jeudi 17 mai 2012
Retour critique sur Contribution à un état des lieux de la Gauche Communiste Internationale
Ce texte vise à faire un retour critique sur notre texte publié l’an
passé «Contribution à un état des lieux de la Gauche Communiste ». Bien
des choses se sont passées depuis sa parution, en particulier des débats et des
appels faits par des groupes du milieu politique prolétarien. Nous tenons donc
absolument à revenir sur ce texte puisqu’aujourd’hui nous voyons bien ses
faiblesses politiques importantes qu’il nous faut absolument rectifier.
Deux
textes publiés par des organisations de la Gauche Communiste nous ont forcés à
réexaminer les positions que nous avons développées dans notre
« Contribution… ». Tout d’abord, le texte « Réponse au texte des Communistes Internationalistes – Klasbatalo sur leur Contribution à un état de la Gauche Communiste » de la Fraction de la Gauche Communiste Internationale (FGCI) qui
critique certains aspect de notre texte, en particulier son caractère centriste
par rapport au conseillisme. Deuxièmement, l’éditorial de la revue Revolutionnary Perspectives #59 de la Communist Worker Organisation qui est
venu démentir, en tout cas pour une majorité de sections territoriales de la
Tendance Communiste Internationaliste (TCI) seulement, les critiques que nous
avons adressé à celle-ci dans notre texte en ce qui concerne son refus en tant
qu’organisation internationale de prendre ses responsabilité de pôle de
regroupement. Ces deux textes ainsi que des débats intenses dans notre groupe
comme entre notre groupe et la FGCI pendant plusieurs mois, ont fait en sorte
que nous sommes capables aujourd’hui de faire ce retour critique nécessaire.
Mise en contexte
De
prime abord, remettons dans son contexte la rédaction de ce texte. Le milieu
politique prolétarien était, et est toujours, accablé par le sectarisme et
l’opportunisme alors que l’on voit éclore une crise économique sans égal depuis
1929, ce qui implique des attaques féroces de la bourgeoisie contre la classe
ouvrière, mais aussi des riposte de celle-ci contre la classe dominante. Notre proposition de site Web de la Gauche Communiste faite depuis quelques années
visant justement à rompre avec le sectarisme ambiant et permettre un espace de
débat et d’intervention politique de la Gauche Communiste n’a eu aucun écho
hormis l’appui cordial de la FGCI. Le Courant Communiste International (CCI)
amplifiait de plus en plus son ouverture vers l’anarchisme (Note 1), aggravant ainsi son tournant
opportuniste entamé depuis déjà quelques années. La Fraction Interne du Courant
Communiste International (FICCI) quant à elle scissionna à propos de sa fonction politique et de ses tâches futures.
Cela donna naissance à la FGCI qui resta trop peu bavarde sur les enjeux
politiques de la scission, s’en tenant à publier le strict minimum. La FICCI
n’assuma tout simplement pas ses responsabilités de groupe prolétarien en
intégrant Controverses sans annoncer publiquement ses raisons et en fermant son
site internet. Et finalement, nous apprenions aussi l’existence d’une scission dans Battaglia Communista (section italienne de la TCI). Il va sans dire que
tous ses événements politiques laissèrent un esprit très démoralisateur et
pessimiste dans notre groupe face au camp prolétarien. Bref, c’est avec ces
éléments en tête qu’il faut comprendre notre « Contribution… » ses
forces et surtout ses faiblesses. Mais nous avons aussi fait fi de toute la
portée politique des critiques de la FGCI envers Controverses dans son texte «Le
camp prolétarien a-t-il fait définitivement faillite ? »
À
notre sens, la « Contribution… » souffre de deux faiblesses
principales. La première étant une illusion politique quant au groupe
Controverses et son programme, ceci expliquant les glissements conseillistes de
notre texte. La deuxième étant notre critique de la TCI ainsi que de la
position de la FGCI qui reconnait en la TCI un pôle de regroupement des forces
communistes. Ce dernier aspect nous a amené à voir la TCI d’un point de vue
statique, c’est-à-dire ne voir que ces faiblesses actuelles et passer outre son
potentiel de pôle de regroupement. Dans l’élaboration de la critique de ses deux
faiblesses principales, nous rejoignons aujourd’hui les positions politiques
générales de la FGCI.
