dimanche 16 décembre 2012

L’organisation du prolétariat en dehors des périodes de luttes ouvertes (groupes, noyaux, cercles. etc.)


Nous avons trouvé ce texte du vieux* Courant Communiste International (CCI) qui, partant d’un point de vue anticapitaliste et cela va de soi internationaliste, tente de répondre à la question de Que faire en dehors des luttes ouvertes? Le texte mentionne les comités, cercles, groupes, noyaux, etc. Nous  pourrions aussi mettre Assemblée populaire Autonome de Quartier ou ville.
L’expérience, les acquis et erreurs de prolétaires en Europe ne peuvent qu’aider les prolétaires du monde entier. Pour l’histoire, il y a eu des conseils ouvriers en Allemagne, en Autriche, en Hongrie et en Russie. Au Canada, il y a eu une forme de conseil à Winnipeg en 1919 et une amorce de conseil à Sept-Îles en 1972 lors de la lutte du Front Commun. Ces conseils ouvriers représentaient un niveau de conscience politique beaucoup plus élevé que les Assemblées populaires Autonomes actuelles il va s’en dire. Les conseils ouvriers étant de futurs organes de la dictature du prolétariat. À terme la mise sur pied de conseils au niveau mondial aboutira à un échec s’il n’y a pas un parti international et internationaliste.  Le rôle de ce parti ne sera pas de prendre le pouvoir au nom de la classe ouvrière mais de participer à l’unification et à l’extension de ses luttes ainsi qu’à leurs contrôles par les ouvriers eux-mêmes, et à la diffusion du programme communiste afin de conscientiser le prolétariat en classe pour soi. Seule la classe ouvrière dans sa totalité, à travers ses propres organes autonomes, par exemple les conseils ouvriers, peut instituer le socialisme. Cette tâche ne peut être déléguée, même pas au Parti de classe le plus conscient.  Position 10 de  bases des Communistes Internationalistes Klasbatalo.

*Nous écrivons vieux CCI parce que depuis le début des années 2000, cette organisation a rejeté dans les faits le regroupement des forces révolutionnaires internationalistes anticapitalistes en s’accoquinant avec des groupes anarchistes.
Les CIK
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L’organisation du prolétariat en dehors des périodes de luttes ouvertes (groupes, noyaux, cercles. etc.)

Les caractères gras ci-dessous sont de Klasbatalo.

Ce texte a été proposé pour le Congrès d'Internationalisme (janvier 1980).
Réédité  dans la Revue Internationale le 28 Juillet, 2006

"Que faire en dehors des luttes ouvertes? Comment s'organiser lorsque la grève est terminée? Comment préparer la lutte à venir?"

Voilà quelques unes des questions auxquelles la maturation actuelle de la lutte de classe impose de répondre.

Face à cette question, face aux problèmes que posent les comités, cercles, groupes, noyaux, etc., regroupant de petites minorités d'ouvriers, nous n'avons aucune recette à fournir. Entre les leçons morales ("organisez vous comme ceci ou cela", "dissolvez-vous", rejoignez-nous") et les flatteries démagogiques, nous n'avons pas à choisir. Notre souci est bien plutôt celui-ci : comprendre ces expressions minoritaires du prolétariat comme une partie d'un tout. Les insérer dans le mouvement général de la lutte de classes, de cette manière nous pourrons comprendre à quelles nécessités générales ces organes répondent. De cette manière nous pourrons également, en ne restant ni dans le flou politique ni emprisonnés dans des schémas rigides, cerner les aspects positifs de ces démarches et souligner les dangers qui les guettent.

CARACTERISTIQUES DE LA LUTTE OUVRIERE DANS LE CAPITALISME DECADENT

Notre première préoccupation dans l'appréhension de ce problème doit être de rappeler le contexte historique général dans lequel nous nous trouvons. Nous devons nous remettre en mémoire la nature de cette période historique (l'ère des révolutions sociales) et les caractéristiques de la  lutte de classe en période décadence. Cette analyse est fondamentale car elle nous permet de comprendre le type d'organisation de classe qui peut exister dans une telle période.

Sans entrer dans les détails, rappelons simplement que le prolétariat au 19ème siècle existe comme un une force organisée de manière permanente. Le prolétariat s'unifie comme classe au travers d'une lutte économique et politique pour des réformes.

Le caractère progressif du système capitaliste permet au prolétariat de faire pression sur la bourgeoisie pour obtenir des réformes et pour ce faire regrouper de larges masses d'ouvriers au sein des syndicats et des partis.

Dans la période de sénilité du capitalisme les caractères et les formes d'organisation de la lutte changent. Une mobilisation quasi permanente du prolétariat sur des intérêts immédiats et politiques n'est plus possible ni viable. Les organes  unitaires permanents de la classe ne peuvent plus  désormais exister qu'au cours de la lutte elle-même. La fonction de ces organes ne se limite plus désormais à simplement "négocier" une amélioration des conditions de vie du prolétariat (car cette amélioration n'est plus possible à long terme et parce que la seule issue réaliste est celle de la révolution) mais à se préparer, à mesure que les luttes de développent, à la prise du pouvoir.

Ces organes unitaires de la dictature du prolétariat ce sont les conseils ouvriers. Ces organes possèdent un certain nombre de caractéristiques que nous devons mettre en évidence si nous voulons bien cerner tout le processus qui mène à l'auto-organisation du prolétariat.

Ainsi nous devons mettre en évidence que les conseils sont une expression directe de la lutte ouvrière. Ils surgissent de manière spontanée (mais non mécanique) de cette lutte. C'est pourquoi ils sont intimement liés au développement et à la maturité de cette lutte, ils puisent en elle leur substance et leur vitalité. Ils ne constituent donc pas une simple "délégation" des pouvoirs, une parodie de Parlement, mais bien l'expression organisée de l'ensemble du prolétariat et de son pouvoir. Leur tâche n'est pas d'organiser une représentativité proportionnelle des groupes sociaux ou des partis politiques mais de permettre à la volonté du prolétariat de se réaliser pratiquement. C'est à travers eux que se prennent toutes les décisions. C'est pour cette raison que les ouvriers doivent constamment en garder le contrôle (révocabilité des délégués) par le biais des Assemblées Générales.

Seuls les conseils ouvriers sont capables de réaliser l'identification vivante entre la lutte immédiate et le but final des luttes. Par cette liaison entre la lutte pour des intérêts immédiats et la lutte pour le pouvoir politique, les conseils posent la base objective et subjective de la révolution. Ils constituent le creuset par excellence de la conscience de classe. La constitution du prolétariat en conseils n'est pas une simple question de forme d'organisation mais bien le produit d'un développement de la lutte elle-même et de la conscience de classe. Le surgissement des conseils  n'est pas le fruit de recettes organisationnelles, de structures préfabriquées, d'organes intermédiaires.

L'extension et la centralisation de plus en plus consciente des luttes, au delà des usines et des frontières, ne peut 'être un fait artificiel et volontariste. Pour se convaincre de cette idée, il suffit de se rappeler l'expérience des ANU ([1]) et cette tentative artificielle de relier et de centraliser les "organisations d'usines" dans une période où la lutte refluait.

Les conseils ne peuvent subsister que tant que subsiste une lutte permanente, ouverte, signifiant la participation d'un nombre toujours plus important d'ouvriers dans le combat. Leur surgissement est essentiellement fonction d'un développement de la lutte elle-même et de la conscience de classe.

