jeudi 17 mai 2012

Retour critique sur Contribution à un état des lieux de la Gauche Communiste Internationale


Ce texte vise à faire un retour critique sur notre texte publié l’an passé «Contribution à un état des lieux de la Gauche Communiste ». Bien des choses se sont passées depuis sa parution, en particulier des débats et des appels faits par des groupes du milieu politique prolétarien. Nous tenons donc absolument à revenir sur ce texte puisqu’aujourd’hui nous voyons bien ses faiblesses politiques importantes qu’il nous faut absolument rectifier.
            Deux textes publiés par des organisations de la Gauche Communiste nous ont forcés à réexaminer les positions que nous avons développées dans notre « Contribution… ». Tout d’abord, le texte « Réponse au texte des Communistes Internationalistes – Klasbatalo sur leur Contribution à un état de la Gauche Communiste » de la Fraction de la Gauche Communiste Internationale (FGCI) qui critique certains aspect de notre texte, en particulier son caractère centriste par rapport au conseillisme. Deuxièmement, l’éditorial de la revue Revolutionnary Perspectives #59 de la Communist Worker Organisation qui est venu démentir, en tout cas pour une majorité de sections territoriales de la Tendance Communiste Internationaliste (TCI) seulement, les critiques que nous avons adressé à celle-ci dans notre texte en ce qui concerne son refus en tant qu’organisation internationale de prendre ses responsabilité de pôle de regroupement. Ces deux textes ainsi que des débats intenses dans notre groupe comme entre notre groupe et la FGCI pendant plusieurs mois, ont fait en sorte que nous sommes capables aujourd’hui de faire ce retour critique nécessaire.

Mise en contexte

            De prime abord, remettons dans son contexte la rédaction de ce texte. Le milieu politique prolétarien était, et est toujours, accablé par le sectarisme et l’opportunisme alors que l’on voit éclore une crise économique sans égal depuis 1929, ce qui implique des attaques féroces de la bourgeoisie contre la classe ouvrière, mais aussi des riposte de celle-ci contre la classe dominante. Notre proposition de site Web de la Gauche Communiste faite depuis quelques années visant justement à rompre avec le sectarisme ambiant et permettre un espace de débat et d’intervention politique de la Gauche Communiste n’a eu aucun écho hormis l’appui cordial de la FGCI. Le Courant Communiste International (CCI) amplifiait de plus en plus son ouverture vers l’anarchisme (Note 1), aggravant ainsi son tournant opportuniste entamé depuis déjà quelques années. La Fraction Interne du Courant Communiste International (FICCI) quant à elle scissionna à propos de sa fonction  politique et de ses tâches futures. Cela donna naissance à la FGCI qui resta trop peu bavarde sur les enjeux politiques de la scission, s’en tenant à publier le strict minimum. La FICCI n’assuma tout simplement pas ses responsabilités de groupe prolétarien en intégrant Controverses sans annoncer publiquement ses raisons et en fermant son site internet. Et finalement, nous apprenions aussi l’existence d’une scission dans Battaglia Communista (section italienne de la TCI). Il va sans dire que tous ses événements politiques laissèrent un esprit très démoralisateur et pessimiste dans notre groupe face au camp prolétarien. Bref, c’est avec ces éléments en tête qu’il faut comprendre notre « Contribution… » ses forces et surtout ses faiblesses. Mais nous avons aussi fait fi de toute la portée politique des critiques de la FGCI envers Controverses dans son texte «Le camp prolétarien a-t-il fait définitivement faillite ? »

            À notre sens, la « Contribution… » souffre de deux faiblesses principales. La première étant une illusion politique quant au groupe Controverses et son programme, ceci expliquant les glissements conseillistes de notre texte. La deuxième étant notre critique de la TCI ainsi que de la position de la FGCI qui reconnait en la TCI un pôle de regroupement des forces communistes. Ce dernier aspect nous a amené à voir la TCI d’un point de vue statique, c’est-à-dire ne voir que ces faiblesses actuelles et passer outre son potentiel de pôle de regroupement. Dans l’élaboration de la critique de ses deux faiblesses principales, nous rejoignons aujourd’hui les positions politiques générales de la FGCI.

