lundi 14 octobre 2013
Intervention dans la lutte des classes
Nous
republions ici une prise de position de la Tendance Communiste
Internationaliste et un tract que les CIK et que nos deux groupes
(CI-K et FGCI) ont distribué lors des luttes ouvrières en Égypte,
en Turquie et en Grèce (les deux ayant été reproduites sur notre
site internet). Bien que datant de plusieurs mois, il est toujours
utile de les relire aujourd'hui à la fois pour juger de leur
validité au moment où elles ont été émises mais aussi pour
revenir sur les démarches politiques qui les ont sous-tendues.
Bien
que différentes dans leurs formes, un article
« d'intervention-propagande » de la TCI alors même que
les médias bourgeois essayaient de maintenir l'ignorance et la
censure sur les manifestations de rue en Égypte, et un tract plus
immédiat « d'intervention-agitation » réalisé le soir
même de l'annonce de la fermeture de la télévision grecque, les
deux prises de position ont pour objet de présenter des orientations
générales de lutte – du fait de l'impossibilité d'intervenir
directement sur place – qui peuvent être reprises et déclinées
« localement ». De plus, elles fournissent pour
l'ensemble du prolétariat mondial des orientations à reprendre dans
les combats ouvriers d'aujourd'hui. De même, les deux prises de
position mettent en garde contre les dangers et les pièges –
isolement et illusions démocratiques – que les forces politiques
et syndicales des États bourgeois opposent au développement de la
lutte ; pièges qui se sont finalement refermés sur les
différentes mobilisations ouvrières. En les relisant aujourd'hui,
il nous semble que les deux interventions étaient correctes et ne
souffrent pas d'erreurs ou de faiblesses particulières1.
Depuis
lors, et malgré la censure ou les déformations des médias
bourgeois, les luttes ouvrières répondant aux effets de la crise du
capital ne cessent pas, même si elles semblent marquer une baisse
dans leur intensité ; une sorte d'hésitation ; comme pour
reprendre son souffle. En effet, on peut estimer qu'une première
période de luttes vient de se terminer et que nous passons à une
nouvelle étape. La période 2008-2013 est caractérisée – nous
semble-t-il et évidemment à grand trait – par « le
prolétariat en Grèce nous montre le chemin ». Bien sûr, loin
de nous l'idée de tout réduire aux luttes ouvrières en Grèce.
Mais la combativité et la volonté ouvrières d'affrontement à
l’État bourgeois pour s'opposer à ses attaques tant sur le plan
économique comme politique, à la fois comme caractéristique
tendancielle de certaines luttes et comme objectif et perspective, se
sont exprimées plus particulièrement, de manière plus décidée et
plus massive, en Grèce que dans les autres pays2.
C'était là la voie à suivre que les communistes devaient mettre en
avant en adaptant leur mots d'ordre aux différentes moments et
étapes de ces combats.
Aujourd'hui,
il apparaît que la dynamique politique
de lutte en Grèce développée depuis 2008 soit en voie d'épuisement
du fait de son isolement international, du fait que dans aucun autre
pays la classe ouvrière n'ait réussi à reprendre le flambeau et la
dynamique de la « grève de masse » au niveau posé par
les ouvriers d'Athènes et requis par l'offensive bourgeoise, malgré
quelques tentatives ici ou là. Les ouvriers grecs épuisés par
l'absence de relais international significatif et incapables d'élever
leur combat à un niveau supérieur, la bourgeoisie en profite
aussitôt pour prendre l'initiative politique en focalisant
l'attention des ouvriers grecs – et ailleurs – sur la défense de
l’État démocratique en montant de toutes pièces des provocations
d'extrême droite ou des prétendus « dangers terroristes ».
Le rapport de force entre les classes, en termes de dynamique locale
et immédiate, s'est inversé en Grèce du fait même que le
prolétariat international reste encore faible. Faible est-il au sens
où il reste encore largement soumis à l'idéologie bourgeoise et en
particulier aux thèmes – essentiellement – démocratiques portés
par les forces syndicales et de gauche et visant à attacher les
ouvriers à « leurs » État et nation.
Pour
autant, nous sommes convaincus qu'il ne s'agit que d''un moment
« d'hésitation relative » – relative car les attaques
ne font que redoubler chaque jour du fait même de la crise
économique insoluble du capital et de ses conséquences économiques,
politiques et... guerrières entre puissances impérialistes. Mais,
n'est-ce pas le début
d'une réponse qu'ont donné cet été les ouvriers brésiliens à
ceux d'Athènes ? En plein milieu d'une compétition internationale
(la coupe des Confédérations qui est une sorte de répétition
générale de la coupe du monde à venir) de football (importante
mystification dans ce pays) que leur bourgeoisie organisait, ils se
sont lancés dans des mouvements massifs et violents pour exprimer
leur colère contre la bourgeoisie et son idéologie, défendant
ainsi clairement leurs intérêts de classe sans tenir compte des
appels à l'unité nationale pour la bonne tenue des matchs de foot
et malgré la répression massive et brutale .
Les
grandes masses ouvrières tout comme leur minorités ou secteurs les
plus combatifs hésitent devant l'ampleur de la tâche, devant la
nécessité de se détourner des pièges et des errements d'ordre
démocratique – du genre de l'idéologie des « indignés »
par exemple –, c'est-à-dire
devant la nécessité concrète, pratique, d'assumer le combat
politique contre les forces du capital, au premier plan desquels les
syndicats qui se disent « ouvriers », dans les luttes.
Voilà
l'appel de fond que les deux prises de position qui suivent lancent
aux prolétaires. Dans ce sens aussi, elles restent valables car il
appartient aux minorités communistes organisées d'indiquer la voie
à suivre et d'assumer sans attendre, à leur niveau et en fonction
des possibilités réelles, la direction politique de ces combats.
Les
CI-Klasbatalo et la FGCI, septembre 2013.
1Toute
critique éventuelle ou commentaires sont les bienvenus.
2Nous
renvoyons à nos différentes prises de position sur les luttes
ouvrières internationales tout au long des ces années (cf. le blog
des CIK et notre site : www.fractioncommuniste.org).
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