TENTER DE COMBLER UN VIDE

Mais nous ne nous trouvons pas encore dans une période de lutte permanente, dans un contexte révolutionnaire qui permettrait au prolétariat de s'organiser en conseils ouvriers. La constitution du prolétariat en conseils est fonction de conditions objectives (degré de la crise, cours historique) et subjectives (maturité de la lutte et de la conscience). Elle est le résultat de tout un apprentissage, de toute une maturation tant organisationnelle que politique.

Nous devons être conscients que cette maturation, cette fermentation politique ne se déroule pas suivant une ligne bien dessinée et bien droite. Elle s'exprime bien plutôt à travers un processus bouillonnant et confus, à travers un mouvement heurté et saccadé. Elle exige en outre une participation active de minorités révolutionnaires. Incapable d'agir mécaniquement selon des principes abstraits, selon des plans préconçus, selon un volontarisme détaché de la réalité, le prolétariat mûrit son unité et sa conscience au cours d'un apprentissage douloureux. Incapable de regrouper toutes ses forces à un jour "J", il concentre ses rangs au cours de la bataille elle-même, son "armée", il la forme dans le conflit lui-même. Mais au cours de la lutte, il forme dans ses rangs des éléments plus combatifs, des avant-gardes plus décidées. Celles-ci ne se regroupent pas forcément au sein d'une organisation de révolutionnaires (car celle-ci dans certaines périodes est peu connue). L'apparition de ces minorités combatives au sein du prolétariat, que ce soit avant, après ou pendant les luttes ouvertes, n'est pas un phénomène incompréhensible ou nouveau. Elle exprime bien ce caractère irrégulier de la lutte, ce développement inégal et hétérogène de la conscience de classe. Ainsi depuis la fin des années 60 nous assistons à la fois à un développement de la lutte dans le sens d'une plus grande auto-organisation, à un renforcement des minorités révolutionnaires, à l'apparition de comités, noyaux, cercles, etc. où tente de se regrouper une avant-garde ouvrière. Le développement d'un pôle politique cohérent, la tendance du prolétariat à s'organiser en dehors des syndicats, procèdent d'une même maturation de la lutte.

L'apparition de ces comités cercles etc, répond donc bien à une nécessité de la lutte elle-même. Si des éléments combatifs sentent la nécessité de rester groupés après qu'ils aient lutté ensemble, c'est à la fois dans le but de continuer à "agir ensemble" (éventuellement préparer une nouvelle grève) et à la fois dans le but de tirer des leçons de la lutte (à travers une discussion politique). Le problème qui se pose à ces ouvriers est autant celui de leur regroupement en vue d'une action future que celui de leur regroupement en vue  d'éclaircir les questions posées par la lutte  passée et à venir. Cette attitude est compréhensible dans la mesure où l'absence de luttes permanentes, la "faillite" des syndicats et une très grande faiblesse des organisations révolutionnaires créent un vide tant organisationnel que politique. La classe ouvrière lorsqu’elle reprend le chemin de son combat historique a horreur du vide. Elle cherche donc à répondre à un besoin posé par ce vide organisationnel et politique. Ces comités, noyaux, ces minorités d'ouvriers qui ne comprennent pas encore clairement leur fonction répondent à ce besoin. Ils sont à la fois une expression de la faiblesse générale de la lutte de classe actuelle et l'expression d'une maturation de l'organisation et  de la conscience de classe. Ils cristallisent tout un travail souterrain qui s'opère au sein du prolétariat.

LE REFLUX DE 1973-77

C'est pour cette raison que nous devons faire attention à ne pas enfermer ces organes dans des tiroirs hermétiques, dans des classifications rigides. Nous ne pouvons pas prévoir l'apparition et le développement de ceux-ci de manière tout à fait précise. De plus nous devons être attentifs à ne pas séparer artificiellement différents moments dans la vie de ces comités et ne pas poser a un faux dilemme dans le style :"l'action ou la discussion."

Ceci dit cela ne doit pas nous empêcher d'avoir une intervention par rapport à ces organes. Nous devons également être capables d'apprécier l'évolution de ces organes en fonction de la période, suivant que nous nous trouvons dans une  période de reprise des luttes ou de reflux. En effet, dans la mesure où ils sont un produit immédiat et spontané des luttes, qu'ils surgissent plus sur la base de problèmes conjoncturels (à la différence de l'organisation des révolutionnaires qui surgit sur la base des nécessités historiques du prolétariat), ces organes restent très fortement dépendants du milieu ambiant de la lutte de classe. Ils restent plus fortement prisonniers des faiblesses générales du mouvement et ont tendance à suivre les hauts et les bas de la lutte.
C'est ainsi que nous devons opérer une distinction dans le développement de ces comités etc. au moment du reflux de la lutte entre 1973 et 77, et dans la période actuelle de reprise internationale des luttes.

Tout en soulignant les dangers qui restent identiques pour ces deux périodes, nous devons être capables de cerner les différences d'évolution.

C'est ainsi qu'avec la fin de la première vague de luttes à la fin des années 60 nous avons pu assister à l'apparition de toute une série de confusions au sein de la classe ouvrière. Ces confusions nous pouvons les mesurer surtout en fonction de l'attitude des quelques éléments combatifs de la classe qui tentent de rester groupés.

Nous voyons ainsi se développer :

- L'illusion du syndicalisme de combat  et la méfiance de tout ce qui-est politique (OHK, AAH, Komiteewerking ([2]). Dans la plupart des cas, les comités issus des luttes se transforment carrément en para-syndicats. C'est le cas des Commissions Ouvrières en Espagne et des "Conseils d'Usines" en Italie. Plus souvent encore, ils disparaissent carrément.

- Un très fort corporatisme (ce qui constitue la base même du syndicalisme "de combat").

- Lorsque des tentatives sont faites pour dépasser le cadre de l'usine, une confusion et un éclectisme politique très grand.

- Une très grande confusion politique ce qui rend ces organes très fragiles aux menées des gauchistes et les font tomber aussi dans des illusions du style de celles entretenues par le PIC (voir le "bluff" des groupes ouvriers. ([3])

C'est également au cours de cette période que se développe l'idéologie de "l'autonomie ouvrière" avec tout ce qu'elle comporte comme apologie de l'immédiatise, de l'usinisme et de l'économisme.

Toutes ces faiblesses sont essentiellement fonction des faiblesses de la première vague de luttes de la fin des années 60. C'est ainsi que ces mouvements se caractérisent par une disproportion entre la force et l'extension des grèves et une faiblesse dans le contenu des revendications. Ce qui marque surtout cette disproportion c'est une absence de perspectives politiques claires dans le mouvement. Le repli ouvrier de 73-77 est le produit de cette faiblesse utilisée par la bourgeoisie pour opérer un travail de démobilisation et d'encadrement idéologique des luttes. Chacun des points faibles de la première vague de grèves est "récupéré" par la bourgeoisie à son profit :

"Ainsi l'idée d'une organisation permanente de la classe à la fois politique et économique s'est transformée ensuite en celle des "nouveaux syndicats" pour finalement en revenir aux syndicats classiques. La vision de l'A.G. comme une forme indépendante du contenu a abouti - via les légendes sur la démocratie directe et le pouvoir populaire- au rétablissement de la confiance dans la démocratie bourgeoise classique. Les idées d'autogestion et de contrôle ouvrier de la production, confusions explicables dans un premier temps, furent théorisées par le mythe de "l'autogestion généralisée", les "Îlots du communisme" ou la "nationalisation sous contrôle ouvrier". Tout ceci a préparé les ouvriers à faire confiance au plan de restructuration "qui évite les licenciements" ou aux pactes de solidarité nationale pour "sortir de la crise".

