vendredi 8 juin 2012

Grève générale ou cirque électoral

La lutte étudiante contre les frais de scolarité a pris un nouveau tournant avec l’adoption de la loi matraque 78. Rappelons qu’avant d’être dirigée contre le mouvement étudiant, cette loi est surtout  dirigée contre la classe ouvrière et vise toute manifestation de plus de 50 personnes avec de fortes amendes. Ce sont les forces policières qui doivent décider si oui ou non, la manifestation sera légale ou pas, s’ils accepteront l’itinéraire ou non. Cette loi ne s’attaque pas seulement aux étudiants mais à l’ensemble des prolétaires. Cette loi est le résultat de la démocratie bourgeoise et elle n’est pas unique au Québec. Face au capitalisme en crise, plusieurs démocraties ont passé ou passent des lois semblables. En 2001, sous prétexte de lutte contre le terrorisme, plusieurs états ont passé des lois antiterroristes qui, dans la pratique, s’attaquent aux luttes des prolétaires. En 2005, les ouvriers du métro de New-York en grève ont fait face à des accusations d’actes de terrorisme. Récemment une dizaine d’étudiants et d’étudiantes de Montréal ont été accusés dans le cadre d’une loi semblable votée par le gouvernement fédéral en 2001.

La lutte contre la hausse des frais de scolarité prend aussi de l’expansion ailleurs au Canada. Des étudiants ont déjà entrepris des actions à Ottawa et à Toronto, et d'autres groupes répartis à travers plusieurs provinces s'apprêteraient à se joindre à leur cause.  Une journée d'actions a été tenu le 5 juin,  à Toronto, de même que dans d'autres villes ontariennes. Des étudiants de Colombie-Britannique ont eux aussi témoigné de leur solidarité avec ceux du Québec en condamnant la loi 78. Des manifestations de soutien contre la loi 78 ont  eu lieu à Ottawa, Toronto, Paris, Cannes, New-York, Londres et au Chili. La lutte n’est plus seulement contre la hausse des frais de scolarité. Depuis le 21 mai, des prolétaires, chômeurs, chômeuses, étudiants et étudiantes et retraités frappent sur des casseroles à 20h tous les soirs et un très grand nombre vont jusqu’à manifester dans la rue, pour montrer leur ras-le-bol de la loi 78, des arrestations massives, de la violence policière, du gouvernement corrompu et des politiques d’austérité On ne compte plus le nombre de villes et villages qui ont participé à ces soirées des casseroles et cela s’étend aux autres provinces canadiennes. Cette lutte s’inscrit dans une lutte internationale contre le capitalisme en crise. Elle rejoint les prolétaires de Grèce, d’Espagne, du Portugal, de la Chine, de l’Inde, de la France, du Royaume-Uni, des Etats-Unis et ailleurs dans le monde.

Même si les manifestations de casseroles ont pour but de montrer de l’indignation face aux politiques de l’État, on peut s’interroger sur son résultat. Le ministre des finances Raymond Bachand, quant à lui, s’est réjoui de ces manifestations comme un moyen créatif et festif de faire entendre son opinion sans nuire à l’image touristique de la métropole. C’est ce qu’il a exprimé devant une conférence d’hommes et de femmes d’affaires à Montréal. Comme ailleurs dans le monde la bourgeoisie tente de détourner les luttes en incitant les prolétaires à voter lors de prochaines élections dans 6 mois, un an, deux ans. C’est ce qui tient le plus à cœur aux syndicats et à tous les partis politiques : Québec Solidaire, Parti Québécois, Libéraux, CAQ et autres, le détournement des actions  vers le cirque électoral. Les élections ne représentent pas du tout  une expression de la «volonté populaire».  La politique des partis qui se font élire est déterminée par les intérêts des grandes entreprises capitalistes dont l’État bourgeois est un serviteur. Les élections sont inutiles pour le prolétariat. C’est un terrain où il n’a aucune véritable place sauf lorsque vient le temps de tracer un X à tous les quatre ans pour mettre au pouvoir des bourgeois du même genre, comme les Charest, Marois, David, Khadir, Legault, etc. Elles lui font croire que son bulletin de vote peut contribuer à faire «changer les choses». Elles font perdurer les illusions démocratiques, selon lesquelles tous les «citoyens» sont égaux et l’Etat est neutre.

