lundi 10 décembre 2007

Une bière pour les précaires !

Le 6 décembre [2007] au bar petit Medley, l’Alliance des profs de Montréal invitait les enseignantes et les enseignants précaires à prendre deux consommations aux frais de l’Alliance. Cette bande d’hypocrites va payer, bien entendu, avec les cotisations syndicales des précaires.

Je suis toujours étonné de voir à quel niveau de créativité cette organisation de collaboration patronale, le syndicat, en arrive à démobiliser les profs, à leur faire accepter l’inacceptable.

Depuis longtemps les syndicats nous saoûlent de slogans ineptes, mais maintenant l’Alliance va pousser le cynisme jusqu’à saoûler des précaires.

À cent lieues de mobiliser l’ensemble des profs, je dis bien l’ensemble des profs contre la précarité, le syndicat les cantonne dans un comité de précaires. Le syndicat gère même la précarité par la convention collective. Comme je l’écrivais dans la brochure Témoignage d’un ex-syndicaliste en colère :

« … le syndicat et le patron s’entendent aujourd’hui pour créer des conditions d’embauche discriminatoires. Par exemple, présentement il y a des profs permanents, des précaires avec une liste d’ancienneté, des précaires sans liste d’ancienneté, sans compter le nombre d’enseignantes et enseignants libérés pour des activités syndicales. Ce sont des ententes qui se font par l’intermédiaire de la CSQ ou de l’Alliance. »

Et plus loin j’écrivais que les syndicats

« … sont des organismes incapables de freiner la précarisation du travail et la détérioration des conditions de vie qu’entraîne le capitalisme à l’échelle mondiale.»

La « nouvelle » Alliance des dissidents de la CSQ s’avère tout aussi pourrie que la CSQ.

Nous entendrons encore les syndicalistes nous répéter ad nauseam que c’est une question de budget, la disparition de la précarité. C’est aussi leur argument pour refuser de demander des maximums d’élèves par classe (ratios) à l’éducation des adultes. Ces organisations font tout pour saboter le rapport de force vis-à-vis du patronat. Ainsi il nous faudra bien un jour mettre les syndicats dans une bière : leur dernière!

La lutte contre la précarité est légitime, mais est-elle suffisante pour faire reculer les patrons ?

Pour que cette lutte soit efficace, les travailleuses et les travailleurs, précaires ou non, se doivent d'abord d'imposer un rapport de force au patronat ; et, pour cela, il leur est nécessaire de multiplier leurs luttes, de les étendre, au moyen de délégations massives, à d'autres commissions scolaires, à d’autres entreprises et secteurs, et de tout faire pour les unifier.

Entreprendre cela exige que les travailleuses et les travailleurs prennent eux-mêmes en main leurs luttes, à travers des assemblées générales souveraines et des comités de grève élus et révocables à tout instant, et ne s'en remettent plus aux syndicats qui ne sont plus, depuis longtemps, des organismes de défense des intérêts des travailleuses et des travailleurs. Bien au contraire ! C'est le chemin que doit nécessairement prendre le prolétariat pour défendre aujourd'hui efficacement ses intérêts immédiats et repousser les attaques répétées du capital.

Des Communistes Internationalistes, Montréal Décembre 2007

mardi 4 décembre 2007

Contre la charité bourgeoise

Au mois de Décembre 1997, une action musclée avait été entreprise afin de dénoncer la misère et la barbarie que perpétue le capitalisme dans sa globalité. Le Comité des Sans-Emploi (CSE), non content – et avec raison – des organismes charitables liés au capitalisme qui sont censés aider le prolétariat dans le besoin, avait mis sur pied un commando pour réquisitionner la nourriture du chic resto de l’hôtel tout aussi chic Reine Élizabeth, un restaurant où s’entassent généralement les privilégiés de la société bourgeoise pour s’empiffrer de nourritures fastes et dispendieuses. Ce commando-bouffe attaquait par le fait-même la bourgeoisie sur son terrain en défiant la légalité de son appareil répressif. Pendant que des vedettes québécoises jouaient aux clowns en faisant sonner les cloches de la guignolée pour ramasser des fonds en vue d’offrir un Noël plus festif aux milliers de prolos miséreux du Québec, une centaine d’individus pénétraient le Reine-Élizabeth pour se réapproprier son buffet.

Aujourd’hui, 10 ans plus tard, la situation n’a guère changé pour ceux et celles qui sont dans la dèche. D’ailleurs, elle ne changera pas de sitôt si notre classe ne s’organise pas pour mettre fin à ce système cannibaliste que représente le capitalisme. Notre classe, c’est le prolétariat, la classe qui produit la richesse profitant à une autre classe – la bourgeoisie – qui s’accapare ces richesses par tout un tas de lois et réglementations soi-disant légitimes qu’elle a mises sur pied à travers son État. Pendant qu’une poignée d’individus se vautrent dans une richesse absolument indécente, partout sur le globe, la majorité des êtres humains sont privés d’eau, de nourritures sommaires, de toits pour s’abriter…

La charité, un concept tout-à-fait propre à la bourgeoisie, n’éliminera jamais le problème des inégalités sociales et de la pauvreté. En fait, les organisations charitables ont d’abord été conçues par la bourgeoisie afin « d’humaniser » son système barbare de rapine organisée pour à la fois donner bonne conscience à sa classe, à la fois pour laisser croire que sa soi-disant ambition libérale de répartition des richesses est à l’ordre du jour, et à la fois – et surtout – pour lancer des miettes aux plus démunis de notre classe à la seule fin que nous nous tenions tranquilles en nous contentant du sort que nous devons subir chaque heure du jour. L’action entreprise par le CSE pose donc pertinemment la question de la légitimité d’un système basé sur la production de profits aux seuls bénéfices d’une bourgeoisie qui se dispute les richesses mondiales : des disputes qui trouvent la plupart du temps leurs expressions dans des guerres sanguinaires où meure encore le prolétariat en ligne de front!

Car le capitalisme c’est une guerre permanente! D’abord, une guerre entre les classes qui composent ce système. Partout, la bourgeoisie attaque le prolétariat en coupant les services sociaux, en le démobilisant, en réduisant ses fonds de retraite, quand on ne parle pas directement des réductions de la masse salariale. À ce titre, la bourgeoisie est unie contre le prolétariat partout sur la planète. Ensuite, le capitalisme c’est une guerre anthropophage à l’intérieur même de la bourgeoisie qui rivalise avec elle-même pour s’accaparer de nouveaux marchés, se disputer les anciens, et s’entre-piller les ressources naturelles mondiales.

Non, le capitalisme n’a guère évolué vers un mieux-être depuis la Première Guerre mondiale, quoiqu’en disent ses partisans : son cycle de crise / guerre / reconstruction (cycle qui permet de redémarrer son économie embourbée) n’a pas du tout été endigué après 1945. Bien au contraire, la multiplication d’affrontements impérialistes locaux s’est poursuivie pendant la guerre froide, faisant encore plus de morts que jamais, et laissant planer une menace encore plus grande de destruction globale à coups de nucléaire. Qui plus est, depuis la décomposition du Bloc de l’Est en 1991 et la fin de l’équilibre des pouvoirs, les grandes puissances ont vu de nouvelles perspectives s’ouvrir à l’horizon et le champ est de nouveau libre pour le repartage des richesses du globe.