(Rapport sur la lutte de classe présenté au 3ème Congrès international du CCI)

LA REPRISE DES LUTTES DEPUIS 1977

Avec la reprise des luttes depuis 1977, nous voyons se dessiner d'autres tendances. Le prolétariat a mûri par la "défaite", il a tiré même très confusément les leçons de ce reflux et même si les dangers restent toujours présents de "syndicalisme de combat", de corporatisme, etc, ils s'inscrivent dans une évolution générale différente.

C'est ainsi que depuis 77 nous voyons se développer timidement :

Une volonté plus ou moins marquée de développer  une discussion politique de la part d'une avant-garde combative des ouvriers (rappelons l'AG des coordinamenti à Turin, le débat mené à Anvers avec des ouvriers de Rotterdam, d'Anvers, etc., la conférence des dockers à Barcelone,...([4]).

La volonté d'élargir le champ de la lutte, de dépasser le ghetto de l'usinisme, de donner un cadre politique plus global à la lutte. Cette volonté s'exprime par l'apparition de "coordinamenti" et plus spécifiquement dans le manifeste politique d'un des coordinamenti du nord de l'Italie. Ce manifeste réclame une unification de l'avant-garde combative des usines, la nécessité d'une lutte politique indépendante des ouvriers et insiste sur la nécessité de dépasser le cadre de l'usine pour lutter;  [Nous dirions dépasser le cadre du quartier, ajout par Klasbatalo]

Le souci d'établir une liaison entre l'aspect immédiat de la lutte et le but final. Ce souci s'exprime particulièrement dans des groupes de travailleur: en Italie (FIAT) et en Espagne FEYCU, FORD). Les premiers sont intervenus par voie de tract pour dénoncer les menaces de licenciements faits au nom de "l'anti-terrorisme", les seconds pour dénoncer l'illusion du parlementarisme;

-Le souci de mieux préparer et organiser les luttes à venir (cf.. action des "porte-parole" de Rotterdam appelant à la formation d'AG).

Bien entendu, répétons le, les dangers de corporatisme, de syndicalisme de combat, d'enfermement de la lutte sur un terrain strictement économique subsistent même au cours de cette période.

Mais ce dont nous devons tenir compte c'est l'influence importante de la période sur l'évolution de comités, noyaux, etc. surgissant avant ou après les luttes ouvertes. Lorsque la période est à la combativité et à la remontée des luttes, l'intervention de telles minorités ouvrières prend un autre sens et notre attitude également. C'est ainsi que dans une période de recul généralisé des luttes, nous insisterons plus sur les dangers pour de tels organes de se transformer en para-syndicats, de tomber dans les bras des gauchistes et des illusions du terrorisme, etc. Dans une période de remontée, nous insisterons plus sur les dangers du volontarisme et de l'activisme (cf. les illusions exprimées à cet égard dans le manifeste du coordina­mento de Sesto Seovanni), sur les illusions que pourraient avoir ces ouvriers combatifs de former les embryons des comités de grève futurs, etc. Dans une période de reprise des luttes, nous serons également plus ouverts face à l'apparition de minorités combatives se regroupant en vue d'appeler à la lutte et à la formation de comités de grève, d' d'A.G., etc.

LES POSSIBILITES DE CES ORGANES

Ce souci de replacer ces comités, noyaux, etc. dans le bain de la lutte de classe, de les comprendre en fonction de la période dans laquelle ils se meuvent, n'implique pas pourtant que nous changions nos analyses du tout au tout, suivant ces différentes étapes de la lutte de classe.

Quel que soit le moment où naissent ces comités ou noyaux, nous savons qu'ils ne constituent qu'UNE ETAPE D'UN-PROCESSUS DYNAMIQUE GENERAL, un moment dans la maturation de l'organisation et de la conscience de classe. Ils ne peuvent avoir un rôle positif que s'ils se donnent un cadre large et souple pour ne pas figer ce processus. C'est pourquoi ils doivent être vigilants et ne pas tomber dans les pièges suivants :

-                      s'imaginer constituer la structure qui prépare le surgissement des comités de grève ou des conseils.

-                      s'imaginer être investis d'une sorte de "potentialité" en vue de développer la lutte future (ce ne sont pas des minorités qui créent artificiellement une grève ou font surgir une A.G. ou un comité même si elles ont une intervention active dans ce processus).

-                      se doter d'une plate-forme ou de statuts ou de tout élément risquant de figer leur évolution et les condamnant à la confusion politique.

-                      se présenter comme des organes intermédiaires entre la classe et une organisation politique, comme une organisation à la fois unitaire et politique.

C'est pourquoi, quelle que soit la période dans laquelle nous nous trouvons, notre attitude envers ces organes minoritaires, si elle reste, ouverte, vise cependant à influencer l'évolution de la réflexion politique en leur sein. Nous devons essayer de faire en sorte que ces comités, noyaux, ne se figent ni dans un sens (une structure qui s'imagine préfigurer les conseils), ni dans l'autre (fixation politique). Ce qui doit nous guider avant tout, ce ne sont pas les intérêts et les préoccupations conjoncturelles de ces organes (car nous ne pouvons pas leur suggérer une recette organisationnelle et une réponse toute faite), mais les intérêts généraux de l'ensemble de la classe. Notre souci est de toujours homogénéiser et développer la conscience de classe de telle sorte que le développement de la lutte se fasse avec une participation toujours plus massive des ouvriers à celle-ci et une prise en main de la lutte par les ouvriers eux-mêmes et non par une minorité, quelle qu'elle soit. C'est pour cette raison que nous insistons tant sur la dynamique du mouvement et que nous mettons les éléments combatifs du prolétariat en garde contre les tentatives de substitutionnisme ou contre tout ce qui risque de bloquer le développement ultérieur de la lutte et de la conscience. En orientant l'évolution de ces organes dans une direction (réflexion et discussions politiques), plutôt que dans une autre, nous répondons à ce souci de favoriser la dynamique du mouvement. Bien entendu, cela ne signifie pas que nous condamnions toute forme d'Intervention" ou d'action" ponctuelle de la part de ces organes. Il est évident que dès l'instant où un groupe d'ouvriers combatifs comprend que sa tâche n'est pas d'agir en vue de se constituer en para-syndicats mais plutôt en vue de tirer des leçons politiques des luttes passées, cela n'implique pas le fait que cette réflexion politique se fasse dans le vide éthéré, dans l'abstrait et sans aucune conséquence pratique. La clarification politique menée par ces ouvriers combatifs va également les pousser à agir ensemble à l'intérieur de leur usine (et dans des cas plus positifs même au delà de l'usine). Ils vont sentir la nécessité de donner une expression politique matérielle à leur réflexion politique (tracts, journaux, etc.), ils vont sentir la nécessité de prendre position par rapport à des faits concrets qui touchent la classe ouvrière. En vue de diffuser cette prise de position et de la défendre, ils vont donc avoir une intervention concrète. Dans certaines circonstances ils vont proposer des moyens d'action concrets (formation d'A.G., de comités de grève,...) en vue de riposter ou de lutter. Au cours de la lutte elle-même, ils ressentent la nécessité de se concerter pour développer une certaine orientation de la lutte, pour appuyer des revendications permettant d'élargir la lutte, pour insister sur l'élargissement de celle-ci, etc.

Mais, par rapport à cela, même si nous restons attentifs à ne pas plaquer des schémas rigides, il est clair que nous continuons à insister sur le fait que ce qui compte avant tout, c'est la participation active de tous les ouvriers à la lutte, et qu'en aucun cas ces éléments combatifs ne doivent se substituer à cette participation et mener l'organisation et la coordination de la grève à la place de leurs camarades. De plus, il est également clair que plus l'organisation des révolutionnaires augmentera son influence au sein des luttes, plus ces éléments combatifs se tourneront vers elle. Ceci, non pas parce que l'organisation aura mené une politique de recrutement forcé envers ces éléments, mais tout simplement parce que ces éléments prendront conscience qu'une intervention politique réellement active et efficace ne peut se faire que dans le cadre d'une telle organisation internationale.