Les libéraux et la CAQ sont connus pour être ouvertement au service des grandes entreprises capitalistes. D’autres sont plus vicieux, c’est le cas des nationalistes du Parti Québécois et de Québec Solidaire. Ils dénoncent les politiques de droite que les libéraux mettent en vigueur et sa loi matraque 78. Ils insistent  sur le fait que les orientations du gouvernement iraient à «l’encontre de valeurs  communes ». Il n’y a pas de valeurs communes. C’est un langage typiquement petit-bourgeois et nationaliste qui ne fait aucune mention de la classe ouvrière et de la lutte des classes et qui propage les illusions d’un capitalisme « à visage humain ». Le capitalisme est en faillite et pour survivre, il poursuit les mêmes attaques partout : hausse des prix de l’énergie, attaque contre les régimes de retraite, hausse des frais de scolarité, nouvelles taxes, coupures de milliers d’emplois dans le secteur public, coupures des prestations de chômage et fermetures massives d’usine.

La force de la classe ouvrière dont l’exploitation fait vivre toute la société bourgeoise, est dans son action collective, menée et organisée sur des bases de classe. Seul le prolétariat en résistant et en allant jusqu’à l’abolition de ce système pourri pourra changer la société. Il y a des luttes de prolétaires en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Chine, en Inde, en France, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, au Chili et ailleurs dans le monde qui forcent les fractions de la bourgeoisie à s’unir contre la classe ouvrière. Ce sont des centaines et des centaines de milliers de manifestants dans les pays du monde qui refusent ces mesures d’austérité. Les médias menteurs censurent les luttes contre ces mesures dans le monde pour empêcher une solidarité internationale. La lutte des étudiants et des prolétaires québécois n’est pas isolée.

Prolétaires, chômeurs, chômeuses, étudiants et étudiantes, retraités, nous devons cesser  de suivre nos faux amis des organisations syndicales et les politiciens comme ceux de QS qui veulent réformer le capitalisme. Cessons de quêter auprès de l’État bourgeois par des pétitions et des votes. Il faut prendre le contrôle des luttes à leur place. Sinon ils détourneront nos luttes vers le cirque parlementaire ou la négociation de notre exploitation.

Une grève générale, c'est ce qu'il faut faire en élargissant les luttes au plus grand nombre en prenant exemple sur nos frères et sœurs, les prolétaires grecs et espagnols. Les prolétaires de Grèce et d’Espagne nous donnent l’exemple en s’unissant de plus en plus largement malgré le nationalisme et le corporatisme des syndicats, en rejetant les politiciens et en s’attaquant à toute la machine de l’État bourgeois. Par exemple, les prolétaires grecs ont assiégé le parlement qui approuvait les mesures demandées par les capitalistes européens. Les capitalistes sont responsables de cette crise. Ce n’est pas à la classe ouvrière à payer. Un seul mot d’ordre, rejoindre les prolétaires grecs et espagnols par la grève générale.         

Oui à la grève générale ! Non au cirque électoral !

Pour mettre fin à ce système barbare, il nous faut une autre société. Une société qui soit centrée sur la production en vue de satisfaire les besoins humains réels plutôt qu’une société centrée sur la production de profits. Une société où les moyens de production et de distribution seraient à la portée de tous, socialisés, sans exploiteur pour en tenir les rênes et s’accaparer les richesses produites socialement. Un monde où l’environnement ne serait plus vu comme un immense parc à profits – à piller et ruiner – comme c’est le cas présentement par la classe capitaliste. Un monde basé sur la participation de tous et toutes, qui pourraient s’exprimer grâce à de nouveaux organismes de coordination, de production, et de distribution ; grâce à un système de délégation élue et révocable en tout temps et représentant l’ensemble de la société. Pour ce faire, il est impératif de renverser l’État bourgeois basé sur la démocratie parlementaire, véritable artifice pour asseoir et maintenir la domination de la classe capitaliste. C’est au prolétariat, guidé par son parti de classe, de prendre le pouvoir en chassant la classe qui l’exploite ; en détruisant son État et en établissant ses propres organes. Seule la classe ouvrière dans sa totalité, à travers ses propres organes autonomes, par exemple les conseils ouvriers, peut instituer une nouvelle société sans classe ni État. Cette tâche ne peut être déléguée, même pas au Parti de classe le plus conscient.

