et
organisations qui se réclament du communisme, se déterminent par rapport à
cette perspective. Néanmoins, ils ont aussi souffert des campagnes
anti-communistes post-1989. En particulier, l'opportunisme politique a exercé
des ravages en leur sein comme le montre amplement, par exemple, la dérive
politique catastrophique du CCI (Note 2)qui s'est ouvertement manifestée à
partir de 2001. Le sectarisme qui, par ailleurs, continue à toucher les groupes
existant et leur difficulté à assumer les tâches de confrontations et de débats
politiques en vue de favoriser l'indispensable regroupement des forces en est une autre manifestation.
En ce sens, le fait que nombre d'éléments et cercles, souvent issus... du
CCI, se fassent le relais des campagnes anti-communistes de la bourgeoisie en
ajoutant leur pierre et leur « supposée » autorité en la matière pour avoir
milité dans les rangs de la Gauche communiste durant des décennies, vient aussi
participer d'affaiblir directement le camp communiste et ses organisations.
Tout ceci fait que les grandes masses prolétariennes, avec le soutien
déterminé de leurs minorités les plus conscientes et les plus combatives que
sont les groupes politiques communistes, se doivent de retrouver la perspective
de la révolution prolétarienne et du communisme. Ce chemin passe par le retour aux générations ouvrières et
communistes du passé ; pour l'ensemble du prolétariat international, par
reprendre le chemin des combats ouvriers libérés des mensonges et des illusions
démocratiques ; pour les minorités communistes organisées, outre leur
intervention décidée dans les luttes ouvrières auxquelles elles peuvent
participer, par la défense des expériences ouvrières du passé, et tout
spécialement de la Révolution russe de 1917, de l'insurrection ouvrière, de
l'exercice de la dictature prolétarienne ; et du parti bolchevique de Lénine
que le bourgeoisie s'évertue à salir. Pour les grandes masses ouvrières, le retour dans les consciences
de la perspective révolutionnaire armera et rendra plus efficace les combats
immédiats lesquels, en retour, préciseront et renforceront de plus en plus
cette perspective. De possible, ces combats feront d'elle une
nécessité matérielle. Pour l'avant-garde politique, défendre le « programme
communiste » au sein de la classe, c'est mettre en avant l'héritage du passé,
c'est renouer les fils avec les générations précédentes de révolutionnaires.
Cela favorisera leur confiance et leur détermination dans leur rôle dirigeant
et dynamique d'avant-garde politique et ainsi ira dans lesens de leur rendre
l'influence sur les grandes masses ouvrières qu'il leur revient.
« Il n'y a qu'une seule lutte de classe, visant à la fois à limiter les
effets de l'exploitation capitaliste et à supprimer cette exploitation en même
temps que la société bourgeoise » (Rosa Luxemburg, Grève de masses, parti et syndicats, 1906).
Août 2012.
Note 1 .L'intervention du CCI a brillé par son
absence dans un premier temps, puis, après bien du retard, par son contenu
digne de l'idéologie « indignée » etanarchisante du « il faut se changer
soi-même » ! Voir l’encadré.
Note 2 Nous renvoyons le lecteur aux sommaires de nos bulletins et de ceux
de l'ex-Fraction interne du CCI pour l'étude de cette dérive opportuniste
catastrophique de cette organisation qui fut nôtre
(www.fractioncommuniste.org).
jeudi 23 août 2012
« Mouvement Étudiant Révolutionnaire » : Mouvement petit-bourgeois réformiste
Cet article provient du
supplément Québec au journal Le prolétaire d’août 2012, organe du Parti
Communiste International.
Même si nous n’avons pas de liens et
ne partageons pas toutes les positions politiques du Parti
Communiste International, nous sommes totalement en accord avec le contenu de
cet article.
Les Communistes
Internationalistes-Klasbatalo ( CIK)
***************
Les maoïstes du Mouvement
Étudiant Révolutionnaire (MER) aiment bien
se présenter comme l’avant-garde révolutionnaire du mouvement étudiant; à
l’issue de la mobilisation de ces derniers mois ils ont publié 5
« hypothèses » censées en tirer les leçons et les perspectives
qu’elle ouvre pour « l’avenir des luttes de classes au
Québec »(Note).
S’il le fallait, ce texte donne
une nouvelle démonstration de la nature politiquement petite-bourgeoise de nos
maoïstes. En effet la lutte des classes est évoquée dans la question disparaît
dans les hypothèses, où l’on ne parle jamais de classe ouvrière ou de prolétariat; à sa place nous n’avons que le
« peuple », les masses populaires ».