La
« Controverses » sur la faillite de la Gauche Communiste
Notre texte
« Contribution...» était entre autres choses une réponse au texte de
Controverses « Il est minuit dans la Gauche Communiste ». Notre
erreur a été de reprendre certaines thèses de Controverses tout en tentant de
critiquer son texte. À la base de cette erreur, figurent des illusions de notre
groupe face à Controverses. En effet, le fait que quelques années à peine après
avoir publié notre proposition de site web de la Gauche Communiste un groupe
fonde un « Forum de la Gauche Communiste Internationaliste » avait
fait forte impression. Nous nous rendions bien compte qu’au forum de Controverses
manquait les critères politiques clairs (dictature du prolétariat, parti
international, intervention dans la classe) que nous avions établi dans notre
propre proposition de site web. Plus grave encore, nous ne voyions pas à
l’époque que nos deux forums visaient des buts bien différents. Le forum de
Controverses n’est qu’un lien de rencontre informel pour permettre à des
intellectuels académiques (avec de fortes tendances conseillistes) de discuter
pour discuter, sans réels enjeux politiques derrière, alors que notre forum
visait un regroupement des forces communistes dans le but d’intervenir
activement et efficacement dans les luttes de notre classe ravivées par la
crise économique en tant qu’avant-garde révolutionnaire organisée. Ainsi, nous
avons été incapables de discerner les tares opportunistes de Controverses,
tares que la FGCI avait déjà très justement souligné : « Ils renoncent à la lutte pour le regroupement de la Gauche
communiste, c'est-à-dire qu'ils refusent et même renoncent à la confrontation
des positions politiques réelles qui sont exprimées et défendues par les
groupes les plus anciens et importants, en particulier dans leur presse et
intervention. Ces gens-là préfèrent bavarder dans des réseaux ou pire dans des
"structures" informelles où l'on entre et l'on sort quand on veut et
où chacun, comme dans les "auberges espagnoles", propose ou reprend,
selon son humeur, sa pauvre "production".»
Ces
illusions ont fait en sorte que nous avons cédé à une conception centriste par
rapport au conseillisme de l’organisation. En effet, nous donnions en partie
raison aux camarades de Controverses lorsqu’ils affirment que « Comme le surgissement
et la disparition des organisations révolutionnaires dépendent très étroitement
de l’évolution du rapport de force entre les classes, et que l’exacerbation des
conditions objectives et subjectives à la base des mobilisations ouvrières se
déploie sur un laps de temps relativement court, Marx et Engels concevaient que
l’existence de ces organisations était temporaire, intrinsèquement liée aux
flux et reflux des luttes. » Et on s’est trompé. On a là de la part des
camarades de Controverses une conception nettement conseilliste de
l’organisation qui est assez proche de la théorie « groupes
d’opinions » chez les conseillistes des années ’30 (GIK hollandais et
International Council Correspondance, par exemple). Ces derniers, comme
Controverses aujourd’hui, enlevait toute importance aux minorités organisées et
formées politiquement, c’est-à-dire à l’activité de parti, pour affirmé que les
organisations prolétariennes de lutte de masse comme les conseils ouvriers se
suffisent à eux-mêmes pour jouer leur rôle révolutionnaire. Les
« individus révolutionnaires » n’auraient qu’à aller donner leur
opinion aux conseils ouvriers qui, quant à eux, surgiraient et disparaîtraient
au gré des fluctuations de la lutte de classe.
Bien
qu’il soit vrai qu’un court ascendant ou descendant des luttes de classe ait
une certaine influence sur les organisations prolétariennes, un cours descendant
des luttes peut être une des diverses raisons de la dégénérescence d’une
organisation prolétarienne (Note 2)tout autant qu’un cours
favorable des luttes peut être une des diverses raisons du passage de la forme
fraction à la forme parti, l’organisation prolétarienne, parti ou fraction,
doit exister en permanence. Le caractère permanent de l’organisation a une explication très simple :
partie-prenante stable de la lutte de classe en tant qu’avant-garde révolutionnaire
pour la forme parti et défenseur de l’intégrité du programme contre les
attaques de l’opportunisme ainsi que passeur d’expériences politiques pour les
prochaines générations de révolutionnaires dans la forme fraction.