Communistes Internationalistes Klasbatalo                                                               Printemps Érable 2012    
cim_icm@yahoo.com                                                                                                                           

vendredi 1 juin 2012

Solidarité avec Battaglia Comunista (PCint) qui a subi des provocations à Parme (Italie).


Nous publions le commentaire de la Fraction de la Gauche Communiste International et voulons indiquer notre entière solidarité internationaliste avec les camarade du Pcint-Battaglia Communista.
Les Communistes Internationalistes Klasbatalo

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Nous publions ci-après, in extenso, le "communiqué" que les camarades du PCint-Battaglia Comunista (Tendance Communiste Internationaliste) ont publié suite à diverses et louches provocations récemment exercées contre eux. Nous estimons de la plus haute importance que tous les groupes et éléments se revendiquant de la Gauche communiste expriment leur solidarité avec BC et la TCI. Cette expression de solidarité va de soi, par principe, pouvons-nous dire, et doit s'afficher à tout moment. Mais aujourd'hui, il nous semble qu'elle est encore plus fondamentale, au moment où la confrontation entre les classes, entre la bourgeoisie et le prolétariat, prend une ampleur beaucoup plus large que ces dernières décennies du fait même de la profondeur et de l'impasse de la crise économique du capitalisme. Partout, la bourgeoisie est contrainte d'attaquer massivement et brutalement la classe ouvrière. Partout, elle sait que ces attaques vont inévitablement provoquer des réactions ouvrières - elles ont déjà commencé - massives et de plus en plus "radicales". Elle s'y prépare. Economiquement bien sûr, mais surtout politiquement, idéologiquement, et au niveau répressif.

En Italie, la bourgeoisie a une grande expérience de l'affrontement et de la répression avec le prolétariat. Dans les années 1970, face aux mouvements sociaux initiés par le "mai rampant", une de ses armes essentielles pour détourner le prolétariat de son terrain de classe et le défaire, avait été l'utilisation des provocations policières et l'usage cynique et systématique du terrorisme - à coup d'attentats meurtriers de soi-disant anarchistes et dans lesquels souvent les services secrets et policiers étaient impliqués, tout comme ils n'étaient pas très loin des actions terroristes commises par les Brigades Rouges... Il apparaît aujourd'hui que la bourgeoisie italienne ressort de ses tiroirs cette arme et cette tactique en remettant au premier plan de prétendues menaces de groupes "violents" et divers attentats ou meurtres, un jour mis sur le compte de la mafia, l'autre sur celui des anarchistes (la FAI), le troisième sur celui d'un "fou". Elle crée ainsi un "climat de tension" que les camarades de BC soulignent et dénoncent dans leur communiqué et qui ne se limite pas à des événements d'ampleur nationale mais aussi à tout un tas "d'incidents" locaux... comme à Parme, dont certains provoqués par des éléments "fascistes". C'est dans ce contexte, que le siège du PCint à Parme a été "visité".

Cette tactique de la tension a un seul but : entraver l'inévitable reprise des luttes ouvrières et l'indispensable riposte ouvrière aux attaques qu'elle subit ; et, dans ce sens, s'attaquer aux groupes et éléments d'avant-garde de la classe qui appellent à la destruction de l'État bourgeois et à la dictature du prolétariat. L'utilisation du terrorisme permet de créer la suspicion sur ces derniers, d'en éloigner les ouvriers, et de préparer ainsi leur répression, leur poursuite et leur interdiction. Les communistes, comme leur classe, n'ont rien à voir avec le terrorisme et dénoncent fermement l'usage du terrorisme et des actions "minoritaires" qui se substituent à l'action de masse du prolétariat. Nous reproduisons, après le communiqué des camarades de la TCI, un extrait de la Résolution sur terreur, terrorisme et violence de classe - que nous avions adoptée dans le CCI en 1978 - qui rappelle pourquoi le terrorisme ne peut être une arme du prolétariat et pourquoi il ne peut être aujourd'hui qu' utilisé, manipulé, voire directement créé par la bourgeoisie et son Etat.
Face à ces provocations qui vont sans doute se multiplier, nous reprenons à notre compte la conclusion des camarades du PCint : "C'est pour cela que nous continuerons notre combat communiste et défendrons notre capacité d'action politique sans reculer d'un pas."
Solidarité avec les camarades de Battaglia Comunista !