Des actions comme celles entreprises par le CSE en 1997 sont des plus légitimes mais ne vont malheureusement nulle part. Dix ans plus tard, ce type d’action n’a pas fait progresser d’un iota le niveau de conscience de classe des sans emplois en général, et du Comité des Sans-Emploi en particulier; la preuve en est cette action commémorative du commando-bouffe. Pour réellement renverser la bourgeoisie et instaurer la dictature du prolétariat articulée par les conseils ouvriers, il est nécessaire de mettre en place une organisation capable de rassembler l’ensemble des travailleurs et des travailleuses. Un parti de classe internationaliste et antistalinien doit s’élaborer maintenant pour que le prolétariat puisse unifier efficacement sa lutte contre l’exploiteur. D’usines en usines, d’entreprises en entreprises, les grèves doivent s’étendre à tous les secteurs de la production en mettant de côté les syndicats qui n’ont, depuis longtemps, plus les mêmes intérêts que ceux de notre classe. C’est une dictature du prolétariat basée sur les soviets et conseils ouvriers qui doit émerger contre la bourgeoisie; une dictature complètement opposée aux dictatures de parti, au parlementarisme, et au légalisme bourgeois! Que le prolétariat prenne en main aujourd’hui les rênes de son destin en mettant sur pied son parti de classe pour que sa propre conscience émerge plus affûtée que jamais dans la lutte qu’il mène depuis toujours contre la classe qui l’exploite! Pas de compromis avec la bourgeoisie! Prolétaires, à votre parti, à la Révolution!

Des Communistes Internationalistes, Montréal 4 Décembre 2007

cim_icm@yahoo.com

mardi 27 novembre 2007

Un accommodement irraisonnable : le capitalisme

Depuis quelques mois, la presse et les médias de la bourgeoisie ont lancé une vaste campagne pour chercher à diviser les ouvriers immigrés, les ouvriers québécois et les ouvriers autochtones. Le prétexte : des accommodements raisonnables pour les communautés juives et musulmanes. Par exemple même si aucune organisation religieuse islamique n’a demandé le port du voile lors du vote, les médias ne cessent d’en parler. Tout ce débat diviseur veut nous faire oublier que le vote est complètement inutile pour les prolétaires quelle soit leur origine. Chez les politiciens, cela a culminé par la création de la commission Bouchard-Taylor qui doit faire le tour du Québec. Tous, bourgeois, petit-bourgeois et ouvriers sont invités comme « citoyens » à donner leur opinion. Cette campagne vise à alimenter les pires idéologies bourgeoises tel le racisme, la xénophobie, le nationalisme, le "chacun pour soi". La classe des capitalistes ne vise qu'un seul but : empêcher le prolétariat d'affirmer sa solidarité et son unité de classe internationales. En tentant de faire croire que les prolétaires québécois auraient quelque chose à sauvegarder, à défendre contre tous les immigrants venus de pays arabes ou d'ailleurs, tout ce battage médiatique s'efforce de leur faire oublier que la situation d'immigrés(voir note) fait partie de l'être-même de la classe ouvrière, de la misère de sa propre condition de classe exploitée.

Nous avons même entendu la « châtelaine », Pauline Marois, nous parler du « Nous identitaire » des nationalistes. Ce « Nous identitaire » , c’est le droit de se faire exploiter par des hommes et femmes d’affaires d’ici. Les élites bourgeoises empêcheront toujours une véritable solidarité ouvrière qui doit dépasser les nationalités. La "croyance" envers l'Etat bourgeois "laïc" comme ultime juge de paix et de cohésion sociales, c’est de la foutaise toute juste bonne pour les syndicats. Car, derrière tout ce débat sur les accommodements raisonnables c’est la défense de la « laïcité » qui est en fait la défense de l'Etat bourgeois et de sa démocratie qui est mise en avant.

Il n'est nullement dans les desseins du gouvernement de réduire l’importance des religions mais il vise au contraire à les renforcer : c'est ainsi que c'est sous la houlette de l'Etat "laïc"que nous verrons fleurir à l’automne 2008 des cours sur toutes les religions dans les écoles. Les religions seront toujours l’opium du peuple.

Face à la misère et à la barbarie de ce monde en pleine putréfaction, il n'y a qu'une seule perspective pour la classe ouvrière : rejeter fermement la logique de la concurrence et du "chacun pour soi" de ses propres exploiteurs. Quelles que soient son origine, sa langue, sa couleur de peau, sa religion, le prolétariat n'a aucun intérêt commun avec le capital national. Ses intérêts, il ne pourra réellement les défendre qu'en développant partout sa solidarité de classe internationale, en refusant de se laisser diviser entre ouvriers immigrés, canadiens, québécois et autochtones.

Seule l'affirmation de ses intérêts communs, dans la lutte, permettra au prolétariat de rassembler toutes ses forces, de s'affirmer comme classe mondiale solidaire et unie, pour abattre le Moloch capitaliste avant qu'il ne détruise toute la planète.

Des communistes internationalistes de Montréal automne 2007

Note : De 1840 à 1930, 900 000 canadiens français émigrent aux USA. Il est effarant de lire le rapport raciste d’un fonctionnaire américain:

« À quelques exceptions près, les canadien-français sont les Chinois des État-Unis. Ils ne portent aucun intérêt à nos institutions civiles et politiques ou à notre système d’éducation. Ils ne viennent pas ici pour s’établir parmi nous, ou pour acquérir le statut de citoyen et donc pour s’intégrer à nous, mais plutôt pour séjourner ici quelques années comme des étrangers... ils sont des ouvriers infatigables et dociles… Gagner autant que possible indifféremment du nombre d’heures de travail, vivre dans le plus grand dénuement afin d’éviter le plus possible la dépense et afin de grossir leurs économies et de les sortir du pays une fois accumulées ; voilà en somme le but des canadiens-français qui habitent nos régions industrielles. »

Massachusetts Report on statistics of labor Boston 13 th 1882

mardi 20 novembre 2007

MISÈRE + BARBARIE = CAPITALISME

Aujourd'hui, partout dans le monde, le capitalisme en crise multiplie des plans de gestion économique qui se traduisent par des fermetures d'usines, des mesures de licenciements massifs, par des baisses de salaires pour ceux qui conservent leur emploi et par des attaques insupportables sur les retraites, donc par plus de misère pour le prolétariat ; sans parler des 2/3 de l'humanité que ce système maintient et laisse mourir dans la famine. Aujourd'hui, ici et là de par le monde, ce même capitalisme répand la barbarie sous toutes les formes possibles et imaginables : multiplication des guerres et des foyers de tensions, propagation des actes de terrorisme sauvages et massifs - sans oublier les catastrophes dites "écologiques" de plus en plus nombreuses - occasionnant, tous les jours, des milliers de morts et de mutilés.

La classe dominante, relayée par ses médias aux ordres, s'évertue à justifier toutes ses politiques anti-ouvrières par les prétendues "nécessités impératives" d'une "mondialisation" idéologiquement fabriquée, de même qu'elle cherche à se dédouaner des atrocités quotidiennes qu'engendre son système en nous offrant en pâture des boucs-émissaires locaux et de peu d'envergure ou en incriminant la fatalité et le "pas de chance".

TOUT CE QUE LA BOURGEOISIE NOUS RACONTE N'EST QUE MENSONGE OU DÉFORMATION DE LA RÉALITÉ !

Ce qu'elle recherche par là, c'est défendre au mieux ses intérêts sordides par une exploitation accrue du prolétariat et par le redoublement des massacres d'êtres humains, s'il le faut et autant qu'il le faut.