L'INTERVENTION DES REVOLUTIONNAIRES

Tout ce qui brille n'est pas or. Mettre en évidence que la classe ouvrière fait surgir dans sa lutte des minorités plus combatives ne signifie pas affirmer que l'impact de ces minorités est décisif pour le déroulement ultérieur de la conscience de classe. Nous ne devons pas faire une identification absolue entre expression d'une maturation de la conscience et facteur actif dans le développement de celle-ci.

En réalité, l'influence que peuvent avoir ces comités, cercles, etc. dans le déroulement ultérieur de la lutte est très limitée. Elle est entièrement fonction de la combativité générale du prolétariat et de la capacité de ces comités ou cercles à poursuivre sans cesse un travail de clarification politique. Or, à long terme, ce travail ne peut se poursuivre que dans le cadre d'une organisation révolutionnaire.

Mais là encore aucun mécanisme ne peut avoir cours. Ce n'est pas d'une manière artificielle que l'organisation révolutionnaire gagnera ces éléments. Contrairement à des organisations comme Battaglia Comunista ou le PIC, le CCI ne cherche pas à combler d'une manière artificielle et volontariste un "fossé" qui existerait entre le parti et la classe. Notre compréhension de la classe ouvrière comme force historique et de notre rôle nous empêche de vouloir figer ces comités dans des structures intermédiaires ou de chercher à créer des "groupes d'usine", courroies de transmission entre la classe et le parti.

Se pose alors la question de savoir quelle est notre attitude par rapport à de tels comités, cercles etc. Tout en leur reconnaissant une influente limitée, des faiblesses, nous restons ouverts et attentifs au surgissement de tels organes. Nous leur proposons avant tout une très grande ouverture dans la discussion et nous n'adoptons en aucun cas une attitude de mépris, de condamnation sous prétexte de l'impureté" politique de ces organes. Ceci est une chose. Une autre chose serait de flatter ces organes ou même de concentrer notre énergie uniquement sur eux. Nous n'avons pas à faire une psychose des "groupes ouvriers", comme nous n'avons pas à les ignorer. Tout en reconnaissant le processus " de maturation de la lutte et de la conscience de classe et ses tentatives à se "hisser" vers le terrain politique, tout en ayant conscience que le prolétariat dans ce processus fait surgir en son sein des minorités plus combatives qui ne s'organisent pas nécessairement en organisation politique, nous devons faire attention à ne pas identifier ce processus de maturation avec celui qui caractérisait le développement de la lutte au siècle dernier. Cette compréhension est très importante car elle nous permet d'apprécier en quoi ces comités, cercles, etc. sont véritablement des expressions de la maturation de la conscience de classe, mais des expressions avant tout temporaires et éphémères  et non pas des jalons fixes et structurés, des échelons organisationnels dans le développement de la lutte de classe. Car la lutte de classe en période de décadence se fait par explosions, par surgissements brusques qui surprennent même les éléments les plus combatifs d'une lutte précédente et peuvent les dépasser tout à fait en conscience et en maturité. Le prolétariat ne peut s'organiser réellement au niveau unitaire qu'au sein de la lutte elle-même et au fur et à mesure que la lutte devient permanente, il grossit et renforce ses organisations unitaires.

C'est cette compréhension qui nous permet de mieux cerner en quoi, même si dans certaines circonstances il peut être très positif de mener une discussion suivie et systématique avec ces cercles et de participer à leurs réunions, nous n'avons pas de politique spécifique, de "tactique" spéciale à l'égard de ces comités ouvriers. Nous reconnaissons la possibilité et une plus grande facilité de discuter avec ces éléments combatifs (particulièrement quand la lutte n'est pas encore ouverte) ; nous avons conscience que certains de ces éléments peuvent nous rejoindre, mais nous ne focalisons pas toute notre attention à leur égard. Car ce qui reste avant tout essentiel pour nous, c'est la dynamique générale de la lutte à l'intérieur de la laquelle nous n'opérons aucune classification rigide, aucune hiérarchisation. Nous nous adressons avant tout à la classe ouvrière dans son ensemble. Contrairement aux autres groupes politiques qui essaient de combler l'absence d'influence de minorités révolutionnaires par des procédés artificiels en s'illusionnant sur ces "groupes ouvriers ": le CCI reconnaît son peu d'impact dans la période présente. Nous ne cherchons pas à développer, pour augmenter cette influence, une confiance artificielle des ouvriers à notre égard. Nous ne sommes pas ouvriéristes, comme nous ne sommes pas des mégalomanes. L'influence que nous développerons progressivement au sein des luttes, viendra essentiellement de notre PRATIQUE POLITIQUE en leur sein, et non d'un quelconque rôle de "porteurs d'eau" ou d'une politique de flagorneries. De plus, cette intervention politique, nous l'adressons aux ouvriers dans leur ensemble, au prolétariat pris comme un tout et comme une classe. Nous existons non pas pour nous satisfaire de la "confiance" que nous accorderaient deux, trois ouvriers aux mains calleuses, mais pour homogénéiser accélérer l'épanouissement de la conscience de classe. Et soyons conscients que ce n'est qu'au cours du processus révolutionnaire lui-même que le prolétariat nous accordera sa "confiance" politique, dans la mesure où il reconnaîtra alors que le parti révolutionnaire fait réellement PARTIE de son combat historique.

[1] AAU, Allgemeine Arbeiter Union : Union Générale des Travailleurs. Les 'unions" ont été des tentatives de créer des formes d'organisation permanentes regroupant l'ensemble des ouvriers en dehors des syndicats et contre eux, en Allemagne, dans les années qui suivirent l'écrasement de l'insurrection de Berlin en 1919. Elles exprimaient une nostalgie des conseils ouvriers, mais ne parvinrent jamais à en remplir la fonction.
[2] Groupes d'ouvriers en Belgique.
[3] Le groupe français PIC (Pour une Intervention Communiste) vécut pendant quelques mois convaincu et cherchant à convaincre tout le monde, qu'il participait au développement d'un réseau de "groupes ouvriers", qui constitueraient une puissante avant garde du mouvement révolutionnaire. Il fondait et entretenait cette illusion sur la réalité squelettique de deux ou trois groupes constitués pour l'essentiel d'éléments "ex-gauchistes". Il ne reste plus grand chose de tout ce bluff.
[4] Il s'agit de rencontres organisées regroupant des délégations de différents groupes, collectifs, comités ouvriers...


mercredi 21 novembre 2012

C’est le capitalisme mondial qui est corrompu


Ces temps-ci, le show de la commission Charbonneau a remplacé les spectacles et batailles des équipes de hockey. Ce n’est pas la première fois qu’une commission lève le voile putride sur la corruption. Rappelons la commission d’enquête sur le crime organisé (CECO) en 1973-75, la commission Cliche sur la construction en 74-75, le rapport Malouf en 1980 sur le coût des olympiques de 1976, la commission Gomery sur les commandites en 2004-2005, etc. Historiquement, dès ses débuts, la confédération canadienne est mêlée au scandale des contrats de construction du chemin de fer du Pacifique. Des « honorables » hommes politiques comme John A. MacDonald et George Étienne Cartier et des capitalistes menés par Sir Hugh Allan y sont parties prenantes. Bref les commissions passent et la corruption demeure. Tous les partis politiques qui ont été ou qui sont au pouvoir ont eu leur lot de scandales. Les différentes commissions passées ont montré la corruption des libéraux avant même la commission Charbonneau. La corruption, n’est pas l’apanage des maires Tremblay et Vaillancourt ou d’un haut fonctionnaire comme Leclerc ou d’un parti au pouvoir, mais elle fait partie intégrante de la nature même du système capitaliste.