La « Controverses » sur la faillite de la Gauche Communiste

            Notre texte « Contribution...» était entre autres choses une réponse au texte de Controverses « Il est minuit dans la Gauche Communiste ». Notre erreur a été de reprendre certaines thèses de Controverses tout en tentant de critiquer son texte. À la base de cette erreur, figurent des illusions de notre groupe face à Controverses. En effet, le fait que quelques années à peine après avoir publié notre proposition de site web de la Gauche Communiste un groupe fonde un « Forum de la Gauche Communiste Internationaliste » avait fait forte impression. Nous nous rendions bien compte qu’au forum de Controverses manquait les critères politiques clairs (dictature du prolétariat, parti international, intervention dans la classe) que nous avions établi dans notre propre proposition de site web. Plus grave encore, nous ne voyions pas à l’époque que nos deux forums visaient des buts bien différents. Le forum de Controverses n’est qu’un lien de rencontre informel pour permettre à des intellectuels académiques (avec de fortes tendances conseillistes) de discuter pour discuter, sans réels enjeux politiques derrière, alors que notre forum visait un regroupement des forces communistes dans le but d’intervenir activement et efficacement dans les luttes de notre classe ravivées par la crise économique en tant qu’avant-garde révolutionnaire organisée. Ainsi, nous avons été incapables de discerner les tares opportunistes de Controverses, tares que la FGCI avait déjà très justement souligné : « Ils renoncent à la lutte pour le regroupement de la Gauche communiste, c'est-à-dire qu'ils refusent et même renoncent à la confrontation des positions politiques réelles qui sont exprimées et défendues par les groupes les plus anciens et importants, en particulier dans leur presse et intervention. Ces gens-là préfèrent bavarder dans des réseaux ou pire dans des "structures" informelles où l'on entre et l'on sort quand on veut et où chacun, comme dans les "auberges espagnoles", propose ou reprend, selon son humeur, sa pauvre "production".»

            Ces illusions ont fait en sorte que nous avons cédé à une conception centriste par rapport au conseillisme de l’organisation. En effet, nous donnions en partie raison aux camarades de Controverses lorsqu’ils affirment que « Comme le surgissement et la disparition des organisations révolutionnaires dépendent très étroitement de l’évolution du rapport de force entre les classes, et que l’exacerbation des conditions objectives et subjectives à la base des mobilisations ouvrières se déploie sur un laps de temps relativement court, Marx et Engels concevaient que l’existence de ces organisations était temporaire, intrinsèquement liée aux flux et reflux des luttes. » Et on s’est trompé. On a là de la part des camarades de Controverses une conception nettement conseilliste de l’organisation qui est assez proche de la théorie « groupes d’opinions » chez les conseillistes des années ’30 (GIK hollandais et International Council Correspondance, par exemple). Ces derniers, comme Controverses aujourd’hui, enlevait toute importance aux minorités organisées et formées politiquement, c’est-à-dire à l’activité de parti, pour affirmé que les organisations prolétariennes de lutte de masse comme les conseils ouvriers se suffisent à eux-mêmes pour jouer leur rôle révolutionnaire. Les « individus révolutionnaires » n’auraient qu’à aller donner leur opinion aux conseils ouvriers qui, quant à eux, surgiraient et disparaîtraient au gré des fluctuations de la lutte de classe.

            Bien qu’il soit vrai qu’un court ascendant ou descendant des luttes de classe ait une certaine influence sur les organisations prolétariennes, un cours descendant des luttes peut être une des diverses raisons de la dégénérescence d’une organisation prolétarienne (Note 2)tout autant qu’un cours favorable des luttes peut être une des diverses raisons du passage de la forme fraction à la forme parti, l’organisation prolétarienne, parti ou fraction, doit exister en permanence. Le caractère permanent de l’organisation  a une explication très simple : partie-prenante stable de la lutte de classe en tant qu’avant-garde révolutionnaire pour la forme parti et défenseur de l’intégrité du programme contre les attaques de l’opportunisme ainsi que passeur d’expériences politiques pour les prochaines générations de révolutionnaires dans la forme fraction.