C’est
ainsi toute l’expérience des mouvements révolutionnaires passés, expérience
extrêmement précieuse transmise justement par les noyaux communistes ayant su
résister à la contre-révolution comme le CCI ou la TCI, qui serait mise aux
poubelles par la logique pernicieuse du programme de Controverses. Parce que
ces groupes (CCI et TCI) auraient selon Controverses fait faillite, ces
camarades viennent proposer explicitement de s’éloigner de ce qu’ils appellent
des chamailleries politiques pour se concentrer sur un travail théorique de
bilan (Note 3) de cette supposé faillite de la Gauche Communiste. Pour
Controverses, il faut « savoir se détacher des organisations formelles
qui n’ont pas su s’adapter aux besoins de l’évolution du rapport de force entre
les classes en se retirant des chamailleries stériles et en se consacrant à des
tâches meilleures. » Pire, les camarades affirment implicitement que pour
mettre en œuvre leurs propositions il faudrait dissoudre les organisations
existantes de la Gauche, pour « faire autre chose » ! Ce que
Controverses appellent des chamailleries politiques n’est en fait que le
processus certes rempli d’obstacles (entre autres, le sectarisme) mais
nécessaire du regroupement des forces communistes. De plus, la volonté
d’effectuer d’abord et avant tout un travail théorique, puisque selon
Controverses la Gauche Communiste n’aurait rien produit au niveau théorique
depuis trente ans, n’est qu’une rengaine d’intellectuel moderniste pour qui
tout a failli, sauf évidemment son propre petit cénacle. Mais le plus grand
danger, c’est que Controverses rejette la Gauche Communiste sous prétexte
qu’elle aurait fait faillite alors que la crise économique s’aggrave, aggravant
aussi la crise sociale : la lutte de classe. À quoi rime de rejeter les
expressions politiques les plus avancées du prolétariat à l’aube de conflits
sociaux d’ampleur historique ? Ça rime au conseillisme !
Or,
la Gauche Communiste n’a pas fait faillite. Un courant politique fait faillite
lorsqu’il passe à l’ennemi, c’est-à-dire lorsqu’il défend théoriquement et
pratiquement les politiques au sens large du terme de la bourgeoisie. La
social-démocratie a fait faillite. Le trotskysme a fait faillite. Mais aucun
groupe de la Gauche n’entre dans ces critères, elle n’est nullement en
faillite. Cela ne veut pas pour autant dire qu’elle n’a jamais fait d’erreurs
politiques ou de mauvaises analyses conjoncturelles.
Les
camarades de Controverses se mettent le doigt dans l’œil en essayant de
justifier leurs positions politiques avec l’histoire de l’activité de Marx dans
la Ligue des Communistes et dans la 1ere Internationale. En effet, ils
font de la faiblesse une vertu. La Ligue ainsi que la 1ere Internationale ont
été dissoute par leurs dirigeants parce qu’en tant que mouvement
révolutionnaire ouvrier jeune et embryonnaire elles avaient tout simplement déjà
cessé d’exister sous le regard impuissant de leurs militants. Controverses se
sert de l’état d’impuissance dans lequel trempait le très jeune et
inexpérimenté mouvement communiste du 19e siècle pour tenter de nous
vendre que le mouvement communiste actuel, fort de plus de 150 ans de luttes et
toujours bien vivant contre vents et marée, devrait se dissoudre, ou en tout
cas, « faire autre chose » !
La TCI et son rôle de
pôle de regroupement
Dans
notre « Contribution… », nous sommes restés perplexes et avons critiqué
la position de la FGCI qui voit dans la TCI un pôle de regroupement des groupes
communistes au niveau international. À la base de cette perplexité
politique face à la TCI, il y deux aspects importants. Premièrement, la
majorité de nos membres ont déjà été sympathisants du Groupe Internationaliste
Ouvrier (GIO), section nord-américaine de la TCI. Sans s’éterniser sur la
petite histoire, nous avons eu à combattre une tendance dans Klasbatalo à voir
la TCI à travers l’expérience plutôt difficile et négative de certains de nos
membres en tant que sympathisants d’un groupe, le GIO, dont les membres au
Canada ne sont jamais bien étranger au sectarisme et à l’opportunisme. Mais là
n’est pas le point principal.