Quoiqu’en disent les péquistes qui jouent aux vierges offensées leur passage au pouvoir a laissé aussi des traces de corruption. Lors de la première élection à laquelle participa le PQ, en avril 70, il y eut dans le comté de Taillon un candidat officiel du parti appuyé durant quelque temps par la mafia de la Rive-Sud. Le dr Serge Mongeau, candidat péquiste indépendant, se désolidarisa des organisateurs péquistes qui voulaient faire élire leur candidat officiel. Entre 1995 et 2000, « Le Parti québécois a sciemment fermé les yeux sur le contournement de la Loi sur le financement des partis politiques afin de bénéficier des largesses de l'ancien patron de Groupaction, Jean Brault, récemment reconnu coupable de fraude. Comme l'établit le rapport d'enquête du juge Jean Moisan rendu public hier, le PQ a ainsi reçu 96 400 $ entre 1995 et 2000. »  (Le Devoir 22 juin 2006). Au début de 2002, Gilles Baril, ministre très important et dauphin de Bernard Landry, démissionne lors des révélations de ses liens avec Oxygène 9 lors du scandale des lobbysites. Les péquistes n’ont pas de leçon à donner aux autres partis en ce qui concerne la corruption.

Les révélations sur la corruption de hauts fonctionnaires et de politiciens viennent confirmer que la corruption est inhérente au système capitaliste et à son État. Elle existe tout autant en Russie, en Italie, en Chine, aux USA, dans les pays africains et ailleurs. Tel un pétrolier en perdition, le capitalisme sème sur son sillage guerres, famine, chômage, destruction de l’environnement et corruption. Avec la crise actuelle de surproduction du capitalisme, ces malheurs ne feront qu’empirer. Nos frères et sœurs ont fait grève récemment par millions en Europe contre les mesures d’austérité. Les prolétaires européens sont un exemple de résistance pour les prolétaires nord-américains même si les syndicats européens et nord-américains tentent de nous diviser, lieu de travail par lieu de travail, secteur par secteur, pays par pays par des grèvettes d’une journée.

L’unification des luttes au niveau international contre ces criminels est nécessaire pour une société basée sur les besoins réels de l’humanité, le communisme. Un communisme qui n’a rien en commun avec le capitalisme d’état de l’URSS, de la Chine, de Cuba, de la Corée du Nord, etc.

Seule notre classe, celle des prolétaires peut mettre fin à cette décadence pour créer une société sans mafia, sans classe, sans argent, sans état et sans frontière. Pour le moment il lui manque son parti politique un parti communiste internationale et internationaliste à créer.

Les communistes internationalistes-Klasbatalo militent pour construire ce parti, rejoignez nos rangs.

 cim_icm@yahoo.com

mardi 28 août 2012

La perspective historique du « communisme » est la clé des luttes actuelles du prolétariat


La Fraction de la Gauche communiste internationale a publié son bulletin #9 du 15/ 08/2012 Nous éditons l’article ci-dessous avec lequel nous sommes totalement en accord.

Les Communistes Internationalistes Klasbatalo
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La perspective du « communisme » est la clé des luttes actuelles du prolétariat



Contraints de mentionner la mobilisation ouvrière autour de la lutte des mineurs espagnols - ils ne pouvaient l'ignorer au risquede se déconsidérer complètement -, les médias bourgeois se sont empressés de faire à nouveau le black-out sur ce chapitre après la manifestation des mineurs à Madrid (11 juillet) mettant à profit la période d'été et les jeux olympiques. La censure que les médias internationaux exercent sur les réactions ouvrières à la crise est une illustration en creux de la menace que représente pour l'ordre capitaliste la dynamique de luttes ouvrières internationale et qui parcourt tout particulièrement l'Europe. Après la Grèce, c'est donc au tour de la péninsule ibérique, en Espagne et au Portugal, où le prolétariat est obligé d'essayer de réagir face aux conditions de vie qui lui sont maintenant imposées. Et le silence exercé par la classe dominante n'enlève rien à la réalité des multiples ripostes ouvrières de cet été.

Après la Grèce, la mobilisation ouvrière autour de la lutte des mineurs des Asturies a tendu à focaliser l'attention du prolétariat international et a représenté pour la classe ouvrière en Espagne un foyer dans lequel tous se reconnaissait. La participation massive de la population ouvrière de Madrid à la «Marche noire » des mineurs ainsi que l'accueil chaleureux qu'ils ont reçu dans tout le pays témoignent du fait que tous les ouvriers espagnols tendaient à s'identifier à ce combat et étaient conscients de la nécessité d'une riposte unie de tous les secteurs et de toutes les régions pour faire face à l'État. L'exercice d'une violence de classe pour se défendre face à la répression bourgeoise, les tentatives de paralyser le fonctionnement de l'État et de l'économie capitaliste par le barrage des transports et l'occupation des villes des bassins miniers, ont montré à tous la voie à suivre et c'est en cela que l'ensemble du prolétariat espagnol s'est reconnu dans ce combat. C'est surtout dans cette mobilisation d'un secteur « traditionnel » et « historique » de la classe ouvrière, fort de décennies de luttes que ce soit sous la République espagnole dans les années 1930 comme sous la dictature de Franco par la suite, a définitivement montré les « limites » du fameux mouvement des « indignés » et, en réalité, l'exemple-piège que celui-ci représentait pour le combat du prolétariat. Les mineurs asturiens ont rappelé à tous que le combat contre les attaques capitalistes dues à la crise n'était pas un combat de « citoyen » pour une meilleure démocratie, mais bel et bien le combat d'une classe exploitée contre une autre classe dominante et exploiteuse qu'elle soit « démocratique » ou non.
Dans ce sens, la lutte des mineurs et la mobilisation qu'elle a entraîné dans tout le pays, est un exemple à suivre, la voie à reprendre dans tous les pays.

Néanmoins, il faut aussi relever que cette mobilisation - à ce jour, les mineurs ont globalement cessé leur grève sans rien obtenir et les mesures d'austérité continuent de s'abattre sur la classe ouvrière espagnole - n'a pas débouché sur une élévation du combat de classe contre la bourgeoisie et son État au point d'ébranler ce dernier et lui faire, ne serait-ce que momentanément, retirer ses attaques économiques.

Pourquoi la colère ouvrière réelle, généralisée, la volonté de se battre, le sentiment qu'il faut y aller tous ensemble, n'ont-ils pas réussi à modifier de manière significative le rapport de forces entre les classes ? La manifestation ouvrière à Madrid, malgré son succès et le renfort de la population ouvrière de la capitale espagnole, a fini par représenter une impasse et une sorte de fin - momentanée au moins. Pourquoi ? Est-ce simplement dû au fait que les syndicats ont gardé le contrôle sur la mobilisation ouvrière, sur l'organisation de la Marche sur Madrid, sur les mots d'ordre et les revendications - souvent régionalistes et corporatistes -, au fait qu'ils ont même en partie réussi à retourner contre les ouvriers l'usage de l'auto-défense contre la répression en en faisant un mythe et une fin en soi, limitant ainsi au maximum tout risque de réelle extension et généralisation du mouvement ? Certainement, les syndicats et les forces politiques de gauche ont joué leur rôle et tout fait pour enfermer lesouvriers dans leur spécificité de « mineurs » et dans les « sauvons notre région » - et malheureusement aucun groupe communiste n'a pu, ou n'a su(Note 1), intervenir, s'opposer aux côtés des ouvriers aux impasses et sabotages syndicaux, et avancer des mots d'ordre et des perspectives d'actions alternatives. Mais ceci ne suffit pas à expliquer les limites des luttes ouvrières actuelles - car les limites de la mobilisation en Espagne sont sensiblement les mêmes que celles que le prolétariat international rencontre un peu partout.