La FGCI, le 30 mai 2012.

Communiqué de Battaglia Comunista
De graves épisodes au siège de Parme.
Dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17 mai, des inconnus se sont introduits dans notre siège de Parme, au 5 faubourg San Giuseppe, et ont emporté quelques dizaines de volumes de la bibliothèque Dimitri Papaioannoy. Le vendredi matin suivant, un camarade passant au cercle a trouvé la boite à lettre arrachée et jetée devant la porte.

Des faits tout aussi inquiétants avaient déjà eu lieu dans les semaines précédentes : un jour, nous nous sommes aperçus qu'avait disparu un des deux drapeaux que nous hissons à l'entrée du cercle quand nous l'ouvrons ; quelques jours plus tard, nous avons trouvé l'autre drapeau par terre avec une empreinte de chaussure laissée dessus.

Il est évident que ces inconnus ont été capables d'ouvrir la porte sans effraction. Nous ne pouvons pas savoir qui sont les auteurs de ces provocations à notre égard, mais celles-ci s'inscrivent dans un climat de tension qui n'a cessé de croître dans la ville après l'agression criminelle du samedi après-midi 11 mai à coup de barres de fer et de couteaux menée par les fascistes de Casapound contre les camarades du comité anti-fasciste du quartier Montanara.

Dans ces cas, il faut avoir des nerfs solides et beaucoup de détermination. Pour ce qui nous concerne, nous ne nous laisserons intimider par personne - en tant que communistes, nous savons que c'est la main de la bourgeoisie qui est derrière ces provocations -, et nous ne tomberons pas dans le piège de la riposte physique - c'est exactement ce que recherche la classe ennemie. C'est pour cela que nous continuerons notre combat communiste et défendrons notre capacité d'action politique sans reculer d'un pas.

Battaglia Comunista, section "Guido Torricelli" de Parme.
Dimanche, 27 mai 2012.

Résolution sur terreur, terrorisme et violence de classe
(Extraits, CCI, 1978)
Nous reproduisons ci-après un extrait d'un document programmatique du CCI qui précise la position des communistes vis-à-vis de la question du terrorisme et que nous continuons à faire nôtre encore aujourd'hui.

La FGCI.
(...)
4) Le capitalisme est la dernière société divisée en classes de l’histoire. La classe capitaliste fonde sa domination sur l’exploitation économique de la classe ouvrière. Pour assurer cette exploitation et l’accentuer au maximum, la classe capitaliste, comme toutes les classes exploiteuses dans l’histoire recourt à tous les moyens de coercition, d’oppression et de répression dont elle peut disposer. Aucun des moyens les plus inhumains, les plus sauvages, les plus sanglants ne saurait être exclu par elle pour assurer et perpétuer l’exploitation. Plus se manifestent des difficultés internes, plus se manifeste la résistance des ouvriers et plus sanglant est l’exercice de la répression. A cette fin, elle a développé tout un arsenal de moyens de répression les prisons, les déportations, les assassinats, les camps de concentration, les guerres génocides, la torture la plus raffinée et nécessairement aussi tout un corps social spécialisé dans leur mise en oeuvre -la police, la gendarmerie, l’armée, le corps juridique, les tortionnaires qualifiés, les commandos et les bandes para militaires. La classe capitaliste dépense une part de plus en plus grande de la plus-value extraite de l’exploitation de la classe ouvrière à l’entretien de cet appareil de répression, au point que ce secteur est devenu aujourd’hui le plus important et le plus florissant champ de l’activité sociale. Dans le but de maintenir sa domination, la classe capitaliste est en train de mener la société à la pire des ruines et vouer toute l’humanité aux pires souffrances et à la mort. Ce n’est pas là une description émotive de la barbarie capitaliste que nous entendons faire mais plus prosaïquement la description de ce qui constitue sa pratique.
Cette pratique qui imprègne toute la vie sociale, toutes les relations entre les hommes et qui pénètre dans tous les pores de la société, cette pratique, ce système de domination, nous l’appelons la terreur. La terreur n’est pas tel ou tel acte de violence épisodique et circonstanciel. La terreur est un mode particulier de la violence, inhérent aux classes exploiteuses. C’est une violence concentrée, organisée, spécialisée, entretenue et en constant développement et perfectionnement, en vue de perpétuer l’exploitation.
Ses caractères principaux sont :
- d'être la violence d'une classe minoritaire contre la grande majorité de la société ;
- de se perpétuer et de se perfectionner au point de trouver sa raison d'être en elle-même ;
- de nécessiter un corps spécialisé et toujours plus spécialisé, toujours plus détaché de la société, fermé sur lui-même, échappant à tout contrôle, imposant avec la dernière brutalité sa férule sur l'ensemble de la population et étouffant dans un silence de mort toute velléité de critique et de contestation.