Prenant ses vessies pour des
lanternes, le MER affirme que les derniers mois ont constitué « un inestimable acquis pour les masses populaires en termes d’expérience
de lutte. La pratique politique des masses vient de connaître un bond
prodigieux et accéléré. Les structures sociales et politiques n’ont pas bougé –
pas encore –, mais le peuple, lui, en revanche, s’en trouve profondément marqué
et transformé ». La mobilisation autour des luttes
étudiantes et contre les mesures répressives du gouvernement ont été sans aucun
doute d’une ampleur inédite, et cela s’explique par l’ampleur du malaise
social, par la maturation des tensions entre les classes.
Mais pour les marxistes, ce
qui ressort d’une analyse de la situation actuelle, ce n’est pas que la
«pratique politique des masses» - concept cher à l’interclassisme maoïste –
aurait connu un «bond prodigieux» avec les grandes manifestations pacifiques et
démocratiques ; mais c’est l’énorme difficulté que connaît toujours la
classe ouvrière à se mobiliser contre son adversaire de classe, c’est la
faiblesse persistance des prolétaires à manifester leur solidarité avec leurs
frères de classe en lutte contre les patrons : bref, c’est l’absence (d’ailleurs reconnue en passant et de façon désinvolte par le MER) encore
aujourd’hui de la lutte prolétarienne de classe.
Et cette absence laisse
toute latitude aux confusionnistes politiques comme le MER pour entraîner les
prolétaires qui se mobilisent spontanément et individuellement, dans les
impasses mortelles de l’interclassisme et du démocratisme réformistes. Le
MER laisse entendre que «les structures sociales et politiques» pourraient «bouger» à la suite des mobilisations en cours :
il y aurait en effet un «important affaiblissement des institutions de
pouvoir et des figures d’autorité de la bourgeoisie : le gouvernement, le
parlement, les tribunaux, la police, les grands médias». On croît rêver : la police est-elle affaiblie ? Le parlement et
tout le système électoral, l’idéologie et la praxis démocratiques bourgeoises
ont-ils perdu leur influence ? L’État bougeois a-t-il le moins du monde
été ébranlé ? Il n’en est évidemment rien !
Si le MER raconte de telles
sottises, c’est qu’il veut faire passer la perte de popularité du gouvernement
Charest pour un affaiblissement de la domination de classe de la bourgeoisie.
La conclusion est logique : si le gouvernement est battu lors des
prochaines élections, c’est la bourgeoisie qui sera battue ! Le MER a beau
écrire que les élections sont une «mascarade pseudo-démocratique», il affirme cependant que «ces élections (…) seront l’occasion
privilégiée de porter un coup supplémentaire ( !) aux institutions et à
l’ordre bourgeois».
Les élections ne sont et ne
seront jamais rien de tel. Non pas parce qu’elles ne
seraient pas assez, ou pas vraiment démocratiques, mais parce que le mensonge
démocratique sert précisément à renforcer l’ordre
bourgeois en constituant l’antidote à la
lutte de classe : voter est l’alternative que présente le système
démocratique à l’entrée en lutte contre le système capitaliste. Il suffirait de
changer par le vote les politiciens au pouvoir pour qu’il n’y ait plus «de
parti pris du gouvernement pour la bourgeoisie», pour
que les institutions se mettent à «bouger» en
faveur des opprimés.
En réalité, on ne peut pas
faire «bouger» ni «porter des coups» - et encore moins renverser – les «institutions
de pouvoir» (i.e. l’État) bourgeois par des mobilisations
pacifiques même imposantes, ni par des bulletins de vote comme veulent le faire
croire tous les démocrates, mais seulement par la lutte révolutionnaire, par
l’insurrection armée ! L’État bourgeois est l’appareil de la domination de
classe de la bourgeoisie, qui ne peut pas changer de nature par des réformes
graduelles, mais qui doit être renversé et brisé par la révolution pour céder la place à l’appareil de
domination du prolétariat indispensable pour déraciner le capitalisme.
Mais cette fable est utile
au MER pour qu’il puisse présenter, à l’occasion des prochaines élections, son
utopie réformiste d’un «projet d’un véritable pouvoir populaire».
À cette fumeuse
perspective, le marxisme a opposé depuis qu’il existe la seule solution
révolutionnaire : la constitution du prolétariat en classe donc en parti, sa constitution en classe dominante par la prise du pouvoir et l’extension de la révolution à tous les
pays !
Note :Toutes les citations qui suivent sont
tirées de : « Les fruits du primtemps 2012 : 5 hypothèses sur
la crise sociale au Québec » cf
http://www.mer-pcr.com/2012/06/les-fruits-du-printemps-2012-5.html
Libellés :
Capitalisme en crise,
Débat,
Gauchisme,
Lutte de classe
mardi 17 juillet 2012
Les mineurs des Asturies (Espagne) refusent les règles capitalistes. Comme en Grèce, ces prolétaires n'hésitent pas à affronter les policiers, ces défenseurs de l'état bourgeois.