            C’est ainsi toute l’expérience des mouvements révolutionnaires passés, expérience extrêmement précieuse transmise justement par les noyaux communistes ayant su résister à la contre-révolution comme le CCI ou la TCI, qui serait mise aux poubelles par la logique pernicieuse du programme de Controverses. Parce que ces groupes (CCI et TCI) auraient selon Controverses fait faillite, ces camarades viennent proposer explicitement de s’éloigner de ce qu’ils appellent des chamailleries politiques pour se concentrer sur un travail théorique de bilan (Note 3) de cette supposé faillite de la Gauche Communiste. Pour Controverses, il faut « savoir se détacher des organisations formelles qui n’ont pas su s’adapter aux besoins de l’évolution du rapport de force entre les classes en se retirant des chamailleries stériles et en se consacrant à des tâches meilleures. » Pire, les camarades affirment implicitement que pour mettre en œuvre leurs propositions il faudrait dissoudre les organisations existantes de la Gauche, pour « faire autre chose » ! Ce que Controverses appellent des chamailleries politiques n’est en fait que le processus certes rempli d’obstacles (entre autres, le sectarisme) mais nécessaire du regroupement des forces communistes. De plus, la volonté d’effectuer d’abord et avant tout un travail théorique, puisque selon Controverses la Gauche Communiste n’aurait rien produit au niveau théorique depuis trente ans, n’est qu’une rengaine d’intellectuel moderniste pour qui tout a failli, sauf évidemment son propre petit cénacle. Mais le plus grand danger, c’est que Controverses rejette la Gauche Communiste sous prétexte qu’elle aurait fait faillite alors que la crise économique s’aggrave, aggravant aussi la crise sociale : la lutte de classe. À quoi rime de rejeter les expressions politiques les plus avancées du prolétariat à l’aube de conflits sociaux d’ampleur historique ? Ça rime au conseillisme !
            Or, la Gauche Communiste n’a pas fait faillite. Un courant politique fait faillite lorsqu’il passe à l’ennemi, c’est-à-dire lorsqu’il défend théoriquement et pratiquement les politiques au sens large du terme de la bourgeoisie. La social-démocratie a fait faillite. Le trotskysme a fait faillite. Mais aucun groupe de la Gauche n’entre dans ces critères, elle n’est nullement en faillite. Cela ne veut pas pour autant dire qu’elle n’a jamais fait d’erreurs politiques ou de mauvaises analyses conjoncturelles.

            Les camarades de Controverses se mettent le doigt dans l’œil en essayant de justifier leurs positions politiques avec l’histoire de l’activité de Marx dans la Ligue des Communistes et dans la 1ere Internationale. En effet, ils font de la faiblesse une vertu. La Ligue ainsi que la 1ere Internationale ont été dissoute par leurs dirigeants parce qu’en tant que mouvement révolutionnaire ouvrier jeune et embryonnaire elles avaient tout simplement déjà cessé d’exister sous le regard impuissant de leurs militants. Controverses se sert de l’état d’impuissance dans lequel trempait le très jeune et inexpérimenté mouvement communiste du 19e siècle pour tenter de nous vendre que le mouvement communiste actuel, fort de plus de 150 ans de luttes et toujours bien vivant contre vents et marée, devrait se dissoudre, ou en tout cas, « faire autre chose » !

La TCI et son rôle de pôle de regroupement

            Dans notre « Contribution… », nous sommes restés perplexes et avons critiqué la position de la FGCI qui voit dans la TCI un pôle de regroupement des groupes communistes au niveau international. À la base de cette perplexité politique face à la TCI, il y deux aspects importants. Premièrement, la majorité de nos membres ont déjà été sympathisants du Groupe Internationaliste Ouvrier (GIO), section nord-américaine de la TCI. Sans s’éterniser sur la petite histoire, nous avons eu à combattre une tendance dans Klasbatalo à voir la TCI à travers l’expérience plutôt difficile et négative de certains de nos membres en tant que sympathisants d’un groupe, le GIO, dont les membres au Canada ne sont jamais bien étranger au sectarisme et à l’opportunisme. Mais là n’est pas le point principal.