Notre
erreur la plus importante a été de ne pas prendre en compte la portée politique
de la position de la FGCI qui voit en la TCI un pôle de regroupement de la
Gauche Communiste. Nous disions à l’époque : « Le fait est que pour les CI-K
actuellement, non seulement la TCI n’a pas la volonté d’accomplir ce rôle (et
c’est elle-même qui ne cesse de l’affirmer) mais nous pensons que, pire encore,
elle n’est pas en mesure de le faire. Cette organisation, tout en gardant le
cap sur les positions de classe, nous semble floue; on ne sait jamais trop ce
qu’est le bureau, qu’est-ce qu’il fait, quelle est son intervention dans la
classe. » Nous
n’avions pas absolument tord en affirmant cela. Mais, la question n’est pas là.
En effet, on ne peut pas rester les bras croisés devant les hésitations de la
TCI à prendre son rôle politique historique, il faut aussi essayer de la
convaincre à travers la discussion. Nous croyons justement que c’est ce que
fait la FGCI avec la TCI. Enfin, la manière dont nous comprenons aujourd’hui la
position de la FGCI n’est plus « d’octroyer le contrat du pôle de
regroupement à la plus base soumissionnaire en erreurs programmatiques » comme nous l’avions affirmé avec un grain
d’humour dans notre « Contribution… », mais bien lutter pour que la
TCI, seule organisation de la Gauche actuelle qui a le potentiel politique de
jouer un rôle de pôle de regroupement, devienne ce pôle de regroupement dont
les petits groupes communistes comme le nôtre ont évidemment besoin.
Mais voilà qu’entretemps la CWO publie dans sa revue
un éditorial dont les positions politiques sur le camp prolétarien ont, et
auront d’autant plus prochainement, une influence positive sur le camp et sur
le processus de regroupement. Nous avons fortement appuyé cet éditorial dont
voici un extrait d’une importance historique : « Sans attendre,
les authentiques révolutionnaires ont une vraie bataille à mener pour que le
prolétariat rejette non seulement les illusions des “anti-capitalistes” mais aussi les manipulations de la gauche
traditionnelle. Nous avons besoin de créer un mouvement qui unifie tous ceux
qui peuvent comprendre les problèmes dont nous parlons ici. Ce mouvement (ou
parti) doit être guidé par une vision claire de la société que nous voulons.
Nous l'appellerons “le programme communiste”. Il doit se baser sur les luttes autonomes de la classe ouvrière
qui se libère, de manière croissante, des chaînes qu'un siècle de réaction nous
a imposées. Son but doit être l'abolition de l'exploitation du travail salarié,
de celle de l'argent tout comme celle de l'État, des armées permanentes et des
frontières nationales. Nous devons réaffirmer la vision développée par Marx,
selon laquelle nous nous battons pour une société de “libres producteurs
associés”, société dans laquelle
le principe est “de chacun selon ses capacités et à chacun selon ses besoins”. Aujourd'hui, il y a beaucoup de groupes et
d'individus dans le monde qui, comme nous, défendent cela; mais, nous sommes
soit trop dispersés soit trop divisés pour prendre l'initiative de former un
tel mouvement unifié. Certains sont opposés, par principe, à la formation d'un
tel mouvement, car ils pensent que le mouvement spontané se suffit à lui même.
Nous aimerions partager leur confiance. Nous pensons que les révolutionnaires
responsables devraient réexaminer leurs divergences et se demander si, à la
lumière de cette période de la lutte de classe qui s'ouvre aujourd'hui, les
divisions qu'ils pensaient avoir jusque là persistent. Nous devrions nous baser
sur nos nombreux accords et non pas sur le peu de désaccords qui existent entre
nous. Nous devrions chercher à travailler ensemble dans les luttes, non pour
simplement recruter tel ou tel individu pour notre propre organisation, mais
pour chercher à élargir la conscience de ce que signifie réellement lutte de la
classe ouvrière. Face aux obstacles que nous avons soulignés plus haut, il
serait suicidaire de ne pas le faire. »
Que
dire de plus? Tout y est : la nécessité pour parvenir à l’objectif du
renversement révolutionnaire de la société bourgeoise d’un parti avec des
positions claires (le programme communiste) et la nécessité du regroupement des
forces vives communistes pour constituer ce parti par le débat et la
confrontation politique. La CWO, avec cet éditorial, a fait un grand pas vers
la direction assumée du rôle de pôle de regroupement puisque tous les groupes
communistes de par le monde peuvent se référer à cet « appel » de la
CWO et ainsi commencer un processus de regroupement. D’ailleurs, la conclusion du tract du 1er mai 2012 renforcit même cette position pour l’ensemble de la TCI : La
Tendance communiste internationaliste n’est ni « le parti », ni même le seul
noyau d’une telle organisation. Cela dit, nous nous sommes donnés comme but de
lutter aux cotés des militants et des militantes de la classe ouvrière et
d’autres révolutionnaires pour progresser dans la construction de la nouvelle
organisation révolutionnaire internationale. Nous invitons toutes les personnes
qui s’identifient à cette perspective, de nous contacter et d’en discuter avec
nous.
