lundi 10 décembre 2007

Une bière pour les précaires !

Le 6 décembre [2007] au bar petit Medley, l’Alliance des profs de Montréal invitait les enseignantes et les enseignants précaires à prendre deux consommations aux frais de l’Alliance. Cette bande d’hypocrites va payer, bien entendu, avec les cotisations syndicales des précaires.

Je suis toujours étonné de voir à quel niveau de créativité cette organisation de collaboration patronale, le syndicat, en arrive à démobiliser les profs, à leur faire accepter l’inacceptable.

Depuis longtemps les syndicats nous saoûlent de slogans ineptes, mais maintenant l’Alliance va pousser le cynisme jusqu’à saoûler des précaires.

À cent lieues de mobiliser l’ensemble des profs, je dis bien l’ensemble des profs contre la précarité, le syndicat les cantonne dans un comité de précaires. Le syndicat gère même la précarité par la convention collective. Comme je l’écrivais dans la brochure Témoignage d’un ex-syndicaliste en colère :

« … le syndicat et le patron s’entendent aujourd’hui pour créer des conditions d’embauche discriminatoires. Par exemple, présentement il y a des profs permanents, des précaires avec une liste d’ancienneté, des précaires sans liste d’ancienneté, sans compter le nombre d’enseignantes et enseignants libérés pour des activités syndicales. Ce sont des ententes qui se font par l’intermédiaire de la CSQ ou de l’Alliance. »

Et plus loin j’écrivais que les syndicats

« … sont des organismes incapables de freiner la précarisation du travail et la détérioration des conditions de vie qu’entraîne le capitalisme à l’échelle mondiale.»

La « nouvelle » Alliance des dissidents de la CSQ s’avère tout aussi pourrie que la CSQ.

Nous entendrons encore les syndicalistes nous répéter ad nauseam que c’est une question de budget, la disparition de la précarité. C’est aussi leur argument pour refuser de demander des maximums d’élèves par classe (ratios) à l’éducation des adultes. Ces organisations font tout pour saboter le rapport de force vis-à-vis du patronat. Ainsi il nous faudra bien un jour mettre les syndicats dans une bière : leur dernière!

La lutte contre la précarité est légitime, mais est-elle suffisante pour faire reculer les patrons ?

Pour que cette lutte soit efficace, les travailleuses et les travailleurs, précaires ou non, se doivent d'abord d'imposer un rapport de force au patronat ; et, pour cela, il leur est nécessaire de multiplier leurs luttes, de les étendre, au moyen de délégations massives, à d'autres commissions scolaires, à d’autres entreprises et secteurs, et de tout faire pour les unifier.

Entreprendre cela exige que les travailleuses et les travailleurs prennent eux-mêmes en main leurs luttes, à travers des assemblées générales souveraines et des comités de grève élus et révocables à tout instant, et ne s'en remettent plus aux syndicats qui ne sont plus, depuis longtemps, des organismes de défense des intérêts des travailleuses et des travailleurs. Bien au contraire ! C'est le chemin que doit nécessairement prendre le prolétariat pour défendre aujourd'hui efficacement ses intérêts immédiats et repousser les attaques répétées du capital.

Des Communistes Internationalistes, Montréal Décembre 2007

mardi 4 décembre 2007

Contre la charité bourgeoise

Au mois de Décembre 1997, une action musclée avait été entreprise afin de dénoncer la misère et la barbarie que perpétue le capitalisme dans sa globalité. Le Comité des Sans-Emploi (CSE), non content – et avec raison – des organismes charitables liés au capitalisme qui sont censés aider le prolétariat dans le besoin, avait mis sur pied un commando pour réquisitionner la nourriture du chic resto de l’hôtel tout aussi chic Reine Élizabeth, un restaurant où s’entassent généralement les privilégiés de la société bourgeoise pour s’empiffrer de nourritures fastes et dispendieuses. Ce commando-bouffe attaquait par le fait-même la bourgeoisie sur son terrain en défiant la légalité de son appareil répressif. Pendant que des vedettes québécoises jouaient aux clowns en faisant sonner les cloches de la guignolée pour ramasser des fonds en vue d’offrir un Noël plus festif aux milliers de prolos miséreux du Québec, une centaine d’individus pénétraient le Reine-Élizabeth pour se réapproprier son buffet.