            Notre erreur la plus importante a été de ne pas prendre en compte la portée politique de la position de la FGCI qui voit en la TCI un pôle de regroupement de la Gauche Communiste. Nous disions à l’époque : « Le fait est que pour les CI-K actuellement, non seulement la TCI n’a pas la volonté d’accomplir ce rôle (et c’est elle-même qui ne cesse de l’affirmer) mais nous pensons que, pire encore, elle n’est pas en mesure de le faire. Cette organisation, tout en gardant le cap sur les positions de classe, nous semble floue; on ne sait jamais trop ce qu’est le bureau, qu’est-ce qu’il fait, quelle est son intervention dans la classe. » Nous n’avions pas absolument tord en affirmant cela. Mais, la question n’est pas là. En effet, on ne peut pas rester les bras croisés devant les hésitations de la TCI à prendre son rôle politique historique, il faut aussi essayer de la convaincre à travers la discussion. Nous croyons justement que c’est ce que fait la FGCI avec la TCI. Enfin, la manière dont nous comprenons aujourd’hui la position de la FGCI n’est plus « d’octroyer le contrat du pôle de regroupement à la plus base soumissionnaire en erreurs programmatiques » comme nous l’avions affirmé avec un grain d’humour dans notre « Contribution… », mais bien lutter pour que la TCI, seule organisation de la Gauche actuelle qui a le potentiel politique de jouer un rôle de pôle de regroupement, devienne ce pôle de regroupement dont les petits groupes communistes comme le nôtre ont évidemment besoin.

            Mais voilà qu’entretemps la CWO publie dans sa revue un éditorial dont les positions politiques sur le camp prolétarien ont, et auront d’autant plus prochainement, une influence positive sur le camp et sur le processus de regroupement. Nous avons fortement appuyé cet éditorial dont voici un extrait d’une importance historique : « Sans attendre, les authentiques révolutionnaires ont une vraie bataille à mener pour que le prolétariat rejette non seulement les illusions des “anti-capitalistes” mais aussi les manipulations de la gauche traditionnelle. Nous avons besoin de créer un mouvement qui unifie tous ceux qui peuvent comprendre les problèmes dont nous parlons ici. Ce mouvement (ou parti) doit être guidé par une vision claire de la société que nous voulons. Nous l'appellerons “le programme communiste”. Il doit se baser sur les luttes autonomes de la classe ouvrière qui se libère, de manière croissante, des chaînes qu'un siècle de réaction nous a imposées. Son but doit être l'abolition de l'exploitation du travail salarié, de celle de l'argent tout comme celle de l'État, des armées permanentes et des frontières nationales. Nous devons réaffirmer la vision développée par Marx, selon laquelle nous nous battons pour une société de “libres producteurs associés”, société dans laquelle le principe est “de chacun selon ses capacités et à chacun selon ses besoins”. Aujourd'hui, il y a beaucoup de groupes et d'individus dans le monde qui, comme nous, défendent cela; mais, nous sommes soit trop dispersés soit trop divisés pour prendre l'initiative de former un tel mouvement unifié. Certains sont opposés, par principe, à la formation d'un tel mouvement, car ils pensent que le mouvement spontané se suffit à lui même. Nous aimerions partager leur confiance. Nous pensons que les révolutionnaires responsables devraient réexaminer leurs divergences et se demander si, à la lumière de cette période de la lutte de classe qui s'ouvre aujourd'hui, les divisions qu'ils pensaient avoir jusque là persistent. Nous devrions nous baser sur nos nombreux accords et non pas sur le peu de désaccords qui existent entre nous. Nous devrions chercher à travailler ensemble dans les luttes, non pour simplement recruter tel ou tel individu pour notre propre organisation, mais pour chercher à élargir la conscience de ce que signifie réellement lutte de la classe ouvrière. Face aux obstacles que nous avons soulignés plus haut, il serait suicidaire de ne pas le faire. »

            Que dire de plus? Tout y est : la nécessité pour parvenir à l’objectif du renversement révolutionnaire de la société bourgeoise d’un parti avec des positions claires (le programme communiste) et la nécessité du regroupement des forces vives communistes pour constituer ce parti par le débat et la confrontation politique. La CWO, avec cet éditorial, a fait un grand pas vers la direction assumée du rôle de pôle de regroupement puisque tous les groupes communistes de par le monde peuvent se référer à cet « appel » de la CWO et ainsi commencer un processus de regroupement. D’ailleurs, la conclusion du tract du 1er mai 2012 renforcit même cette position pour l’ensemble de la TCI : La Tendance communiste internationaliste n’est ni « le parti », ni même le seul noyau d’une telle organisation. Cela dit, nous nous sommes donnés comme but de lutter aux cotés des militants et des militantes de la classe ouvrière et d’autres révolutionnaires pour progresser dans la construction de la nouvelle organisation révolutionnaire internationale. Nous invitons toutes les personnes qui s’identifient à cette perspective, de nous contacter et d’en discuter avec nous. Bref, dans le contexte actuel d’une montée des luttes et d’une volonté plus grande de regroupement des forces révolutionnaires internationalistes, le besoin d’une revue internationale et centralisée se fait sentir pour la TCI. Pour notre part, nous pouvons dire que nous sommes prêts à y participer par la diffusion, un soutien financier et de la traduction dans la mesure de nos faibles moyens.

