lundi 14 octobre 2013
Solidarité ouvrière avec nos frères de classe de Port Saïd et d'Egypte !
Nous
reproduisons ci-après une prise de position politique de la Tendance
Communiste Internationale dont nous partageons l'analyse et les
orientations politiques et que nous appuyons.
La
FGCI, mars 2013.
Les événements à Port-Saïd
(Tendance Communiste Internationaliste)
Nous
publions cette prise de position sur ce qui se passe à Port-Saïd en
Égypte bien que les nouvelles soient limitées (ignorées au niveau
international par les médias officiels) et ne soient pas toujours
cohérentes. Mais toutes les sources consultées sont d'accord pour
attester de l'agitation politique qui existe dans la ville
égyptienne.
L'information
est encore rare mais quelques faits parlent d'eux-mêmes. Après des
manifestations de rue, la colère a explosé à la suite des 21
condamnations à mort prononcées pour le massacre à Port-Saïd.
Lors d'une manifestation spontanée contre ces sentences, la police
de Morsi a
fait 40 victimes supplémentaires. Après cela, la police a été
obligée d'abandonner
la ville en la laissant aux mains des manifestants. En ce moment
même, l'ordre public, le trafic et la production liées au Canal de
Suez sont aux mains des insurgés. Port-Saïd est devenu une sorte de
zone libre où l'État a dû temporairement hisser le drapeau blanc.
S'il est vrai que les condamnations à mort des 21 jeunes et les 40
victimes qui ont suivi, ont été les amorces tragiques de la
rébellion, il est aussi vrai que les conséquences dévastatrices de
la crise économique et l'arrogance réactionnaire du gouvernement
islamiste de Morsi en ont été un élément décisif.
Finalement,
après deux ans de tensions dans les rues, d'élections arrangées,
de fraude et de trahison des espérances les plus basiques, quelque
chose a rompu. Le principal fait, s'il est confirmé, est que les
ouvriers de Port-Saïd ont été les premiers à déclencher la
révolte, en particulier les travailleurs du port, ceux des
transports et des ouvriers d'autres usines. Le trafic maritime a été
stoppé, des usines fermées et la mobilisation de la ville semble
être générale et déterminée. Le mouvement, tout en se protégeant
contre l'inévitable réaction du gouvernement, doit aussi régler
nombre de problèmes en son sein.
Le
premier danger est le risque d'isolement. Les ouvriers de Port-Saïd
doivent activement rechercher l'aide militante, pratique, de tous les
travailleurs égyptiens, des usines du Caire à celles d'Alexandrie,
d'Ismaïlia et d'Assiout. La seule manière d'éviter l'isolement et
de pouvoir continuer le combat est d'élargir la lutte et d'ouvrir de
plus grandes perspectives. Tout gouvernement bourgeois sait attendre.
Il sait attendre que la colère se consume dans tel ou tel acte de
protestation, même fort et violent, pour pouvoir reprendre en main
par la force la situation qui lui échappait auparavant. La manœuvre
est plus simple et plus efficace si le soulèvement est isolé, s'il
concerne qu'un seul secteur de la production ou une zone restreinte
du point de vue géographique. Rompre l'isolement, chercher la
solidarité prolétarienne, ne sont pas seulement nécessaires
tactiquement mais ce sont les conditions pour que la lutte continue ;
sinon la répression s'abattra lourdement sur les manifestants.
Plus
la lutte se développe de manière frontale, loin des sirènes
conservatrices appelant au réformisme, qu'il soit laïc ou
religieux, plus elle peut servir de modèle pour les prolétaires de
toute l'Afrique du Nord avec l'espoir de donner un début de
signification de classe à l'échec du « Printemps arabe ».
A ce stade, les prolétaires de la zone du Canal de Suez ne doivent
pas tomber dans le piège réformiste de croire qu'il est possible de
gérer d'une manière différente les affaires publiques dans le
cadre du capitalisme qui les entoure. Ce n'est pas en demandant
seulement la chute du gouvernement Morsi et le respect des libertés
démocratiques, ou en agissant dans le cadre politique de la
désobéissance civile, que les choses changeront radicalement. Le
mouvement qui a eu la force de se révolter contre l'autoritarisme
meurtrier du gouvernement islamiste, de se libérer des chaînes des
forces politiques traditionnelles, qui a essayé de se présenter
comme sujet politique autonome, doit continuer sur cette voie sans
retomber dans les options que le réformisme radical offre, ou se
retrouver dans les oripeaux usés du jeu démocratique.
Le
prolétariat européen qui subit aussi la même exploitation de
l'autre côté de la Méditerranée, doit assumer son rôle. La
solidarité de classe qui s'est exprimée récemment ici ou là au
cours de quelques épisodes de lutte, devrait saisir l'occasion pour
se réaffirmer sur la scène internationale. Il est vrai que toutes
les raisons sont réunies pour que les rues des villes européennes
se remplissent et s'agitent contre les différentes politiques et les
lourds sacrifices qui leur sont demandés. Si elles le font, ce ne
doit pas être dans un seul secteur ou sous le drapeau de telle ou
telle politique syndicale, ou de telle ou telle force politique
« réformiste de gauche » ; mais sur la base de la
véritable solidarité de classe, au-delà des frontières nationales
et des particularismes. C'est aujourd'hui une bonne occasion pour
commencer.
Un
dernier point. La spontanéité, la détermination d'une lutte qui
s'oppose immédiatement au gouvernement, à sa police, est vouée à
l'échec si elle n'élabore pas une tactique, une stratégie et un
programme qui dépassent les pièges du capital, pour créer une
véritable alternative sociale qui soit une autre manière de
produire et de distribuer cette richesse dontprolétariat égyptien,
comme la classe ouvrière internationale, est le seul créateur.
Cependant, si nous en restons au niveau de la désobéissance civile,
si le mouvement ne se fixe comme objectif que le renversement du
gouvernement de Morsi au profit d'une « véritable
démocratie », sujette à toutes les pressions du capitalisme,
comme le mouvement de la Place Tahrir le fit avec Moubarak, le
résultat en sera le même si ce n'est pire.
FD
(TCI), 6 Mars 2013
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