Voilà près d'un siècle, la grande révolutionnaire Rosa Luxemburg mettait en avant très clairement cette réalité du système capitaliste et de la classe qui s'en repaît, quand elle disait s'adressant aux ouvriers de l'époque :

"Les affaires fructifient sur des ruines. Des villes se métamorphosent en monceaux de décombres, des villages en cimetières, des régions entières en déserts, des populations entières en troupes de mendiants, des églises en écuries.(...) Souillée, déshonorée, pataugeant dans le sang, couverte de crasse ; voilà comment se présente la société bourgeoise, voilà ce qu'elle est. Ce n'est pas lorsque, bien léchée et bien honnête, elle se donne les dehors de la culture et de la philosophie, de la morale et de l'ordre, de la paix et du droit, c'est quand elle ressemble à une bête fauve, quand elle danse le sabbat de l'anarchie, quand elle souffle la peste sur la civilisation et l'humanité qu'elle se montre toute nue, telle qu'elle est vraiment."

C'EST CETTE MÊME RÉALITÉ DU CAPITALISME QUE LA CLASSE OUVRIÈRE D'AUJOURD'HUI DOIT REGARDER BIEN EN FACE !

LE CAPITALISME GÉNÈRE LA MISÈRE

La réalité c'est que le capitalisme est, contrairement à ce qu'on veut nous faire croire, un système historiquement en bout de course, un système décadent, en faillite qui, depuis près de 40 ans, vit une période de crise économique ouverte marquée par des soubresauts violents, aux conséquences terribles pour la classe ouvrière. Sur les seules 20 dernières années, il y a eu le krach de 1987 sur les marchés d'actions, puis en 1990 celui des caisses d'épargne américaines (Savings and Loans), en 1994 celui du marché obligataire US, en 1997 et 1998 les crises financières qui ont touché des pays comme la Thaïlande, la Corée et Hong Kong puis la Russie et le Brésil, et enfin il y a eu l'éclatement de la bulle dite "d'Internet" en 2001-2003. Depuis quelques mois, c'est à une nouvelle et terrifiante secousse qu'on assiste, secousse qui se manifeste au niveau financier par l'éclatement de la bulle immobilière et par la faillite en cascade de nombreuses et importantes banques de prêts hypothécaires, avec d'épouvantables répercussions économiques et sociales (selon un éminent représentant de la bourgeoisie : "Le pire de la crise financière est devant nous."). Aujourd'hui, cette secousse s'accompagne d'une activation de la guerre commerciale que se livrent notamment les grandes puissances capitalistes qui se manifeste, entre autres, dans la rivalité entre le dollar et l'euro et dans la flambée du prix du pétrole. C'est tout cela que la classe dominante cherche à minimiser mais qu'elle fait déjà lourdement payer au prolétariat.

LE CAPITALISME, C'EST TOUJOURS PLUS DE BARBARIE

La réalité c'est que le capitalisme est surtout le système le plus barbare que l'humanité ait jamais connu. Depuis un siècle, il a multiplié les conflits partout sur la planète, allant jusqu'à faire subir deux guerres mondiales à l'humanité. Et depuis la fin de la 2ème conflagration, contrairement à l'image pacifique mensongère qu'essaie de donner la bourgeoisie de son système, aucune génération de prolétaires n'a connu le monde capitaliste sans affrontements guerriers ici ou là. En ce moment-même, l'Afghanistan, l'Irak, la corne de l'Afrique (Ethiopie, Somalie, Soudan, Darfour) et d'autres coins de la planète (que les médias bourgeois méprisent) sont à feu et à sang ; des bruits de bottes angoissants se font entendre à la frontière entre la Turquie et l'Irak (100 000 soldats turcs y sont massés), autour de l'Iran, dans l'ex-Yougoslavie autour du Kosovo et dans plusieurs pays du Caucase ; sans oublier les nombreux foyers de tensions, momentanément refroidis, qui ne demandent qu'à se réchauffer (Moyen-Orient).

Et dans toutes ses tensions guerrières, on retrouve les grandes puissances capitalistes (USA, Allemagne, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine...), que ce soit sur le devant de la scène et parées d'un hypocrite drapeau de "forces de la paix", ou dans les coulisses pour tirer les ficelles et fournir les engins de mort (depuis 2006, la course aux armements a battu les records qui avaient été atteint au moment de la "guerre froide"). Une chose est sûre : les "grands" sont les principaux responsables des massacres et destructions qui ravagent le monde.

Dans ce monde dominé par le capital, ils sont aussi les principaux responsables des tempêtes futures qui menacent. Du fait des rivalités majeures qui les opposent et qui s'affirment de plus en plus ouvertement, et surtout du fait de la logique du capitalisme aujourd'hui frappé par une crise mortelle, c'est à des affrontements majeurs qu'ils se préparent (Cf. la multiplication des tractations et autres rencontres officielles ou secrètes - où se font les plus abjects marchandages et où les pressions de toutes natures s'expriment - en vue de former des alliances et, à terme, des blocs impérialistes), c'est une nouvelle guerre mondiale qu'ils veulent imposer à l'humanité.

LE PROLÉTARIAT A LA SOLUTION ENTRE SES MAINS

Contre les politiques anti-ouvrières qui s'abattent partout et s'aggravent sans cesse du fait de la crise économique, le prolétariat est loin d'être sans riposte.

Pour ne prendre des exemples que durant ces derniers mois, citons, entre autres, le grand mouvement social qui, jusqu'au printemps, embrasait toute la ville d’Oaxaca (Mexique) et sa région, et qui menaçait de gagner d'autres parties du pays ; citons, à la fin de l'été, la grève illégale des 27000 ouvriers du textile en Egypte pour des augmentations de salaires (40% obtenus), celle des 73000 ouvriers de la General Motors aux USA, pour les salaires, la sécurité sociale et la retraite ; citons aussi les durs combats menés par les mineurs du cuivre au Chili (38 jours de grèves cet été) et par ceux du charbon au Pérou, pour les salaires ; citons enfin, en juillet dernier, les ouvriers des bus, en Iran, en grève pour les salaires et de meilleures conditions de travail.

Le prolétariat européen n'est pas en reste, notamment (mais pas seulement) dans le secteur des transports : en Allemagne, grèves à répétition des cheminots malgré le fait qu'elles aient été déclarées "illégales" et "interdites" par les tribunaux ; en France, grèves des cheminots et dans les transports publics (RATP) pour les retraites, et à Air France pour les salaires... Ainsi, c'est avec une grande détermination - et souvent avec un immense courage - que s'expriment, un peu partout, le mécontentement et la colère ouvrières. Ces luttes signifient clairement que la classe ouvrière n'est pas prête à accepter les sacrifices toujours plus importants que les capitalistes et leur État cherchent à lui imposer.

Ces luttes sont légitimes, mais sont-elles suffisantes pour faire reculer les exploiteurs ?

Pour que son combat soit efficace, la classe ouvrière se doit d'abord d'imposer un rapport de force à la bourgeoisie ; et, pour cela, il lui est nécessaire de multiplier ses luttes, de les étendre, au moyen de délégations massives, à d'autres usines, entreprises et secteurs, et de tout faire pour les unifier.

Entreprendre cela exige que les ouvriers prennent eux-mêmes en mains leurs luttes, à travers des assemblées générales souveraines et des comités de grève élus et révocables à tout instant, et ne s'en remettent plus aux syndicats qui ne sont plus, depuis longtemps, des organismes de défense des intérêts ouvriers. Bien au contraire ! C'est le chemin que doit nécessairement prendre le prolétariat pour défendre aujourd'hui efficacement ses intérêts immédiats et repousser les attaques répétées du capital. Mais c'est aussi le chemin qui lui permettra demain - par le développement de son combat et parce qu'elle est la classe révolutionnaire - de "partir à l'assaut du ciel" et de mettre à bas ce système qui, sans cela, ne peut mener l'humanité qu'à une nouvelle (et sûrement dernière) guerre mondiale.