            Finalement, nous devons rectifier une erreur de notre texte par rapport à la TCI et concernant l’Institut Onorato Damen (IOD). Nous avons écrit : « Passons aussi sur le silence incroyable dont il (Battaglia) a fait preuve concernant l’IOD et sa récente réponse dont le caractère politique cherche encore à émaner. » Or, la TCI n’a pas garder silence longtemps sur la sortie de l’Institut de Battaglia Communista et sa réponse à l’Institut était correcte du point de vue du programme communiste et des principes prolétariens. L’Institut Onorato Damen, quant à lui a pris un chemin opposé : celui de l’opportunisme et du modernisme intellectuel. (Note 4)

Conclusion

            Nous sommes aujourd’hui plongés dans un processus de montée des luttes de notre classe dans un contexte de crise économique inégalée depuis 1929. De part le monde, la classe ouvrière commence à lutter ou reprend la lutte contre l’austérité économique que la bourgeoisie internationale lui impose de force. Que ce soit par exemple en Grèce ou encore en Égypte, le prolétariat se met à défier les organismes d’encadrement bourgeois que sont les syndicats et les partis de la gauche du capital. Il est impossible de dire aujourd’hui si se jouent en ce moment des « années de vérités », mais les luttes de plus en plus massive de notre classe nous donnent la responsabilité, en tant que communiste de gauche, d’intervenir selon nos forces afin de transformer les luttes de désespoir sans lendemain en luttes victorieuses de la révolution communiste internationale. L’heure du regroupement de la Gauche Communiste approche. Un parti communiste international et internationaliste manque actuellement dans nos luttes.

            Dans cet ordre d’idée laissons le dernier mot aux camarades de la FGCI concernant ceux qui, dans le camp prolétarien, s’oppose au regroupement et au parti et ceux qui ont la capacité d’en accélérer et d’en faciliter la constitution :
            « S'appuyant sur le constat immédiat, mais non moins réel, de division et de sectarisme qui frappent les groupes se revendiquant de la Gauche communiste, ces éléments en rupture d'organisation et en quête de "liberté individuelle" affichent ainsi leur rupture - non déclarée, non ouvertement revendiquée - avec les orientations politiques qu'ils avaient pourtant défendues durant parfois des décennies au sein de leur organisation, en l'occurrence pour ces derniers dans le CCI. »

            « Enfin, dans cette situation du camp prolétarien dans laquelle ces deux premiers courants ("Bordiguisme" et CCI) ne sont plus en capacité de faire face à leurs responsabilités historiques comme pôle de référence et de regroupement, la Tendance Communiste Internationaliste (ex-BIPR), seule organisation qui serait en capacité réelle d'occuper et d'assumer cette responsabilité, tend à n'en pas saisir toute l'importance et toute la signification historique, préférant en rester à ces certitudes immédiates. Certes, cette organisation réussit par moment et en certaines occasions à s'imposer comme ce pôle, au point de regrouper directement autour d'elle - ce que nous saluons et appuyons -, mais elle ne réussit pas à appréhender toute la dimension d'une politique déterminée de "regroupement" autour d'elle, se limitant justement à n'en voir la finalité que comme une adhésion immédiate. Du coup, elle tend à sous-estimer, voire à ignorer, les autres courants du camp prolétarien et l'indispensable lutte politique contre les dérives opportunistes qui s'y développent, n'y voyant, à son tour, elle-aussi, que des polémiques stériles. Pourtant combien d'éléments révolutionnaires en recherche de clarification et de cohérence politique - ils seront encore plus nombreux demain avec la crise et les luttes ouvrières inévitables qui se développent - pourraient ainsi se référer et s'orienter parmi les positions et groupes si la TCI assumait toutes les dimensions du rôle que l'histoire lui offre aujourd'hui. Quel pas en avant pour le regroupement ! »

