jeudi 29 octobre 2009

Notre réponse aux réponses sur la proposition d'un site web

(Ajout à la fin : Réponse de la majorité de la Fraction reçu le 10/11/2009 et notre réponse à cette réponse)

Nous publions notre proposition d'un site web au sein de la Gauche communiste et nos commentaires aux réponses reçues sur notre proposition Nous publions aussi ces textes pour que les groupes de la Gauche communiste assument leurs responsabilités publiquement.

Les communistes internationalistes de Montréal

Proposition d’un site Web de discussion au sein de la Gauche communiste

Le but de ce lieu d’échange virtuel est de favoriser la discussion entre les groupes de la Gauche communiste afin que ces groupes:

  • Participent au renforcement des assises du camp prolétarien, par la mise en place d’un point de rencontre permanent où les groupes peuvent échanger fraternellement ;
  • Contribuent à la clarification du programme communiste face aux luttes que mène le prolétariat aujourd’hui ;
  • Tentent au plus grand rapprochement possible de ses éléments, sans pour autant mettre de côté les divergences entre ses participants, pour éventuellement intervenir conjointement au sein des luttes du prolétariat.

Nous espérons aussi que – par la simple présence d’un tel point de rencontre – puisse émerger une définition plus nette de ce qu’est le camp prolétarien dans les années 2000, en y extirpant tout élément étranger ou portant à confusion pour la classe qui est la nôtre. La classe productrice de plus-value peut en effet défendre ses intérêts immédiats ; mais seule une minorité révolutionnaire regroupée autour d’un parti de classe internationaliste peut insuffler sa conscience de classe pour soiau prolétariat afin de guider les luttes dans une direction révolutionnaire.

Puisqu’en général la Gauche Communiste est très faible numériquement et divisée sur certaines questions, elle intervient peu et de façon dispersée dans la classe. Parfois, comme de raison, avec des différences importantes ; mais parfois aussi avec le même point de vue politique ou avec des différences d’ordre secondaires. Nous pensons qu’un espace de débat théorique et pratique peut être un pas vers une plus grande unité et un plus grand éclaircissement du programme politique prolétarien.

Aussi, différents groupes de la GC se sont déjà exprimés pour avoir un espace semblable de débat.

Le BIPR [Nouveau nom Tendance Communiste Internationaliste]

« Dès sa fondation, les deux organisations fondatrices du Bureau ont affirmé que notre organisation ne prétendait pas être le parti international du prolétariat mais que nous ne sommes pas non plus un simple cercle de discussion académique. Il s’en suit que l’activité du Bureau, en complète cohérence avec sa plateforme et ses objectifs stratégiques, a toujours cherché à encourager les discussions entre divers groupes au niveau international, avec le but concret de reconstruire un véritable parti révolutionnaire international. L’activité entière du Bureau, tout en ne prétendant pas être le parti ni le noyau initial du futur parti, a été le débat politique et théorique avec d’autres groupes. La correspondance internationale dans plusieurs langues, des rencontres et des discussions avec des éléments qui nous ont contacté et la publication de la revue anglophone Internationalist Communist (maintenant suspendue pour des raisons financières) ont été notre travail quotidien depuis plusieurs années. » Après 25 années du Bureau - Bilan et perspectives mai 2008.

La Fraction Interne du CCI :

« Dans cette situation, particulièrement difficile pour notre classe, nous ne pouvons que constater et déplorer non seulement la faiblesse des minorités communistes mais surtout l'enfermement sectaire que les groupes et organisations du camp prolétarien subissent et entretiennent.

Ce dont la classe a besoin – et que seules ses avant-gardes communistes sont en mesure de lui apporter, et c'est d'ailleurs leur responsabilité propre – c'est d'une orientation, de repères politiques clairs, d'objectifs définis lui indiquant le sens de son combat et la réalité des enjeux.

Pour entrer en lutte, se mettre en grève, la masse des ouvriers n'a pas essentiellement besoin de ses minorités communistes ; elle peut le faire d'elle-même et elle le fait. Par contre, pour mener la lutte dans un sens tel que le rapport de forces puisse tourner en sa faveur ; pour déjouer les pièges et les embûches que la bourgeoisie, son appareil de gauche et ses syndicats, ne manquent pas de lui tendre ; pour saisir l'ampleur de la situation et la profondeur des enjeux, les minorités communistes sont indispensables et c'est pour cette tâche spécifique que la classe les a fait naître, historiquement. » La bourgeoisie à l'offensive tous azimuts ; le prolétariat en ordre dispersé. Bulletin #47 26/07/2009.

Le CCI

« Dans l'esprit de secte, le dialogue avec d'autres ne sert évidemment à rien. "On n'est pas d'accord ! On n'est pas d'accord ! On ne va pas se convaincre !"

Et pourquoi des organisations révolutionnaires ne convaincraient pas d'autres organisations à travers le débat ? Seules les sectes refusent de remettre en question leurs certitudes.

Comment se sont donc faits tous les regroupements de révolutionnaires dans le passé si ce n'est en parvenant à travers le débat à "se convaincre" ? » Le sectarisme, un héritage de la contre- révolution à dépassé. Revue Internationale # 22, 3e trimestre 1980.

« … la politisation des combats du prolétariat est en lien avec le développement de la présence en leur sein de la minorité communiste en leur sein. Le constat des faibles forces actuelles du milieu internationaliste est un des indices de la longueur du chemin qui reste encore à parcourir avant que la classe ouvrière puisse s’engager dans ses combats révolutionnaires et qu’elle fasse surgir son parti de classe mondial, organe essentiel sans lequel la victoire de la révolution est impossible» Résolution sur la situation internationale. Revue Internationale #138, 3etrimestre 2009.

Bien entendu, ces citations ne sont pas exclusives mais reflètent le besoin urgent d’un lieu de débats théorique et pratique compte tenu de l’ampleur de la crise actuelle et d’un prolétariat qui lutte sans aucune orientation politique révolutionnaire à long terme c’est-à-dire le communisme. Par exemple il aurait été important de faire un bilan des luttes en Grèce et en Guadeloupe, d’étudier les conséquences de l’accroissement du capitalisme d’état dans les luttes actuelles et futures de la classe ouvrière, etc.

Propositions de critères de base pour participer à ce lieu de rencontre :

  • Reconnaissance de la dictature du prolétariat
  • Reconnaissance de la nécessité d’un parti international et internationaliste du prolétariat
  • Un minimum d’intervention dans la classe (Rédaction et diffusion de tracts par ex.)

Il va de soi que l’internationalisme est un critère mais nous considérons qu’il est inclus dans les deux premiers critères et que seule la lutte internationale du prolétariat peut l’amener à la victoire sur le capitalisme.

Pour le moment nous lançons l’invitation au BIPR, le OPOP (Brésil-Opposition Ouvrière), au CCI, au Pcint (Le Prolétaire) et à la FICCI.

Éventuellement d’autres groupes (et / ou des individus) correspondant à ces critères pourraient s’ajouter.

Nous souhaitons, grâce à ce lieu d’échange, voir des groupes de la GC évoluer fraternellement vers une relative homogénéité – lorsque que c’est possible de le faire – ou de les voir se détacher du camp prolétarien lorsque les discussions verront certains de ceux-ci surgir avec des notions complètements étrangères aux intérêts de notre classe.

Ce sera un outil interne à des groupes de la GC. La mise en place de textes ne sera accessible qu’aux groupes participants ; cette restriction afin d’éviter que des groupes gauchistes ne viennent semer la confusion ou nuisent aux débats. Cependant, la lecture du site sera ouverte à tous, et donc aux éléments conscient de la classe. Certes cela est restreint à l’accès internet mais n’oublions pas que le but premier concerne les groupes de la GC.

Les textes devraient être publiés en anglais et en français. La responsabilité de la traduction relèvera des groupes participants.

Évidemment, il s’agit ici d’une proposition. Nous espérons qu’elle sera débattue et éventuellement modifiée par les participants proposés ci-haut. Les CIM ne mettront pas en place ce site Web. Advenant votre accord, nous attendons les propositions d’un nouveau site ou d’un emplacement sur un site actuel.

Salutations internationalistes

Des communistes internationalistes de Montréal (CIM) 31 août 2009

____________________________________________
Chers camarades,
Tout d’abord, veuillez excuser le retard de cette correspondance. La raison principale de ce long délai fut que nous attendions d’avoir la réponse de tous les participants avant d’envoyer les éléments du débat.

Aussi, merci d’avoir pris en considération notre proposition. À vrai dire, une proposition semblable avait été émise par la Fraction Interne du CCI, il y a de cela un peu plus de deux ans, lors de la visite d’un de ses membres à notre groupe. Dès le départ, nous avions des doutes et des réserves quant à la réalisation d’un tel projet : il faut dire que notre groupe fut mis sur pied suite à notre impossibilité de débattre réellement au sein-même de la filiation canadienne du BIPR; aussi, la position de la Fraction à ce moment était que, puisque pour eux le CCI liquidait ces positions politiques originelles, le BIPR demeurait le seul pôle de regroupement possible à l’intérieur de l’actuelle Gauche Communiste (GC). Notons à ce sujet que le PCI a quelque peu malmené la conception que nous nous faisions de cette appellation à travers la réponse qui fut faite à notre proposition.

Soulignons également que nous n’avons jamais su partager l’optimisme de certaines organisations – situées ouvertement au sein de la GC – face à la conjoncture actuelle du capitalisme en crise; et face à la reprise des luttes du prolétariat qui lui indiquerait à nouveau le chemin des luttes politiques contre les luttes économiques. Puisque dès le départ, il a été impossible pour nous de débattre avec le BIPR malgré tous les efforts (1) fait en ce sens, nous étions donc plutôt pessimistes quant à la mise sur pied du projet; les divers groupes que nous souhaitions voir impliqués ne se parlant plus depuis quelques années.

C’est donc au printemps passé que nous avons remis cette idée à l’ordre du jour au court de discussion face à l’état lamentable du camp politique prolétarien sur le plan mondial; face à la conjoncture historique dans lequel le milieu révolutionnaire patauge depuis 30 ans et qui ne va pas en s’améliorant. Une tentative s’avérait donc nécessaire.

Maintenant, pour faire un court survol des dernières semaines, le CCI nous a répondu avant même d’avoir reçu la proposition d’un site web commun (à la fin du mois d’août passé). En effet, un membre de notre petit groupe a eu la chance de rencontrer deux militants du CCI et leur avait avancé verbalement l’idée du site web, en juillet passé. À ce moment, les deux camarades semblaient d’accord avec cette idée (qui n’excluait pas la participation de la FICCI); leur seule condition ponctuelle étant d’y inclure un groupe dont nous ne connaissions pas l’existence : l’OPOP (ce que nous avons fait).

Le PCI, quant à lui, nous a répondu à la fin septembre dans une réponse très politique et tranchante. Bien que nous ne partagions pas certains éléments de sa réponse, nous saluons sa franchise. Nous reproduisons ici la réponse du PCI :
Les CIM

Le 26/09/2009

Au CIM (Montréal)

Chers camarades,

Nous avons bien reçu votre brochure «Du nationalisme à l'internationalisme« et votre «Proposition d'un site Web de discussion au sein de la Gauche communiste» du 31 août dernier. Vous adressez votre proposition au CCI, au BIPR (Bureau International pour le Parti Révolutionnaire, dont la principale composante est le groupe italien Battaglia Comunista, mais qui comprend aussi la Communist Workers Organisationen Grande-Bretagne, le Groupe Internationaliste Ouvrierau Canada et Bilan et Perspectives en France), à la FICCI (Fraction Interne du CCI, groupe exclu de cette dernière organisation il y a quelques années) et au groupe brésilien OPOP (Opposition Ouvrière, groupe avec lequel le CCI dit avoir des liens)

Vous présentez ce «lieu d'échange virtuel» comme devant avoir pour but de «Favoriser la discussion entre les groupes de la Gauche communiste afin que ces groupes: participent au renforcement des assises du camp prolétarien par la mise en place d'un point de rencontre permanent où les groupes peuvent échanger fraternellement; contribuent à la clarification du programme communiste face aux luttes que mène le prolétariat aujourd'hui; tentent au plus grand rapprochement possible de ses éléments, sans pour autant mettre de côté les divergences entre ses participants, pour éventuellement intervenir conjointement au sein des luttes du prolétariat». Selon vous: «Puisque la Gauche Communiste est très faible numériquement et divisée sur certaines questions, elle intervient peu et de façon dispersée dans la classe. (...) Nous pensons qu'un espace de débat théorique et pratique peut être un pas vers une plus grande unité et un plus grand éclaircissement du programme politique prolétarien».
Vous estimez qu'il y a «le besoin urgent d'un lieu de débats théorique et pratique compte tenu de l'ampleur de la crise actuelle et d'un prolétariat qui lutte sans aucune orientation politique révolutionnaire à long terme, c'est-à-dire le communisme». Vous souhaitez «grâce à ce lieu d'échange, voir des groupes de la GC évoluer fraternellement vers une relative homogénéité - lorsque c'est possible de le faire - ou de les voir se détacher du camp prolétarien lorsque les discussions verront certains de ceux-ci surgir avec des notions complètement étrangères aux intérêts de notre classe». En appui de votre proposition vous citez des déclarations du CCI, du BIPR et de la FICCI en faveur du débat avec d'autres groupes et contre le «sectarisme».

Nous ne partageons pas cette position, ni votre analyse ou votre objectif; c'est pourquoi nous ne pouvons que répondre négativement à votre proposition.

Les partis ou organisations auxquels vous adressez votre proposition ne sont pas des organisations nouvelles-nées qui par mégarde, par manque de réflexion ou par ignorance, pourraient avoir inclus dans leur programme quelques positions erronées ou incertaines qu'il suffirait de discuter pour les rectifier. A l'exception de OPOP que nous ne connaissons pas, ce sont des organisations qui existent depuis des années ou des dizaines d'années et qui ont mené entre elles des polémiques sur tous les points litigieux: c'est même de la rupture avec Battaglia Comunista qu'est né notre parti au début des années cinquante! Leurs positions politiques, théoriques et programmatiques sont fixées depuis longtemps, de même que leur action pratique: bien naïf serait celui qui s'imaginerait qu'une «discussion fraternelle» sur un forum internet pourrait tout à coup convaincre les uns ou les autres de modifier leur position!
Mais en réalité il s'agit de toute autre chose et la méthode que vous nous proposez est tout sauf nouvelle.

Excepté le recours au média internet, il s'agit, à une échelle sans doute microscopique, de l'éternelle méthode opportuniste qui fait passer la recherche du nombre ou des résultats immédiats avant la défense intransigeante des principes et du programme. L'expérience historique a tragiquement démontré que cette méthode aboutissait invariablement à la défaite du prolétariat et à la victoire de la contre-révolution. Les militants de notre courant ont été taxés de «sectarisme» parce qu'ils combattaient cette méthode dans l'Internationale Communiste dès ses premières années comme dans le regroupement des communistes oppositionnels que tentait de réaliser Trotsky: les faits sont là pour montrer que les «sectaires» avaient vu clair...

Nous nions absolument que les différents groupes auxquels vous adressez votre proposition ne soient séparés que par des questions secondaires et qu'ils fassent tous partie d'une supposée «Gauche communiste» destinée à être le creuset du futur parti. Ils sont au contraire séparés par des questions cruciales qui demain pourront déterminer le sort de la révolution et qui dès aujourd'hui les placent de façon différente par rapport aux premières manifestations du processus de réapparition de la lutte de classe: la question du parti et de son rôle, la question de l'Etat et la conception de la dictature du prolétariat, la question de la violence, l'attitude par rapport aux luttes de défense économique et immédiate des prolétaires, par rapport aux luttes partielles de certaines catégories de prolétaires, etc.

Quel sens pourrait avoir un rapprochement avec des organisations qui défendent les conceptions idéalistes classiques du préalable de la «prise de conscience» des prolétaires avant qu'ils puissent faire la révolution et qui donc bornent le rôle du parti à celui d' éclaireur des consciences? Quelle unité d'action pourrait-il y avoir avec des organisations qui nient tout intérêt aux luttes de défense économiques des prolétaires et qui donc s'opposent à toute organisation de type syndical pour ces luttes? Ces deux exemples pour montrer que ces organisations soi-disant de Gauche communiste se trouvent en fait sur une série de points en dehors du marxisme...

L'extrême faiblesse du nombre de militants communistes, leur isolement à peu près complet par rapport à la classe ouvrière et ses luttes sont malheureusement des données de fait qui caractérisent la situation actuelle où le prolétariat est encore sous la domination d'influences bourgeoises et prisonnier des réseaux de collaboration de classe mis en place dans tous les pays depuis des décennies. Sans aucun doute des crises économiques importantes comme celle actuelle tendent objectivement à affaiblir cette sujétion et à pousser les prolétaires à se révolter contre leur condition; mais il faudra encore du temps pour que sur la base de ces poussées élémentaires surgissent des minorités prolétariennes décidées à oeuvrer à la solution de la crise bien plus grave et bien plus décisive: la crise du mouvement ouvrier révolutionnaire qui depuis plus de 80 ans a réduit le prolétariat à l'impuissance en détruisant son parti et ses organisations de classe. Il est impossible de travailler à résoudre cette crise, c'est-à-dire de travailler à la reconstitution du parti de classe internationaliste et international qui aura pour tâche de diriger la lutte des prolétaires de tous les pays pour la révolution communiste internationale, au moyen d'expédients démocratiques comme des discussions politiques et programmatiques visant à rassembler des partis et groupes aux positions politiques différentes afin d'augmenter le nombre des militants révolutionnaires et leurs possibilités d'action.

La voie à suivre est exactement l'inverse de celle que vous proposez: c'est la voie de la lutte politique intransigeante contre toutes les tentatives pour estomper les divergences programmatiques et de principes, les orientations politiques et tactiques, qui en réalité divisent profondément les différentes organisations que vous voudriez rassemblez dans votre «Gauche communiste». Les rares prolétaires qui sont aujourd'hui et qui plus nombreux seront demain poussés à rompre avec toutes les variétés de réformisme ont avant tout besoin de clarté politique: il ne faut pas leur cacher les divergences au moyen de débats démocratiques, mais au contraire les rendre plus nettes et plus manifestes pour que les orientations correctes puissent l'emporter sur celles qui ne le sont pas.
Quelles que soient les intentions bonnes ou mauvaises, tout ce qui entrave la clarification politique fait oeuvre anti-prolétarienne car cela revient à faire obstacle à la reconstitution de l'organe suprême de la lutte ouvrière: le parti.

Fraternellement

Comme le mentionne le PCI, nous pensons en effet que cette tentative, de notre part, qui visait essentiellement à ouvrir – ou plutôt à ré-ouvrir – un débat parmi les groupes issus de la GC fut quelque peu naïve ; cependant, cette naïveté diffère de celle dont nous accuse le PCI. Notre naïveté se situe plutôt au niveau de l’état actuel des lieux dans lequel trempe les divers groupes composant la GC : état sclérosé causé par la profonde période contre-révolutionnaire que nous essuyons et qui se manifeste par le sectarisme politique, le repliement des organisations sur elles-mêmes sous prétexte d’une préservation des bases programmatiques déjà acquises, la peur des confrontations politiques, quand il ne s’agit pas tout simplement de la faiblesse numérique des divers groupes pour maintenir dynamique cette confrontation d’idées, etc.

Bien que nous considérions la réponse du PCI comme très politique et franche, nous pensons cependant qu’il reste cantonné dans son isolement programmatique. En effet, s’il est si sûr de la profondeur et de l’intégrité prolétarienne de ses positions programmatiques, qu’est-ce qui l’empêche de ramener encore une fois le débat au sein des autres courants de la GC ? Nous maintenons que c’est par la confrontation politique que les éléments prolétariens s’unissent autour du programme révolutionnaire ou se détachent de celui-ci. Le PCI ne nous semble pas prêt à vouloir rompre son isolement et à reprendre contact avec les luttes que mènent ponctuellement le prolétariat.

Maintenant, la réponse hâtive du CCI :

Le CCI au CIM
Le 20 août 09
Chers camarades.
Nous avons pris connaissance de votre lettre du 17 août 09 et la présente concerne essentiellement une réponse à votre proposition de forum.

Avant cela, nous voulons toutefois dire deux mots à propos de votre lettre de novembre 2007 que vous venez de nous réexpédier (mail du 2/08/09). En la lisant, nous nous souvenons de l'avoir effectivement reçue. A l'époque nous n'avions cependant pas pensé qu'elle appelait une réponse de notre part dans la mesure où elle exprimait surtout vos inquiétudes concernant notre texte sur la culture du débat ou encore la mise en place dans le CCI d'une Commission d’Investigation permanente. Si une critique plus explicite sur ces deux questions, ou toute autre, nous était parvenue par la suite, nous y aurions répondu de façon argumentée.

Mais c'est très bien de revenir aujourd'hui sur cet épisode pour éclaircir les circonstances ayant conduit à l'interruption de notre correspondance sans que cela ait été voulu ni par vous ni par nous, comme cela a été éclairci lors de notre dernière rencontre (en date du 16 juillet à Paris). A ce propos, nous vous livrons un élément supplémentaire qui, nous nous en rendons compte à présent, a pu vous dérouter à l'époque : nous avions procédé à cette période, pour des raison évidentes d'économie de frais postaux, à une réduction drastique du nombre de nos publications souvent envoyées "à l'aveugle" à de nombreuses adresses de par le monde. Visiblement cette "réorganisation" n'a pas été complètement maîtrisée par nous et vous a malheureusement affecté. Nous le regrettons vivement.

Nous en arrivons à présent à votre proposition de forum commun regroupant en plus de vous et nous, le PCI, le BIPR et la FICCI.

Une telle proposition s'inscrit parfaitement dans la démarche que nous avons toujours eue en direction du milieu politique prolétarien et le manque d'écho qu'elle a rencontré de la part de ce dernier ne nous y a pas fait renoncer. Ainsi, malgré l'initiative des groupes qui allaient constituer le BIPR de rompre le cycle des conférences internationales de la Gauche communiste (1977-80) et le refus catégorique des groupes de la mouvance "bordiguiste" d'y participer, nous n'avons eu de cesse de solliciter le BIPR et les différents PCI avec des propositions d'intervention commune face à des évènements importants de la situation (la guerre en général). Nous avons également proposé au BIPR, à la fin des années 1990, une coopération entre nos deux organisations en vue d'un travail commun en Russie. Signalons également que nous avions également invité le BIPR à participer à notre XIIIe congrès international, en 1999.

A une seule exception près (une réunion publique commune avec la CWO à Londres en 1997 célébrant l'anniversaire de la révolution russe), toutes ces démarches de notre part ont toujours provoqué de la part du BIPR (et des PCI également) une fin de non recevoir. Néanmoins, ce ne sont pas ces échecs qui ont été de nature à nous faire modifier notre position sur la nécessité d'une activité commune entre révolutionnaires de différentes organisations, tout au plus avons-nous modulé la fréquence de nos sollicitations pour les réserver aux moments les plus importants de la situation internationale.

Nous aurions continué à solliciter le BIPR de la même façon si, à l'automne 2004, cette organisation ne s'était distinguée par une attitude à l'encontre de la nôtre qui "n’est pas digne d’un groupe qui se réclame de la Gauche communiste mais appartient aux méthodes du trotskisme dégénéré, voire du stalinisme" (Lettre ouverte du CCI aux militants du BIPR, en date du 7 décembre 2004) (2). Nous voulons parler de l'épisode du Circulo d'Argentine, où le BIPR a couvert de sa respectabilité et participé à propager les dénigrements portés à notre encontre par un aventurier, "monsieur B. ", lequel, déçu de ne pas être intégré rapidement dans le CCI, avait entrepris de porter fortement atteinte à note organisation en utilisant frauduleusement la signature du groupe de camarades sympathisants du CCI en Argentine (le NCI) dont il faisait initialement partie mais qui ignorait tout de ses manœuvres. (3)

Nous avions, à cette occasion, explicité publiquement quelle serait notre ligne de conduite vis-à-vis du BIPR, le considérant comme "un obstacle à la prise de conscience du prolétariat" s'il devait persister "dans la politique du mensonge, de la calomnie et, pire encore du "laisser dire" et du silence complice devant les agissements des groupuscules dont c’est la marque de fabrique et la raison d’exister" (Lettre ouverte …).

A notre connaissance le BIPR n'a pas depuis lors réédité ce type de comportement ce qui ne signifie pas pour autant qu'il ait tiré les leçons de l'évènement, ni qu'à la première occasion il ne se livrera pas à nouveau à la calomnie. C'est la raison pour laquelle nous n'entreprendrons avec lui aucune coopération politique du type de celle qu'implique l'organisation en commun d'un forum de discussion tant qu'il n'aura pas fait la preuve qu'il a compris avoir commis une grave faute politique. C'est une question de principe concernant les questions de comportement politique (qui sont des questions politiques primordiales) et auquel nous ne dérogerons pas.

Cela ne signifie pas que, face au BIPR, nous nous refusions à quelque contact qui soit. Il a toujours pu venir librement à nos réunions publiques (comme quiconque d'ailleurs, à part la FICCI sur laquelle nous allons revenir) et nous participons aux siennes. Nous avons également récemment participé (le 25 Avril 2009) à une rencontre à l'initiative du MDF (Midlands Discussion Forum) en Grande-Bretagne, à laquelle le BIPR participait également de même que Perspective Internationaliste. Mais cela ne va pas au-delà.

Comme vous le savez, il existe également un obstacle du même type concernant un travail commun avec la FICCI, puisqu'il concerne lui aussi les questions de comportement politique. Néanmoins, celui-ci est bien plus important que concernant le BIPR comme nous avons eu l'occasion, à de nombreuses reprises, de le mettre en évidence :

"La prétendue "Fraction Interne du CCI" (FICCI) est un tout petit groupuscule composé d’anciens membres du CCI exclus lors de notre 15e congrès international pour mouchardage. Ce n'est pas la seule infamie dont ces éléments s'étaient rendus responsables puisque, reniant les principes fondamentaux de comportement communiste, ils s'étaient également distingués par des attitudes typiques de voyous, tels que la calomnie, le chantage et le vol. Pour ces autres comportements, bien qu'ils soient très graves, le CCI n'avait pas prononcé d'exclusion à leur égard, mais une simple suspension. C'est-à-dire qu'il était encore possible pour ces éléments de revenir un jour dans l'organisation à condition évidemment qu'ils restituent le matériel et l'argent qu'ils avaient dérobés à celle-ci et qu'ils s'engagent à renoncer aux comportements qui n'ont pas leur place dans une organisation communiste. Si le CCI a décidé finalement de les exclure, c'est qu'ils ont publié sur leur site Internet (c'est-à-dire au vu de toutes les polices du monde) des informations internes facilitant le travail de la police : a) la date où devait se tenir la conférence de notre section au Mexique ; b) les véritables initiales d'un de nos camarades présenté par eux comme "le chef du CCI", avec la précision qu'il était l'auteur de tel ou tel texte compte tenu de "son style" (ce qui est une indication intéressante pour les services de police)." (Calomnie et mouchardage, les deux mamelles de la politique de la FICCI envers le CCI)(4)

Même s'il peut nous arriver de nous retrouver dans une même réunion que la FICCI, organisée par d'autres groupes, les mesures que nous maintenons vis-à-vis de celle-ci sont à la mesure de la nocivité de son comportement politique, comme l'illustre l'interdiction qui leur est faite de participer à nos réunions publiques, mesure qui a fait l'objet d'une prise de position publique dans notre presse. (5)
Si, dans le cas du BIPR, on ne peut pas exclure de déblocage de la situation actuelle dans le cas où, comme nous l'avons dit, il y aurait de sa part la reconnaissance d'un problème politique important dont ils ont été la cause, il n'en va pas de même pour la FICCI. Sa fondation s'étant effectuée sur la base de comportements tels que la délation, elle n'a pas de réhabilitation possible à nos yeux en tant que groupe. Et l'accalmie dans ses attaques contre le CCI, qu'on peut observer depuis un certain temps déjà, ne change rien à l'affaire. La question peut toutefois se poser différemment concernant les individus qui la composent, pour ceux d'entre eux qui décideraient de la quitter en faisant la critique de leur comportement passé. Mais nous n'en sommes pas là aujourd'hui.

L'impossibilité de ce projet de forum que vous proposez n'empêche pas, selon nous, le développement de bonnes relations politiques entre nous incluant évidemment la discussion des questions en divergence. En effet, nous ne mettons pas comme préalable à l'établissement d'une telle relation entre nous que vous partagiez notre conception de la défense d'une éthique prolétarienne entre groupes prolétariens, ou notre analyse du parasitisme ou encore celle de la nature de la FICCI (en tant que groupe parasite). Nous ne l'avions d'ailleurs pas exigé du BIPR non plus lorsque, au premier trimestre 2003, alors que cette organisation avait déjà établi des relations politiques avec la FICCI, nous lui avions fait la proposition, ainsi qu'aux autres groupes de la Gauche communiste, d'une intervention commune face à la guerre. Vous pourrez lire à ce sujet les termes des deux lettres adressées aux organisations de la gauche communiste qui sont publiées dans notre Revue internationale n ° 113, Propositions du CCI aux groupes révolutionnaires pour une intervention commune face à la guerre(6)

Nous restons disponibles pour répondre aux questionnements que cette lettre pourrait susciter de votre part ou pour entamer une discussion sur telle ou telle question politique vous tenant à cœur, soit sur le mode débat interne ou bien sous forme de débat dans la presse, dès lors que celui-ci peut intéresser le lecteur. Par ailleurs, nous allons veiller à vous faire parvenir régulièrement nos publications.
Recevez chers camarades, nos salutations communistes.
Le CCI

Nous somme un peu dépité par cette étrange réponse. Le CCI écrivait dans les années quatre-vingts :
« Dans l'esprit de secte, le dialogue avec d'autres ne sert évidemment à rien. "On n'est pas d'accord ! On n'est pas d'accord ! On ne va pas se convaincre !"

Et pourquoi des organisations révolutionnaires ne convaincraient pas d'autres organisations à travers le débat ? Seules les sectes refusent de remettre en question leurs certitudes.

Comment se sont donc faits tous les regroupements de révolutionnaires dans le passé si ce n'est en parvenant à travers le débat à "se convaincre" ? » Le sectarisme, un héritage de la contre- révolution à dépasser. Revue Internationale # 22, 3e trimestre 1980.

Maintenant, il nous répond :
« (…) nous ne mettons pas comme préalable à l'établissement d'une telle relation entre nous que vous partagiez notre conception de la défense d'une éthique prolétarienne entre groupes prolétariens(…) »

Pourtant, n’est-ce pas ce qu’il exige du BIPR pour que celui-ci puisse participer conjointement à notre proposition? Nous sommes malheureux de dire que la réponse du CCI ne nous convainc aucunement et qu’elle représente pour nous plutôt cette caractéristique propre au sectarisme et à l’opportunisme qu’il dénonce lui-même. En fait, le CCI ne démontre aucunement la volonté de participer à quelque débat que ce soit avec d’autres groupes, à l’exception peut-être du nôtre. Est-ce qu’il s’agit ainsi d’une simple entreprise opportuniste de racolage ?

Le BIPR quant à lui ne nous a aucunement répondu, ce qui n’est pas sans nous surprendre. Il semble que les organisations issues de la Gauche se cramponnent actuellement de toutes leurs forces à leurs organisations respectives, aussi moribondes soient-elles. Bien qu’il semble y avoir une certaine reprise des luttes un peu partout sur le globe depuis quelques années, il semble y avoir une incapacité des organisations issues de la GC à se pencher sur ces luttes afin d’en faire ressortir la théorie, et une incapacité tout aussi grande à intervenir au sein de celles-ci.

Par la proposition qui fut lancée, nous ne souhaitions pas regrouper de façon opportuniste, comme l’affirme le PCI, mais plutôt ouvrir un lieu où il aurait été possible de relancer le débat au sein de la classe qui est la nôtre.

Maintenant, la volonté d’ouvrir les discussions et d’entrer en dialogue avec notre classe est-elle réellement présente au sein des minorités communistes?

Nous présentons, pour terminer, la réponse d’une partie de la FICCI qui subit elle aussi des difficultés internes présentement. Nous terminons avec cette réponse car c’est la réponse dont nous sommes le plus prêt et que nous partageons entièrement. Elle conclut donc les brèves échanges qui eurent lieu depuis quelques semaines :

Prise de position sur la Proposition d'un site web au sein de la Gauche communiste faite par lesCommunistes internationalistes de Montréal

1) Nous approuvons et soutenons la Proposition pour la constitution d'un site web au sein de la Gauche communisteque les Communistes internationalistes de Montréal ont faite et envoyée le 31 août 2009 aux principaux groupes politiques de cette Gauche. Pourquoi soutenons-nous cette Proposition ?

En premier lieu, parce que, comme le soulignent les CIM, le camp prolétarien a besoin d'un point de rencontre politique, d'un "espace politique", permanent pour la Gauche communiste qui puisse servir de point de référence politique pour l'ensemble des groupes et éléments isolés qui sont en recherche des positions communistes, en recherche de débats et de confrontations politiques, en recherche de clarification et de cohérence politique. Ensuite, nous sommes d'accord avec le souci de la Proposition sur la nécessité de pousser au maximum possible la clarification du Programme communiste. Enfin, nous sommes tout autant d'accord avec la nécessité de rapprochements politiques entre les différentes composantes de la Gauche communiste, et sur la possibilité que de tels rapprochements puissent aller jusqu'à des interventions conjointes.

Notre appui à la Proposition des CIM ne surprendra personne dans la mesure où les conceptions qui y sont présentées et qui animent l'initiative sont les nôtres depuis toujours.

Nous tenons aussi à souligner notre accord sur les propositions de critères politiques mises en avant par la Proposition. En particulier, et cela est fondamental pour notre Fraction, le critère de la mise en avant indispensable de la nécessité du parti pour la classe. Ce critère est d'autant plus important qu'aujourd'hui le prolétariat souffre particulièrement du poids et de la vogue des idées et conceptions conseillisto-anarchistes tant dans ses minorités politiques que dans ses grandes masses au travers des illusions démocratiques.

2) La Proposition de site web pour la Gauche communiste met à juste titre la nécessité de réagir face à la faiblesse numérique, à la division et à la dispersion politiques du camp prolétarien dans la situation historique actuelle. Certes, c'est une réalité "objective". Néanmoins, ce n'est qu'une partie de la réalité, qu'une dimension, une réalité "de surface", apparente, que tout le monde souligne et dans laquelle tout le monde semble se complaire.

Il y a aussi une autre dimension de cette réalité qui, à nos yeux, est beaucoup plus importante et plus "signifiante". C'est la dimension profonde, "historique" de la Gauche communiste et des groupes qui la constituent (mais que, malheureusement, personne, ou presque, ne veut voir ni encore moins prendre en compte) qui s'exprime à travers l'unité fondamentale qui existe en son sein face aux forces politiques de la bourgeoisie, gauche, gauchistes et syndicats, et face aux courants conseillisto-anarchistes de tout ordre. En fait, concrètement, les divergences que chaque groupe de la Gauche communiste met en avant par rapport aux autres, ne sont - quoiqu'on en dise - que des divergences secondaires - ce qui ne veut pas dire qu'elles ne seraient pas importantes. Combien même ces divergences seraient de premier ordre, elles n'en rendraient que plus légitime et nécessaire l'ouverture de débats et de confrontations directes des positions et, pour nous, d'"espace" tel que celui que les CIM proposent.

La réalité actuelle n'a cessé de prouver que les groupes qui composent la Gauche communiste actuelle - et qui pour la plupart, sinon pour la quasi-totalité, sont issus de la Gauche italienne -, ont sur des questions fondamentales telles la crise, la guerre, les réponses et l'alternative prolétariennes, des analyses et des interventions très proches et ces dernières années mêmes souvent convergentes. Si cette réalité est malheureusement peu, ou pas, perçue par les groupes actuels de la Gauche, cela est pour l'essentiel le fruit du sectarisme et de la dispersion, héritage direct de la contre-révolution ; héritage que la bourgeoisie fait tout pour entretenir, développer et aggraver au travers de son idéologie, et cela au détriment du prolétariat international et de ses intérêts fondamentaux.

3) Voilà pourquoi nous pensons que le premier pas que les communistes doivent accomplir aujourd'hui, qui est selon nous leur première responsabilité, c'est de prendre conscience de ce qui déjà les unit, de lutter contre les tares (la dispersion, le refermement sur soi, le sectarisme, le refus ou la peur de la confrontation politique entre révolutionnaires qui est une des principales sources de clarification et d'élaboration du programme) qu'ils ont héritées du passé, de la contre-révolution et qui, aujourd'hui plus que jamais, font le jeu de la bourgeoisie et s'opposent aux intérêts fondamentaux de notre classe. Ces tares se manifestent depuis la dernière guerre mondiale et surtout dans la période actuelle, au point que, contrairement à ce qui prévalait précédemment dans le mouvement ouvrier, chacun ne se préoccupe que de sa petite chapelle et, du haut de ses certitudes, croit pouvoir développer des relations uniques et exclusives avec la classe ouvrière jusqu'à se considérer comme le seul axe, le seul noyau, du futur parti !

Tous se revendiquent, à un moment ou un autre, de "l'ouverture d'esprit", de l'anti-sectarisme, de la volonté de confronter leurs positions politiques, voire de vouloir agir avec les autres. Nous appuyons tout particulièrement l'insistance des CIM sur ce plan, notamment quand, dans leur Proposition, ils reprennent et citent les "grandes déclarations" des différents groupes.

Malheureusement, dès que la question d'un rapprochement, d'un resserrement de liens entre les groupes est posée concrètement, toutes les excuses sont bonnes pour se défiler.

Ainsi face à la Proposition actuelle des CIM, le CCI d'aujourd'hui s'amuse à avoir un double langage et fait tout pour saboter la proposition : dans une première rencontre directe avec les CIM, en juillet 2009, il donne son accord sur cette initiative et en particulier sur les participants que les CIM mentionne, parmi ceux-ci notre Fraction. Et immédiatement après, dans un courrier, il rejette notre participation et, plus grave encore, celle du BIPR.

Le BIPR, lui, reste silencieux et semble ignorer l'existence de cette Proposition politique dont, pourtant il devrait, et il est le seul à pouvoir, être le principal moteur. Pourquoi un tel silence ? Serait-ce dû au fait que les CIM sont à l'initiative de cette proposition ? Serait-ce dû au fait que le BIPR a des "arriérés" non résolus avec ce groupe ? Mais, dans ce type de situation, qu'est-ce qui est le plus important ? La proposition politique en elle-même ? Ou bien les contentieux particuliers qui peuvent exister ? Et la méthode qui est proposée, n'est-elle pas, entre autres, la seule possibilité de résolution des contentieux et autres malentendus ?

Enfin, nous avons pris connaissance du refus catégorique du PCI/Programme communiste à la Proposition. C'est une attitude politique qui, malheureusement, ne nous étonne pas. Mais aujourd'hui, le PCI pourrait se poser la question suivante : quel intérêt tire-t-il d'une telle position politique quand les 30 dernières années de son existence, quand sa propre expérience, prouvent à quel point cette position sectaire lui a été néfaste.

4) En conclusion, nous réitérons notre plein appui à la proposition des CIM. Ce site Web devrait regrouper l'ensemble des groupes politiques de la Gauche communiste sans oublier les éléments et groupes isolés qui se reconnaissent dans les critères de participation mis en avant. Mais, pour nous, le BIPR devrait en être l'axe et le moteur principal ; comme nous l'avons toujours défendu, cette organisation est aujourd'hui le seul pôle de regroupement sérieux du camp prolétarien et, de ce fait, son concours ne peut qu'être décisif dans la création et l'animation d'un tel espace politique.

Pour la Fraction interne du CCI.
Ldo, Juan (avec le soutien politique de Jonas).
18 octobre 2009

(1) Note des CIM. Notons aussi franchement les erreurs et fautes que nous avons pu commettre à travers ces efforts qui ne furent jamais pardonnées malgré des mises au point et excuses publiques de notre part. Voir En réponse à la Mise au point du Bureau International pour le Parti Révolutionnaire. Le texte que nous avions produit suite à ces fautes politiques. En effet, le BIPR « en mutation » affiche encore aujourd’hui sa mise au point à notre égard, près de sept mois après nos rectifications publiques.

Les notes 2, 3, 4, 5 et 6 sont du CCI.
(3) Vous pourrez trouver un résumé de l'enchaînement des faits relatifs à cette affaire, au sein du texte De calomnies en mensonges, le BIPR s'éloigne de la cause du prolétariat, en date du 26 avril 2005 ("Le comportement récent du BIPR constitue un passif qui ne peut être escamoté") http://fr.internationalism.org/rinte121/bipr.htm
(5) "Le CCI a pris la décision d'interdire la présence à ses réunions publiques et à ses permanences des membres de la prétendue"Fraction interne" du CCI (FICCI). C'est la première fois que notre organisation prend une décision de ce type et il est nécessaire qu'elle en fasse connaître publiquement les raisons face aux éléments et groupes du milieu politique prolétarien de même que devant l'ensemble de la classe ouvrière. Cette décision fait suite à l'exclusion de ces mêmes membres de la FICCI lors de notre XVe congrès, au printemps 2003 et résulte des motifs de cette exclusion : l'adoption par ces éléments d'une politique de mouchardage contre notre organisation. Pour que les choses soient bien claires : ce n'est pas en soi parce que ces éléments ont été exclus du CCI qu'il ne peuvent pas participer à ses réunions publiques. Si le CCI était conduit à exclure un de ses membres à cause, par exemple, d'un mode de vie incompatible avec l'appartenance à une organisation communiste (comme la toxicomanie), il ne l'empêcherait pas ensuite de venir à ses réunions publiques. C'est bien parce que ces éléments ont décidé de se comporter comme des mouchards que nous ne pouvons tolérer leur présence à celles-ci. Cette décision du CCI s'applique à tout individu qui se consacre à rendre publiques des informations pouvant faciliter le travail des services de répression de l'Etat bourgeois. Notre décision n'a rien d'exceptionnel dans l'histoire des organisations du mouvement ouvrier. Celles-ci ont toujours eu comme principe d'écarter les mouchards pour préserver la sécurité des organisations révolutionnaires et de leurs militants" (Les réunions publiques du CCI interdites aux mouchards, Révolution internationale n ° 338, septembre 2003)

mardi 20 octobre 2009

La Baie… La bêtise

En cette période crise économique, les entreprises font tout ce qu’il faut pour rationaliser ou pour faire des plans de restructuration. Tout ce langage pour dire qu’elles mettront à la porte des travailleuses et des travailleurs et qu’elles augmenteront la productivité de ceux et celles qui resteront. Les entreprises capitalistes ne connaissent qu’un seul langage, elles n’ont qu’un seul but : la course au profit.

La Baie avait annoncé en février dernier son intention d'éliminer 1000 emplois à travers le pays, soit environ cinq pour cent de son effectif, avec pour but d'économiser environ 150 millions cette année.

Depuis quelque temps il y a des congédiements de 5, 7 et 8 travailleurs à la fois. Que ces employés aient travaillé pendant 5 ou 35 ans, cela n’a pas d’importance pour ce commerce. Ce qui compte c’est moins de salaires à payer pour faire plus de profit.

Que ces travailleuses et travailleurs aient travaillé les soirs, les fins de semaines, qu’ils aient subi le harcèlement de ptits boss pendant des années pour vendre, qu’ils aient permis à la Baie de faire du cash, cela n’a pas d’importance pour ce commerce. La stratégie de rentabilité de la Baie selon le propriétaire Richard Baker a redonné de la vigueur à ses résultats financiers à un tel point qu'il était maintenant possible d'envisager d'inscrire la compagnie en Bourse dès 2011.

La Baie comme tout le système capitaliste fait face à un surplus de production, le magasin regorge de produits et il y a de moins en moins d’acheteurs à cause de la crise du système capitaliste. Ce système produit et produit encore jusqu’à une surproduction. Les compagnies pensent régler cela pour maintenir leur profit en congédiant des travailleurs et en faisant travailler davantage ceux et celles qui restent.

Ce système barbare a produit la crise la plus dévastatrice depuis 1929. C’est notre classe, la classe ouvrière, qui est la plus touchée. Nous devons répondre ensemble contre toutes les divisions que veulent nous imposer les patrons et les politiciens.

Travailleuses et travailleurs, vous n’avez pas à payer pour les capitalistes de la Baie

La seule force de la Baie c’est votre isolement, il utilise la peur et la passivité pour que vous ne réagissiez pas. Il faut élargir votre lutte. Certains, d’entre vous, disent, on ne peut rien faire parce qu’il n’y a pas de syndicats. Oui vous pouvez agir sans un syndicat. Un syndicat d’ailleurs ne négocierait que des primes de congédiement sans élargir la lutte aux autres boutiques.

Plusieurs travailleuses et travailleurs des boutiques subissent le même sort, il faut leur en parler, en discuter, créer des comités de luttes avec eux contre les congédiements avec des délégués révocables s’ils ne respectent pas les décisions que vous pouvez prendre.

Cet élargissement de votre lutte est indispensable mais il faut aussi voir plus loin. Entrevoir une société qui n’est plus basée sur le profit de quelques-uns. Il faut avoir une perspective d’une société qui répond aux besoins de la majorité de l’humanité, une société ou ceux et celles qui dirigent ne sont pas des parasites dont le seul but est d’accumuler du capital.

Des communistes internationalistes de Montréal

cim_icm@yahoo.com

CIM_ICM Case Postale 55514, Succ. Maisonneuve, Montréal,QC H1W 0A1

dimanche 3 mai 2009

En réponse à la mise au point du BIPR

Au Groupe Internationaliste Ouvrier (affilié canadien du Bureau International pour le Parti Révolutionnaire)
Chers camarades,
C’est avec la plus grande sincérité que nous souhaitons nous excuser suite à l’envoi de votre document « Le capitalisme n’a pas d’avenir – fini le temps des sacrifices », le 29 avril passé par un membre des CIM, à toute une série de contacts regroupés en liste de diffusion-courriels (des contacts que nous pouvions d’ailleurs avoir en commun).
Le tract envoyé de la sorte, bien qu’il fût clairement identifié au nom du BIPR, omettait malheureusement le nom du GIO et son adresse, remplaçant plutôt ceux-ci par le nom et l’adresse des CIM. Il s’agit d’une lamentable erreur d’ordre informatique de la part d’un membre du groupe. Cette erreur fait suite à la demande envoyée le 3 avril 2009 qui exprimait un désir par notre groupe de diffuser un document conjoint avec vous pour le Premier Mai.
En anticipant une réponse de votre part, nous en étions encore rendus à la préparation d’une édition conjointe de ce tract. La demande initiale faite à votre groupe ne consistait pas en ce texte. Il s’agissait plutôt du document « le problème c’est le capitalisme mondial ». Effectivement, lors de notre demande, aucun texte portant précisément sur le thème du Premier Mai 2009 n’était encore disponible de la part du BIPR. Aussi, le membre en question travaillait sur une édition (conjointe) du tract, découverte récemment lorsque par mégarde le document fut envoyé. Il croyait d’ailleurs avoir réussi à empêcher l’envoi de la liste de courriels en question. Malheureusement, ça n’a pas été le cas comme nous avons pu le constater par la « mise au point » faite par le Bureau.
Quelques jours auparavant, les CIM avaient d’ailleurs pris comme décision de ne pas diffuser de tracts du BIPR – ou n’importe quel autre matériel provenant de cette organisation – tant que nous n’aurions pas reçu de réponse de votre part. De même, si cela n’avait pas été le cas, si nous n’avions pas reçu, donc, de réponse du GIO, la décision qui fut prise à cet effet était de ne produire – ou de ne distribuer – aucun autre texte, quel qu’il soit, pour le Premier Mai.
Aussi, nous ne souhaitons en aucun cas véhiculer l’idée que les CIM sont affiliés d’une façon ou d’une autre au BIPR. Bien que nous nous estimions sympathiques aux idées de cette organisation; bien que nous adhérions à la majorité des positions et approches contenues dans sa plate-forme; nous tenons à rappeler officiellement que les CIM ne sont pas des sympathisants du Bureau International pour le Parti Révolutionnaire. Nous en sommes encore à l’état de discussion au sein-même de notre petit groupe autour des positions politiques aussi bien développées par le CCI… Que le BIPR ou le courant bordiguiste en général.
Par le fait-même, nous tenons aussi à vous rappeler que nous n’avons jamais tenté de nous faire passer pour les représentants du BIPR au Canada puisque nous avons redirigé certains contacts, ayant communiqué avec nous par le passé, directement vers le Groupe Internationaliste Ouvrier (votre seule filiation canadienne). Nous tenons aussi à vous signifier que nous continuerons de rediriger tous groupes ou individus cherchant à prendre contact avec votre organisation; de même que nous continuerons aussi de les encourager à se familiariser avec les divers éléments composant l’héritage de la Gauche Communiste.
Maintenant, nous en profitons également pour nous rétracter, et nous excuser auprès des camarades du GIO, au sujet de cette phrase qui a pris – avec raison – des proportions monstrueuses lorsque dans un échange avec la FICCI nous avions inconsidérément qualifié le GIO d’opportuniste et de repoussoir pour le BIPR et la Gauche Communiste en général. Ceci ne visait pas le groupe dans son ensemble mais bien une situation particulière (que vous connaissez d’ailleurs déjà et sur laquelle nous ne souhaitons pas revenir) dans laquelle pataugeait un de vos membres en particulier. Il n’a jamais été notre intention de dénigrer le BIPR ou un de ses affiliés. Nous prions d’excuser tout tort que cette phrase a pu vous causer et nous pèserons mieux nos mots dans nos prochaines publications ou échanges.
Nous comprenons donc la réaction rapide du BIPR avec sa « mise au point » face à l’erreur de notre camarade… Mais nous souhaitons qu’il comprenne lui aussi qu’il s’agissait bien et uniquement d’une erreur. Aussi nous espérons que vous reconsidérerez votre décision de nous interdire de diffuser vos publications, lorsque nous prendrons soin de mentionner toutes les coordonnées relatives au Bureau et à ses affiliés.
Dans tous les cas, la progression et le développement des luttes de classe actuelles, un peu partout dans le monde, face à la crise économique mondiale qui sévit présentement, ne peut qu’illustrer à quel point nos erreurs de communication sont secondaires dans cette conjoncture. À ce sujet, on ne peut mieux citer Jock (CWO) lorsqu’il affirme que : « La Gauche Communiste en entier doit se rattacher à la lutte de classe prolétarienne actuelle, où qu’elle se trouve, et pas aux petits débats qui sont souvent produits entre communistes. Exagérer ceux-ci hors de proportion est de l’idéalisme de la pire espèce [i]. » (Traduction libre).
Nous espérons par la présente mise au point des CIM avoir pu clarifier tout malentendu ou confusion et espérons qu’il n’y en aura plus à l’avenir.
Sincèrement et fraternellement,
Des communistes internationalistes de Montréal.
___________________________________________________
[i] “The entire communist left has to relate to the actual working class struggle, wherever it finds itself, and not to the petty debates that are often manufactured between communists. To blow these out of proportion is idealism of the worst kind.”
Note: Le BIPR n'a jamais publié notre réponse sur son site web.

vendredi 28 novembre 2008

Du nationalisme à l'internationalisme


Nous avons publié la brochure Du nationalisme à l’internationalisme.
Cette brochure raconte le parcours d’un militant sur une période d’environ 40 ans. Pour lui, des groupes nationalistes aux groupes maoïstes, le passage se fait assez facilement car ce sont tous, au fond, des nationalistes avec la défense du concept stalinien du « socialisme dans un seul pays » pour ces derniers. Il a bien connu les maoïstes ayant été militant fondateur du groupe maoïste En Lutte! La brochure est son autobiographie politique.
En introduction il écrit: « Cette brochure vise à commenter mon activité politique de militant en me basant sur ma connaissance actuelle des positions de la Gauche communiste. »
Sa brochure a à la fois pour objectif de faire la critique de ses activités passées (par exemple, une critique du courant maoïste dans lequel il a longtemps évolué) et à montrer que ces mêmes activités étaient étrangères au prolétariat. De fait, il a surtout écrit cette brochure afin que de jeunes ouvrières et ouvriers, étudiants et étudiantes ne reproduisent pas les mêmes erreurs et aient une connaissance des politiques de la Gauche communiste, le véritable camp prolétarien. Apprendre de nos luttes et erreurs passées est un aspect important du marxisme.
Il raconte ici sa vie de militant, non pas pour la mettre en exergue, mais plutôt pour faire un bilan critique des groupes et organisations politiques qui ont été au centre d’une grande partie de sa vie. Ces mouvements nationalistes et/ou gauchistes ont détourné et détournent encore des ouvrières, des ouvriers, des étudiantes et des étudiants de la lutte pour le socialisme et l’internationalisme.
En voici un extrait :
« En Lutte! demeura néanmoins dans le vacuum politique de la théorie stalinienne pour l’édification du socialisme dans un seul pays. Le soutien aux luttes de libérations nationales, qui se résume à appuyer une bourgeoisie au détriment d’une autre (position, il va sans dire, complètement anti-prolétarienne), dans les pays de la périphérie capitaliste continua donc»
Le nombre de copies étant épuisé, nous pouvons l'envoyer par téléchargement. Il suffit de nous le demander en écrivant à: cim_icm@yahoo.fr
Une version anglaise est aussi disponible.
Table des matières


Introduction
Mes origines
Mes années dans le cul-de-sac du nationalisme ou la nation au-dessus
de la lutte des classes
La lutte des chauffeurs de taxi contre Murray Hill
Mes années dans le cul-de-sac du maoïste ou le socialisme dans un seul pays
La crise d’octobre 1970
Quelques autres événements importants au Québec et dans le monde
qui m’ont influencé
L’Atelier Ouvrier
L’Équipe du journal En Lutte!
Les clandestins des Jeux olympiques de 1976
Encore la police et ses mercenaires
Dissolution du groupe maoïste En Lutte !
La lutte contre les pesticides dans une ville de banlieue
Années 89 et 90 : effondrements de l’Union soviétique et de ses pays satellites
La lutte entre la bourgeoisie Mohawk et les bourgeoisies canadienne et québécoise
à l’été 90
Un mémoire qui fait le jeu de la démocratie bourgeoise
Le sommet socio-économique de 1996
Le sommet des Amériques à Québec en avril 2001
Découverte de l’existence de la Gauche communiste
Chant l’Internationale

Annexes
I- Positions de base des communistes internationalistes de Montréal
II- Le « chacun pour soi »
III- Le marxisme et la police
IV- Le terrorisme une arme de guerre de la bourgeoisie
V- Un cirque de la noirceur et du mensonge : l’Assemblée nationale
VI- Extrait de La Question du syndicalisme au Québec
VII- Données sur des grandes entreprises québécoises
VIII- Origine de la Gauche Communiste
IX- Le prolétariat de Grèce nous montre le chemin

dimanche 23 novembre 2008

Un cirque de la noirceur et du mensonge : l’Assemblée nationale

(Ce tract est une réédition avec de légères modifications d'un tract paru en 2007)
Les élections sont le meilleur moyen qu’ont trouvé les femmes et les hommes d’affaires et leurs valets politiciens pour détourner le prolétariat de sa tâche historique : l'émancipation de l'ensemble de l'humanité. C’est un terrain où il n’a aucune véritable place sauf lorsque vient le temps de tracer un X à tous les quatre ans pour mettre au pouvoir des bourgeois du même genre, comme les Charest, Boisclair, David, Dumont etc...
Le dévoiement de la classe ouvrière vers la démocratie bourgeoise depuis 100 ans a entraîné sa défaite et sa passivité. Les « citoyens », comme le disent les politiciens et les syndicalistes, en voulant faire oublier l’existence de la classe ouvrière, sont enfermés dans un choix kafkaïen : choisir entre des partis politiques qui ne s’opposent pas réellement en termes d’idées mais qui sont obsédés par la prise du pouvoir gouvernemental.
Tout cela, au moment où la crise guette de plus en plus le capitalisme : problèmes environnementaux et impossibilité du développement durable dans la course effrénée aux profits qui représente le climax du système capitaliste, chômage et précarité croissante, excuse du terrorisme pour empêcher toute opposition critique à l’ordre économique et politique, et polarisation des nationalismes vers une déflagration mondiale.
S’abstenir, c’est refuser le pouvoir bourgeois, c’est refuser sa légitimité, c’est le refus de son extorsion quotidienne de la plus-value à partir du travail de la classe ouvrière.
Ouvrières, Ouvriers, nous devons être conscient que les élections ne changent rien.
Le chantage des fermetures de type Olymel va continuer. Les syndicats qui braillent qu'il faut « Agir ensemble pour le Québec » nous incitent toujours à voter pour différents clones. Les vrais décideurs ne sont pas les députés; ce sont les hommes et femmes d’affaires, les hauts fonctionnaires des entreprises d’état, bref tous les possesseurs des moyens de production qui détiennent les rênes d'entreprises comme chez Bombardier, Québecor, Olymel, Hydro-Québec, et une éventuelle Eole Inc. Leur but : la recherche du profit pour leurs actionnaires et dirigeants. Parmi ceux-ci, on doit aussi compter les hauts dirigeants des entreprises d’état, ces mêmes entreprises d’état qui sont en symbiose avec leurs sœurs du privé. Par exemple, la fourniture de l’électricité à coûts abordables aux PME ou à un monopole quelconque, que ce soit avec Hydro-Québec ou Eole Inc., est un des aspects de l’étroite relation entre le capitalisme d’état québécois et le capitalisme privé. De la CSN en passant par Québec Solidaire jusqu’aux Verts, cette « relève » politicienne ne veut qu’améliorer « l’économie du Québec » pour le bénéfice des entreprises, et créer de l’emploi, mais des emplois de plus en plus précaires. Cette bande de parvenus n’ira jamais dire qu’en économie capitaliste, l’emploi n’est que temporaire et le recul sur les salaires est de plus en plus permanent. Face à la désillusion que crée le Capital, leur solution c’est non de l’abattre mais de prolonger son existence, sa démocratie, son extorsion de la force de travail de notre classe. Ils cherchent à nous faire voter parce qu'il croit le capitalisme éternel alors, selon eux, faisons avec!
S’abstenir ne sera pas suffisant
La croissance des abstentions aux élections révèle le désintéressement de plus en plus grand des travailleuses et des travailleurs. Cependant, ce ne sera jamais suffisant. Cessons de quêter auprès de l’État bourgeois par des pétitions, des votes ou des marches à la "Françoise David". La dictature de la bourgeoisie doit être détruite et remplacée par la dictature du prolétariat dirigée par les conseils ouvriers. C’est la perspective du combat de notre classe contre la classe des parasites de notre force de travail qui doit nous motiver. Prolétaires, nous devons nous unir en participant à la construction d’un parti prolétarien internationaliste, un parti anti-stalinien!
Des communistes internationalistes, Montréal

lundi 13 octobre 2008

Le capitalisme agonise ! Prolétaires de tous les pays, unissez-vous pour l'abattre!

Des faillites retentissantes de grandes banques, la chute des bourses, la raréfaction du crédit aux entreprises et aux particuliers, des nationalisations en catastrophe de banques et de compagnies d'assurances afin d'éviter un effondrement brutal de tout le système financier international, et maintenant la récession mondiale qui s'installe et qui va s'approfondir ; tout cela provoque une panique réelle parmi les gouvernements et les capitalistes de la planète. Cela provoque aussi une lourde inquiétude dans l'ensemble de la population et en particulier dans tout le prolétariat. Chaque ouvrier, employé, salarié, sait très bien qu'il va devoir payer la facture. A commencer par le coût des nationalisations des grands établissements financiers américains, européens et autres.

La faillite du capitalisme est irrémédiable

Selon les gouvernements, les politiciens, les médias et autres bonimenteurs de la bourgeoisie, cette crise serait due à l'irresponsabilité de mauvais agents de bourse, de traders qui ont joué avec le feu en bourse. Mensonge ! A l'immoralité de financiers rapaces. Mensonge ! A la folie de l'immobilier et de ses "subprimes". Encore un mensonge ! A la dérégulation des marchés. Ils ne cessent de mentir ! Il aurait suffit, nous disent-ils, de "moraliser" le capitalisme financier et d'imposer des règles plus contraignantes pour éviter cette catastrophe. A chaque fois, à chaque nouvelle crise, on nous ressort le même baratin : le capitalisme n'est pas en cause ; ce sont juste ses excès.

Mais il n'y a personne pour nous expliquer pourquoi les capitaux préfèrent se diriger vers la spéculation plutôt que vers les secteurs de la production. Pourtant c'est simple : les profits dégagés par des investissements dans les secteurs de la production sont trop faibles. Et ils sont trop faibles parce que le marché mondial est incapable d'absorber toutes les marchandises que les forces productives peuvent créer. Il y a longtemps que le capitalisme développe, par l'exploitation de la classe ouvrière de tous les pays, une telle capacité de forces productives mais que celle-ci ne trouve pas les débouchés commerciaux pour l'écoulement de toutes les marchandises produites. Il y a donc une contradiction historique dans le capitalisme : il y a trop de forces productives alors même que des milliards d'êtres humains sont dans la misère, incapables d'acheter l'immense masse de biens produits. C'est ce qui signe la faillite historique du mode de production capitaliste et la terrible crise actuelle n'en est que la manifestation.

Nous payons la fuite en avant du capitalisme dans l'endettement massif et généralisé !

Un des moyens qu'utilise le capitalisme, depuis des lustres, pour surmonter la surproduction de marchandises est de créer artificiellement un marché par l'endettement massif et généralisé, en premier lieu celui des Etats. Mais, même s'il retarde l'explosion de la maladie, le remède ne fait qu'aggraver le mal. Aujourd'hui le monde capitaliste se retrouve devant une montagne de dettes que personne - et surtout pas les Etats ni la classe dominante - ne va rembourser... et que le prolétariat international va devoir payer de sa sueur et de son sang. Tout comme les nationalisations des banques en faillite, le fardeau de l'injection massive de "liquidités" des banques centrales pour empêcher la pénurie de crédit - et donc la paralysie de l'économie - et la création de fonds de sauvetage des banques va être supporté par la classe ouvrière à coup de sacrifices, de misère, d'exploitation accrue, de chômage et de répression.

Mais, pas plus que l'endettement généralisé, cela ne va suffire. Devant les faillites et le manque de marché solvable - et même si, aujourd'hui, en cette fin d'année 2008, prise de panique devant le risque d'effondrement général, la bourgeoisie mondiale fait momentanément taire ses rivalités afin de trouver une réponse d'ensemble -, la concurrence économique et commerciale, déjà aiguë, va devenir demain encore plus sauvage et brutale ; et en tout premier lieu entre les Etats capitalistes, qui sont les expressions de chaque capital national et les principaux défenseurs de ses intérêts. Tout cela ne peut déboucher, outre une exploitation accrue de la classe ouvrière dans tous les pays, que sur des rivalités commerciales et économiques exacerbées, au point de se transformer en rivalités politiques, militaires et impérialistes dans lesquelles les principales puissances capitalistes du monde jouent les premiers rôles, les unes contre les autres.

Nous payons la fuite en avant du capitalisme vers une nouvelle guerre mondiale !

Aucune illusion à avoir ! Il n'y a pas de réforme possible et encore moins de solution dans le capitalisme d'aujourd'hui. Pour ce dernier, il n'y a qu'une issue à la crise économique et à la faillite globale et définitive qu'elle représente : ce sont des destructions massives et des charniers gigantesques par le moyen d'une guerre mondiale. C'est ce que ce système a prouvé par deux fois au 20ème siècle. La crise de 1929 - à laquelle tous les économistes et autres se réfèrent aujourd'hui, avec angoisse, pour décrire l'ampleur de la crise actuelle - a débouché sur la 2ème guerre mondiale. Il en fût de même des difficultés économiques - exprimées par la crise financière de 1907 - du début du 20e siècle qui précipitèrent le monde capitaliste dans la 1ère guerre mondiale. D'ores et déjà, la brutale récession internationale qui vient à peine de commencer ne peut qu'exacerber encore plus les rivalités impérialistes entre les grandes puissances. Les guerres locales se multiplient sur tous les continents, mettant de plus en plus directement face à face les principales puissances impérialistes comme vient de le manifester la guerre entre la Russie et la Géorgie. Loin de se calmer, ce conflit, qui a mis directement face à face la flotte russe et la flotte américaine en mer Noire, a pour conséquence une accélération de la mise en place de dispositifs militaires partout dans le monde et surtout en Europe même. Tout un chacun peut le constater, se manifestent clairement des préparatifs d'affrontements militaires entre les principales puissances impérialistes de la planète.

Aucune illusion ! Il faut abattre le capitalisme et édifier une société sans classe !

Aucune illusion ! Le capitalisme en faillite se prépare à des affrontements décisifs, massifs, brutaux et sanglants contre la classe ouvrière internationale afin de lui imposer une soumission complète et totale. Car seul le prolétariat international - la principale classe productrice, la classe salariée -, représente un obstacle, pour la classe dominante, dans sa marche à la guerre généralisée. Seul, il peut réellement combattre, détruire le capitalisme, sauver l'humanité et édifier une nouvelle société sans classe, donc sans exploitation et sans guerre.

Combattre le capitalisme ? La classe ouvrière le fait déjà actuellement à travers ses luttes et grèves, aussi limitées qu'elles soient, contre les politiques capitalistes de tous ordres. Les médias exercent sur ce plan une véritable censure et, quand ils ne peuvent plus cacher la réalité de ces combats, ils la travestissent. Qui, ces derniers jours, a entendu parler de la grève générale en Belgique ? Qui, ces derniers jours, a entendu parler de la grève générale en Grèce ? Qui a entendu parler des grèves et manifestations dans l'automobile en Europe, à Volkswagen, à Renault etc. ? Qui a entendu parler de la grève des ouvriers de Boeing aux Etats-Unis ? Et combien d'autres encore, sur tous les continents ?

Ces luttes, bien que souvent insuffisantes encore pour faire reculer la bourgeoisie dans ses attaques immédiates, expriment le fait que la classe ouvrière refuse de soumettre ses intérêts à ceux de la classe exploiteuse, qu'elle n'est pas prête à accepter de nouveaux sacrifices encore plus lourds et brutaux : le chômage massif, une baisse drastique des salaires, des prestations sociales, des retraites, en gros des politiques intolérables que la bourgeoisie, au prise avec la récession, commence déjà à vouloir lui imposer. Et, encore moins, le sacrifice ultime de la vie dans une guerre généralisée.

Détruire le capitalisme ? C'est dans ces luttes d'aujourd'hui, dans leur développement, dans leur extension et dans leur unification, que le prolétariat international développe sa détermination et sa confiance dans sa capacité à lutter, à résister. C'est dans ces luttes qu'il développe surtout son expérience et sa conscience, donc sa capacité à détruire le capitalisme et à édifier une autre société, exempte de guerres, de famines et de misère, sans classes ni exploitation. C'est aussi dans la capacité des groupes authentiquement communistes d'aujourd'hui - aussi faibles, dispersés, isolés soient-ils - à intervenir dans ces luttes de manière décidée et déterminante, en mettant en avant des orientations politiques de lutte claires, que ce combat de la classe ouvrière pourra prendre toute sa dimension. Et c'est dans la capacité de ces minorités politiques à s'unir et constituer un véritable Parti communiste mondial, que le prolétariat international pourra réellement et efficacement s'approprier le programme de la révolution, le programme communiste.

Il faut en finir avec les illusions : avec la faillite du capitalisme, l'heure est à des affrontements massifs et frontaux entre la bourgeoisie et le prolétariat. Ce dernier ne peut se permettre de rater ce rendez-vous. Le sort de l'humanité en dépend.

13 octobre 2008

Des communistes internationalistes de Montréal (Canada) CIM

La Fraction Interne du Courant Communiste International (Mexique, France) FICCI

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samedi 11 octobre 2008

35 ans de luttes ouvrières - Bilan et perspectives : un « bilan » personnel sans perspective

Le 13 septembre dernier eût lieu une conférence donnée par Richard St-Pierre, actuellement affilié au Bureau International pour le Parti Révolutionnaire par l’entremise du Groupe Internationaliste Ouvrier dont il est membre en règle. Celle-ci était une présentation de la NEFAC (Montréal), une fédération anarchiste présente au Québec depuis quelques années.
Le titre de la conférence « 35 ans de luttes ouvrières – bilan et perspective » donnait beaucoup à espérer. D’autant plus que les années soixante-dix et quatre-vingt furent chargées d’affrontements ouvriers un peu partout au Québec. Ici, d’ailleurs, nous tenons à le préciser : la conférence se voulait principalement tirée de l’expérience personnelle du militant St-Pierre; et donc, c’est un bilan des luttes ouvrières québécoises auquel il fallait s’attendre…
Dans la salle, beaucoup de sang neuf, de nouveaux visages; du moins, aux yeux des militants que nous sommes. Une quarantaine de personnes sont ainsi présentes lors de cet évènement tenu dans un bar du centre-ville. D’ailleurs, disons-le immédiatement, en ce qui a trait à l’organisation de cette rencontre, on peut dire qu’elle fut un franc succès.
Maintenant, pour quiconque ne connaît pas Richard St-Pierre ou qui n’est pas familier avec l’histoire du mouvement ouvrier québécois, la conférence devait être fascinante. Il faut dire que le conférencier possède une verve étonnante et sait captiver son auditoire. La description faite de ses expériences passées au cœur des différentes luttes dans lesquelles il fut impliqué est admirablement soutenue. Cependant, lorsqu’on l’a assez bien côtoyé, ce sont des histoires qui nous ont déjà été servies et qu’on a maintes fois entendu. Certes, cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas intéressantes à réentendre. Mais passons!
St-Pierre nous parle de ses expériences ouvrières dans les mines, au syndicat des travailleuses et travailleurs en garderie qu’il a co-fondé, au Regroupement Autonome des Jeunes, au Comité des Sans Emplois comme l’un de ses cofondateurs et très peu, étant donné sa longue implication dans l’organisation maoïste En Lutte. Par contre, aucune critique véritable de ce type de militantisme gauchiste ne fut déployée durant la conférence de la part de celui qui, rappelons-le, est un des seuls représentant du BIPR – en plus d’être un des principaux représentants de la Gauche Communiste – en sol canadien.
Par notre présence à cet évènement, nous nous étions donné comme mandat de faire ressortir la ligne politique générale du camp prolétarien (critique des syndicats, du frontisme, nécessité du parti de classe, etc) et de soutenir le camarade St-Pierre lors des discussions. Malheureusement, notre participation ne fut pas celle espérée.
L’évènement étant tenu par des anarchistes de classes qui, bien qu’étant sympathiques et amicaux à l’endroit des internationalistes en général, n’ont rien à voir avec le camp prolétarien, nous nous attendions donc à une certaine critique des organisations gauchistes dans lesquelles St-Pierre a milité. Une critique ou encore un simple dépassement des idées véhiculées par celles-ci! Le fait que cet évènement ait été organisé par des anarchistes ne fait pas automatiquement de celui-ci un évènement opportuniste. Au contraire, nous saluons l’esprit de camaraderie de St-Pierre et sa participation à l’évènement. Donc, sans affirmer que la conférence était en soi opportuniste, nous pensons que son contenu l’était à certains égards par le manque de critique tiré des luttes ouvrières dressé par le conférencier. Nous pensons que l’auditoire n’eut pas véritablement droit au bilan de St-Pierre.
Outre le manque de critique du gauchisme, du syndicalisme, et de l’opportunisme dans la classe ouvrière, l’aspect « perspective » pour la classe ouvrière n’a pas été abordé parce que beaucoup trop de temps été alloué à raconter des expériences personnelles du conférencier. Car le titre sous-entendait aussi une discussion au sujet des perspectives de luttes et de transcroissance des luttes (la révolution) pour le prolétariat. Quelques questions furent posées à ce sujet, mais aucun véritable débat de fond n’eût lieu.
Bien que St-Pierre nous rappelle à maintes reprises avoir préparé un long exposé sur la « conscience » qui ne put être présenté par manque de temps, il nous semble que cet apport aurait été des plus enrichissants. Ce chapitre fut donc complètement rayé de la rencontre. Dommage! En 2008, la conscience de classe et la conscience révolutionnaire ont bien besoin d’un rappel.
Il fut soulevé que d’autres conférences tenues par la NEFAC et auxquelles St-Pierre participerait pourraient avoir lieu dans un avenir proche. Espérons qu’il y aura alors une démarcation claire d’avec les gauchistes.
Conclusion : une conférence sans véritable bilan ni perspective qui laissa malheureusement les camarades prolétaires sur leur faim!
Des communistes internationalistes de Montréal 11 octobre 2008