DÉVELOPPONS ET UNIFIONS NOS LUTTES CONTRE LE CAPITALISME,

CONTRE SA LOGIQUE DE MISÈRE ET DE MORT
FRACTION INTERNE DU CCI (Mexique et France)

Des Communistes Internationalistes, Montréal (Canada)

Consultez le site de la FICC: http://bcommuniste.ifastnet.com Courriel des CIM : cim_icm@yahoo.com

mardi 9 octobre 2007

Pologne, août 1980: le prolétariat refaisait l'expérience de la grève de masse

Nous publions ce texte du « vieux CCI » parce qu’il montre bien ce que peut faire la classe ouvrière quand elle défend ses intérêts indépendamment des syndicats mais aussi comment sa lutte peut-être sabotée par les syndicats avec leurs experts négociateurs. En Pologne, les syndicats « indépendants » ont mis au second plan les revendications ouvrières de niveaux économiques et politiques pour suivre la vieille tactique « démocratique » : défense des syndicats au lieu des intérêts des ouvriers. Cela nous rappelle aussi des luttes comme, en 75, celle des ouvriers d’United Aircraft (Pratt & Whitney) que la bureaucratie syndicale de la FTQ a réduit à la reconnaissance légale du syndicat.

Des communistes internationalistes, Montréal

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Il y a vingt-cinq ans, durant l'été 1980, la classe ouvrière en Pologne mettait le monde en haleine. Un gigantesque mouvement de grève s'étendait dans le pays : plusieurs centaines de milliers d'ouvriers se mettaient en grève sauvage dans différentes villes, faisant trembler la classe dominante en Pologne comme dans d'autres pays.

POLOGNE, AOUT 1980 : le prolétariat refaisait l'expérience de la grève de masse

QUE S'EST-IL PASSÉ ?

Suite à l'annonce de l'augmentation des prix de la viande, les ouvriers réagissent dans de nombreuses usines par des grèves spontanées. Le premier juillet, les ouvriers de Tczew près de Gdansk et à Ursus dans la banlieue de Varsovie se mettent en grève. À Ursus, des assemblées générales se tiennent, un comité de grève est élu et des revendications communes sont mises en avant. Durant les jours suivants, les grèves continuent à s'étendre : Varsovie, Lodz, Gdansk, etc. Le gouvernement tente d'empêcher une plus grande extension du mouvement en faisant de rapides concessions telles des augmentations de salaires. Mi-juillet, les ouvriers de Lublin, un important carrefour ferroviaire, se mettent en grève. Lublin était située sur la ligne de train qui relie la Russie à l'Allemagne de l'Est. En 1980, c'était une ligne vitale pour le ravitaillement des troupes russes en Allemagne de l'Est. Les revendications des ouvriers sont les suivantes : pas de répression contre les ouvriers en grève, retrait de la police hors des usines, augmentation des salaires et élections libres de syndicats.

CE QUI A FAIT LA FORCE DES OUVRIERS...

Les ouvriers avaient tiré les leçons des luttes de 1970 et de 1976 (1). Ils voyaient clairement que l'appareil syndical officiel était du côté de l'Etat stalinien et du côté du gouvernement chaque fois qu'ils avançaient des revendications. C'est pourquoi ils prennent directement l'initiative dans les grèves de masse de 1980. N'attendant aucune instruction venant d'en haut, ils marchaient ensemble, tenaient des assemblées afin de décider eux-mêmes du lieu et du moment de leurs luttes. C'est ce qu'on a vu le plus clairement à Gdansk, Gdynia et Sopot, c'est-à-dire la ceinture industrielle de la mer Baltique. Les seuls chantiers navals Lénine de Gdansk comptaient 20 000 ouvriers. Des revendications communes étaient mises en avant dans des assemblées de masse. Un comité de grève fut formé. Au début, les revendications économiques étaient au premier plan.

Les ouvriers étaient déterminés. Ils ne voulaient pas une répétition de l'écrasement sanglant de la lutte comme en 1970 et 1976. Dans un centre industriel tel que celui de Gdansk-Gdynia-Sopot, il était évident que tous les ouvriers devaient s'unir pour faire en sorte que le rapport de force soit en leur faveur. Un comité de grève inter-usines (MKS) fut constitué ; il était formé de 400 membres, de deux délégués par entreprise. Durant la seconde moitié d'août, quelque 800 à 1000 délégués se réunissaient. En formant un comité de grève inter-usines, l'habituelle dispersion des forces était dépassée. À présent, les ouvriers pouvaient faire face au capital de façon unie. Chaque jour des assemblées générales se tenaient aux chantiers navals Lénine. Des haut-parleurs avaient été installés pour permettre à tous de suivre les discussions des comités de grève et les négociations avec les représentants du gouvernement. Peu après, des micros furent installés en-dehors de la salle de réunion du MKS, afin que les ouvriers présents dans les assemblées générales puissent intervenir directement dans les discussions du MKS. Le soir, les délégués -la plupart pourvus de cassettes avec l'enregistrement des débats- rentraient sur leur lieu de travail et présentaient les discussions et la situation dans "leurs" assemblées générales d'usine, rendant leur mandat devant celles-ci.

Tels étaient les moyens grâce auxquels le plus grand nombre d'ouvriers ont pu participer à la lutte. Les délégués devaient rendre leur mandat, étaient révocables à tout moment, et les assemblées générales étaient toujours souveraines. Toutes ces pratiques étaient en opposition totale avec la pratique syndicale.

Pendant ce temps, après que les ouvriers de Gdansk-Gdynia-Sopot se soient unis, le mouvement s'étendit à d'autres villes. Pour saboter la communication entre les ouvriers, le gouvernement coupa les lignes téléphoniques le 16 août. Immédiatement, les ouvriers menacèrent d'étendre encore plus leur mouvement si le gouvernement ne les rétablissait pas sur le champ. Ce dernier fit marche arrière. L'assemblée générale décida la mise sur pied d'une milice ouvrière. Alors que la consommation d'alcool était largement répandue, il fut décidé collectivement de la prohiber. Les ouvriers savaient qu'il leur fallait avoir la tête claire dans leur confrontation contre le gouvernement.

Une délégation gouvernementale rencontra les ouvriers afin de négocier. Cela se fit devant une assemblée générale entière et non pas derrière des portes closes. Les ouvriers exigèrent une nouvelle composition de la délégation gouvernementale parce que celle-ci était constituée de représentants d'un rang trop bas. Le gouvernement fit encore marche arrière.

Lorsque le gouvernement menaça de réprimer à Gdansk, les cheminots de Lublin déclarèrent : "Si les ouvriers de Gdansk sont physiquement attaqués et si un seul d'entre eux est touché, nous paralyserons la ligne de chemin de fer stratégiquement la plus importante entre la Russie et l'Allemagne de l'Est. " Le gouvernement saisit ce qui était en jeu : son économie de guerre entière. Ses troupes auraient été frappées à l'endroit le plus fragile et, du temps de la Guerre froide, cela lui aurait été fatal.
Dans presque toutes les principales villes, les ouvriers étaient mobilisés. Plus d'un demi million d'entre eux comprenaient qu'ils constituaient la seule force décisive dans le pays capable de s'opposer au gouvernement. Ils sentaient ce qui leur donnait cette force :- l'extension rapide du mouvement au lieu de son épuisement dans des affrontements violents comme en 1970 et 1976 ;- leur auto organisation, c'est-à-dire leur capacité à prendre l'initiative eux-mêmes au lieu de compter sur les syndicats ;- la tenue d'assemblées générales dans lesquelles ils peuvent unir leurs forces, exercer un contrôle sur le mouvement, permettre la plus grande participation de masse possible et négocier avec le gouvernement devant tous.