16 mai 2012
Les Communistes Internationalistes Klasbatalo

Note 1 :Voir l’édifiante série de textes « Gauche Communiste et anarchisme : ce que nous avons en commun » où CCI se tortille théoriquement pour faire passer les anarchistes « internationalistes » (sic) pour d’authentiques révolutionnaires. Le CCI, au lieu de tenter de créer des liens politiques avec les autres groupes communistes, en particulier la TCI, crée en falsifiant l’histoire un nouveau courant de faux révolutionnaires : les anarchistes internationalistes. On peut parler ici de la théorisation d’une tactique de front avec des organisations petite-bourgeoises.
Note 2 : Il existe un lien certain, qu’il faudrait certes approfondir, entre le fait que le CCI appelait les années 1980 les années de vérités (ce qui était à l’époque tout à fait légitime, par exemple avec la grève de masse en Pologne en 1980) alors que cette décennie s’est terminé par un nette recul des luttes politiques qui s’est encore aggravé dans les années 1990, années où le CCI innovait avec la théorie révisionniste et opportuniste de la décomposition du capitalisme.
Note 3 : L’idée de faire un bilan de la Gauche Communiste, ou plus particulièrement du CCI vu qu’il est l’organisation la plus touché par l’opportunisme, n’est pas une mauvaise idée en soi. En effet, il y a de nombreuses leçons politiques importantes à tirer des raisons pour lesquelles une organisation prend un cours opportuniste. La FICCI (et maintenant la FGCI) a fait un travail très valable de bilan du CCI, mais qui sous certains aspects politiques est encore pour nous insuffisant. De son côté, Controverses ne fait pas de bilan de la Gauche, mais rejette plutôt le programme communiste et les organisations qui le porte pour adhérer à la logique révisionniste et moderniste du « tout nouveau, tout beau ».
            

vendredi 4 mai 2012

Pour en finir avec le réformisme étudiant ! Vers une solution révolutionnaire !



Dernière heure  24 mai 2012

Depuis le début de la grève étudiante en février dernier, il y a eu plus de 270 manifestations dont au moins 80 ont été déclarées illégale. Depuis 30 jours, des manifestations ont eu lieu tous les soirs contre la hausse des frais de scolarité à Montréal et depuis quelques jours à Québec et Sherbrooke. Depuis le vendredi 18 mai, des prolétaires, des étudiants, des parents et des enseignants vont manifester non seulement contre la hausse des frais de scolarité mais contre la loi 78 qui met de sévères restrictions aux manifestations et au piquetage des grévistes étudiants devant les cégeps et universités. Le 22 mai, une manifestation de 300 000 personnes a eu lieu à Montréal. Rappelons que depuis le début de la grève étudiante en février, il y a eu  2700 arrestations. Durant la nuit du 24 mai, la police a encerclé des manifestants et séquestré 518 personnes qui ont passé la nuit menotté dans des autobus. À Québec, 170 personnes ont aussi été arrêté. Le nombre d’arrêtés dans d’autres villes nous ait inconnu pour le moment. Un étudiant et trois étudiantes qui ont placé des bombes fumigènes non-toxique dans le métro le 10 mai, sont accusé en vertu d'une loi anti-terroriste votée en 2001. Depuis le début de la grève, il y a eu des vitrines brisées de grandes entreprises comme les banque mais jamais il n’y a eu de vol. La mobilisation des étudiants se maintient toujours et de plus en plus de prolétaires se joignent aux manifestations légales ou illégales dans plusieurs villes du Québec. Des manifestations de soutien ont  eu lieu à Ottawa, Toronto, Paris, Cannes et New-York.


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Retour sur l’appel de Charest aux grandes centrales syndicales.
Quand le chat sort du sac où quand l‘État sort de son sac, ses chats
Il est très intéressant d’étudier le comportement des syndicats lors de la négociation étudiante  avec l’État.