Bref, dans le contexte actuel d’une montée des luttes et d’une volonté plus
grande de regroupement des forces révolutionnaires internationalistes, le
besoin d’une revue internationale et centralisée se fait sentir pour la TCI. Pour
notre part, nous pouvons dire que nous sommes prêts à y participer par la
diffusion, un soutien financier et de la traduction dans la mesure de nos
faibles moyens.
Finalement,
nous devons rectifier une erreur de notre texte par rapport à la TCI et
concernant l’Institut Onorato Damen (IOD). Nous avons écrit : « Passons aussi sur le silence incroyable dont il
(Battaglia) a fait preuve concernant l’IOD et sa récente réponse dont le
caractère politique cherche encore à émaner. » Or, la TCI n’a pas garder silence longtemps sur la sortie de l’Institut de Battaglia Communista et
sa réponse à l’Institut était correcte du point de vue du programme communiste
et des principes prolétariens. L’Institut Onorato Damen, quant à lui a
pris un chemin opposé : celui de l’opportunisme et du modernisme
intellectuel. (Note 4)
Conclusion
Nous sommes aujourd’hui
plongés dans un processus de montée des luttes de notre classe dans un contexte
de crise économique inégalée depuis 1929. De part le monde, la classe ouvrière
commence à lutter ou reprend la lutte contre l’austérité économique que la
bourgeoisie internationale lui impose de force. Que ce soit par exemple en
Grèce ou encore en Égypte, le prolétariat se met à défier les organismes
d’encadrement bourgeois que sont les syndicats et les partis de la gauche du
capital. Il est impossible de dire aujourd’hui si se jouent en ce moment des
« années de vérités », mais les luttes de plus en plus massive de
notre classe nous donnent la responsabilité, en tant que communiste de gauche,
d’intervenir selon nos forces afin de transformer les luttes de désespoir sans
lendemain en luttes victorieuses de la révolution communiste internationale.
L’heure du regroupement de la Gauche Communiste approche. Un parti communiste
international et internationaliste manque actuellement dans nos luttes.
Dans
cet ordre d’idée laissons le dernier mot aux camarades de la FGCI concernant
ceux qui, dans le camp prolétarien, s’oppose au regroupement et au parti et
ceux qui ont la capacité d’en accélérer et d’en faciliter la
constitution :
« S'appuyant sur le constat immédiat, mais non moins réel, de division
et de sectarisme qui frappent les groupes se revendiquant de la Gauche
communiste, ces éléments en rupture d'organisation et en quête de "liberté
individuelle" affichent ainsi leur rupture - non déclarée, non ouvertement
revendiquée - avec les orientations politiques qu'ils avaient pourtant
défendues durant parfois des décennies au sein de leur organisation, en
l'occurrence pour ces derniers dans le CCI. »
« Enfin,
dans cette situation du camp prolétarien dans laquelle ces deux premiers
courants ("Bordiguisme" et CCI) ne sont plus en capacité de faire
face à leurs responsabilités historiques comme pôle de référence et de
regroupement, la Tendance Communiste Internationaliste (ex-BIPR), seule organisation
qui serait en capacité réelle d'occuper et d'assumer cette responsabilité, tend
à n'en pas saisir toute l'importance et toute la signification historique,
préférant en rester à ces certitudes immédiates. Certes, cette organisation
réussit par moment et en certaines occasions à s'imposer comme ce pôle, au
point de regrouper directement autour d'elle - ce que nous saluons et appuyons
-, mais elle ne réussit pas à appréhender toute la dimension d'une politique
déterminée de "regroupement" autour d'elle, se limitant justement à
n'en voir la finalité que comme une adhésion immédiate. Du coup, elle tend à
sous-estimer, voire à ignorer, les autres courants du camp prolétarien et
l'indispensable lutte politique contre les dérives opportunistes qui s'y
développent, n'y voyant, à son tour, elle-aussi, que des polémiques stériles.