En bref, l'extension du mouvement fut la meilleure arme de la solidarité ; les ouvriers ne se sont pas contentés de faire des déclarations, ils ont pris eux-mêmes l'initiative des luttes. C'est ce qui a rendu possible le développement d'un rapport de forces différent. Tant que les ouvriers luttaient de façon aussi massive et unie, le gouvernement ne pouvait mener aucune répression. Pendant les grèves de l'été, lorsque les ouvriers affrontaient le gouvernement de façon unie, pas un seul d'entre eux ne fut tué ou frappé. La bourgeoisie polonaise avait compris qu'elle ne pouvait pas se permettre une telle erreur mais qu'elle devrait affaiblir la classe ouvrière de l'intérieur.En outre, les ouvriers de Gdansk, auxquels le gouvernement avait accordé des concessions, exigeaient que celles-ci soient également garanties aux ouvriers du reste du pays. Ils voulaient s'opposer à toute division et manifestaient ainsi leur solidarité aux autres ouvriers.La classe ouvrière devenait le point de référence pour toute la population. Aux côtés d'autres ouvriers qui se rendaient à Gdansk afin d'établir un contact direct avec les ouvriers en grève, des paysans et des étudiants venaient aux portes de l'usine recevoir les bulletins de grève et diverses informations. La classe ouvrière était devenue le pôle de référence pour toute la population et a montré qu'elle constituait une menace pour la classe dominante.

LA REACTION DE LA BOURGEOISIE : L'ISOLEMENT

Le danger que constituaient les luttes en Pologne pouvait être appréhendé à travers les réactions des pays voisins.Les frontières entre la Pologne et l'Allemagne de l'Est, la Tchécoslovaquie et l'Union soviétique furent immédiatement fermées. Alors qu'auparavant les ouvriers polonais se rendaient fréquemment en Allemagne de l'Est, surtout à Berlin, pour faire des achats parce qu'il y avait encore moins de marchandises dans les magasins polonais qu'en Allemagne de l'Est, la bourgeoisie cherchait à isoler la classe ouvrière. Un contact direct entre les ouvriers des différents pays devait être évité à tout prix. Et la bourgeoisie avait de bonnes raisons de prendre une telle mesure ! Parce que dans la région charbonnière voisine d'Ostrava en Tchécoslovaquie, les mineurs, suivant l'exemple polonais, s'étaient également mis en grève. Dans les régions minières roumaines, en Russie à Togliattigrad, les ouvriers suivaient le même chemin que leurs frères de classe en Pologne. Même si, dans les pays d'Europe de l'Ouest, il n'y avait pas eu de grèves en solidarité directe avec les luttes des ouvriers polonais, les ouvriers de nombreux pays reprenaient les mots d'ordre de leurs frères de classe de Pologne. A Turin, on entendit en septembre 1980 les ouvriers scander : "Gdansk nous montre le chemin".
A cause de sa perspective et de ses méthodes de luttes, la grève de masse en Pologne avait un énorme impact sur les ouvriers des autres pays. A travers celle-ci, la classe ouvrière a montré, comme elle l'avait fait en 1953 en Allemagne de l'Est, en 1956 en Pologne et en Hongrie, en 1970 et en 1976 en Pologne à nouveau, que, dans les prétendus pays "socialistes", l'exploitation capitaliste existe comme à l'Ouest et que leurs gouvernements sont des ennemis de la classe ouvrière. Malgré l'isolement imposé aux frontières polonaises, malgré le rideau de fer, la classe ouvrière de Pologne, tant qu'elle restait mobilisée, représentait un pôle de référence à l'échelle mondiale. Précisément à l'époque de la Guerre froide, pendant la guerre en Afghanistan, les combats des ouvriers de Pologne contenaient un important message : ils s'opposaient à la course aux armements et à l'économie de guerre par la lutte de classe. La question de l'unification des ouvriers entre l'Est et l'Ouest, même si elle n'était pas encore concrètement posée, resurgissait en tant que perspective.

COMMENT LE MOUVEMENT A ETE SABOTE

Le mouvement a pu développer une telle force parce qu'il s'est étendu rapidement et parce que les ouvriers eux-mêmes ont pris l'initiative. L'extension au-delà du cadre de l'usine, les assemblées générales, la révocabilité des délégués -toutes ces mesures contribuèrent à leur force. Alors qu'au début il n'y avait pas d'influence syndicale, les membres des "syndicats libres" (2) s'appliquèrent à entraver la lutte.

Tandis qu'initialement les négociations étaient menées de façon ouverte, il fut prétendu, au bout d'un certain temps, que des "experts" étaient nécessaires afin de mettre au point les détails des négociations avec le gouvernement. De façon croissante, les ouvriers ne pouvaient plus suivre les négociations, encore moins y participer, les haut-parleurs qui transmettaient celles-ci ne fonctionnaient plus à cause de problèmes "techniques". Lech Walesa, membre des "syndicats libres", fut couronné leader du mouvement grâce à la mesure de renvoi dont l'avait frappé la direction des chantiers navals de Gdansk. Le nouvel ennemi de la classe ouvrière, le "syndicat libre", avait travaillé à infiltrer le mouvement et commença son travail de sabotage. Ainsi, il s'attacha à distordre complètement les revendications ouvrières. Alors qu'initialement les revendications économiques et politiques se trouvaient en tête de liste, le "syndicat libre" et Walesa poussaient à présent à la reconnaissance de syndicats "indépendants", mettant seulement au second plan les revendications économiques et politiques. Ils suivaient la vieille tactique "démocratique" : défense des syndicats au lieu des intérêts ouvriers.
La signature des accords de Gdansk le 31 août marque l'épuisement du mouvement (même si des grèves se poursuivent pendant quelques jours en d'autres endroits). Le premier point de ces accords autorise la création d'un syndicat "indépendant et autogéré" qui prendra le nom de Solidarnosc. Les quinze membres du présidium du MKS (comité de grève interentreprises) constituèrent la direction du nouveau syndicat.

Parce que les ouvriers avaient été clairs sur le fait que les syndicats officiels marchaient avec l'Etat, la plupart d'entre eux pensaient maintenant que le syndicat Solidarnosc nouvellement fondé, fort de dix millions d'ouvriers, n'était pas corrompu et défendrait leurs intérêts. Ils n'étaient pas passés par l'expérience des ouvriers à l'Ouest qui se sont confrontés pendant des décennies aux syndicats "libres".

Alors que Walesa avait déjà promis en ce temps-là : "Nous voulons créer un second Japon et établir la prospérité pour tous" et que beaucoup d'ouvriers, à cause de leur inexpérience de la réalité du capitalisme à l'Ouest, pouvaient avoir d'aussi grandes illusions, Solidarnosc et Walesa à sa tête assumèrent le rôle de pompier du capitalisme pour éteindre la combativité ouvrière. Ces illusions au sein de la classe ouvrière en Pologne n’étaient rien d’autre que le poids et l’impact de l’idéologie démocratique sur cette partie du prolétariat mondial. Le poison démocratique déjà très puissant dans les pays occidentaux ne pouvait avoir qu’une force encore plus grande en Pologne après cinquante ans de stalinisme. C’est ce que la bourgeoisie polonaise et mondiale avait très bien compris. Ce sont ces illusions démocratiques qui fut le terreau sur lequel la bourgeoisie et son syndicat Solidarnosc ont pu mener sa politique anti-ouvrière et déchaîner la répression.