5) Le prolétariat n’est plus la seule classe à subir les rigueurs de la terreur de l’État sur la société. La terreur s’exerce également sur toutes les classes et couches petites-bourgeoises, paysans, artisans, petits producteurs et commerçants, intellectuels et professions libérales, scientifiques et jeunesse étudiante, et se prolonge jusque dans les rangs mêmes de la classe bourgeoise. Ces couches et classes n’offrant aucune alternative historique au capitalisme, excédées et exaspérées par la barbarie du système et de sa terreur, ne peuvent lui opposer que des actes de désespoir : le terrorisme.
Bien qu’il puisse être également utilisé par certains secteurs de la bourgeoisie, le terrorisme est essentiellement le mode d’action, la pratique des couches et classes désespérées et sans devenir. C’est pourquoi cette pratique qui se veut “héroïque et exemplaire” n’est en fait qu’une action de suicide. Elle n’offre aucune issue et n’a d’autre effet que de fournir des victimes à la terreur de l’État. Elle n’a aucun effet positif sur la lutte de classe du prolétariat et ne sert souvent qu’à entraver cette lutte dans la mesure où elle fait naître des illusions parmi les ouvriers sur la possibilité d’une autre voie que celle de la lutte de classe. C’est pour cela aussi que le terrorisme, pratique de la petite-bourgeoisie peut être et est souvent judicieusement exploité par l’État comme moyen de détourner les ouvriers du terrain de la lutte de classe et sert également de prétexte pour renforcer sa terreur.
Ce qui caractérise le terrorisme, pratique de la petite-bourgeoisie, c’est de rester une action de petites minorités ou d’individus isolés, de ne jamais s’élever à des actions de masses, d’être mené dans l’ombre de la petite conspiration, offrant ainsi un terrain de prédilection aux manigances des agents de la police et de l’État, et en général à toutes sortes de manipulations et d’intrigues les plus insolites. (...).
En ce sens, l’idée est à proscrire d’un “terrorisme ouvrier” qui se voudrait l’oeuvre de détachements du prolétariat, “spécialistes” de l’action armée, ou bien destinés à préparer les futurs combats en donnant l’exemple de la lutte violente au reste de la classe, ou en “affaiblissant” l’État capitaliste par des”attaques préliminaires”. Le prolétariat peut déléguer certains détachements pour telle ou telle action ponctuelle (piquets, patrouilles, etc.), mais sous son contrôle et dans le cadre de son mouvement d’ensemble et, si, dans ce cadre, l’action plus décidée des secteurs d’avant-garde peut servir de catalyseur à la lutte des larges masses, ce ne peut jamais être à travers les méthodes conspiratives et individualistes propres au terrorisme. Celui-ci, même s’il est pratiqué par des ouvriers ou des groupes d’ouvriers, ne peut acquérir un caractère prolétarien, de la même façon que la composition ouvrière des syndicats n’en fait pas des organes de la classe ouvrière. (...)

La lutte du prolétariat, comme toute lutte sociale, est nécessairement violente mais la pratique de sa violence est aussi distincte de la violence des autres classes, comme sont distincts leurs projets et leurs buts. Sa pratique, y compris la violence, est l’action d’immenses masses et non de minorités; elle est libératrice, l’acte d’accouchement d’une société nouvelle harmonieuse, et non la perpétuation d’un état de guerre permanent, chacun contre tous et tous contre chacun. Sa pratique ne vise pas à perfectionner et perpétuer la violence mais à bannir de la société les criminels agissements de la classe capitaliste et l’immobiliser. (...).
Sa force (...) réside dans sa prise de conscience et dans sa capacité de s’organiser de façon autonome et unitaire, dans la fermeté de ses convictions et dans la vigueur de ses décisions. Telles sont les armes fondamentales de la pratique et de la violence de classe du prolétariat. (...).

 Revue internationale 15, Courant Communiste International, 1978