Le premier ministre Charest connaît bien ses alliés. C’est pour cela qu’il a invité les dirigeants syndicaux : Arsenault de la FTQ, Parent de la CSQ et Roy de la CSN.
Selon Michel Arsenault, qui a expliqué aux négociateurs syndicaux étudiants «  que négocier, c'est concéder. Ça prend un rapport de force que tu puises dans la mobilisation. J'appelle ça: monter le chat dans le poteau… »
La mobilisation des syndicats, on connaît ça très bien, c’est mobiliser de façon divisée, secteur par secteur, usine par usine autrement dit un chat à la fois et chacun sur son poteau. Comment se fait la montée du chat ? par des pressions plus ou moins inutiles sur des députés, par des grèvettes d’une journée ou deux comme c’est le cas lors des négociations dans le secteur public. Dans le secteur privé c’est laisser les prolétaires seuls comme ce fut le cas à Shell ou au Journal de Montréal. Ailleurs dans le monde, les syndicats font la même chose.

Le but des trois chefs appelés à la rescousse par Charest était de convaincre les leaders syndicaux étudiants d’être capable de redescendre le chat du poteau selon Arsenault. En plus d’accepter des négociations secrètes ce qui au départ fait toujours le jeu des patrons, les leaders étudiants abandonnaient la lutte contre la hausse des frais de scolarité.
Très conscients que les leaders étudiants avaient fait un recul énorme, les trois dirigeants se sont exclamés suite aux vérités lancées par Charest et par la ministre Beauchamp (qui a démissionné) qui se sont vantés de  n’avoir cédé pas devant les étudiants.
Arsenault : «Quand tu attrapes un gros poisson et qu'une personne te demande où tu l'as pêché, tu réponds: dans le lac, ferme ta yeule. C'est la même chose au lendemain d'une négo, l'employeur se tait jusqu'à la fin du vote. C'est pas compliqué, tu fermes ta yeule!» 
Le gros poisson attrapé... les étudiants, Charest et les syndicats pensaient que les étudiants seraient dupes mais ils ont rejeté massivement "l'offre" de l'État malgré que les chefs étudiants aient eu une attitude neutre.
Et Parent : « C'était une comédie d'erreurs. J'avais l'impression que Charest avait pris un fusil et avait tiré dans sa chaloupe. C'est comme s'il avait dit aux étudiants: "On vous a fourrés et on est bien contents."» Et Parent plus hypocrite encore que Charest, il ne fallait pas le dire.

Voilà le rôle des syndicats de combat ou non : servir d’éteignoirs des luttes en les isolant et en montrant au patronat et à l’État comment fourrer les travailleurs et les étudiants. À part des discours pour endormir, les syndicats n’ont fait aucune grève de solidarité avec le mouvement étudiant. Il faut dire que les syndicats étudiants sont de bons élèves de leurs grands frères en continuant à isoler le mouvement étudiant des revendications historiques de la classe ouvrière.
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Tract distribué lors de plusieurs manifestations étudiantes. Une première édition de ce tract a été diffusée le 10 novembre 2011,

Pour en finir avec le réformisme étudiant! Vers une solution révolutionnaire!

La crise économique fait ses ravages aux quatre coins de la planète. La bourgeoisie mondiale tente évidemment d’instaurer des plans d’austérité afin de tenter de rétablir ses taux de profits et ainsi réactiver l’accumulation du capital. Ces plans crasseux sont voués à l’échec tellement le capitalisme est aujourd’hui en complète décrépitude. Mais la bourgeoisie reste toujours maîtresse absolue de la société, tant au niveau social que politique, et se débat violemment pour maintenir sa domination. Les plans d’austérité, souvent dernier souffle de la bourgeoisie, créent un processus intense de paupérisation chez de nombreuses couches sociales. Le prolétariat voit ses conditions de travail et de vie se dégrader et ses salaires stagner, sinon diminuer. La petite-bourgeoisie est flouée et les couches moyennes se voient nettement se prolétariser. C’est cet effet de paupérisation au niveau international qui est à la base des divers mouvements des indignés de la Tunisie à l’Espagne en passant par Montréal. Cependant, dans les divers mouvements des indignées, ce sont les couches moyennes et la petite-bourgeoisie qui mènent le bal politiquement, ce qui explique leurs revendications illusoires : la gauche caviar (genre Québec Solidaire) nous ressasse invariablement son « capitalisme à visage humain », comme si le problème n’était que la « finance amorale » et non pas le capitalisme comme tel.