A l'automne 1980, alors que les ouvriers repartent en grève à nouveau pour protester contre les accords de Gdansk, après avoir constaté que même avec un syndicat "libre" à leurs côtés, leur situation matérielle avait empiré, Solidarnosc commence déjà à montrer son vrai visage. Juste après la fin des grèves de masse, Walesa va ici et là dans un hélicoptère de l'armée pour appeler les ouvriers à cesser leurs grèves de toute urgence. "Nous n'avons plus besoin d'autres grèves car elles poussent notre pays vers l'abîme, il faut se calmer." Depuis le début, Solidarnosc a commencé à saboter le mouvement. Chaque fois que possible, il s'empare de l'initiative des ouvriers, les empêchant de lancer de nouvelles grèves. En décembre 1981, la bourgeoisie polonaise peut enfin déclencher la répression contre les ouvriers. Solidarnosc a fait de son mieux pour désarmer les ouvriers politiquement -en préparant leur défaite. Alors que pendant l'été 1980, aucun ouvrier n'avait été frappé ou tué grâce à l'auto organisation et à l'extension des luttes, et parce qu'il n'y avait pas de syndicats pour encadrer les ouvriers, en décembre 1981, plus de 1200 ouvriers sont assassinés, des dizaines de milliers mis en prison ou conduits vers l'exil. Cette répression militaire est en outre organisée suivant une intense coordination entre la classe dominante de l'Est et de l'Ouest.

Après les grèves de 1980, la bourgeoisie occidentale a offert à Solidarnosc toutes sortes d'assistance, afin de le renforcer contre les ouvriers. Une campagne comme celle des "colis de médicaments pour la Pologne" était lancée et des crédits à bon marché dans le cadre du FMI sont mis sur pied afin d'éviter qu'il ne vienne à l'idée des ouvriers de l'Ouest de suivre l'exemple polonais, de prendre eux-mêmes leurs luttes en mains. Avant le déclenchement de la répression du 13 décembre 1981, les plans étaient directement coordonnés entre les chefs des gouvernements. Le 13 décembre, le jour même de la répression, le chancelier social-démocrate Helmut Schmidt et le leader de la RDA, le stalinien par excellence Erich Honecker, se rencontrent près de Berlin prétendant ne "rien savoir des événements". Mais en réalité, non seulement ils avaient donné leur aval à la répression mais la bourgeoisie polonaise avait pu bénéficier de l'expérience de ses consœurs occidentales en matière d'affrontement à la classe ouvrière.

Un an plus tard, en décembre1981, Solidarnosc a montré quelle terrible défaite il a pu imposer aux ouvriers. Après la fin des grèves de 1980, avant même que l'hiver ne commence, Solidarnosc avait déjà prouvé quel fort pilier de l'Etat il était devenu. Et si, depuis, l'ex-leader de Solidarnosc Lech Walesa a été élu à la tête du gouvernement polonais, c'est justement parce qu'il avait déjà montré qu'il était un excellent défenseur des intérêts de l'Etat polonais dans ses fonctions de chef syndical.

LA SIGNIFICATION HISTORIQUE DES LUTTES

Même si vingt ans se sont écoulés depuis, et bien que beaucoup d'ouvriers qui ont pris part au mouvement de grève à l'époque sont devenus chômeurs ou ont été forcés à l'émigration, leur expérience est d'une inestimable valeur pour toute la classe ouvrière. Comme le CCI l'a déjà écrit en 1980, "Sur tous ces points, les luttes en Pologne représentent un grand pas en avant dans la lutte du prolétariat à l'échelle mondiale, c'est pourquoi ces luttes sont les plus importantes depuis un demi-siècle." (Résolution sur la lutte de classe, 4e congrès du CCI, 1980, Revue Internationale n°26). Elles furent le plus haut point d'une vague internationale de luttes. Comme nous l'affirmions dans notre rapport sur la lutte de classe en 1999 à notre 13e congrès : "Les événements historiques à ce niveau ont des conséquences à long terme. La grève de masse en Pologne a fourni la preuve définitive que la lutte de classe est la seule force qui peut contraindre la bourgeoisie à mettre de côté ses rivalités impérialistes. En particulier, elle a montré que le bloc russe -historiquement condamné par sa position de faiblesse à être "l'agresseur" dans toute guerre- était incapable de répondre à sa crise économique grandissante par une politique d'expansion militaire. De façon claire, les ouvriers des pays du bloc de l'Est (et de la Russie elle-même) ne pouvaient pas totalement servir de chair à canon dans une quelconque guerre future à la gloire du "socialisme". Ainsi, la grève de masse en Pologne fut un puissant facteur dans l'implosion qui advint du bloc impérialiste russe." (Revue Internationale n°99, 1999).

D'après Welt Revolution n°101, organe du CCI en Allemagne, août-septembre 2000.

(1) Durant l'hiver 1970-71, les ouvriers des chantiers navals de la Baltique étaient entrés en grève contre des hausses de prix des denrées de première nécessité. Dans un premier temps, le régime stalinien avait réagi par une répression féroce des manifestations faisant plusieurs centaines de morts, notamment à Gdansk. Les grèves n'avaient pas cessé pour autant. Finalement, le chef du parti, Gomulka, avait été limogé et remplacé par un personnage plus "sympathique", Gierek. Ce dernier avait dû discuter pendant 8 heures avec les ouvriers des chantiers navals de Szczecin avant de les convaincre de reprendre le travail. Evidemment, il avait rapidement trahi les promesses qu'il leur avait faites à ce moment-là. Ainsi, en 1976, de nouvelles attaques économiques brutales avaient provoqué des grèves dans plusieurs villes, notamment à Radom et Ursus. La répression avait fait plusieurs dizaines de morts.


(2) Il ne s'agissait pas à proprement parler d'un syndicat mais d'un petit groupe d'ouvriers qui, en lien avec le KOR (comité de défense des ouvriers) constitué par des intellectuels de l'opposition démocratique après les répression de 1976, militaient pour la légalisation d'un syndicalisme indépendant.

lundi 3 septembre 2007

Le FSQ: centre d’achats de la gauche capitaliste


Le FSQ, [Forum Social Québecois] financé par la SSQ, groupe financier, le Devoir, Caisse Desjardins et plusieurs organismes syndicaux et religieux n’a été qu’une foire de la gauche capitaliste. Il n’y a pas de quoi s’étonner de la présence massive syndicale comme force d’encadrement de notre classe. [la classe ouvrière]
Qui serait le meilleur pour montrer qu’il y a des solutions pour rendre le capitalisme moins pire? Alors des groupes, bien des fois financés par l’État, parle de néolibéralisme comme si le capitalisme avait commencé sa mondialisation depuis 20 ans. Le capitalisme agit internationalement depuis la Première guerre mondiale. La concurrence entre entreprises, au niveau mondial, n’est pas nouvelle, elle date du début du XXième siècle et lors des crises économiques elle se règle par une guerre mondiale dans le processus crise-guerre- reconstruction et crise encore.
Dans ce centre d’achats de la gauche capitaliste, toutes les solutions sont bonnes pour ne pas parler de révolution, pour ne pas parler de véritables luttes révolutionnaires internationalistes et internationales. Il y a toujours les nationalistes, syndicats compris pour nous isoler de nos frères et sœurs de la classe ouvrière mondiale. Les plus arriérés diront qu’elle n’existe pas.
Et dans cette gauche capitaliste, il y avait son extrême gauche les maos avec leur manif "anti impérialiste". Ne luttez pas contre le système capitaliste, il faut même le renforcer comme les maos le font au Népal en défendant la démocratie parlementaire. En cela ils sont rejoint par des groupes comme le collectif Échec à la guerre, présent au FSQ qui ont « oublié » que la démocratie canadienne depuis des lustres mène à la guerre.
La télévision et la presse ont couvert l'événement avec sympathie. Le FSQ, avec ses simulacres "d'alternatives", est apparu comme un important instrument de la bourgeoisie pour annihiler la conscience de la classe ouvrière.
Les solutions qui ressortent : pacifisme, économie sociale et solidaire, participation citoyenne, démocratie et pouvoir populaire veulent nous faire croire qu’il y a des méchant boss qui ne pensent qu’au profit ou un État qui n’est supposément pas assez neutre. Il suffit de changer la logique néolibérale pour une logique sociale et solidaire.
"Un autre monde est possible…mais surtout pas le communisme". C'est ce qui ressort du forum social québecois : empêcher la classe ouvrière dans son difficile effort de reprendre conscience de son intérêt de classe. Dans l'idéologie altermondialiste, pas question de classe ouvrière mais de citoyens évidemment. Pas question de lutte de classe mais de luttes citoyennes.
La révolution prolétarienne seule solution à la faillite capitaliste.
Les Communistes Internationalistes de Montréal

mardi 10 juillet 2007

Lettre ouverte sur des articles sur C. Gagnon et J. Corbin

Au Groupe Internationaliste Ouvrier

Lettre ouverte sur quelques articles de Notes Internationalistes parus dans les #6 (Charles Gagnon) et #7.