Pourtant combien d'éléments révolutionnaires en recherche de clarification et
de cohérence politique - ils seront encore plus nombreux demain avec la crise
et les luttes ouvrières inévitables qui se développent - pourraient ainsi se
référer et s'orienter parmi les positions et groupes si la TCI assumait toutes
les dimensions du rôle que l'histoire lui offre aujourd'hui. Quel pas en avant
pour le regroupement ! »
16 mai 2012
Les Communistes Internationalistes
Klasbatalo
Note
1 :Voir l’édifiante série de textes « Gauche Communiste et anarchisme : ce que nous avons en commun » où CCI se tortille
théoriquement pour faire passer les anarchistes
« internationalistes » (sic) pour d’authentiques révolutionnaires. Le
CCI, au lieu de tenter de créer des liens politiques avec les autres groupes
communistes, en particulier la TCI, crée en falsifiant l’histoire un nouveau
courant de faux révolutionnaires : les anarchistes internationalistes. On
peut parler ici de la théorisation d’une tactique de front avec des
organisations petite-bourgeoises.
Note 2 :
Il existe un lien certain, qu’il faudrait certes approfondir, entre le fait que
le CCI appelait les années 1980 les années de vérités (ce qui était à l’époque tout
à fait légitime, par exemple avec la grève de masse en Pologne en 1980) alors
que cette décennie s’est terminé par un nette recul des luttes politiques qui
s’est encore aggravé dans les années 1990, années où le CCI innovait avec la
théorie révisionniste et opportuniste de la décomposition du capitalisme.
Note 3 : L’idée de faire un bilan de la Gauche
Communiste, ou plus particulièrement du CCI vu qu’il est l’organisation la plus
touché par l’opportunisme, n’est pas une mauvaise idée en soi. En effet, il y a
de nombreuses leçons politiques importantes à tirer des raisons pour lesquelles
une organisation prend un cours opportuniste. La FICCI (et maintenant la FGCI)
a fait un travail très valable de bilan du CCI, mais qui sous certains aspects
politiques est encore pour nous insuffisant. De son côté, Controverses ne fait
pas de bilan de la Gauche, mais rejette plutôt le programme communiste et les
organisations qui le porte pour adhérer à la logique révisionniste et
moderniste du « tout nouveau, tout beau ».
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Dans mon histoire du maximalisme, ou un autre de mes livres, je souligne le parallélisme voire l'identité entre anarchisme et stalinisme: c'est en effet la même absence de méthode et le même culte de l'individu. J'ai combattu au cours de ma vie tant de syndicalistes anars adhérents au parti stalinien, pour reconnaître les mêmes symptômes chez nos petits profs de Controverses où règne une bonne grosse complaisance mutuelle, grosse de futurs gros cacas nerveux entre ces pauvres has been du militantisme "engagé" et désenchanté. Ne vous en voulez pas de vous être fait avoir (pas longtemps): le discours "rassembleur" et une radicalité de langage (vernis du passé rejeté) abusent en général aussi la classe ouvrière... sans parti solide de référence. Suffit de voir ces zigotos en public pour mesurer leur inconsistance et leur souci de "paraître": on nomme cela en France "rigolos plein de plumes". Conseillistes c'est mes couilles, veut plus rien dire, c'est "conseilleurs bohèmes" que ces animaux-là méritent, faux derches qui espéraient se faire un nom sur le dos du prolétariat. Avec un brin de mysticisme bordiguien à la boutonnière contre les "organisations formelles" invention de ce con de Bodiga plus Bouddha à la fin de sa vie que Boudu sauvé des eaux. Non la Gauche communiste n'a pas fait faillite, vous avez raison là dessus, parce qu'on ne peut identifier cette Gauche aux seuls groupes existants (la plupart sclérosés, y compris TCI et FGCI) mais parce que, comme le marxisme, ou l'IC, elle n'appartient à personne en propre et que rien n'empêche, demain, un groupe de lycéens, de s'en emparer pour fonder un groupe de combat pour le prolétariat. Les fractions machin ou Bureau ceci peuvent toujours radoter, conciliabuler, je dis et réaffirme que pour avancer et "sortir de l'ombre" le mouvement a besoin de renoncer à son anonymat et doit en finir avec tous ces cercles qui apparaissent obscurs et le sont en effet.
RépondreSupprimerAvec mes meilleures salutations,
JLR
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