Les étudiants sont aussi du lot des victimes des plans d’austérité capitaliste. En effet, avec la hausse des frais de scolarité, leurs conditions de vie vont se dégrader. Ils auront encore plus besoin de se trouver des jobs à temps partiel pour un salaire ridicule. Bref, les étudiants venant des milieux modestes seront, et c’est déjà largement le cas, de plus en plus des prolétaires à temps partiel!

La lutte pour la gratuité scolaire est légitime aux premiers abords. Les étudiants doivent cependant dépasser cette revendication qui vise en réalité la mobilité sociale et diriger leur lutte contre la société de classe, le capitalisme. Les syndicats, que ce soit l’ASSÉ ou la FECQ/FEUQ, veulent les entraîner dans une lutte illusoire, soit pour la gratuité scolaire, soit pour un autre gel des frais de scolarité. Cette lutte est vaine, une voie de garage, puisqu’elle n’est pas une lutte dirigée contre le capital, mais une lutte pour une autre forme de capitalisme, un « capitalisme à visage humain » et une « éducation humaniste » réactionnaire. Que l’éducation soit gratuite et publique ou privée et chère, le capitalisme, lui, est toujours debout. On essaie de faire croire que la hausse entraînera une commercialisation de l‘université la rendant dépendant du capital. Mais, l’université est déjà bourgeoise et a déjà comme fonction la reproduction des classes sociales. En effet, l’université n’est en rien indépendante du capital, elle fut historiquement constituée et financée par l’État bourgeois pour le maintien de sa domination tant au niveau technique qu’intellectuel.

Plusieurs étudiants constatent que ce ne sont pas les libéraux avec leur hausse des frais de scolarité qui sont seulement à condamner mais le système capitaliste entier. Plusieurs manifestants constatent aussi que la police est là pour défendre l’état et la propriété privée des capitalistes. Un étudiant qui manifestait pour la première fois a eu un œil crevé par les forces policières à Montréal, une dame agée s’est faite matraquer parce qu’elle défendait, lors d’un encerclement policier à l’université du Québec en Outaouais, une étudiante qui avait osé uriner dans un coin. Pendant ce temps la ministre de l’éducation dénonce la « violence » de manifestants qui brisent les vitres de grosses banques. La réponse de l’État depuis les 2 mois de grève a été le poivre de cayenne, les gaz lacrymogènes et les coups de matraque pour finir par offrir  la même augmentation  des frais de scolarité sur 7 ans au lieu de 5 ans. C’est une génération perdue pour le capitalisme car il n’a rien à leur offrir. Mais les étudiants résistent en attaquant un poste de police au centre ville de Montréal et comme dans plusieurs villes, ce sont  les pires symboles du capitalisme qui sont la cible des manifestants comme les banques, les chambres de commerce et les bureaux des ministres et députés.

Cependant, il faut que le mouvement étudiant rompe avec les attitudes corporatistes et carriéristes du mouvement étudiant officiel. La prolétarisation les oblige à faire de l’agitation autant à l’université, au cégep que sur leurs lieux de travail. Les étudiants restent encore cantonnés sur leur propre lutte, ils n’ont pas fait le lien avec la classe ouvrière. À part une manifestation avec les travailleurs d’Aveos, rien de concret n’a été fait. Ce ne sont pas les lieux de travail qui manquent. Plusieurs prolétaires ont perdu ou perdront leur emploi ou sont en lock out chez MABE Canada, Merch, Rio Tinto, Electrolux, Rocktenn, Papiers White Birch et bien d’autres. Le mouvement étudiant doit faire le lien et manifester son soutien à la lutte des travailleurs, c’est seulement la classe ouvrière qui peut mettre fin à la crise. Il faut aussi que celui-ci sorte du cadre nationaliste dans lequel les syndicats et les partis politiques bourgeois veulent maintenir tous ceux qui sont en lutte contre le système capitaliste en crise.

Les étudiants doivent faire leurs les revendications historiques du prolétariat qui commencent à peine à surgir : la destruction du capitalisme pour sauver l'humanité et édifier une nouvelle société sans classe, sans État et sans frontière, donc sans exploitation et sans guerre.

Nous invitons les étudiants à nous contacter pour renforcer les forces révolutionnaires internationalistes.

Les Communistes Internationalistes – Klasbatalo

Courriel : cim_icm@yahoo.com