Chers camarades

Une relecture de l’article « Charles Gagnon 1939-2005 Un engagement intense, une révolte sincère, mais quel bilan? » paru dans Notes Internationalistes, (mars 2006), nous a amené à y trouver beaucoup d’ambiguïtés et de faiblesses.

Précisons au premier abord que l’activité idéologique dominante de la bourgeoisie chez les prolétaires « consiste à inventer des organisations, des partis, lesquels inventeront des solutions qui, bien que revêtues de phrases de Marx ou de Lénine, seront des idéologies étrangères au prolétariat, même si elles semblent avoir pour elles le passé, la Révolution russe ou n’importe quel autre événement. Il s’agira d’introduire parmi les ouvriers des positions qui, au nom de la révolution ou de la lutte révolutionnaire d’hier, seront des moyens pour défendre aujourd’hui la société capitaliste. » (La gauche communiste de France Contribution à une histoire du mouvement révolutionnaire p.10)

Peu importe ce qu’a pu écrire Charles Gagnon. Comme militant politique, dans la mesure où il s'est toujours revendiqué soit du courant nationaliste québécois durant sa période felquiste (un des leaders du Front de Libération du Québec), soit et surtout du maoïsme et du stalinisme

(secrétaire général d’En Lutte!), il n’a jamais été relié, d'une manière ou d'une autre à l'internationalisme prolétarien et à l'histoire du mouvement ouvrier. Il a toujours appartenu à des courants politiques bourgeois. En particulier, et c'est à ce titre d'ailleurs que l'article lui est dédié, il a appartenu à un courant, le stalinisme et sa variante maoïste, qui a servi de fer de lance de la terrible et sanglante contre-révolution dès les années 1920 et tout au long des années 30, 40, 50, et même 60...

Deux ans avant la dissolution d’En Lutte, Gagnon écrivait : « Nous n’avons aucune hésitation à reconnaître que Staline a été un ferme défenseur du marxisme-léniniste, qu’il a maintenu sans relâche le principe fondamental de la construction du socialisme en URSS sous la dictature du prolétariat. Nous reconnaissons qu’il a joué un rôle déterminant au sein du Comintern et, par ce biais, dans le développement des forces communistes dans le monde. »

(Forum International, revue internationale d’EL. avril 1980)

Or NI nous présente ce militant maoïste bien connu comme un militant dont l'engagement serait à saluer et dont l'exemple serait, malgré ses "erreurs", à suivre :

- un militant qui aurait émis une "critique, somme toute fort incomplète, du mouvement nationaliste québécois et des mouvements de libération nationale dans leur ensemble" ;(Notes Internationalistes Nouvelles série #6)

- un militant qui "du moins tout au long de sa vie publique, fut fort éloigné (sic !) des positions que nous défendons" ; (Ibid)

- un militant présenté, indirectement, comme "un militant de l'avant-garde révolutionnaire", un révolutionnaire qui "opère à partir des matériaux provenant du champ d’expérience historique de la classe" ; (Ibid)

- un militant qui "aura en fin de compte été terrassé politiquement par le splendide isolement (...) coupé des luttes et du contact avec les prolétaires avec qui il avait naguère su communiquer de façon si naturelle et si «organique», [qui] perdit graduellement le fil de la recherche théorique relativement prometteuse qu’il avait entreprise dans la période menant à la dissolution d’En Lutte ! ". (Ibid)

Notes internationalistes estime donc possible, à partir du cadre politique donné par le maoïsme et le stalinisme, d'émettre une dénonciation, d’un point de vue de prolétarien, du nationalisme ; d'avoir des positions éloignées des positions du camp prolétarien, et non pas opposées et antagoniques ; de faire partie de l'avant-garde révolutionnaire et de se réapproprier l'histoire du mouvement ouvrier ; et enfin d'acquérir un "lien" naturel et organique" avec le prolétariat tout en disposant d'un cadre pour la recherche théorique. Il va même jusqu'à pleurer sur la soi-disant mort politique - "terrassé politiquement" -... d'un militant maoïste. NI ne fait aucune référence au "point de vue de classe", ni même à des notions de classe, pour évaluer "l'oeuvre" du militant maoïste et à son groupe En Lutte ! . Mais son appartenance à la Gauche communiste et son adhésion au BIPR labellisent ses prises de position et octroie donc au maoïsme, ou pour le moins à ce maoïsme, ce caractère de classe.

Il y a là une position ouvertement opportuniste pour le GIO, groupe adhérant du BIPR.

L'article dévoile en fait toute une vision qui manifeste une absence de rupture politique claire et tranchée avec le maoïsme.

L'article présente la constitution du groupe En Lutte ! comme "le produit de toute une génération de rebelles, au Québec et dans le monde, qui se lève certes pour dénoncer toutes sortes de formes d’oppression et d’exploitation, et qui est rebutée par ce qu’elle connaît du goulag en URSS et dans le Bloc de l’Est, mais qui prend pour acquis les prétentions du maoïsme et de son mouvement de «jeunesse» à renouveler le projet socialiste".(Ibid) Il semble ainsi lui prêter un caractère "positif" dans l'adhésion au maoïsme d'une génération de militants alors même que, du point de vue communiste, elle fut un piège politique bourgeois pour ces énergies. Cette impression est confirmée ensuite lorsque la constitution du groupe maoïste En Lutte ! est implicitement saluée : " après des débuts prometteurs, l’organisation sera ébranlée par les solides coups au corps de l’abominable politique extérieure de la Chine" (Ibid) (nous soulignons). En quoi, du point de vue prolétarien, la constitution d'un groupe gauchiste maoïste, peut-il présenter une promesse ? Sinon la promesse de la défaite et de la contre-révolution.

Dans la foulée, et c'est là le coeur de la question, la conclusion de l'article revendique une continuité théorique, politique et historique entre le maoïsme et le... GIO, et même le BIPR (!) qui est particulièrement dangereuse et à combattre.

