jeudi 23 août 2012
« Mouvement Étudiant Révolutionnaire » : Mouvement petit-bourgeois réformiste
Cet article provient du
supplément Québec au journal Le prolétaire d’août 2012, organe du Parti
Communiste International.
Même si nous n’avons pas de liens et
ne partageons pas toutes les positions politiques du Parti
Communiste International, nous sommes totalement en accord avec le contenu de
cet article.
Les Communistes
Internationalistes-Klasbatalo ( CIK)
***************
Les maoïstes du Mouvement
Étudiant Révolutionnaire (MER) aiment bien
se présenter comme l’avant-garde révolutionnaire du mouvement étudiant; à
l’issue de la mobilisation de ces derniers mois ils ont publié 5
« hypothèses » censées en tirer les leçons et les perspectives
qu’elle ouvre pour « l’avenir des luttes de classes au
Québec »(Note).
S’il le fallait, ce texte donne
une nouvelle démonstration de la nature politiquement petite-bourgeoise de nos
maoïstes. En effet la lutte des classes est évoquée dans la question disparaît
dans les hypothèses, où l’on ne parle jamais de classe ouvrière ou de prolétariat; à sa place nous n’avons que le
« peuple », les masses populaires ».
Prenant ses vessies pour des
lanternes, le MER affirme que les derniers mois ont constitué « un inestimable acquis pour les masses populaires en termes d’expérience
de lutte. La pratique politique des masses vient de connaître un bond
prodigieux et accéléré. Les structures sociales et politiques n’ont pas bougé –
pas encore –, mais le peuple, lui, en revanche, s’en trouve profondément marqué
et transformé ». La mobilisation autour des luttes
étudiantes et contre les mesures répressives du gouvernement ont été sans aucun
doute d’une ampleur inédite, et cela s’explique par l’ampleur du malaise
social, par la maturation des tensions entre les classes.
Mais pour les marxistes, ce
qui ressort d’une analyse de la situation actuelle, ce n’est pas que la
«pratique politique des masses» - concept cher à l’interclassisme maoïste –
aurait connu un «bond prodigieux» avec les grandes manifestations pacifiques et
démocratiques ; mais c’est l’énorme difficulté que connaît toujours la
classe ouvrière à se mobiliser contre son adversaire de classe, c’est la
faiblesse persistance des prolétaires à manifester leur solidarité avec leurs
frères de classe en lutte contre les patrons : bref, c’est l’absence (d’ailleurs reconnue en passant et de façon désinvolte par le MER) encore
aujourd’hui de la lutte prolétarienne de classe.
Et cette absence laisse
toute latitude aux confusionnistes politiques comme le MER pour entraîner les
prolétaires qui se mobilisent spontanément et individuellement, dans les
impasses mortelles de l’interclassisme et du démocratisme réformistes. Le
MER laisse entendre que «les structures sociales et politiques» pourraient «bouger» à la suite des mobilisations en cours :
il y aurait en effet un «important affaiblissement des institutions de
pouvoir et des figures d’autorité de la bourgeoisie : le gouvernement, le
parlement, les tribunaux, la police, les grands médias». On croît rêver : la police est-elle affaiblie ? Le parlement et
tout le système électoral, l’idéologie et la praxis démocratiques bourgeoises
ont-ils perdu leur influence ? L’État bougeois a-t-il le moins du monde
été ébranlé ? Il n’en est évidemment rien !
Si le MER raconte de telles
sottises, c’est qu’il veut faire passer la perte de popularité du gouvernement
Charest pour un affaiblissement de la domination de classe de la bourgeoisie.
La conclusion est logique : si le gouvernement est battu lors des
prochaines élections, c’est la bourgeoisie qui sera battue ! Le MER a beau
écrire que les élections sont une «mascarade pseudo-démocratique», il affirme cependant que «ces élections (…) seront l’occasion
privilégiée de porter un coup supplémentaire ( !) aux institutions et à
l’ordre bourgeois».
Les élections ne sont et ne
seront jamais rien de tel. Non pas parce qu’elles ne
seraient pas assez, ou pas vraiment démocratiques, mais parce que le mensonge
démocratique sert précisément à renforcer l’ordre
bourgeois en constituant l’antidote à la
lutte de classe : voter est l’alternative que présente le système
démocratique à l’entrée en lutte contre le système capitaliste. Il suffirait de
changer par le vote les politiciens au pouvoir pour qu’il n’y ait plus «de
parti pris du gouvernement pour la bourgeoisie», pour
que les institutions se mettent à «bouger» en
faveur des opprimés.
En réalité, on ne peut pas
faire «bouger» ni «porter des coups» - et encore moins renverser – les «institutions
de pouvoir» (i.e. l’État) bourgeois par des mobilisations
pacifiques même imposantes, ni par des bulletins de vote comme veulent le faire
croire tous les démocrates, mais seulement par la lutte révolutionnaire, par
l’insurrection armée ! L’État bourgeois est l’appareil de la domination de
classe de la bourgeoisie, qui ne peut pas changer de nature par des réformes
graduelles, mais qui doit être renversé et brisé par la révolution pour céder la place à l’appareil de
domination du prolétariat indispensable pour déraciner le capitalisme.
Mais cette fable est utile
au MER pour qu’il puisse présenter, à l’occasion des prochaines élections, son
utopie réformiste d’un «projet d’un véritable pouvoir populaire».
À cette fumeuse
perspective, le marxisme a opposé depuis qu’il existe la seule solution
révolutionnaire : la constitution du prolétariat en classe donc en parti, sa constitution en classe dominante par la prise du pouvoir et l’extension de la révolution à tous les
pays !
Note :Toutes les citations qui suivent sont
tirées de : « Les fruits du primtemps 2012 : 5 hypothèses sur
la crise sociale au Québec » cf
http://www.mer-pcr.com/2012/06/les-fruits-du-printemps-2012-5.html
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire