samedi 11 octobre 2008
35 ans de luttes ouvrières - Bilan et perspectives : un « bilan » personnel sans perspective
Le 13 septembre dernier eût lieu une conférence donnée par Richard St-Pierre, actuellement affilié au Bureau International pour le Parti Révolutionnaire par l’entremise du Groupe Internationaliste Ouvrier dont il est membre en règle. Celle-ci était une présentation de la NEFAC (Montréal), une fédération anarchiste présente au Québec depuis quelques années.
Le titre de la conférence « 35 ans de luttes ouvrières – bilan et perspective » donnait beaucoup à espérer. D’autant plus que les années soixante-dix et quatre-vingt furent chargées d’affrontements ouvriers un peu partout au Québec. Ici, d’ailleurs, nous tenons à le préciser : la conférence se voulait principalement tirée de l’expérience personnelle du militant St-Pierre; et donc, c’est un bilan des luttes ouvrières québécoises auquel il fallait s’attendre…
Dans la salle, beaucoup de sang neuf, de nouveaux visages; du moins, aux yeux des militants que nous sommes. Une quarantaine de personnes sont ainsi présentes lors de cet évènement tenu dans un bar du centre-ville. D’ailleurs, disons-le immédiatement, en ce qui a trait à l’organisation de cette rencontre, on peut dire qu’elle fut un franc succès.
Maintenant, pour quiconque ne connaît pas Richard St-Pierre ou qui n’est pas familier avec l’histoire du mouvement ouvrier québécois, la conférence devait être fascinante. Il faut dire que le conférencier possède une verve étonnante et sait captiver son auditoire. La description faite de ses expériences passées au cœur des différentes luttes dans lesquelles il fut impliqué est admirablement soutenue. Cependant, lorsqu’on l’a assez bien côtoyé, ce sont des histoires qui nous ont déjà été servies et qu’on a maintes fois entendu. Certes, cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas intéressantes à réentendre. Mais passons!
St-Pierre nous parle de ses expériences ouvrières dans les mines, au syndicat des travailleuses et travailleurs en garderie qu’il a co-fondé, au Regroupement Autonome des Jeunes, au Comité des Sans Emplois comme l’un de ses cofondateurs et très peu, étant donné sa longue implication dans l’organisation maoïste En Lutte. Par contre, aucune critique véritable de ce type de militantisme gauchiste ne fut déployée durant la conférence de la part de celui qui, rappelons-le, est un des seuls représentant du BIPR – en plus d’être un des principaux représentants de la Gauche Communiste – en sol canadien.
Par notre présence à cet évènement, nous nous étions donné comme mandat de faire ressortir la ligne politique générale du camp prolétarien (critique des syndicats, du frontisme, nécessité du parti de classe, etc) et de soutenir le camarade St-Pierre lors des discussions. Malheureusement, notre participation ne fut pas celle espérée.
L’évènement étant tenu par des anarchistes de classes qui, bien qu’étant sympathiques et amicaux à l’endroit des internationalistes en général, n’ont rien à voir avec le camp prolétarien, nous nous attendions donc à une certaine critique des organisations gauchistes dans lesquelles St-Pierre a milité. Une critique ou encore un simple dépassement des idées véhiculées par celles-ci! Le fait que cet évènement ait été organisé par des anarchistes ne fait pas automatiquement de celui-ci un évènement opportuniste. Au contraire, nous saluons l’esprit de camaraderie de St-Pierre et sa participation à l’évènement. Donc, sans affirmer que la conférence était en soi opportuniste, nous pensons que son contenu l’était à certains égards par le manque de critique tiré des luttes ouvrières dressé par le conférencier. Nous pensons que l’auditoire n’eut pas véritablement droit au bilan de St-Pierre.
Outre le manque de critique du gauchisme, du syndicalisme, et de l’opportunisme dans la classe ouvrière, l’aspect « perspective » pour la classe ouvrière n’a pas été abordé parce que beaucoup trop de temps été alloué à raconter des expériences personnelles du conférencier. Car le titre sous-entendait aussi une discussion au sujet des perspectives de luttes et de transcroissance des luttes (la révolution) pour le prolétariat. Quelques questions furent posées à ce sujet, mais aucun véritable débat de fond n’eût lieu.
Bien que St-Pierre nous rappelle à maintes reprises avoir préparé un long exposé sur la « conscience » qui ne put être présenté par manque de temps, il nous semble que cet apport aurait été des plus enrichissants. Ce chapitre fut donc complètement rayé de la rencontre. Dommage! En 2008, la conscience de classe et la conscience révolutionnaire ont bien besoin d’un rappel.
Il fut soulevé que d’autres conférences tenues par la NEFAC et auxquelles St-Pierre participerait pourraient avoir lieu dans un avenir proche. Espérons qu’il y aura alors une démarcation claire d’avec les gauchistes.
Conclusion : une conférence sans véritable bilan ni perspective qui laissa malheureusement les camarades prolétaires sur leur faim!
Des communistes internationalistes de Montréal 11 octobre 2008
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