Pourquoi le rôle des agents de la bourgeoisie en milieu ouvrier, syndicats, partis de gauche, gauchistes, et leur action ne suffisent pas pour expliquer que la classe ouvrière n'arrive pas à ce jour à porter ses luttes au niveau requis par la situation (gravité de la crise capitaliste et des attaques) ? Alors que jamais dans l'histoire du capitalisme - nous pesons nos mots -, les conditions objectives n'ont autant favorisé l'évolution du rapport de forces entre les classes en faveur du prolétariat. Jamais dans l'histoire du capitalisme, la bourgeoisie a dû attaquer le prolétariat avec une telle force - nous n'en sommes qu'au début - et de manière aussi frontale, dans tous les pays et dans tous les secteurs, au même moment, alors que l'ensemble de la classe ouvrière – bien que subissant le matraquage mensonger incessant de l'idéologie bourgeoise - n'en reste pas moins loin d'adhérer aux grands thèmes nationalistes, démocratiques, anti-terroristes, anti-fascistes ou autres de cette idéologie.

Ces attaques frontales et massives ne font que commencer et vont même redoubler, non seulement parce que la crise économique est insoluble du point de vue capitaliste mais aussi justement parce que la bourgeoisie n'a d'autre choix que de pousser à ce que l'ensemble de la société se mobilise et s'engage dans une nouvelle guerre impérialiste généralisée. Cette autre « perspective historique », celle « offerte » par la bourgeoisie, implique avant même son déclenchement de nouveaux et plus terribles sacrifices. Or, à ce jour, et contrairement à 1914 et 1939, la classe ouvrière n'est pas non plus disposée à accepter et à adhérer à cette marche à la guerre généralisé. Pourquoi, alors que jamais les conditions historiques objectives (la faillite de plus en plus évidentes du capitalisme, l'affaiblissement historique de la classe dominante...) n'ont été aussi favorables, nous le répétons, pourquoi le prolétariat est-il encore incapable de mettre à profit cette situation pour tourner la situation en sa faveur ? Pourquoi alors que ses illusions sur le capitalisme et la démocratie bourgeoise sont en train de s'effondrer sous les coups des attaques des États bourgeois ? Qu'est-ce qui manque ? De quoi souffre-t-il ?

La faiblesse essentielle du prolétariat international - les luttes ouvrières en Grèce et maintenant en Espagne le manifestent -réside pour l'essentiel au niveau de sa conscience de classe, au niveau de l'étendue et de la profondeur de celle-ci dans ses rangs.Au moment où il retrouve, dans ses masses, la conscience qu'il est une seule et même classe, il continue à souffrir de l'impacténorme et en profondeur des campagnes anti-communistes qui ont surtout fait suite à l'effondrement du stalinisme et qui s'appuient sur l'assimilation mensongère du véritable communisme à la dictature stalinienne et à l'URSS. Depuis, avec ces campagnes sans cesse assénées, la bourgeoisie fait tout pour nous faire croire que le « communisme est mort » et surtout qu'il n'y aucune alternative au capitalisme.

Un fait est significatif et va au-delà de l'anecdote : les photos de la manifestation massive à Madrid montre une floraison de drapeaux régionalistes ou syndicaux mais pratiquement pas de drapeaux rouges - quelqu'en soit l'utilisation par les gauchistes. Cela est une illustration particulière du fait que la conscience, aussi diffuse et confuse puisse-t-elle être dans les rangs ouvriers, qu'une autre société est possible et qu'il faut donc détruire le capitalisme, est particulièrement réduite et en grande partie absente des mobilisations ouvrières. Cela a obligatoirement un impact négatif sur le développement (en extension, en unité et en profondeur) des combats ouvriers d'aujourd'hui. Sans cette perspective historique plus ou moins claire et présente dans la classe, la lutte du prolétariat ne peut se hisser à la hauteur que la situation exige d'elle. Sans perspective historique, elle est gravement affaiblie jusqu'au niveau même de ses luttes immédiates qui ont peu de chances de faire reculer la bourgeoisie, surtout aujourd'hui que le système capitaliste est en faillite. Car la nécessité de paralyser la bourgeoisie et son pouvoir d'État, c'est-à-dire de l'affronter politiquement et de lui disputer son pouvoir, perd de son fondement sans la conscience que le prolétariat est une classe destinée à renverser le capitalisme et à instaurer par l'exercice de son propre pouvoir la disparition des classes et l'avénement du communisme.

C'est toute la difficulté des combats de classe d'aujourd'hui et leur limite. Cette faiblesse s'exprime aussi clairement au niveau de son avant-garde politique et s'illustre particulièrement sur l'absence d'influence qu'exercent les minorités communistes existantes.
Certes, par définition, les groupes et organisations qui se réclament du communisme, se déterminent par rapport à cette perspective. Néanmoins, ils ont aussi souffert des campagnes anti-communistes post-1989. En particulier, l'opportunisme politique a exercé des ravages en leur sein comme le montre amplement, par exemple, la dérive politique catastrophique du CCI (Note 2)qui s'est ouvertement manifestée à partir de 2001. Le sectarisme qui, par ailleurs, continue à toucher les groupes existant et leur difficulté à assumer les tâches de confrontations et de débats politiques en vue de favoriser l'indispensable regroupement des forces en est une autre manifestation.

En ce sens, le fait que nombre d'éléments et cercles, souvent issus... du CCI, se fassent le relais des campagnes anti-communistes de la bourgeoisie en ajoutant leur pierre et leur « supposée » autorité en la matière pour avoir milité dans les rangs de la Gauche communiste durant des décennies, vient aussi participer d'affaiblir directement le camp communiste et ses organisations.

Tout ceci fait que les grandes masses prolétariennes, avec le soutien déterminé de leurs minorités les plus conscientes et les plus combatives que sont les groupes politiques communistes, se doivent de retrouver la perspective de la révolution prolétarienne et du communisme. Ce chemin passe par le retour aux générations ouvrières et communistes du passé ; pour l'ensemble du prolétariat international, par reprendre le chemin des combats ouvriers libérés des mensonges et des illusions démocratiques ; pour les minorités communistes organisées, outre leur intervention décidée dans les luttes ouvrières auxquelles elles peuvent participer, par la défense des expériences ouvrières du passé, et tout spécialement de la Révolution russe de 1917, de l'insurrection ouvrière, de l'exercice de la dictature prolétarienne ; et du parti bolchevique de Lénine que le bourgeoisie s'évertue à salir. Pour les grandes masses ouvrières, le retour dans les consciences de la perspective révolutionnaire armera et rendra plus efficace les combats immédiats lesquels, en retour, préciseront et renforceront de plus en plus cette perspective. De possible, ces combats feront d'elle une nécessité matérielle. Pour l'avant-garde politique, défendre le « programme communiste » au sein de la classe, c'est mettre en avant l'héritage du passé, c'est renouer les fils avec les générations précédentes de révolutionnaires. Cela favorisera leur confiance et leur détermination dans leur rôle dirigeant et dynamique d'avant-garde politique et ainsi ira dans lesens de leur rendre l'influence sur les grandes masses ouvrières qu'il leur revient.

« Il n'y a qu'une seule lutte de classe, visant à la fois à limiter les effets de l'exploitation capitaliste et à supprimer cette exploitation en même temps que la société bourgeoise » (Rosa Luxemburg, Grève de masses, parti et syndicats, 1906).