Aujourd’hui, 10 ans plus tard, la situation n’a guère changé pour ceux et celles qui sont dans la dèche. D’ailleurs, elle ne changera pas de sitôt si notre classe ne s’organise pas pour mettre fin à ce système cannibaliste que représente le capitalisme. Notre classe, c’est le prolétariat, la classe qui produit la richesse profitant à une autre classe – la bourgeoisie – qui s’accapare ces richesses par tout un tas de lois et réglementations soi-disant légitimes qu’elle a mises sur pied à travers son État. Pendant qu’une poignée d’individus se vautrent dans une richesse absolument indécente, partout sur le globe, la majorité des êtres humains sont privés d’eau, de nourritures sommaires, de toits pour s’abriter…

La charité, un concept tout-à-fait propre à la bourgeoisie, n’éliminera jamais le problème des inégalités sociales et de la pauvreté. En fait, les organisations charitables ont d’abord été conçues par la bourgeoisie afin « d’humaniser » son système barbare de rapine organisée pour à la fois donner bonne conscience à sa classe, à la fois pour laisser croire que sa soi-disant ambition libérale de répartition des richesses est à l’ordre du jour, et à la fois – et surtout – pour lancer des miettes aux plus démunis de notre classe à la seule fin que nous nous tenions tranquilles en nous contentant du sort que nous devons subir chaque heure du jour. L’action entreprise par le CSE pose donc pertinemment la question de la légitimité d’un système basé sur la production de profits aux seuls bénéfices d’une bourgeoisie qui se dispute les richesses mondiales : des disputes qui trouvent la plupart du temps leurs expressions dans des guerres sanguinaires où meure encore le prolétariat en ligne de front!

Car le capitalisme c’est une guerre permanente! D’abord, une guerre entre les classes qui composent ce système. Partout, la bourgeoisie attaque le prolétariat en coupant les services sociaux, en le démobilisant, en réduisant ses fonds de retraite, quand on ne parle pas directement des réductions de la masse salariale. À ce titre, la bourgeoisie est unie contre le prolétariat partout sur la planète. Ensuite, le capitalisme c’est une guerre anthropophage à l’intérieur même de la bourgeoisie qui rivalise avec elle-même pour s’accaparer de nouveaux marchés, se disputer les anciens, et s’entre-piller les ressources naturelles mondiales.

Non, le capitalisme n’a guère évolué vers un mieux-être depuis la Première Guerre mondiale, quoiqu’en disent ses partisans : son cycle de crise / guerre / reconstruction (cycle qui permet de redémarrer son économie embourbée) n’a pas du tout été endigué après 1945. Bien au contraire, la multiplication d’affrontements impérialistes locaux s’est poursuivie pendant la guerre froide, faisant encore plus de morts que jamais, et laissant planer une menace encore plus grande de destruction globale à coups de nucléaire. Qui plus est, depuis la décomposition du Bloc de l’Est en 1991 et la fin de l’équilibre des pouvoirs, les grandes puissances ont vu de nouvelles perspectives s’ouvrir à l’horizon et le champ est de nouveau libre pour le repartage des richesses du globe.

Des actions comme celles entreprises par le CSE en 1997 sont des plus légitimes mais ne vont malheureusement nulle part. Dix ans plus tard, ce type d’action n’a pas fait progresser d’un iota le niveau de conscience de classe des sans emplois en général, et du Comité des Sans-Emploi en particulier; la preuve en est cette action commémorative du commando-bouffe. Pour réellement renverser la bourgeoisie et instaurer la dictature du prolétariat articulée par les conseils ouvriers, il est nécessaire de mettre en place une organisation capable de rassembler l’ensemble des travailleurs et des travailleuses. Un parti de classe internationaliste et antistalinien doit s’élaborer maintenant pour que le prolétariat puisse unifier efficacement sa lutte contre l’exploiteur. D’usines en usines, d’entreprises en entreprises, les grèves doivent s’étendre à tous les secteurs de la production en mettant de côté les syndicats qui n’ont, depuis longtemps, plus les mêmes intérêts que ceux de notre classe. C’est une dictature du prolétariat basée sur les soviets et conseils ouvriers qui doit émerger contre la bourgeoisie; une dictature complètement opposée aux dictatures de parti, au parlementarisme, et au légalisme bourgeois! Que le prolétariat prenne en main aujourd’hui les rênes de son destin en mettant sur pied son parti de classe pour que sa propre conscience émerge plus affûtée que jamais dans la lutte qu’il mène depuis toujours contre la classe qui l’exploite! Pas de compromis avec la bourgeoisie! Prolétaires, à votre parti, à la Révolution!

Des Communistes Internationalistes, Montréal 4 Décembre 2007

cim_icm@yahoo.com