Videos: Affrontement entre mineurs et policiersEspagne, les mineurs résistent
Voir aussi un article de nos camarades de la Fraction de la Gauche Communiste Internationale
vendredi 8 juin 2012
Grève générale ou cirque électoral
La lutte étudiante contre les
frais de scolarité a pris un nouveau tournant avec l’adoption de la loi
matraque 78. Rappelons qu’avant d’être dirigée contre le mouvement étudiant,
cette loi est surtout dirigée contre
la classe ouvrière et vise toute manifestation de plus de 50 personnes avec de
fortes amendes. Ce sont les forces policières qui doivent décider si oui ou
non, la manifestation sera légale ou pas, s’ils accepteront l’itinéraire ou
non. Cette loi ne s’attaque pas seulement aux étudiants mais à l’ensemble des
prolétaires. Cette loi est le résultat de la démocratie bourgeoise et elle
n’est pas unique au Québec. Face au capitalisme en crise, plusieurs démocraties
ont passé ou passent des lois semblables. En 2001, sous prétexte de lutte
contre le terrorisme, plusieurs états ont passé des lois antiterroristes qui,
dans la pratique, s’attaquent aux luttes des prolétaires. En 2005, les ouvriers
du métro de New-York en grève ont fait face à des accusations d’actes de terrorisme.
Récemment une dizaine d’étudiants et d’étudiantes de Montréal ont été accusés
dans le cadre d’une loi semblable votée par le gouvernement fédéral en 2001.
La
lutte contre la hausse des frais de scolarité prend aussi de l’expansion
ailleurs au Canada. Des étudiants ont déjà entrepris des actions à Ottawa et à Toronto, et
d'autres groupes répartis à travers plusieurs provinces s'apprêteraient à se
joindre à leur cause. Une journée d'actions a été tenu le 5 juin, à Toronto, de même que dans d'autres villes
ontariennes. Des étudiants de Colombie-Britannique ont eux aussi témoigné de
leur solidarité avec ceux du Québec en condamnant la loi 78. Des manifestations
de soutien contre la loi 78 ont eu lieu à Ottawa, Toronto, Paris, Cannes,
New-York, Londres et au Chili. La lutte n’est plus seulement contre la hausse
des frais de scolarité. Depuis
le 21 mai, des prolétaires, chômeurs, chômeuses, étudiants et étudiantes
et retraités frappent sur des casseroles à 20h tous les soirs et un très grand
nombre vont jusqu’à manifester dans la rue, pour montrer leur ras-le-bol de la loi 78, des arrestations massives, de la
violence policière, du gouvernement corrompu et des politiques d’austérité On ne compte plus le
nombre de villes et villages qui ont participé à ces soirées des casseroles et
cela s’étend aux autres provinces canadiennes. Cette lutte s’inscrit dans une
lutte internationale contre le capitalisme en crise. Elle rejoint les
prolétaires de Grèce, d’Espagne, du Portugal, de la Chine, de l’Inde, de la
France, du Royaume-Uni, des Etats-Unis et ailleurs dans le monde.
Même si les manifestations de
casseroles ont pour but de montrer de l’indignation face aux politiques de
l’État, on peut s’interroger sur son résultat. Le ministre des finances Raymond
Bachand, quant à lui, s’est réjoui de ces manifestations comme un moyen créatif
et festif de faire entendre son opinion sans nuire à l’image touristique de la
métropole. C’est ce qu’il a exprimé devant une conférence d’hommes et de femmes
d’affaires à Montréal. Comme ailleurs dans le monde la bourgeoisie tente de
détourner les luttes en incitant les prolétaires à voter lors de prochaines
élections dans 6 mois, un an, deux ans. C’est ce qui tient le plus à cœur aux
syndicats et à tous les partis politiques : Québec Solidaire, Parti
Québécois, Libéraux, CAQ et autres, le détournement des actions vers le cirque électoral. Les élections
ne représentent pas du tout une
expression de la «volonté populaire».
La politique des partis qui se font élire est déterminée par les
intérêts des grandes entreprises capitalistes dont l’État bourgeois est un
serviteur. Les élections sont inutiles pour le prolétariat. C’est un terrain où il n’a aucune véritable place
sauf lorsque vient le temps de tracer un X à tous les quatre ans pour mettre au
pouvoir des bourgeois du même genre, comme les Charest, Marois, David, Khadir,
Legault, etc. Elles lui font croire que son bulletin de vote peut
contribuer à faire «changer les choses». Elles font perdurer les illusions
démocratiques, selon lesquelles tous les «citoyens» sont égaux et l’Etat est
neutre.