Août 2012.

Note 1 .L'intervention du CCI a brillé par son absence dans un premier temps, puis, après bien du retard, par son contenu digne de l'idéologie « indignée » etanarchisante du « il faut se changer soi-même » ! Voir l’encadré.
Note 2 Nous renvoyons le lecteur aux sommaires de nos bulletins et de ceux de l'ex-Fraction interne du CCI pour l'étude de cette dérive opportuniste catastrophique de cette organisation qui fut nôtre (www.fractioncommuniste.org).

jeudi 23 août 2012

« Mouvement Étudiant Révolutionnaire » : Mouvement petit-bourgeois réformiste


Cet article provient du supplément Québec au journal Le prolétaire d’août 2012, organe du Parti Communiste International.
Même si nous n’avons pas de liens et ne partageons pas toutes les positions politiques du Parti Communiste International, nous sommes totalement en accord avec le contenu de cet article.

Les Communistes Internationalistes-Klasbatalo ( CIK)
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Les maoïstes du Mouvement Étudiant Révolutionnaire (MER) aiment bien se présenter comme l’avant-garde révolutionnaire du mouvement étudiant; à l’issue de la mobilisation de ces derniers mois ils ont publié 5 « hypothèses » censées en tirer les leçons et les perspectives qu’elle ouvre pour « l’avenir des luttes de classes au Québec »(Note).

S’il le fallait, ce texte donne une nouvelle démonstration de la nature politiquement petite-bourgeoise de nos maoïstes. En effet la lutte des classes est évoquée dans la question disparaît dans les hypothèses, où l’on ne parle jamais de classe ouvrière ou de prolétariat; à sa place nous n’avons que le « peuple », les masses populaires ».

Prenant ses vessies pour des lanternes, le MER affirme que les derniers mois ont constitué « un inestimable acquis pour les masses populaires en termes d’expérience de lutte. La pratique politique des masses vient de connaître un bond prodigieux et accéléré. Les structures sociales et politiques n’ont pas bougé – pas encore –, mais le peuple, lui, en revanche, s’en trouve profondément marqué et transformé ». La mobilisation autour des luttes étudiantes et contre les mesures répressives du gouvernement ont été sans aucun doute d’une ampleur inédite, et cela s’explique par l’ampleur du malaise social, par la maturation des tensions entre les classes.

Mais pour les marxistes, ce qui ressort d’une analyse de la situation actuelle, ce n’est pas que la «pratique politique des masses» - concept cher à l’interclassisme maoïste – aurait connu un «bond prodigieux» avec les grandes manifestations pacifiques et démocratiques ; mais c’est l’énorme difficulté que connaît toujours la classe ouvrière à se mobiliser contre son adversaire de classe, c’est la faiblesse persistance des prolétaires à manifester leur solidarité avec leurs frères de classe en lutte contre les patrons : bref, c’est l’absence (d’ailleurs reconnue en passant et de façon désinvolte par le MER) encore aujourd’hui de la lutte prolétarienne de classe.

Et cette absence laisse toute latitude aux confusionnistes politiques comme le MER pour entraîner les prolétaires qui se mobilisent spontanément et individuellement, dans les impasses mortelles de l’interclassisme et du démocratisme réformistes. Le MER laisse entendre que «les structures sociales et politiquepourraient «bouger» à la suite des mobilisations en cours : il y aurait en effet un «important affaiblissement des institutions de pouvoir et des figures d’autorité de la bourgeoisie : le gouvernement, le parlement, les tribunaux, la police, les grands médias». On croît rêver : la police est-elle affaiblie ? Le parlement et tout le système électoral, l’idéologie et la praxis démocratiques bourgeoises ont-ils perdu leur influence ? L’État bougeois a-t-il le moins du monde été ébranlé ? Il n’en est évidemment rien !

Si le MER raconte de telles sottises, c’est qu’il veut faire passer la perte de popularité du gouvernement Charest pour un affaiblissement de la domination de classe de la bourgeoisie. La conclusion est logique : si le gouvernement est battu lors des prochaines élections, c’est la bourgeoisie qui sera battue ! Le MER a beau écrire que les élections sont une «mascarade pseudo-démocratique», il affirme cependant que «ces élections (…) seront l’occasion privilégiée de porter un coup supplémentaire ( !) aux institutions et à l’ordre bourgeois».

Les élections ne sont et ne seront jamais rien de tel. Non pas parce qu’elles ne seraient pas assez, ou pas vraiment démocratiques, mais parce que le mensonge démocratique sert précisément à renforcer l’ordre bourgeois en constituant l’antidote à la lutte de classe : voter est l’alternative que présente le système démocratique à l’entrée en lutte contre le système capitaliste. Il suffirait de changer par le vote les politiciens au pouvoir pour qu’il n’y ait plus «de parti pris du gouvernement pour la bourgeoisie», pour que les institutions se mettent à «bouger» en faveur des opprimés.

En réalité, on ne peut pas faire «bouger» ni «porter des coups» - et encore moins renverser – les «institutions de pouvoir» (i.e. l’État) bourgeois par des mobilisations pacifiques même imposantes, ni par des bulletins de vote comme veulent le faire croire tous les démocrates, mais seulement par la lutte révolutionnaire, par l’insurrection armée ! L’État bourgeois est l’appareil de la domination de classe de la bourgeoisie, qui ne peut pas changer de nature par des réformes graduelles, mais qui doit être renversé et brisé par la révolution  pour céder la place à l’appareil de domination du prolétariat indispensable pour déraciner le capitalisme.

Mais cette fable est utile au MER pour qu’il puisse présenter, à l’occasion des prochaines élections, son utopie réformiste d’un «projet d’un véritable pouvoir populaire».

À cette fumeuse perspective, le marxisme a opposé depuis qu’il existe la seule solution révolutionnaire : la constitution du prolétariat en classe donc en parti, sa constitution en classe dominante par la prise du pouvoir et l’extension de la révolution à tous les pays !



Note :Toutes les citations qui suivent sont tirées de : « Les fruits du primtemps 2012 : 5 hypothèses sur la crise sociale au Québec » cf http://www.mer-pcr.com/2012/06/les-fruits-du-printemps-2012-5.html

mardi 17 juillet 2012


Les mineurs des Asturies (Espagne) refusent les règles capitalistes. Comme en Grèce, ces prolétaires n'hésitent pas à affronter les policiers, ces défenseurs de l'état bourgeois.

Videos:  Affrontement entre mineurs et policiers
Espagne, les mineurs résistent
Voir aussi un article de nos camarades de la Fraction de la Gauche Communiste Internationale

vendredi 8 juin 2012

Grève générale ou cirque électoral

La lutte étudiante contre les frais de scolarité a pris un nouveau tournant avec l’adoption de la loi matraque 78. Rappelons qu’avant d’être dirigée contre le mouvement étudiant, cette loi est surtout  dirigée contre la classe ouvrière et vise toute manifestation de plus de 50 personnes avec de fortes amendes. Ce sont les forces policières qui doivent décider si oui ou non, la manifestation sera légale ou pas, s’ils accepteront l’itinéraire ou non. Cette loi ne s’attaque pas seulement aux étudiants mais à l’ensemble des prolétaires. Cette loi est le résultat de la démocratie bourgeoise et elle n’est pas unique au Québec. Face au capitalisme en crise, plusieurs démocraties ont passé ou passent des lois semblables. En 2001, sous prétexte de lutte contre le terrorisme, plusieurs états ont passé des lois antiterroristes qui, dans la pratique, s’attaquent aux luttes des prolétaires. En 2005, les ouvriers du métro de New-York en grève ont fait face à des accusations d’actes de terrorisme. Récemment une dizaine d’étudiants et d’étudiantes de Montréal ont été accusés dans le cadre d’une loi semblable votée par le gouvernement fédéral en 2001.