"Alors que chez bon nombre de ses anciens camarades, la dissolution d’En Lutte ! les mènera à rompre explicitement avec le marxisme, pour quelques éléments, la poursuite de la réflexion théorique et un engagement maintenu dans les luttes ouvrières les mèneront, après bien des travers et des tâtonnements, à la Gauche communiste et au Bureau International pour le Parti Révolutionnaire" (Ibid) (nous soulignons). Peut importe la note de bas de page où il est fait mention que « nous employons uniquement par convenance le terme «marxisme », NI continue de semer une confusion trouble sur ce qu’est vraiment le marxisme. Pire la même note ajoute que les ex-maoïstes « restent une réserve importante et capable de s’engager et de lutter, lors de la prochaine vague de lutte contre les imprécations du capital. »

Comment NI peut-il affirmer que des militants maoïstes aient pu finir par rompre avec le marxisme ? Jamais, ô grand jamais ! , la Gauche communiste n'a établi une quelconque continuité entre le marxisme et le stalinisme, sans même parler du maoïsme. Mais au contraire une rupture et un antagonisme irréconciliable ! Laisser croire qu'une réflexion marxiste puisse exister au sein du maoïsme et du stalinisme, c'est oublier - dans le meilleur des cas - un des acquis du combat de la Gauche communiste, en particulier contre l'opportunisme de Trotsky dans les années 1930. C'est la porte ouverte à l'éclectisme et au révisionnisme théorique, bref à l'abandon du marxisme. C'est aussi, au plan politique, laisser croire que quelque chose de vivant, de prolétarien, puisse exister dans des organisations maoïstes et staliniennes. C'est laisser croire qu'elles ne font pas partie du camp politique de la bourgeoisie et du capitalisme. C'est ouvrir une porte au gauchisme bourgeois.

"De nos expériences partagées avec lui, nous tenterons de conserver «ses moments de vérité» mais de poursuivre plus loin et bien autrement son combat pour la construction du parti prolétarien ". (Ibid)

Comment NI peut-il se revendiquer des expériences - historiques et militantes - que des individus, aujourd’hui militants au sein du BIPR et de la Gauche communiste, ont pu avoir au sein du maoïsme ? Jamais, ô grand jamais ! , la Gauche n'a revendiqué une quelconque "expérience partagée" avec le stalinisme. Mais au contraire une rupture politique et un combat à mort.

Comment NI peut-il vouloir poursuivre le soi-disant combat pour le parti prolétarien d'une quelconque organisation maoïste ? Qu'est-ce qu'un parti maoïste a à voir avec un parti prolétarien ? Rien. L'un est la négation de l'autre. La stalinisation triomphante des partis communistes impliquait inévitablement l'exclusion des oppositions de gauche, et tout particulièrement de la Gauche communiste. Celle-ci s'est constituée tout particulièrement dans sa lutte contre "la bolchévisation" des partis communistes dans les années 20. Qu'est-ce qu'un parti nationaliste bourgeois a à voir avec un parti internationaliste prolétarien ? Rien. L'un est la négation de l'autre. L'adoption par l'Internationale du "socialisme dans un seul pays" impliquait inévitablement l'exclusion des internationalistes, et tout particulièrement de la Gauche communiste, des PC.

Laisser croire que les révolutionnaires puissent faire un bout de chemin, ou "partager une expérience", avec des groupes maoïstes, n'est-ce pas là, dans le meilleur des cas, l'ouverture au frontisme... que la Gauche communiste a toujours combattu ? Laisser croire qu'il pourrait y avoir un quelconque lien, une quelconque démarche ou recherche commune au maoïsme et à la Gauche communiste, dans la construction du parti communiste, n'est-ce pas là la porte ouverte à toutes les compromissions organisationnelles et politiques, voire à l'entrisme, que la Gauche communiste a justement combattues ? Et n'est-ce pas là attribuer au maoïsme un quelconque caractère positif pour le prolétariat international et les forces révolutionnaires ?

La confusion et l'opportunisme politique de l'article de NI viennent manifester ce manque et exprime une rupture incomplète, confuse, avec le gauchisme. En particulier, l'article révèle que, pour les camarades, il existe une continuité entre leur passé dans le camp politique bourgeois et leur présent dans le camp internationaliste. Plus, ils y voient une étape positive dans leur vie militante, une étape dans la voie vers la Gauche communiste alors même qu'encore aujourd'hui elle les entrave et les faix retomber dans le gauchisme. Ils ne voient pas que En Lutte ! , comme les "dizaines" d'organisations gauchistes qu'ils mentionnent, a fait disparaître "la génération de rebelles" qui avait adhéré et qui s'est perdue pour la réelle activité révolutionnaire.

Que des individus, honnêtes et sincères, puissent finir par se dégager du gauchisme car écoeurés de ces pratiques; ou bien comprenant son impasse du point de vue d'un individu qui veut réellement et a encore la force de lutter contre le capitalisme est une chose. Autre chose est d'en conclure que le passage par le gauchisme peut représenter une étape positive dans l'évolution et la clarification politique d'un militant. Les habitudes et les idées acquises dans des groupes gauchistes retardent la connaissance d'un marxisme véritablement vivant. Le militantisme d’individus, dans ces groupes gauchistes, les a rendu complice de ces organisations du capital en embarquant des éléments conscients du prolétariat dans la même galère qu’eux.

Pour que les individus qui veulent se dégager du gauchisme puissent le faire réellement, il est indispensable qu'ils arrivent à rompre politiquement, et donc explicitement, avec le gauchisme en général, et leur expérience passée en particulier.

Même opportuniste dans le N.I #7 de décembre 2006

Compte, tenu de l’article du numéro précédent, l’utilisation de la Une « Pouvoir ouvrier contre exploitation capitaliste! », nous laisse assez perplexe. C’est un vieux slogan de la plateforme d’EL entre septembre 73 et mai 75. « Pouvoir ouvrier » pour les maoïstes de ces années-là, c’était une étape en attendant la révolution dans les pays impérialistes. Ce qui est clair pour la Gauche communiste, c’est la dictature du prolétariat à l’échelle internationale. Pour détruire le capitalisme, la classe ouvrière devra renverser tous les Etats et établir la dictature du prolétariat à l’échelle mondiale : le pouvoir international des conseils ouvriers, regroupant l’ensemble du prolétariat.

Dans Notes de lecture « Deux regards sur Jeanne Corbin », NI veut encore nous amadouer sur cette stalinienne en lançant l’élucubration suivante :

« Pourtant, dans la décennie qui suivra, le PCC connaîtra des crises importantes: l’affaire Guzenko, les révélations du XXe Congrès du PCUS et l’insurrection hongroise en 1956. Ces crises mèneront un grand nombre des anciens camarades de Jeanne Corbin à le quitter. Personne ne peut savoir l’attitude que Jeanne aurait adoptée si elle avait survécu. » (Notes Internationaliste Nouvelles série #7)

Cette « héroïne », responsable du journal du parti Worker, organisatrice syndicale, permanente du parti et rédactrice de l’Ouvrier canadien au début des années 30, était embarquée dans le stalinisme jusqu’au cou et n’était pas un membre ordinaire.

On retrouve encore, les mêmes présuppositions non matérialistes sur les opinions des personnalités du stalinisme. La conclusion de la Note de lecture sur les Scènes de la vie en rouge, L’Époque de Jeanne Corbin se termine par « Il reste que la biographie de Jeanne Corbin est un livre important pour comprendre les forces et les faiblesses du mouvement social de cette époque. » (Ibid). Encore une fois l’article sème la confusion avec l’expression mouvement social, qui est utilisé par des marxologues de tout poil.

Ce qui est fondamental pour la Gauche communiste, ce n’est pas de comprendre les forces et les faiblesses du mouvement social (sic) mais le fait que ces staliniens ont introduit parmi les ouvriers des positions qui, au nom de la révolution russe, ont été des moyens pour défendre la société capitaliste. Pour nous ce qui compte, c’est le point de vue de classe. Quant à l’élucubration sur « l’attitude que Jeanne aurait adoptée si elle avait survécu » c’est du plus plat idéalisme.

Finalement le GIO sortira-t-il, encore une fois, Marx de son contexte pour lui faire dire que « rien de ce qui est humain ne nous est étranger », comme il l’utilise dans l’article, pour justifier ces positions opportunistes?

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