Les libéraux et la CAQ sont
connus pour être ouvertement au service des grandes entreprises capitalistes.
D’autres sont plus vicieux, c’est le cas des nationalistes du Parti Québécois
et de Québec Solidaire. Ils dénoncent les politiques de droite que les libéraux
mettent en vigueur et sa loi matraque 78. Ils insistent sur le fait que les orientations du
gouvernement iraient à «l’encontre de valeurs communes ». Il n’y a pas de
valeurs communes. C’est un langage typiquement petit-bourgeois et nationaliste
qui ne fait aucune mention de la classe ouvrière et de la lutte des classes et
qui propage les illusions d’un capitalisme « à visage humain ». Le
capitalisme est en faillite et pour survivre, il poursuit les mêmes attaques
partout : hausse des prix de
l’énergie, attaque contre les régimes de retraite, hausse des frais de
scolarité, nouvelles taxes, coupures de milliers d’emplois dans le secteur
public, coupures des prestations de chômage et fermetures massives d’usine.
La force de la classe ouvrière dont l’exploitation fait vivre toute la société bourgeoise, est
dans son action collective, menée et organisée sur des bases de classe. Seul le prolétariat en
résistant et en allant jusqu’à l’abolition de ce système pourri pourra changer
la société. Il y a des luttes de prolétaires en Grèce, en Espagne, au Portugal,
en Chine, en Inde, en France, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, au Chili et
ailleurs dans le monde qui forcent les fractions de la bourgeoisie à s’unir
contre la classe ouvrière. Ce sont des centaines et des centaines de milliers
de manifestants dans les pays du monde qui refusent ces mesures d’austérité.
Les médias menteurs censurent les luttes contre ces mesures dans le monde pour
empêcher une solidarité internationale. La lutte des étudiants et des
prolétaires québécois n’est pas isolée.
Prolétaires, chômeurs, chômeuses,
étudiants et étudiantes, retraités, nous devons cesser de suivre nos faux amis des
organisations syndicales et les politiciens comme ceux de QS qui veulent
réformer le capitalisme. Cessons de quêter auprès de l’État bourgeois par des
pétitions et des votes. Il faut prendre le contrôle des luttes à leur place.
Sinon ils détourneront nos luttes vers le cirque parlementaire ou la
négociation de notre exploitation.
Une grève générale, c'est ce
qu'il faut faire en élargissant les luttes au plus grand nombre en prenant exemple sur nos frères et sœurs, les
prolétaires grecs et espagnols. Les prolétaires de Grèce et d’Espagne nous
donnent l’exemple en s’unissant de plus en plus largement malgré le
nationalisme et le corporatisme des syndicats, en rejetant les politiciens et
en s’attaquant à toute la machine de l’État bourgeois. Par exemple, les
prolétaires grecs ont assiégé le parlement qui approuvait les mesures demandées
par les capitalistes européens. Les capitalistes sont responsables de cette
crise. Ce n’est pas à la classe ouvrière à payer. Un seul mot d’ordre,
rejoindre les prolétaires grecs et espagnols par la grève générale.
Oui à la grève générale ! Non au cirque électoral !
Pour mettre fin à ce système
barbare, il nous faut une autre société. Une société qui soit centrée sur la
production en vue de satisfaire les besoins humains réels plutôt qu’une société
centrée sur la production de profits. Une société où les moyens de production
et de distribution seraient à la portée de tous, socialisés, sans exploiteur
pour en tenir les rênes et s’accaparer les richesses produites socialement. Un
monde où l’environnement ne serait plus vu comme un immense parc à profits – à
piller et ruiner – comme c’est le cas présentement par la classe capitaliste.
Un monde basé sur la participation de tous et toutes, qui pourraient s’exprimer
grâce à de nouveaux organismes de coordination, de production, et de
distribution ; grâce à un système de délégation élue et révocable en tout temps
et représentant l’ensemble de la société. Pour ce faire, il est impératif de renverser l’État bourgeois basé sur la
démocratie parlementaire, véritable artifice pour asseoir et maintenir la
domination de la classe capitaliste. C’est au prolétariat, guidé par son parti
de classe, de prendre le pouvoir en chassant la classe qui l’exploite ; en
détruisant son État et en établissant ses propres organes. Seule la classe ouvrière dans sa totalité, à
travers ses propres organes autonomes, par exemple les conseils ouvriers, peut
instituer une nouvelle société sans classe ni État. Cette tâche ne peut être
déléguée, même pas au Parti de classe le plus conscient.
Communistes Internationalistes Klasbatalo Printemps Érable
2012
Inscription à :
Articles (Atom)