La lutte contre la hausse des frais de scolarité prend aussi de l’expansion ailleurs au Canada. Des étudiants ont déjà entrepris des actions à Ottawa et à Toronto, et d'autres groupes répartis à travers plusieurs provinces s'apprêteraient à se joindre à leur cause.  Une journée d'actions a été tenu le 5 juin,  à Toronto, de même que dans d'autres villes ontariennes. Des étudiants de Colombie-Britannique ont eux aussi témoigné de leur solidarité avec ceux du Québec en condamnant la loi 78. Des manifestations de soutien contre la loi 78 ont  eu lieu à Ottawa, Toronto, Paris, Cannes, New-York, Londres et au Chili. La lutte n’est plus seulement contre la hausse des frais de scolarité. Depuis le 21 mai, des prolétaires, chômeurs, chômeuses, étudiants et étudiantes et retraités frappent sur des casseroles à 20h tous les soirs et un très grand nombre vont jusqu’à manifester dans la rue, pour montrer leur ras-le-bol de la loi 78, des arrestations massives, de la violence policière, du gouvernement corrompu et des politiques d’austérité On ne compte plus le nombre de villes et villages qui ont participé à ces soirées des casseroles et cela s’étend aux autres provinces canadiennes. Cette lutte s’inscrit dans une lutte internationale contre le capitalisme en crise. Elle rejoint les prolétaires de Grèce, d’Espagne, du Portugal, de la Chine, de l’Inde, de la France, du Royaume-Uni, des Etats-Unis et ailleurs dans le monde.

Même si les manifestations de casseroles ont pour but de montrer de l’indignation face aux politiques de l’État, on peut s’interroger sur son résultat. Le ministre des finances Raymond Bachand, quant à lui, s’est réjoui de ces manifestations comme un moyen créatif et festif de faire entendre son opinion sans nuire à l’image touristique de la métropole. C’est ce qu’il a exprimé devant une conférence d’hommes et de femmes d’affaires à Montréal. Comme ailleurs dans le monde la bourgeoisie tente de détourner les luttes en incitant les prolétaires à voter lors de prochaines élections dans 6 mois, un an, deux ans. C’est ce qui tient le plus à cœur aux syndicats et à tous les partis politiques : Québec Solidaire, Parti Québécois, Libéraux, CAQ et autres, le détournement des actions  vers le cirque électoral. Les élections ne représentent pas du tout  une expression de la «volonté populaire».  La politique des partis qui se font élire est déterminée par les intérêts des grandes entreprises capitalistes dont l’État bourgeois est un serviteur. Les élections sont inutiles pour le prolétariat. C’est un terrain où il n’a aucune véritable place sauf lorsque vient le temps de tracer un X à tous les quatre ans pour mettre au pouvoir des bourgeois du même genre, comme les Charest, Marois, David, Khadir, Legault, etc. Elles lui font croire que son bulletin de vote peut contribuer à faire «changer les choses». Elles font perdurer les illusions démocratiques, selon lesquelles tous les «citoyens» sont égaux et l’Etat est neutre.

Les libéraux et la CAQ sont connus pour être ouvertement au service des grandes entreprises capitalistes. D’autres sont plus vicieux, c’est le cas des nationalistes du Parti Québécois et de Québec Solidaire. Ils dénoncent les politiques de droite que les libéraux mettent en vigueur et sa loi matraque 78. Ils insistent  sur le fait que les orientations du gouvernement iraient à «l’encontre de valeurs  communes ». Il n’y a pas de valeurs communes. C’est un langage typiquement petit-bourgeois et nationaliste qui ne fait aucune mention de la classe ouvrière et de la lutte des classes et qui propage les illusions d’un capitalisme « à visage humain ». Le capitalisme est en faillite et pour survivre, il poursuit les mêmes attaques partout : hausse des prix de l’énergie, attaque contre les régimes de retraite, hausse des frais de scolarité, nouvelles taxes, coupures de milliers d’emplois dans le secteur public, coupures des prestations de chômage et fermetures massives d’usine.

La force de la classe ouvrière dont l’exploitation fait vivre toute la société bourgeoise, est dans son action collective, menée et organisée sur des bases de classe. Seul le prolétariat en résistant et en allant jusqu’à l’abolition de ce système pourri pourra changer la société. Il y a des luttes de prolétaires en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Chine, en Inde, en France, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, au Chili et ailleurs dans le monde qui forcent les fractions de la bourgeoisie à s’unir contre la classe ouvrière. Ce sont des centaines et des centaines de milliers de manifestants dans les pays du monde qui refusent ces mesures d’austérité. Les médias menteurs censurent les luttes contre ces mesures dans le monde pour empêcher une solidarité internationale. La lutte des étudiants et des prolétaires québécois n’est pas isolée.

Prolétaires, chômeurs, chômeuses, étudiants et étudiantes, retraités, nous devons cesser  de suivre nos faux amis des organisations syndicales et les politiciens comme ceux de QS qui veulent réformer le capitalisme. Cessons de quêter auprès de l’État bourgeois par des pétitions et des votes. Il faut prendre le contrôle des luttes à leur place. Sinon ils détourneront nos luttes vers le cirque parlementaire ou la négociation de notre exploitation.

Une grève générale, c'est ce qu'il faut faire en élargissant les luttes au plus grand nombre en prenant exemple sur nos frères et sœurs, les prolétaires grecs et espagnols. Les prolétaires de Grèce et d’Espagne nous donnent l’exemple en s’unissant de plus en plus largement malgré le nationalisme et le corporatisme des syndicats, en rejetant les politiciens et en s’attaquant à toute la machine de l’État bourgeois. Par exemple, les prolétaires grecs ont assiégé le parlement qui approuvait les mesures demandées par les capitalistes européens. Les capitalistes sont responsables de cette crise. Ce n’est pas à la classe ouvrière à payer. Un seul mot d’ordre, rejoindre les prolétaires grecs et espagnols par la grève générale.         

Oui à la grève générale ! Non au cirque électoral !

Pour mettre fin à ce système barbare, il nous faut une autre société. Une société qui soit centrée sur la production en vue de satisfaire les besoins humains réels plutôt qu’une société centrée sur la production de profits. Une société où les moyens de production et de distribution seraient à la portée de tous, socialisés, sans exploiteur pour en tenir les rênes et s’accaparer les richesses produites socialement. Un monde où l’environnement ne serait plus vu comme un immense parc à profits – à piller et ruiner – comme c’est le cas présentement par la classe capitaliste. Un monde basé sur la participation de tous et toutes, qui pourraient s’exprimer grâce à de nouveaux organismes de coordination, de production, et de distribution ; grâce à un système de délégation élue et révocable en tout temps et représentant l’ensemble de la société. Pour ce faire, il est impératif de renverser l’État bourgeois basé sur la démocratie parlementaire, véritable artifice pour asseoir et maintenir la domination de la classe capitaliste. C’est au prolétariat, guidé par son parti de classe, de prendre le pouvoir en chassant la classe qui l’exploite ; en détruisant son État et en établissant ses propres organes. Seule la classe ouvrière dans sa totalité, à travers ses propres organes autonomes, par exemple les conseils ouvriers, peut instituer une nouvelle société sans classe ni État. Cette tâche ne peut être déléguée, même pas au Parti de classe le plus conscient.

Communistes Internationalistes Klasbatalo                                                               Printemps Érable 2012    
cim_icm@yahoo.com